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Full text of "Voyage de la corvette l'Astrolabe : exécuté par ordre du roi, pendant les années 1826-1827-1828-1829"

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VOYAGE 


L  ASTROLABE. 


IMI'RIMIiRIE    ]>L   HKMIK    UII>01    r&£R£S  ,    RU1.    JACOB,    «°    3^. 


VOYAGE 


DE  DECOUVERTI. S 


ni 


LASTROLABE 

(Érrrutr  par  oiÎut  îm  Eut, 

PENDANT  LES  ANNÉES  1826-18*27-1828-1829, 


SOUS   I.K   COMMMXDEMkWT 


DE  M.  J.  DUMONT  D  URVILLE. 


CV 


&ooio$ie 


MM.  QUOY  ET  GAIMARD. 


TOME    SECOND. 


PARIS, 

TASTE ,  ÉDITEUR-IMPRIMEUR, 

H°   36,   RUE    UE    VA.UGIUAKD. 

1832. 


AVERTISSEMENT. 


Cette  partie  de  nos  travaux  est  celle  qui 
nous  a  donné  le  plus  de  peine  et  demandé  le 
plus  de  soins.  Nous  osons  même  dire  qu'il 
est  certaines  circonstances  de  leur  exécution 
matérielle  qu'il  n'est  pas  donné  à  tout  le 
monde  d'apprécier.  Toutefois  on  sentira  les 
difficultés  qu'il  y  avait  à  vaincre  pendant  une 
longue  navigation ,  afin  de  pouvoir  étudier 
vivants  cette  foule  de  Mollusques  contenus 
dans  près  de  cent  planches  grand  in-folio, 
pour  les  saisir  sous  l'aspect  qui  leur  est  le 
plus  naturel  et  les  dessiner  avec  toutes  leurs 
couleurs. 

Deux  parties  sont  à  distinguer  dans  cet 
ouvrage.  L'une  de  faits  scrupuleusement  exa- 
minés ,  indépendants  de  tout  système  et  de 
toute  classification ,  tels  qu'en  recueillit  autre- 
fois Adanson ,  et  dans  lesquels  les  auteurs 
méthodistes  pourront  puiser.  Cette  partie  est 
celle  à  laquelle  nous  tenons  le  plus. 


Zoologie,  t.  ir. 


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2  AVERTISSEMENT. 

L'autre  est  relative  à  l'ordre  dans  lequel 
nous  avons  placé  tous  ces  matériaux  :  pour 
celle-là,  nous  n'y  tenons  pas  et  l'abandonnons 
aux  critiques.  Nous  avons  cherché  à  faire  le 
mieux  qu'il  nous  était  possible ,  sans  nous 
dissimuler  l'extrême  difficulté  qu'il  y  a  de 
trouver  une  classification  qui  repose  en 
même  temps  sur  l'animal  et  sa  coquille. 

Les  Mollusques  ne  se  prêtent  pas  autant 
que  d'autres  êtres  du  règne  animal  à  ces  sé- 
ries naturelles  et  décroissantes  qui  facilitent 
les  méthodes.  Ils  forment  le  plus  souvent  des 
groupes  disparates  qu'on  ne  peut  faire  mar- 
cher que  parallèlement. 

Survient  ensuite  un  autre  embarras  quand 
on  vient  à  se  demander  quelles  parties  de 
l'animal  doivent  avoir  la  priorité  et  servir 
de  base.  Seront-ce  les  sens,  les  organes  de  la 
génération ,  ceux  de  la  respiration  ou  l'enve- 
loppe calcaire,  pour  ceux  qui  en  ont?  Le 
plus  grand  nombre  des  parties  doivent  être 
utilisées  dans  des  êtres  aussi  complexes ,  et 
nous  croyons  qu'après  tout  il  faudra  se  ser- 
vir du  test  comme  plus  facile  à  observer ,  et 
des  principes  anatomiques  pour  les  grandes 
divisions   et   quelques  unes   des   secondaires. 


AVERTISSEMENT.  3 

JNotre  travail,  dans  ce  moment,  pourra  avoir 
l'utilité  de  réunir  des   genres  qui  n'ont  pas 
de  caractères  assez  distincts  pour  être  séparés, 
et  d'en   séparer   d'autres   qui,  par    l'examen 
seul  des  coquilles,  avaient  été  joints.  On  doit 
s'attendre  en  cela  à  des  choses  fort  insolites. 
Mais ,  nous  le  répétons ,  ce  n'est  point  une 
classification  générale  que  nous  avons  entre- 
prise; ce  sont  simplement  des  études  de  grou- 
pes ,  et  le  plus  souvent  celle  de  l'animal  pour 
servir   à  sa    détermination  spécifique.  Libre 
ensuite  à   chacun  de  changer  ces  rapports, 
puisque  nous  sommes  encore  si  peu  avancés 
dans  cette  étude,  que  tels  ou  tels  genres  peu- 
vent aussi  bien  être  mis  avant  ou  après. 

Nous  recommandons  expressément  de  ne 
pas  trop  faire  attention  à  l'ordre  dans  le- 
quel sont  nos  planches  :  leur  grandeur  en 
rendait  l'exécution  lente  et  difficile,  surtout 
par  le  moyen  de  la  gravure  que  nous  avons 
adopté.  L'arrangement  des  matériaux  qu'elles 
contiennent  n'est  point  encore  chose  aussi 
facile  qu'on  pense. 

L'ouvrage  d'Adanson  ne  fut  guère  apprécié 
qu'après  sa  mort,  tel  sera  peut-être  le  sort 
du  nôtre.   Que  celui  qui  dans  le   silence  du 


i* 


4  AVERTISSEMENT. 

cabinet  y  trouvera  à  redire,  réfléchisse  qu'il 
est  le  résultat  de  cinq  années  de  travaux  les 
plus  assidus,  dont  trois  autour  du  globe,  au 
milieu  de  privations  sans  nombre  et  de  cir- 
constances souvent  bien  difficiles. 

Malgré  toute  notre  attention  à  ne  point 
commettre  de  doubles  emplois  dans  les  dé- 
nominations d'espèces,  cela  est  presque  im- 
possible maintenant,  vu  la  quantité  d'ouvrages 
qui  paraissent  sur  ces  matières.  Pour  ce  qui 
est  des  publications  partielles  d'objets  prove- 
nant du  voyage  de  V Astrolabe ,  qu'on  achète 
chez  les  marchands,  on  nous  permettra  de 
les  regarder  comme  nôtres. 

Ayant  toujours  eu  plus  en  vue  la  science 
que  nos  intérêts  particuliers,  nous  n'avons 
jamais  pensé  à  faire  des  collections ,  et  nous 
avons  déposé  tous  nos  matériaux  au  Muséum , 
où.  l'on  pourra  consulter  ceux  relatifs  à  nos 
planches  qui  ont  pu  être  conservés. 

Les  Zoophytes  étudiés  sur  le  même  plan 
feront  suite  aux  Mollusques. 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  avertissement 
sans  dire  de  quels  secours  nous  ont  été  les 
ouvrages,  les  leçons,  mais  surtout  les  entre- 
tiens   particuliers    de    M.    le    professeur    de 


AVERTISSEMENT.  5 

Blainville.  JNous  avons  également  trouvé  dans 
la  belle  eolleetion  de  M.  le  duc  de  Rivoli , 
devenue  en  quelque  sorte  classique,  toutes  les 
facilités  d'étude  pour  la  comparaison  de  nos 
espèces.  Enfin ,  nos  rapports  avec  MM.  le  ba- 
ron de  Férussac,  de  Roissy  et  Deshayes  à  ce 
sujet ,  nous  ont  été  aussi  agréables  que  fruc- 
tueux. 


MOLLUSQUES. 


OBSERVATIONS   GÉNÉRALES. 


Ayant   pour   nous  l'expérience  d'un   premier 
voyage,  nous   vîmes  que  tout  ce  qu'il  y  avait  à 
faire   dans    un   second    pour    les  progrès    de    la 
Zoologie,   tenait    moins   à    l'étude    des  animaux 
vertébrés  qu'à  celle  des  Zoophytes  et  des  Mollus- 
ques. Ces  derniers  n'avaient   encore  été  étudiés 
que  partiellement ,  conservés   dans   la    liqueur  , 
racornis  et  dépouillés  des  brillantes  couleurs  qui 
les  ornent,   pour  la  plupart.  Nous  savions  tous 
les  efforts  que  faisaient  les  auteurs  de  traités  gé- 
néraux pour  ramener  à  des  principes  d'organisa- 
tion   la   classification  des    Mollusques    testacés , 
sans  se  borner,    comme   on   l'avait  fait  jusqu'à 
eux,  à  l'étude  exclusive  des  coquilles.  Nos  recher- 
ches se  dirigèrent  donc  avec   une  attention  sou- 
tenue vers  cette  étude.  Nous  en  fîmes  un  système, 
commencé  à   notre  départ  et  suivi  avec  la  plus 
grande   constance   sur  tous  les  points  du   globe 


8  ZOOLOGIE. 

où  V Astrolabe  a  relâché.  De  sorte  que  nous  pou- 
vons dire,  avec  MM.  les  commissaires  de  l'Acadé- 
mie des  sciences,  qu'il  n'est  guère  de  genre  ni 
de  subdivision  de  genre  dont  nous  n'ayons  repré- 
senté l'animal  dans  toute  son  expansion  et  avec 
ses  couleurs  naturelles. 

Nous  allons  entrer  dans  quelques  détails  sur 
notre  manière  de  faire  ;  détails  qui  paraîtront 
peut-être  minutieux  ,  mais  qui  mettront  de  prime 
abord  sur  la  voie  le  voyageur  qui  navigue  pour 
la  première  fois  ou  qui  commence  à  se  livrer  à 
ces  sortes  de  recherches.  Ils  lui  économiseront 
beaucoup  de  temps,  et  l'on  sait  combien  le  temps 
est  précieux  lorsqu'on  traverse  rapidement  des 
contrées  où  il  est  impossible  de  tout  observer  et 
de  tout  recueillir.  Nous  pouvons  dire  enfin  que 
si  nous  n'avions  pas  employé  de  semblables 
moyens,  nous  ne  serions  point  arrivés  aux  résul- 
tats que  nous  avons  obtenus ,  et  nous  n'aurions 
pas  représenté  un  grand  nombre  de  Mollus- 
ques et  de  Zoophytes  dans  près  de  /joo  planches 
in-4°. 

Lorsque  entre  les  tropiques  il  se  trouve  dans 
les  ports  des  rescifs  abrités  des  fortes  brises  du 
large ,  sur  lesquels  il  n'y  a  que  peu  d'eau  ou  qui 
découvrent  à  mer  basse,  on  est  sur  d'y  rencon- 
trer une   grande   quantité    de  Mollusques;   sur- 


MOLLUSQUES.  0 

tout  lorsque  ces  bancs  sont  formés  de  madrépo- 
res dont  les  anfractuosités  servent  de  refuge  à 
tous  ces  animaux  mous  contre  l'atteinte  de  leurs 
ennemis  et  les  mettent,  quand  les  eaux  se  reti- 
rent, à  l'abri  des  rayons  trop  intenses  du  soleil. 
11  faut  de  suite,  muni  de  bonnes  chaussures  et  de 
vases  en  fer-blanc,  se  porter  sur  ces  lieux,  ren- 
verser les  pierres  ,  fendre  les  madrépores,  fouil- 
ler le  sable ,  parce  que  plusieurs  de  ces  animaux 
s'y  plaisent  selon  leur  nature.  On  ne  doit  pas 
négliger  surtout  de  prendre  à  l'instant  même  une 
esquisse  de  certains  d'entre  eux  que  l'on  voit  se 
développer  et  marcher  ;  car  dès  qu'ils  ne  sont 
plus  dans  des  eaux  vives  et  courantes,  ils  se  con- 
tractent et  meurent  avant  qu'on  puisse  les  des- 
siner. 11  faut  souvent  renouveler  l'eau  dans  laquelle 
se  trouvent  entassés  une  grande  quantité  d'ani- 
maux qui  la  souillent  promptement  par  la  mu- 
cosité qu'ils  ne  cessent  de  dégager.  Arrivé  sur  le 
navire,  on  les  répartit  dans  de  grands  bocaux  de 
verre  blanc.  Quelques-uns  se  développent  de  suite, 
tandis  que  d'autres  mettent  plus  de  temps,  ren- 
trent au  moindre  choc,  et  demandent  pour  le  faire 
d'être  isolés  dans  des  vases  placés  dans  l'ombre. 
11  en  est  qu'on  peut  laisser  des  heures  entières 
hors  de  l'eau  sans  inconvénient  :  c'est  même 
quelquefois  un    moyen    pour  les   voir  sortir   de 


10  ZOOLOGIE. 

leur  coquille  dès  qu'on  les  y  replonge.  L'usage 
met  bientôt  au  fait  de  ces  petites  particularités 
qui  économisent  singulièrement  le  temps  du 
naturaliste.  Le  point  important  est  le  renouvelle- 
ment de  l'eau  dont  la  limpidité  s'altère  ,  et  qui 
finit  par  se  corrompre  très-promptement.  Pour 
éviter  cet  inconvénient,  il  faut  laisser  les  vases  à 
l'air  aux  trois  quarts  pleins,  et  couverts  d'une 
gaze  légère  pour  éviter  que  les  Mollusques  sor- 
tent de  l'eau  et  ne  se  perdent.  Nous  chargions 
de  ce  soin  un  des  hommes  adroits  qui  sont  de 
garde  la  nuit  :  mais  souvent  nous  nous  levions 
nous-mêmes  pour  le  faire;  autrement  on  courrait 
le  risque  de  trouver  le  lendemain  ses  animaux 
morts;  tant  la  chaleur  est  forte  dans  les  lieux  où 
ils  abondent. 

Après  que  nous  avions  reconnu  par  nous-mê- 
mes les  localités  qui  nous  environnaient,  ce  qui 
est  l'affaire  d'un  jour  ou  deux,  nous  nous  éta- 
blissions sur  le  pont  du  navire  pour  dessiner  du 
matin  au  soir.  Nous  eûmes  bientôt  façonné  à  ces 
sortes  de  recherches  l'homme  ordinairement 
chargé  de  nous  accompagner,  et  qui  ne  nous 
laissait  pas  manquer  de  choses  nouvelles.  D'ail- 
leurs, par  nos  rapports  avec  les  matelots,  ils  se 
faisaient  souvent  un  plaisir  de  nous  apporter 
tout  ce  qui  leur  tombait  sous  la  main.  Enfin,   il 


MOLLUSQUES.  1 1 

n'est  pas  jusqu'à  la  bonne  volonté  des  naturels 
que  nous  ne  fissions  tourner  à  l'avantage  de  la 
science,  en  les  déterminant  à  nous  aller  chercher 
des  animaux  dont  ils  connaissaient  seuls  les 
localités,  et  que  nous  n'aurions  pu  nous  procurer 
sans  eux. 

Après  qu'on  s'est  servi  des  Mollusques ,  il  faut 
les  conserver  dans  de  l'esprit-de-vin  à  vingt  degrés, 
qu'on  renouvelle  deux  mois  après  pour  ne  le 
changer  ensuite  que  tous  les  six  mois.  Sans  ces 
précautions  ils  s'altéreraient.  Il  faut  bien  prendre 
soin  de  casser  l'extrémité  de  la  coquille  à  ceux 
qui  en  sont  pourvus,  afin  que  la  liqueur  atteigne 
et  conserve  le  foie,  qui  est  un  organe  très-sus- 
ceptible de  se  gâter.  Ce  n'est  pas  toujours  une 
chose  facile  que  de  casser  une  coquille  sans  alté- 
rer son  animal.  Pour  cela  il  faut  se  servir  d'un 
étau  dans  lequel  on  la  brise  sans  secousses  et 
sans  éclats.  Quand  on  a  plusieurs  individus,  on 
en  conserve  d'entiers ,  afin  de  pouvoir  un  jour 
déterminer  exactement  l'espèce  par  la  comparai- 
son. Autrement  il  serait  facile  de  commettre  des 
erreurs  si  on  ne  s'en  rapportait  qu'aux  dessins , 
quelque  bien  faits  qu'ils  fussent.  Ne  possède-t-on 
qu'un  individu  précieux,  le  test  ne  doit  être  que 
peu  endommagé,  ou  bien  on  prend  des  précau- 


12  ZOOLOGIE. 

tions  pour  en  retirer  l'animal  intact  *.  Il  est  bon 
de  faire  quand  on  peut  des  anatomies  sur  le  frais. 
Toutefois  ces  sortes  de  travaux  consument  dans 
les  relâches  un  temps  précieux  qu'on  emploie 
avec  plus  de  fruit  à  récolter  et  à  dessiner.  On 
sait,  du  reste,  que  ce  n'est  pas  toujours  sur  le  vi- 
vant qu'on  peut  anatomiser  le  mieux  un  Mollus- 
que, dont  toutes  les  parties  se  contractent  et 
changent  de  forme  en  laissant  dégager  une  mu- 
cosité vraiment  désespérante.  On  trouve  bien  plus 
de  facilité  peu  de  temps  après  sa  mort,  bouilli 
dans  l'eau  ou  macéré  dans  l'esprit-de-vin.  C'est, 
pourquoi  ces  sortes  de  recherches  peuvent  se 
remettre  à  d'autres  temps. 

Tous  les  Mollusques  ne  se  plaisent  pas  dans  les 
lieux  calmes  et  où  il  y  a  peu  de  profondeur.  Les 
rochers  battus  par  la  mer  en  ont  qui  leur  sont 
propres;  quelques-uns  se  cachent  sous  le  sable; 
d'autres  se  tiennent  à  plusieurs  brasses  sous  l'eau. 
De  là  divers  instruments  pour  se  les  procurer. 
Hors  des  tropiques,  une  petite  drague  est  d'une 
grande  ressource  lorsqu'on  navigue  sur  peu  de 
profondeur.  On  peut  même  l'envoyer  avec  suc- 


*  On  notera  la  couleur  des  coquilles  fragiles,  des  terrestres  surtout,  sus- 
ceptibles de  s'altérer  et  même  de  disparaître  complètement,  comme  nous 
avons  eu  occasion  de  le  voir  sur  une  Hélice  et  une  Vitrine. 


MOLLUSQUES.  13 

ces  par  cinquante  brasses  dans  un  calme  parfait, 
comme  nous  le  fîmes  devant  le  port  du  Roi-Geor- 
ge à  la  Nouvelle-Hollande.  A  la  Nouvelle-Zélande 
nous  obtînmes  également  beaucoup  de  choses 
par  ce  moyen.  Il  n'est  presque  plus  praticable 
dans  les  lieux  où  se  trouvent  des  bancs  de  ma- 
drépores. 

Les  Mollusques  et  les  Zoophytes  pélagiens  s'ob- 
tiennent par  un  filet  conique  à  mailles  serrées, 
tenu  ouvert  par  un  cercle  de  barrique  et  que 
traîne  le  navire  lorsqu'il  ne  fait  qu'un  tiers 
de  lieue  ou  une  lieue  tout  au  plus  à  l'heure. 
On  a  le  soin  de  le  visiter  souvent  pour  que  l'ac- 
tion de  l'eau  ne  brise  pas  les  animaux  délicats 
qu'il  peut  contenir.  Nous  croyons  avoir  été  les 
premiers,  sur  la  corvette  VUranie,  à  nous  servir 
d'une  manière  presque  permanente  de  ce  moyen, 
qui  nous  a  été  si  utile  pendant  ce  second  voyage. 
Dans  les  calmes  complets  on  emploie  des  filets 
en  étamine  à  longs  manches ,  semblables  à  ceux 
qui  servent  pour  la  chasse  des  insectes. 

Nous  allons  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur 
quelques  particularités  relatives  à  certains  des 
animaux  qui  nous  occupent,  indiquer  les  loca- 
lités dans  lesquelles  nous  les  avons  trouvés,  et  dire 
ce  que  leur  organisation  nous  a  présenté  pour  ser- 
vir à  leur  classification.   Nous   verrons   combien 


14  ZOOLOGIE. 

ou  peut  trouver  dans  la  fixité  de  leurs  couleurs 
de  caractères  pour  la  détermination  des  espèces, 
et  dans  la  forme  de  l'opercule  des  données  pour 
reconnaître  qu'un  individu  doit  plutôt  appartenir 
à  un  genre  qu'à  un  autre.  La  présence  ou  l'ab- 
sence de  cet  organe  peuvent  également  servir  de 
guide. 

Nos  dessins  ont  spécialement  eu  pour  but  de 
représenter  les  Mollusques  nus ,  les  univalves  et 
les  multivalves ,  parce  qu'ils  présentent,  indépen- 
damment de  leurs  formes,  des  teintes  fugitives 
qu'il  fallait  saisir.  Les  Acéphales  bivalves,  au  con- 
traire, ne  demandaient  pas  sous  ce  rapport  autant 
d'attention.  Cependant  il  y  en  a  d'ornés  des  plus 
brillantes  couleurs  ,  comme  les  Tridacnes  ,  les 
Hypopes ,  les  Limes  ,  les  Houlettes  ,  etc.  ,  que 
nous  n'avons  pas  négligés.  En  général ,  on  peut 
dire  que  parmi  les  univalves,  le  Mollusque  trans- 
met à  son  enveloppe  le  fond  et  l'ensemble  de 
sa  coloration.  Il  est  cependant  de  remarquables 
exceptions  à  cet  égard. 

La  première  classe,  celle  des  Céphalopodes, 
nous  a  fourni  un  assez  bon  nombre  d'individus, 
bien  moins  communs  toutefois  dans  la  zone  tor- 
ride  que  dans  la  tempérée,  où  on  les  pêche  par 
centaines,  comme  cela  a  lieu  sur  les  côtes  de  l'O- 
céan et  probablement  de  la  Méditerranée.  Dans 


MOLLUSQUES.  15 

les  pays  chauds,  au  contraire,  il  faut  les  recher- 
cher avec  soin.  La  plupart  ont  d'assez  belles  cou- 
leurs. Le  genre  Poulpe  paraît  être  le  plus  commun  , 
puis  le  genre  Calmar;  ensuite  viennent  les  Seiches. 
Encore  dans  les  contrées  équatoriales  trouve-t-on 
plus  d'individus  de  Sepiotheuthis,  qui  tiennent  le 
milieu  entre  ces  deux  genres,  que  de  Seiches  pro- 
prement dites.  Il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  en 
pleine  mer  très  au  large  des  Calmars  *.  C'est  même, 
la  plupart  du  temps,  de  ces  animaux  que  se  nour- 
rissent les  oiseaux  grands  voiliers.  Ces  Mollusques 
voraces  doivent  à  leur  facilité  de  progression  de 
s'éloigner  autant  des  côtes,  qui  pourraient  leur 
offrir  une  nourriture  plus  abondante  et  plus  as- 
surée. Peut-être  aussi  y  en  a-t-il  d'essentiellement 
pélagiens.  Nous  observâmes  un  jour  combien  ils 
ont  de  vitesse  dans  leurs  mouvements,  lorsqu'ils 
nagent  en  pleine  eau.  Leur  déplacement  est  brus- 
que, et  ils  s'arrêtent  court,  sans  avoir  l'air  de  mou- 
voir aucune  de  leurs  parties.  Dans  ce  mécanisme 
qu'ils  ont  de  commun  avec  les  Médusaires ,  leur 
manteau  seul  agit;  ils  vont  à  reculons, et  peuvent 
même  s'élancer  hors  de  l'eau  lorsqu'ils  sont  pour- 
suivis. Leur  vue  est  si  perçante  qu'un  naturel  de 


*  Dans  le  voyage  de  VUranie  nous  en  trouvâmes  sous  l'équateur  de 
l'Allantique  un  fragment  pesant  environ  cent  livres,  qui  peut  donner  une 
idée  de  ce  que  devait  être  l'animal  entipr. 


16  ZOOLOGIE. 

Vanikoro,  très-exercé  à  tirer  de  l'arc,  ne  pouvait, 
sur  un  groupe  de  six,  en  percer  aucun  de  ses 
flèches  ,  bien  qu'ils  lui  fussent  perpendiculaires  et 
sous  une  petite  profondeur.  Les  Poulpes  ont  de 
plus  la  reptation  en  boule  lorsqu'ils  touchent 
le  sol. 

Nos  recherches  ont  été  infructueuses  pour  nous 
procurer  l'animal  du  Nautile,  qui  paraît  habiter 
de  très-grandes  profondeurs,  et  dont  la  coquille 
ne  vient  surnager  à  la  surface  que  lorsqu'il  est 
mort.  Les  habitants  d'Amboine,  de  Célèbes  et  de 
Bourou,  ne  le  connaissent  même  pas.  Rhump  est 
encore  le  seul  naturaliste  qui  l'ait  vu.  Ce  fut  en 
vain  qu'à  la  Nouvelle-Guinée  nous  employâmes , 
auprès  des  naturels,  tout  ce  qui  pouvait  le  plus 
les  tenter  pour  obtenir  ce  Mollusque,  dont  le  tèt 
leur  sert  pour  puiser  de  l'eau  :  leurs  recherches 
furent  inutiles.  Nous  n'osons  pas  dire  que  le 
grand  fragment  de  Céphalopode ,  que  nous  avons 
trouvé  dans  la  mer  des  Moluques,  appartienne 
au  Nautile.  Il  est  remarquable  par  son  extrême 
mollesse  et  deux  portions  tronquées  de  tentacules, 
pourvus  de  ventouses.  Tout  indique  dans  sa  forme 
qu'il  recouvrait  une  coquille.  Quelque  imparfait 
qu'il  soit,  nous  avons  cru  devoir  donner  la  figure 
de  ce  que  nous  avons  pu  saisir  dans  les  Annales 
des  sciences  naturelles  du  mois  de  septembre  i83o, 


MOLLUSQUES.  17 

afin  d'exciter   l'attention  de  ceux    qui   visiteront 
après  nous  les  mêmes  parages. 
Les  œufs  des  Céphalopodes  affectent  quelquefois 

des  formes  singulières;  on  en  trouve,  au  milieu  de 
la  mer,  de  roulés  en  cylindre  de  la  grosseur  et 
de  la  longueur  de  la  jambe.  D'autres  fois,  ce  sont 
des  cônes  parsemés  de  points  rouges,  qui,  exa- 
minés à  la  loupe,  représentent  de  jeunes  indivi- 
dus sur  des  rubans  ainsi  enroulés.  Mais,  quelle  que 
soit  leur  petitesse,  la  présence  de  leurs  tenta- 
cules pairs  et  les  premiers  formés  dénotent  leur 
origine  et  doivent  faire  éviter  les  méprises. 

Nous  avons  fait  quelques  découvertes  dans  les 
Ptéropodes.  La  rade  d'Amboine  nous  a  été  très- 
favorable  pour  nous  amener,  dans  ses  forts  cou- 
rants ,  plusieurs  de  ces  animaux.  Une  nouvelle  es- 
pèce de  Cymbulie  nous  a  mis  à  même  de  faire 
mieux  connaître  l'organisation  de  ce  Mollusque, 
qui,  au  moindre  choc,  se  sépare  de  son  têt  mem- 
braneux. 

Le  même  lieu  nous  a  procuré  de  nouveaux  Phyl- 
liroés,  sur  lesquels  nous  avons  pu  compléter  ce 
qui  manquait  à  leur  anatomie  et  reconnaître  le 
système  nerveux.  Mais  aucun  organe  ne  s'est  of- 
fert pour  être  désigné  comme  pulmonaire.  Ainsi 
nous  pensons  avec  M.  Cuvier  que  cette  fonction 
s'opère  par  la  peau.   Ces  deux  genres  que  nous 


Zon/ngir.  t.  II. 


18  ZOOLOGIE. 

n'avions  pu  rencontrer  dans  notre  premier  voyage, 
que  nous  n'avions  même  jamais  vus,  prouvent 
qu'il  ne  faut  souvent  qu'un  instant  pour  être  favo- 
risé clans  ces  sortes  de  recherches. 

C'est  surtout  l'immense  classe  des  Gastéropodes 
qui  nous  a  donné  le  plus  de  choses  nouvelles.  Le 
premier   ordre    fournira   un    grand    nombre    de 
Doris ,  ornées  des  plus  belles  couleurs.  Les  es- 
pèces augmentant  chaque  jour,  on  pourra  trou- 
ver  dans  leur  forme  et  leur  consistance  d'assez 
bons   caractères    pour  leurs    subdivisions.   Nous 
avons  partout    rencontré    de   ces  animaux;  mais 
l'Ile-de-France  est,  sans  contredit,  le  pays  qui  en 
fournit  le    plus.    Indépendamment    des    espèces 
qu'on  sait  en  provenir,  nous  en  avons  découvert 
cinq  ou  six  nouvelles  dans  fort  peu  de  temps. 
Nous  avons  eu  occasion  d'observer  une  fois  leur 
accouplement ,  qui  n'avait  point  eu  le  temps  d'être 
réciproque.  Nous  allons  bientôt  entrer  dans  plus 
de  détails  à  ce  sujet,  en  parlant  des  Aplysies.  Les 
Doris  coriaces  et  peu  flexibles  ont  la  faculté,  en  se 
contractant,  de  briser  et  de  rejeter  des  portions 
de  leur  manteau  ,  ainsi  que  les  Harpes  le  font  pour 
leur  pied.  Les  mouvements  qu'elles  exécutent  se 
bornent  à  la  reptation,  tandis  que  celles  qui  sont 
molles  nagent  très-bien  à  l'aide  des  vives  contrac- 
tions de  leur  manteau. 


MOLLUSQUES.  19 

Nous  avons  fait  des  études  de  Scy  liées  qui  sem- 
blent nous  prouver  que  celles  qu'on  trouve  sur 
les  fucus  dans  diverses  mers  appartiennent  à  la 
Gomfodensis  de  Forskal,  qui  est  sans  doute  la 
même  que  la  Pélagique  de  M.  Cuvier.  Les  Glaucus, 
au  contraire,  présentent  d'assez  grandes  variétés, 
que  nous  pensons  toutefois  devoir  être  ramenées 
à  une  seule  et  même  espèce. 

Les  Théthys  et  les  Tritonies  sont  tellement 
peu  communes  dans  les  pays  chauds,  que  nous 
n'en  avons  jamais  rencontré.  Les  Phyllidies  sont 
également  assez  rares.  Ornées  de  couleurs  écla- 
tantes, elles  ont  cela  de  particulier  qu'elles  exha- 
lent une  odeur  désagréable  qui  peut  même  ser- 
vir à  les  faire  reconnaître,  lorsque  quelques-uns 
de  leurs  caractères  ne  sont  pas  suffisamment  ap- 
parents. 

Les  Pleurobranches,  quoique  moins  nombreux 
que  les  Doris,  se  trouvent  dans  les  mêmes  lieux, 
et  ont  les  mêmes  habitudes  ;  c'est-à-dire  que  nous 
en  avons  amené  de  neuf  à  dix  brasses  de  profon- 
deur, et  que  d'autres  fois,  on  les  prend  sur  les 
rochers  qui  bordent  le  rivage.  Des  espèces  ont  une 
coquille  interne,  d'autres  en  manquent,  comme 
cela  arrive  pour  les  Aplysies.  Nous  avons  rencon- 
tré à  la  Nouvelle-Hollande  le  type  du  genre  Pleu- 
robranchidie  qui  habite  la  Méditerranée. 


20  ZOOLOGIE. 

Dans  les  îles  du  grand  Océan  austral  nous  n'a- 
vons trouvé  parmi  les  Aplysiens  que  des  Dola- 
belles  gisant  sur  le  sable,  à  mer  basse  ou  à  demi 
enfoncées  dans  la  vase,  tandis  que  depuis  la  France, 
Ténériffe ,  le  Brésil,  Maurice  nous  ont  offert  des 
Aplysies  proprement  dites.  Cette  dernière  localité 
nous  en  a  donné  plusieurs  espèces  nouvelles,  et 
nous  avons  été  à  même  de  constater  sur  le  vivant 
que  le  genre  Notarche  était  une  Aplysie  de  la  di- 
vision de  celles  qui  n'ont  point  les  branchies  pro- 
tégées par  une  coquille.  Il  paraît  aussi  y  en  avoir 
d'essentiellement  pélagiennes,  car  deux  fois  nous 
avons  rencontré  sur  des  fucus,  au  milieu  de  l'O- 
céan ,  l'Aplysie  striée. 

Il  faut  placer  dans  cette  famille  le  genre  Placo- 
branche  de  M.  Van  Hasselt  que  nous  avons  ob- 
servé dans  toute  son  expansion  aux  îles  des  Amis, 
et  comme  très-voisin  l'animal  que  M.  Oken  a 
nommé  Actéon.  Nous  en  rapprocherons  également 
avec  M.  de  Blainville  le  genre  Siphonaire  nouvelle- 
ment retiré  des  Patelles,  avec  lesquelles  il  avait  été 
confondu  jusqu'à  ce  jour.  Ce  sont  des  animaux 
jouissantdel'hermaphrodisme,  mais  probablement 
insuffisant,  remplaçant  en  quelque  sorte,  pour  le 
nombre ,  les  Patelles  dans  les  pays  chauds ,  bien 
que  celles-ci  s'y  trouvent  cependant.  Du  reste , 
on  rencontre  partout  des  Siphonaires  ,  depuis  Gi- 


MOLLUSQUES.  21 

braltar  jusqu'au  Cap,  à  la  Nouvelle-Hollande,  Mau 

rice,  à  la  Nouvelle-Zélande  et  dans  toutes  les  îles 

du  grand  Océan. 

A   notre  retour  en  France,  nous  avons  été  à 

même  de  faire  quelques  remarques  sur  les  mœurs 

des  Aplysies  qui  trouvent  naturellement  leur  place 
ici. 

Nous  étions  à  Royan,  à  l'embouchure  de  la  Gi- 
ronde, dans  les  grandes  marées  de  l'équinoxe  de 
septembre;  au  bas  de  la  jetée  du  port,  sont  des 
roches  que  la  mer  laisse  à  nu,  lorsqu'elle  se  re- 
tire. Il  semble  qu'à  cette  époque ,  ce  soit  le  rendez 
vous  de  toutes  les  Aplysies  (kA.  limbata)  des  en- 
virons, que  dans  le  pays  on  nomme  chats  de  mer. 
Elles  se  réunissent  en  petits  groupes  de  trois  à 
cinq  pour  s'accoupler.  Nous  étudiâmes  ce 
mode  d'accouplement  pendant  plusieurs  jours , 
et  nous  vîmes  que  dans  ces  Mollusques  herma- 
phrodites, l'introduction  de  l'organe  excitateur 
n'était  pas  constamment  réciproque.  Nous  l'eus- 
sions même  presque  nié,  si  le  dernier  jour,  au 
moment  de  les  abandonner,  nous  n'en  avions  saisi 
deux  individus  mutuellement  accouplés.  Ils  cher- 
chent à  s'accoler  par  quelque  partie  du  pied  ou  du 
manteau ,  leurs  têtes  étant  opposées  *.  Il  faut  que 

1   M.  Rang,  auteur  d'une  belle  Monographie  des  Aplysies,  qui  en  a 
observe  de  vivantes,  n'a  pu  voir  que  des  accouplements  (.impies,  les  deux 


22  ZOOLOGIE. 

dans  cet  instant  l'extrémité  blanche  de  l'organe 
excitateur,  qui  est  naturellement  très-molle,  ac- 
quière une  rigidité  qui  puisse  la  mettre  à  même 
de  glisser  dans  le  sillon  qui  conduit  aux  organes 
de  la  génération.  Où  se  porte  la  verge  ?  Nos  ten- 
tatives n'ont  pu  nous  amener  à  voir  si  c'était  seu- 
lement dans  le  conduit  commun  au  testicule  et  à 
l'oviducte,  ou  bien  si  elle  atteignait  jusqu'à  ce 
dernier  organe.  Dès  que  nous  avions  coupé  le  pé- 
nis introduit,  l'individu  qui  le  recevait  le  rejetait 
par  ses  contractions ,  avant  que  nous  pussions 
l'ouvrir  et  reconnaître  sa  vraie  position. 

M.  Cuvier  a  fait  voir  dans  de  superbes  dessins 
que  l'Aplysie  a  cela  de  particulier,  que  le  pénis 
est  placé  vers  la  tête,  à  l'extrémité  opposée  où  se 
trouvent  les  organes  fondamentaux  de  la  généra- 
tion, c'est-à-dire  l'ovaire  et  le  testicule.  Or  ce  pé- 
nis n'a  avec  eux  d'autre  communication  que  par 
la  rainure  qui  existe  le  long  du  cou,  qu'il  faut 
considérer  comme  un  vrai  canal  déférent,  ouvert 
ici  et  fermé  dans  la  plupart  des  autres  Mollusques 
qui  sont  dioïques.  Nous  croyons  cependant  en 
avoir  observé  plusieurs,  chez  lesquels  il  affectait 
cette  même  disposition  ouverte.  Alors  rien  n'est 

individus  ayant  la  tète  du  même  côté;  mode  assez  gênant,  même  lois 
qu'un  des  deux  seulement  féconde  l'autre,  mais  presque  impossible  lors- 
qu'il y  a  uuiou  réciproque. 


MOLLUSQUES.  23 

plus  naturel  d'admettre  que  dans  l'accouplement 
simple  ,  l'organe  excitateur  porte  clans  l'utérus  ou 
Poviducte  le  fluide  fécondant,  qui  coule  le  long  du 
sillon.  Mais  dans  l'union  réciproque,  où  les  deux 
ouvertures  sont  complètement  remplies  par  les 
deux  pénis,  la  même  chose  peut-elle  avoir  lieu? 
C'est  ce  que  nous  ignorons.  La  rareté  des  fécon- 
dations doubles  nous  porte  à  croire  que  cet  acte 
n'est  pas  le  plus  naturel,  et  éprouve  certains  obs- 
tacles ,  au  nombre  desquels  on  pourrait  peut-être 
mettre  le  mélange  des  semences. 

Dans  la  famille  des  Hélices,  dans  les  Agathines 
et  tous  les  Mollusques  hermaphrodites  insuffi- 
sants ,  qui  ont  un  vestibule  commun  pour  la  gé- 
nération, il  y  a  bien  introduction  réciproque  des 
organes  excitateurs,  mais  ici  un  conduit  particu- 
lier et  fermé  porte  la  semence  du  testicule  dans 
le  pénis,  ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  les  Aplysiens*. 

Le  temps  nous  ayant  manqué,  nous  n'avons 
pu  pousser  plus  loin  nos  recherches  relativement 
à  la  sortie  des  œufs  dont  les  masses  agglomérées 


1  Personne  que  nous  sachions  n'a  bien  indiqué  le  mode  d'accouplement 
de  l'Escargot  commun.  La  longue  portion  grêle  et  molle  du  pénis  ne  sort 
jamais  par  dédoublement  ;  il  n'y  a  que  celle  que  M.  Cuvier  a  nommée  le 
prépuce,  qui  est  la  verge  proprement  dile;  elleest  courte,  renflée,  un  peu 
rugueuse,  et  se  porte  vers  ï'oviducte  dans  le  vestibule.  En  prenant  deux 
limaçons  accouplés,  les  liant  et  les  plongeant  brusquement  dans  l'eau  bouil- 
lante, toutes  ces  parties  conservent  leurs  rapports  comme  sur  le  vivant. 


24  ZOOLOGIE. 

en  cordons  d'un  jaune  verdâtre  se  fixent  sur  les 
pierres.  Ceux  des  Dolabelles  que  nous  avons  vus 
dans  les  pays  chauds  sont  plus  gros  ,  plus  régu- 
lièrement cylindriques ,  lisses  ,  d'un  vert  sombre. 
On  pourrait  s'y  tromper,  et  les  prendre  pour 
des  Thalassiophytes  ou  de  ces  productions  mari- 
nes dont  la  nature  n'est  pas  encore  bien  déter- 
minée. Nous  n'avons  jamais  eu  occasion  d'obser- 
ver l'accouplement  des  Pectinibranches  à  coquille. 

Les  Aplysies  nagent  avec  beaucoup  plus  de 
vitesse  qu'on  ne  pourrait  le  croire;  surtout  celles 
pourvues  d'une  coquille  et  dont  le  manteau  très- 
fendu  se  rabat  de  chaque  côté  comme  de  larges 
nageoires  qu'elles  font  agir  avec  vigueur.  Elles 
sont  herbivores  et  arrachent  d'une  manière  brus- 
que les  tendres  fucus  dont  elles  se  nourrissent. 
Laissées  à  nu  sur  le  rivage,  elles  supportent  assez 
bien  l'action  du  soleil  le  plus  violent,  dans  l'in- 
tervalle d'une  marée  à  une  autre. 

La  quantité  de  liqueur  violette  qu'elles  sécrè- 
tent est  énorme.  11  ne  serait  pas  impossible  que 
les  anciens  l'eussent  mélangée  à  la  pourpre  qu'ils 
retiraient  de  divers  Mollusques.  Nous  en  avons 
teint  de  la  soie  qui  conserve  bien  sa  couleur. 
Nous  n'assurons  pas  que  les  espèces  sans  coquille 
aient  une  pourpre. 

Les  Bulles,  et  nous  v  comprenons  les  Bullées 


MOLLUSQUES.  25 

que  nous  n'admettons  pas  comme  genre,  sont 
de  toutes  les  mers  sans  qu'on  puisse  dire  posi- 
tivement  que  l'une  ou  l'autre  division  appartienne 
plus  spécialement  à  telle  ou  telle  contrée.  La 
Nouvelle-Hollande  est  le  lieu  qui  en  fournit  le 
plus.  Au  port  du  Roi-George,  dans  le  havre  peu 
profond  et  assez  tranquille  de  la  Princesse-Char- 
lotte, le  rivage  est  couvert,  on  peut  le  dire,  des 
enveloppes  de  trois  ou  quatre  espèces  de  Bulles. 
Ici,  ces  animaux  recherchent  les  fonds  sablon- 
neux; mais  il  en  est  d'autres  de  très-petite  taille 
qui  se  plaisent  ,  comme  nous  l'avons  vu  aux  îles 
Mariannes,  sur  les  rochers  battus  par  la  mer,  y 
demeurent  constamment  en  se  cramponnant  dans 
leurs  anfractuosités ,  et  se  confondent  avec  les 
fucus  mousseux  qui  les  tapissent. 

Quelques  Bulles  nagent  verticalement  et  assez 
mal;  ce  qui  tient  au  peu  de  développement  de 
leur  manteau  et  à  la  pesanteur  de  la  partie  pos- 
rieure  de  la  coquille.  D'autres,  au  contraire,  pour- 
vues de  lobes  et  d'appendices  auriculaires,  nagent 
très-bien.  Nous  mettrons  au  premier  rang  la 
Bulle  rayée,  qui  joint  l'élégance  à  la  beauté  des 
couleurs.  Elle  est  assez  commune  dans  la  rade  du 
Port-Louis  de  l'Ile-de-France.  Celles  qui  portent 
leur  coquille  cachée  dans  l'épaisseur  du  manteau, 
qui  l'ont  très-rétréci   ainsi  que  le  pied  ,  rampent 


26  ZOOLOGIE. 

sur  le  fond,  qu'elles  peuvent  à  peine  abandonner. 
Il  en  est  d'admirables  pour  l'éclat  et  le  velouté  des 
couleurs  que  le  pinceau  ne  peut  rendre.  A  Dorey, 
nous  avons  saisi  l'accouplement  de  la  Bulle  jaune 
à  coquille  interne.  Il  se  fait  de  la  partie  anté- 
rieure d'un  individu  avec  la  postérieure  supé- 
rieure d'un  autre  ,  de  sorte  qu'ils  se  suivent 
réunis  sans  que  nous  ayons  vu  d'union  mutuelle. 
Ce  qui  semble  indiquer,  qu'ainsi  que  dans  les 
Aplysiens,  elle  n'est  ni  constante,  ni  nécessaire, 
quoiqu'ils  aient  les  deux  sexes  réunis.  Nos  des- 
sins représentent  ces  animaux  dans  la  position 
que  nous  venons  d'indiquer. 

Dans  l'ordre  des  Pulmonés,  qui  comprend  tou- 
tes les  espèces  terrestres  et  un  assez  bon  nombre 
d'aquatiques,  nous  avons  dessiné  celles  que  nous 
avons  pu  voir  se  développer.  Nous  allons  donner 
quelques  aperçus  sur  les  localités  de  certaines 
d'entre  elles,  indiquer  leurs  habitudes  et  quel- 
ques faits  généraux  d'organisation. 

On  trouve  partout  des  individus  de  la  grande 
famille  des  Hélices.  Mais  dans  les  pays  lointains 
de  même  qu'en  Europe,  les  animaux  ne  diffè- 
rent pas  assez  à  l'extérieur  pour  qu'on  puisse 
s'en  servir  comme  caractères  génériques.  Nous 
avons  trouvé  dans  les  Moluques  deux  espèces 
nouvelles  de  Vitrines;  et  nous  ferons  remarquer 


MOLLUSQUES.  27 

que  V Hélix  citrina,  si  variée  en  couleur,  et  si 

commune  dans  les  collections,  n'est  qu'une  grosse 
\  itrine  portant  un  grand  pore  muqueux  à  l'ex- 
I rémité  demi   tronquée  de  son  pied. 

L'Hélice  Melon  ,  de  la  division  des  Bulimes  , 
couvre,  de  concert  avec  l'Ambrette  allongée,  le 
sommet  de  la  montagne  de  Bald-Head  à  la  Nou- 
velle-Hollande. L'île  de  Van-Diemen  nous  a  donné 
l'Hélice  Dufresne  et  une  Ambrette  nouvelle  qui 
se  tient  cachée  sous  les  pierres  dans  les  lieux 
secs  et  élevés. 

Nous  n'avons  vu,  dans  tout  notre  voyage,  de 
Parmacelles  qu'à  Ténériffe  sur  les  mousses  humi- 
des de  la  foret  d'Aguas-Gracias. 

Presque  partout  nous  avons  rencontré  des 
Limaces.  A  la  Nouvelle-Hollande  et  à  la  Nouvelle- 
Zélande  elles  sont  rares  ;  celie  même  qui  provient 
«le  ce  dernier  lieu  est  remarquable  en  ce  qu'elle 
na  que  deux  tentacules.  Dans  l'île  aride  et  vol- 
canique de  l'Ascension  elles  se  trouvent  reléguées 
au  sommet  de  la  plus  haute  montagne,  où  les 
nuages  entretiennent  de  la  verdure  et  de  l'humi- 
dité. L'Ile-de-France  en  possède  une  espèce  par- 
ticulière ,  qui  semblerait  n'habiter  que  sur  les 
arbres  de  la  montagne  du  Pouce.  Elle  tient  un 
peu  des  Parmacelles,  et  sa  transparence  nous  a 
fait  la  nommer  Diaphane.  C'est  de  ce  pays,  et  de 


28  ZOOLOGIE. 

Madagascar  primitivement,  que  proviennent  les 
Agathines,  très-gros  Mollusque  qui  ravage  les 
vergers.  Nous  donnons  une  figure  coloriée  de 
son  animal,  ainsi  que  son  anatomie,  qui  ne  dif- 
fère presque  de  celle  des  Hélices  que  par  l'absence 
des  deux  glandes  frangées  qui  se  trouvent  près 
du  vestibule  commun  aux  organes  générateurs. 

Les  Auricules  appartiennent  aussi  aux  Pulmo- 
nés  terrestres  ;  car  nous  les  avons  toujours  trou- 
vées dans  les  bois,  mais  ordinairement  près  du 
bord  de  la  mer.  Les  petites  espèces  surtout  ont 
une  prédilection  particulière  pour  les  rivages  , 
tandis  que  celles  dont  on  a  fait  le  genre  Scarabe 
s'enfoncent  assez  profondément  dans  les  terres , 
et  se  tapissent  sous  les  feuilles  mortes ,  comme 
nous  l'avons  fait  remarquer  il  y  a  long-temps.  Le 
propre  de  ces  Mollusques  est  d'avoir  les  yeux 
placés  à  la  base  interne  de  leurs  tentacules.  La 
grande  Auricule  Midas  seule  a  les  siens  si  pro- 
fondément cachés  sous  une  peau  épaisse  qu'elle 
paraît  en  être  dépourvue.  Elle  est  fort  commune 
dans  les  lieux  humides  de  la  Nouvelle-Guinée. 
Nous  nous  étendrons  assez  longuement  sur  son 
organisation  à  son  article.  C'est  nécessairement 
après  les  Auricules  que  doivent  venir  les  Pyrami- 
delles,  malgré  certains  caractères  qui  les  en  éloi- 
gnent ,     comme    d'avoir    des    branchies    et    un 


MOLLUSQUES.  39 

opercule.  Aussi  faut-il  en  attendant  en  former  un 
petit  groupe  à  part. 

Nous  plaçons  à  la  suite  de  cette  famille  les 
singuliers  Mollusques  connus  dans  les  collections 
sous  le  nom  d'Ampullaire  aveline  et  fragile  , 
provenant,  la  première  de  la  Nouvelle-Zélande, 
la  seconde  de  la  Nouvelle-Hollande.  Ce  sont  des 
animaux  pulmonés,  hermaphrodites  insuffisants, 
avec  lesquels  nous  formons  le  genre  Ampulla- 
cère ,  parce  qu'ils  ont  la  forme  d'Ampullaires 
dépourvues  de  tentacules.  Ils  se  tiennent  ordi- 
nairement dans  de  petits  étangs  où  il  n'y  a  que 
quelques  pouces  d'eau  salée  ou  saumâtre. 

Les  Onchidies  ou  Péronie  de  M.  de  Blainville 
pullulent  entre    les  tropiques.  Nous  en   donnons 
plusieurs  espèces  nouvelles  qui  vivent  plus  à  terre 
que  dans  l'eau.  Les  rivages  de  Dorey,  ceux   du 
havre   Carteret  à  la  Nouvelle-Irlande  en  étaient 
couverts.  A  la  Nouvelle-Zélande,  une  très-petite 
espèce  tapissait  comme  des  points  noirs  les  ro- 
chers de  l'anse  de  V Astrolabe.  Les  mêmes  espèces 
présentent  de  grandes  variétés  dans  les  couleurs, 
qui  varient  quelquefois  dans  peu  de  temps  à  la 
manière  des  Caméléons.  De  sorte  qu'il  faut  pren- 
dre garde ,   même  sur   le  vivant ,  pour   ne   pas 
faire    de    doubles   emplois  ;  à  plus   forte  raison 
lorsqu'on  les  étudie  dans  la  liqueur.  Nous  ferons 


30  ZOOLOGIE. 

observer  aussi  que  les  tubercules  qui  couvrent 
le  dessous  du  pied,  dépendent  le  plus  souvent  du 
racornissement  produit  par  l'alcohol.  Plusieurs  do 
ces  animaux  laissent  échapper,  par  des  pores  qui 
occupent  le  bord  du  manteau,  une  liqueur  blan- 
che et  laiteuse.  Il  existe  dans  la  rade  d'Algesiras 
une  très-petite  Onchidie  que  nous  n'avons  point 
suffisamment  examinée  pour  la  faire  connaître. 
Elle  n'a  guère  plus  d'une  ligne  de  long.  Nous 
ne  la  croyons  pas  la  même  que  celle  qui  habite 
les  cotes  de  la  Manche. 

Les  contrées  équatoriales  nourrissent  aussi  dans 
leurs  eaux  douces  des  Lymnées  ,  des  Planorbes 
et  des  Physes.  Nous  en  avons  des  îles  des  Amis , 
des  Mariannes  et  de  Célèbes. 

Sans  trop  suivre  d'ordre  rigoureux  dans  ces 
considérations  générales,  nous  voici  arrivés  aux 
Pectinibranches  qui  forment  environ  la  moitié 
de  la  classe  entière  des  Mollusques,  et  procurent 
par  leur  multiplication  une  nourriture  assez 
abondante  à  quelques  peuples  de  l'archipel 
indien. 

Les  animaux  des  Porcelaines  et  des  Ovules  ont 
la  plus  grande  ressemblance  entre  eux,  et  prou- 
veraient de  nouveau  la  difficulté  d'établir  des 
genres  qui  reposeraient  en  même  temps  sur  le 
Mollusque  et  sa  coquille,  si  ces  deux-là  devaient 


MOLLUSQUES.  M 

être  séparés.  Ce  sont  des  animaux  si  élégants  de 
forme  et  la  plupart  si  agréables  par  leurs  cou- 
leurs ,  que  nous  avons  représenté  toutes  les  es- 
pèces que  nous  avons  vues  vivantes.  Il  faut  dire 
aussi  que  nous  avons  été  servis  à  souhait  par  la 
nature  de  notre  voyage  qui  nous  faisait  naviguer 
sous  l'équateur  ou  entre  les  tropiques.  Dans 
toutes  ces  contrées  on  trouve  des  Gyprées,  pourvu 
qu'il  y  ait  des  abris  et  une  petite  quantité  d'eau. 
Elles  se  donnent  peu  de  mouvement,  et  demeu- 
rent une  partie  du  temps  retirées  dans  leur 
coquille.  Les  petites  espèces  même  se  cachent 
sous  les  pierres  ainsi  que  beaucoup  d'autres 
Mollusques.  Heureux  pays  pour  le  naturaliste 
qui ,  chaque  fois  qu'il  soulève  un  large  quartier 
de  madrépore,  est  souvent  embarrassé  du  choix, 
et  s'impatiente  de  ne  pouvoir  tout  prendre  et 
tout  observer!  Le  manteau  rameux  et  velouté  des 
Porcelaines  enveloppe  parfois  tellement  la  co- 
quille, qu'au  premier  aspect  on  ne  les  reconnaî- 
trait pas.  Chaque  espèce  a  ses  couleurs  propres, 
et  sous  ce  rapport  il  nous  sera  facile  d'en  confir- 
mer plusieurs.  C'est  ainsi  que  si  l'on  pouvait 
douter  que  la  petite  Ovule  anguleuse  fût  une 
espèce  distincte  et  seulement  le  jeune  âge  de 
l'Oviforme,  on  serait  tiré  d'incertitude  par  son 
animal  orné  de   couleurs   élégantes  ,  tandis  que 


32  ZOOLOGIE. 

celui  de  l'Ovule  oviforme  est  entièrement  noir, 
avec  de  petits  tubercules  blancs  :  singulier  con- 
traste avec  la  blancheur  de  la  coquille ,  qui  forme 
une  tranchante  exception  à  la  règle  que  nous 
avons  indiquée  plus  haut  sur  la  similitude  de 
couleur  des  Mollusques  avec  leur  test. 

Nous  ignorons  qui  a  pu  donner  lieu  à  la  fable 
que  les  Cyprées  changeaient  de  coquilles  en  gran- 
dissant. Il  ne  faut  qu'en  voir  une  vivante  ou 
morte  pour  juger  de  suite  de  l'impossibilité  du 
fait.  La  plupart  dés  Mollusques ,  même  des  plus 
enroulés,  comme  certains  Troques,  abandonnent 
assez  facilement  leur  enveloppe  par  la  cuisson 
ou  la  macération  dans  l'esprit-de-vin;  les  Porce- 
laines jamais.  Il  est  tout-à-fait  impossible  à  cette 
masse  viscérale  renflée  de  passer  par  une  ouver- 
ture aussi  rétrécie,  qui  a  valu  à  toute  la  famille 
le  nom  d'Angiostome.  Nous  le  savons  mieux  que 
personne,  nous,  qui  lorsque  nous  voulions  con- 
server l'animal  d'une  espèce  précieuse  étions 
obligés  de  briser  son  enveloppe.  On  pourrait  ob- 
jecter que  ce  n'est  que  dans  le  jeune  âge  où  l'ou- 
verture est  très-évasée.  Rien  n'a  pu  nous  donner 
le  moindre  soupçon  de  ce  phénomène  qui  serait 
unique,  et  répugne  à  être  cru  par  quiconque  a 
quelque  idée  de  l'organisation  des  Mollusques. 

On  ignorait  encore  la  forme  et  le  développe- 


MOLLUSQUES.  33 

ment  qu'était  susceptible  de  prendre  l'animal  de 
l'Olive.  Il  recouvre  en  partie  sa  coquille  à  l'aide 
de  son  énorme  pied  se  relevant  comme  un  man- 
teau, et  présentant  en  avant  une  sorte  d'écusson 
auriculé.  Le  manteau,  proprement  dit,  est  très- 
court,  et  envoie  postérieurement  dans  les  sutures 
un  prolongement  très-délié  qui  leur  donne  le 
poli.  Ce  sont  des  animaux  très- vifs,  s'agitant  beau- 
coup, se  relevant  avec  prestesse  lorsqu'ils  ont 
été  renversés,  très-voraces,  puisqu'on  les  prend  à 
l'Ile-de-France  avec  des  appâts  de  viande.  On  les 
trouve  dans  toutes  les  mers  des  tropiques  dont 
ils  cherchent  les  plages  sablonneuses.  Les  espè- 
ces se  maintiennent  assez  dans  certaines  localités. 
Ainsi  Tonga  et  les  îles  des  Amis  fournissent 
l'Érythrostome  ;  et  les  Marianes,  ce  qu'on  consi- 
dère comme  sa  variété,  qui  pourrait  bien  être 
une  espèce  distincte.  On  trouve  dans  les  Molu- 
ques  la  plupart  des  autres  espèces,  surtout  la 
Maure,  dont  les  variétés  passent  au  jaunâtre,  et 
peut-être  même  au  blanc.  La  couleur  de  l'animal 
caractérise  assez  bien  certaines  espèces;  mais  il 
en  est  d'autres  où  elle  n'indique  pas  les  diffé- 
rences qu'offrent  les  coquilles.  C'est  un  des  Mol- 
lusques que  nous  avons  étudiés  avec  le  plus  de 
soin  sur  un  grand  nombre  d'individus.  Nous  en 
avons  même  fait  développer  plusieurs  centaines 

Zoologie,  t.   11.  'i 


3i  ZOOLOGIE. 

pour  notre  amusement,  et  jamais  nous  ne  leur 
avons  vu  d'opercule.  Quelque  petit  qu'il  soit,  il 
ne  nous  aurait  pas  constamment  échappé  s'il  eût 
existé.  Ne  se  présenterait-il  que  dans  le  très-jeune 
Age ,  et  se  perdrait-il  ensuite  par  la  vivacité  des 
mouvements  de  l'animal?  Ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'est  que  deux  petites  espèces,  la  Ziz-Zag  et  la 
Zonale,  possèdent  un  opercule.  Ne  les  ayant  vues 
que  desséchées ,  nous  ne  pouvons  assurer  que  ce 
soient  de  vraies  Olives  et  non  des  Ancillaires. 

Ces  dernières  ne  se  distinguent  des  Olives  que 
par  la  petitesse  des  tentacules  non  apparents  à  l'ex- 
térieur, que  nous  croyons  dépourvus  d'yeux;  par 
la  grandeur  de  leur  opercule  et  le  manque  d'ap- 
pendice filiforme  du  manteau ,  propre  à  former  et 
entretenir  les  sutures.  Ce  qui  fait  qu'elles  n'exis- 
.tent  pas.  Les  mœurs  sont  les  mêmes.  Nous  n'avons 
pu  rencontrer  d'Ancillaires  que  sur  quelques  fonds 
vaseux  de  la  Nouvelle-Zélande.  Elles  sécrètent  une 
abondante  quantité  de  mucosité. 

Les  Volutes  sont  des  animaux  aussi  agréable- 
ment colorés  que  leurs  coquilles.  Les  nuances  en 
sont  aussi  bien  diversifiées  que  tranchées  selon  les 
espèces.  Leur  tète  repose  sur  un  large  bouclier 
arrondi ,  et  leur  pied  ne  se  relève  point  sur  le  dos. 
Ils  habitent  à  peu  de  profondeur  sur  le  sable.  Ils 
sont  lents  à  se  développer.  Le  port  du  Roi-George, 


MOLLUSQUES.  3;> 

la  haie  des  Chiens  Marins,  la  Nouvelle-Guinée ,  les 
Moluques,  la  Nouvelle-Zélande,  nous  ont  fourni 
la  plupart  des  espèces  connues.  Une  seule  espèce 
inédite  provient  de  la  Nouvelle-Zélande.  Les  cou- 
leurs dans  les  Cônes  nous  ont  également  fourni  de 
bons  caractères  spécifiques.  Souvent  le  siphon 
respiratoire  suffirait  seul  pour  cela.  Ces  Mollus- 
ques appartiennent,  en  général,  aux  contrées 
chaudes.  Ce  sont  peut-être  les  plus  timides  de  tous 
les  Pectinibranches.  Ils  mettent  un  temps  infini 
à  se  développer,  et  rentrent  au  moindre  mouve- 
ment, pour  mourir  enfoncés  dans  leur  coquille; 
d'où  il  est  très-difficile  de  les  avoir  en  entier, 
même  en  la  brisant;  ce  qui  tient  au  grand  nombre 
de  tours  deleur  columellelamelleuse,  sur  laquelle 
l'animal  est  appliqué  et  aplati.  Leur  glande  sali- 
vaire  ,  les  hameçons  et  les  dards  qui  hérissent  leur 
appareil  lingual  sont  quelque  chose  de  bien  par- 
ticulier. 

Le  nouveau  genre  Conœlix,  établi  assez  légè- 
rement seulement  sur  l'examen  de  la  coquille,  doit 
rentrer  dans  les  Mitres,  comme  dépourvu  d'o- 
percule et  par  d'autres  caractères  que  nous  dé- 
montrerons, au  rang  desquels  il  faut  mettre  la 
présence  d'une  pourpre  odorante,  nauséabonde, 
qui  caractérise  spécialement  les  Mitres,  et  qui, 
dans  quelques  circonstances  douteuses,  nous  fai- 

3 


30  ZOOLOGIE. 

sait  tout  aussitôt  reconnaître  le  genre.  Les  Mitres 
ont  de  plus  une  trompe  démesurément  longue, 
dépassant  dans  l'Épiscopale,  de  beaucoup,  la  lon- 
gueur de  la  coquille.  Ce  sont  des  animaux  qui  se 
développent  peu,  et  dont  le  test,  excessivement 
dur,  est  difficile  à  casser  pour  la  conservation  du 
Mollusque,  autrement  qu'avec  un  étau.  Toutes  les 
contrées  équatoriales  fournissent  des  Mitres.  Nous 
renvoyons  aux  détails  anatomiques  les  particula- 
rités d'organisation  relatives  au  tube  digestif. 

Nous  mentionnerons  ici  les  Strombes,  singuliers 
Mollusques,  qu'on  trouve  par  milliers  à  Vanikoro 
et  ailleurs.  Ils  se  ressemblent  tous  par  leur  con- 
formation générale ,  qui  tient  un  peu  de  celle  des 
Cônes.  Leur  pied  subcylindrique ,  divisé  en  deux 
parties  ouvertes  presque  à  angle  droit,  est  pourvu 
d'un  long  opercule  denticulé  ou  non ,  à  l'aide  du- 
quel l'animal  s'élance  par  bonds,  ne  pouvant  se 
mouvoir  autrement.  Les  yeux  sont  placés  tout- 
à-fait  à  l'extrémité  de  longs  tubes,  d'où  partent 
des  tentacules  déliés  et  aigus.  Après  les  yeux  des 
Céphalopodes,  ce  sont  probablement  les  mieux  or- 
ganisés. Nous  en  réunirons  un  assez  bon  nombre 
pour  démontrer  que  la  vive  coloration  de  leur 
cornée  peut  aider  à  la  distinction  des  espèces. 

Dès  1827,  nous  avons  eu  l'honneur  de  faire 
part  à  l'Académie  de  nos  observations,  accompa- 


MOLLUSQUES.  37 

gnées  de  dessins,  sur  l'animal  de  la  Harpe ,  qui  est 
inoperculé,  et  qui  jouit  de  la  singulière  faculté  de 
rejeter  la  partie  postérieure  de  son  énorme  pied; 
il  entre  avec  peine  dans  la  coquille  ;  mais  ce  n'est 
pas  ce  qui  occasionne  exclusivement  sa  rupture. 
Cela  tient  à  la  présence  d'un  large  canal  aquifère 
dans  cette  partie.  Ces  Mollusques  habitent  des  lo- 
calités spéciales;  nous  supposons  que  ce  sont  des 
eaux  profondes  et  peu  agitées,  peut-être  sous  des 
rochers ,  car  ce  n'est  que  par  les  naturels  du  port 
Dorey,  à  la  Nouvelle-Guinée,  que  nous  obtînmes 
une  assez  grande  quantité  d'individus,  sur  plus  de 
quarante  desquels  nous  confirmâmes  le  phénomène 
que  nous  venons  d'indiquer.  Nous  y  reviendrons 
en  donnant  l'anatomie  de  ce  genre. 

Les  Tonnes  manquent  également  d'opercule. 
Leur  pied  est  très-large ,  ailé  en  avant.  Une  longue 
et  grosse  trompe,  que  l'animal  promène  sur  son 
dos,  indépendamment  de  ses  fonctions  propres, 
sert  à  écarter  ce  qui  peut  le  gêner.  Leurs  couleurs 
rayonnées,  assez  élégantes ,  caractérisent  bien  les 
espèces;  du  moins  sur  trois  que  nous  avons  ob- 
servées. 

Les  Casques,  qui  rentrent  dans  cette  famille, 
n'ont  point  les  mêmes  habitudes.  Leurs  mouve- 
ments sont  très-lents.  Il  est  vrai  que  leur  pied, 
qui  sert  à  l'exécuter,  est  singulièrement  dispro- 


38  ZOOLOGIE. 

portionné  dans  beaucoup  d'espèces  avec  la  gros- 
seur et  la  pesanteur  de  la  coquille.  L'animal,  qui 
en  sort  peu,  est  cependant  peint  des  plus  vives 
couleurs.  Son  opercule  rétréci  ne  doit  être  consi- 
déré que  comme  rudimentaire. 

Tous  ces  animaux,  dans  leur  conformation  gé- 
nérale, tiennent  aux  Buccins.  L'étude  de  ces  der- 
niers nous  a  permis  d'y  faire  rentrer,  d'après  des 
habitudes  de  mœurs,  des  espèces  placées  avec  les 
Fuseaux.  Il  est  vrai  qu'on  passe  insensiblement 
des  unes  aux  autres.  Nous  nous  sommes  quelque- 
fois aidés  des  couleurs,  bien  que  ce  caractère, 
fort  bon  pour  les  espèces,  serve  peu,  en  général, 
à  la  détermination  des  genres. 

Une  division  naturelle  dans  les  Buccins  pro- 
prement dits  est  celle  des  Nasses ,  que  l'on  recon- 
naît à  leur  pied  auriculé  en  avant ,  fourchu  en  ar- 
rière, à  leur  pelit  opercule  souvent  denticulé,  et 
surtout  à  la  vivacité  ,  on  pourrait  dire  à  la  turbu- 
lence de  leurs  mouvements.  La  Cancellaire  Lime, 
qui  vient  des  Moluques,  est  une  vraie  Nasse,  de 
même  que  les  Buccins  Agathe  et  Onde  qu'on  trouve 
au  cap  de  Bonne-Espérance.  Ces  deux  espèces 
sont  complètement  aveugles,  quoique  pourvues 
de  longs  tentacules.  Elles  ont  de  plus  la  faculté  d'ab- 
sorber de  l'eau  par  leur  large  pied,  et  de  la  lan- 
cer en  jets  déliés.  Ce  sont  des  Mollusques  voraces, 


MOLLUSQUES.  39 

se  gorgeaut  de  chair,  se  servant  de  leur  trompe 
armée  de  crochets  comme  dune  tarière,  et  fouis- 
sant rapidement  dans  le  sable  avec  leur  pied. 

Les  Struthiolaires  sont  de  vrais  Buccins:  il  faut 
en  dire  autant  des  Éburnes,  recouverts  d'un  épi- 
derme  fibreux,  à  large  et  fort  opercule,  ongui- 
culé. Le  renflement  canaliculé  de  leurs  sutures  tient 
à  un  pli  analogue  du  manteau. 

Les  Littorines,  les  Planaxes  doivent  former  un 
petit  groupe  peu  éloigné  des  Buccins.  Ce  sont, 
en  général,  des  Mollusques  parasites,  qui  se  plai- 
sent aux  alentours  des  habitations ,  et  qu'on  trouve 
plus  souvent  hors  de  l'eau  que  dedans,  sur  des 
pieus  ou  suspendus  aux  branches  des  arbres.  On 
rapportera  aux  Littorines  la  Phasianelle  angulaire 
de  M.  de  Lamarck,  remarquable  par  sa  fragilité. 

Les  Fasciolaires  ressemblent  tellement  aux  Fu- 
seaux qu'elles  ne  peuvent  réellement  former  qu'une 
division  dans  ces  derniers,  fondée  seulement, 
pour  la  facilité  de  l'étude,  sur  les  plis  de  la  Colu- 
melle.  Nous  verrons  également  qu'il  est  des  Tur- 
binelles  qui  ne  sont  que  des  Fuseaux,  de  même 
que  les  Pleuro tomes,  qui  n'ont  d'autre  différence 
que  l'échancrure  de  leur  bord,  produite  par  une 
semblable  dans  le  manteau.  Ce  sont  des  animaux 
d'autant  plus  apathiques  qu'ils  ont  à  traîner  une 
enveloppe  lourde  et  assez  considérable.  Leurs  ten- 


iO  ZOOLOGIE. 

tacules  et  leur  pied  sont  fort  petits,  et,  en  général, 
dans  leur  coloration  en  rouée,  ils  ont  un  air  de 
famille  qui  les  distingue. 

Les  Ricin ules  ressemblant  aux  Pourpres  par 
l'animal  et  l'opercule,  ne  peuvent  former ,  selon 
nous,  qu'une  division  dans  ces  dernières  ;  encore 
est-elle  assez  difficile  à  établir,  si  on  ne  prend 
pour  base  que  les  piquants  et  les  tubercules  de 
l'ouverture  ,  car  on  passe  insensiblement  des 
Pourpres  lisses  aux  Ricinules. 

Les  Colombelles  se  rapprochent  infiniment  des 
Pourpres ,  l'opercule  est  presque  le  même. 

Nous  joignons  les  Paludines  aux  Ampullaires. 
Nous  ne  voyons  d'autres  différences,  que  dans  les 
Ampullaires  il  existe,  indépendamment  de  la 
branchie,  un  organe  dont  a  parlé  M.  de  Blain- 
ville ,  que  nous  avons  reconnu  contenir  de  l'air, 
qui  tend  sans  doute  à  rendre  plus  léger  un  Mol- 
lusque naturellement  très-lourd.  ACélèbes,  nous 
avons  trouvé  des  Paudines  dans  les  ruisseaux  et 
dans  un  lac  d'une  haute  montagne ,  tandis  que  les 
Ampullaires  habitaient  près  du  bord  de  la  mer. 

Les  Turritelles  ressemblent  aux  Cérites.  Les 
Mêlâmes,  les  Potamides,  les  Mélanopsides  et  les 
Pyrènes  n'en  sont  pas  éloignées  pour  la  forme  de 
ranimai.  Celui  des  Mélanies  a  le  manteau  pres- 
que constamment  frangé  et  l'opercule  subspiré; 


MOLLUSQUES.  \  I 

ce  que  ne  présentent  pas  tontes  les  Cérites.  Ce 
sont  des  Mollusques  très-timides,  abondants  clans 
les  pays  chauds  et  vivant  dans  les  eaux  douces, 
courantes  ou  marécageuses,  selon  les  espèces. 

Quant  aux  Cérites,  on  peut  dire  qu'elles  se 
trouvent  partout  et  en  grand  nombre.  Nous  en 
donnerons  plusieurs  espèces  nouvelles,  ainsi  que 
la  figure  de  quelques  animaux  de  celles  déjà  con- 
nues. Nous  signalerons,  comme  en  différant  un 
peu  par  l'opercule,  la  grande  espèce  que  nous 
nommons  Cérite  lisse.  Nous  ne  l'avons  vue  qu'au 
port  du  Roi-George,  vivant  en  troupe,  dans  les 
lieux  très-abrités,  entre  les  fentes  des  rochers, 
immobile  au  fond  de  l'eau  ;  ce  qui  fait  qu'elle  est 
couverte  d'Hipponyces. 

Les  vases  du  Port-Jackson  nourrissent  une 
grande  quantité  de  Cérites  Pyrazes,  coquille  au- 
trefois très-rare. 

Nous  recommandons  à  ceux  qui  auront  occa- 
sion d'observer  les  Cérites  ,  ce  qui  n'est  pas  très- 
difficile  puisque  nous  en  avons  sur  nos  côtes ,  de 
constater  si  les  sexes  sont  séparés  sur  deux  indi- 
vidus différents.  Ce  qu'il  y  a  d'étonnant,  c'est  que 
nous  n'avons  jamais  rencontré  que  des  femelles 

Les  Troques  et  les  Turbos  ont  particulièrement 
fixé  notre  attention.  Nous  avons  pu  par  l'étude 
des  animaux  ranger  dans  chacun  de  ces   genres 


42  ZOOLOGIE. 

des  coquilles  qui  n'étaient  pas  à  leur  place.  Ce 
n'est  qu'une  même  famille  dans  laquelle  on  peut, 
si  l'on  veut,  pour  la  facilité  de  l'étude,  laisser 
subsister  ces  deux  genres  qu'on  ne  saurait  vraiment 
distinguer  que  par  la  forme  de  l'opercule  et 
par  quelques  filaments  plus  ou  moins  nombreux 
qu'ils  ont  à  la  racine  du  pied.  Quant  aux  Mono- 
dontes  de  M.  de  Lamarck,  nous  les  faisons  ren- 
trer, comme  l'a  fait  M.  de  Blainville,  dans  les 
Troques,  dont  ils  formeront  une  division  fondée 
sur  le  plus  grand  nombre  de  lanières  tentacu- 
laires  qu'ils  portent  aux  côtés  du  pied.  Nous  n'en 
avons  jamais  vu  moins  de  quatre  et  plus  de  huit. 
Ces  animaux  sont  généralement  de  petite  taille, 
et  ils  se  font  remarquer  par  la  vivacité  de  leurs 
mouvements ,  que  le  choc  ou  la  manipulation  ont 
souvent  de  la  peine  à  réprimer.  On  peut  même 
dire  qu'ils  sont  plus  souvent  hors  de  l'eau  que 
dedans. 

L'animal  des  Roulettes  leur  étant  presque  en 
tout  semblable  doit  être  placé  dans  le  même 
groupe. 

Les  grandes  espèces,  au  contraire,  sont  des  Mol- 
lusques timides,  allongeant  à  peine  la  tète  hors 
de  leur  coquille,  la  rentrant  au  moindre  contact, 
se  tenant  toujours  sous  les  eaux  et  se  déplaçant 
peu,  comme  le  prouve  l'enduit  sale  dont  la  plu- 


MOLLUSQUES.  43 

part  sont  recouverts.  Leur  pied  est  rarement 
muni  d'appendices  filamenteux.  Quelques-uns 
d'entre  eux  appartiennent  aux  Sabots  proprement 
dits  ;  et  celui  connu  sous  le  nom  de  Télescope 
est  une  vraie  Cérite.Ces  coquilles,  très-répandues 
dans  les  pays  chauds,  font  l'ornement  des  collec- 
tions par  la  variété  et  l'éclat  de  leurs  couleurs. 

Les  Turbos  ou  Sabots  ont  dans  leur  opercule 
paucispiré  et  calcaire  un  très-bon  caractère  géné- 
rique ,  indiquant  une  forme  constante  dans  leur 
ouverture;  ce  qui  n'a  pas  toujours  lieu  pour  les 
Troques.  Les  individus  de  ces  deux  genres  ont 
une  organisation  toute  particulière  dont  on  ne 
s'était  pas  douté.  Ils  sont  hermaphrodites  ,  non  à 
la  manière  des  Mollusques  pulmonés,  mais  à  peu 
près  comme  les  Parmophores,  les  Hipponyces, 
les  Patelles,  les  Marginules,  les  Stomatelles,  etc., 
qui  jouissent  de  l'hermaphrodisme  qu'on  peut 
appeler  suffisant.  Il  en  résulte  une  modification 
profonde  dans  plusieurs  de  leurs  fonctions,  dont 
les  organes  ont  plus  ou  moins  de  rapports  avec 
ceux  des  genres  que  nous  venons  d'indiquer. 
Nous  entrerons  dans  plus  de  détails  lorsque  nous 
en  serons  à  leur  article  spécial.  Mais  toujours  est- 
il  que  nous  sommes  arrivés  à  pouvoir  déduire, 
d'après  l'inspection  simple  d'un  opercule  de  cette 
famille,  la  forme  de  l'appareil  branchial  et  celle 


4  4  ZOOLOGIE. 

tles  organes  de  la  circulation,  de  la  génération, 
du  système  nerveux,  etc.,  tous  différents  de  ceux 
de  la  plupart  des  autres  Mollusques  pectinibran- 
ches. 

Les  Phasianelles  sont  de  vrais  Turbos.  Sur  les 
plages  de  la  partie  sud  de  la  Nouvelle-Hollande , 
nous  avons  été  à  même  d'étudier  les  habitudes 
de  ces  Mollusques,  qui  y  sont  très-nombreux.  Ils 
se  plaisent  dans  les  lieux  sablonneux  et  sur  ceux 
où  croissent  les  fucus  qui  protègent  leur  fragilité. 
Aussitôt  que  la  mer  les  a  déposés  sur  le  rivage, 
ils  se  retirent  dans  leur  coquille.  Mais  que  l'eau 
les  touche  de  nouveau  ,  ils  se  développent  avec 
rapidité  et  s'agitent  dans  tous  les  sens.  C'est  à  la 
vivacité  de  leurs  mouvements  qu'ils  doivent 
d'avoir  presque  tous  le  bord  de  leur  ouverture 
cassé.  Leur  pied  présente  cela  de  particulier , 
qu'il  s'allonge  en  forme  de  trompe,  et  que  dans 
le  marcher  ses  deux  parties  latérales  glissent 
alternativement  l'une  sur  l'autre.  Ce  sont  des 
animaux  voraces  habitant  une  assez  grande  pro- 
fondeur, fuyant  la  lumière,  et  qu'on  peut  pren- 
dre avec  des  appâts  de  chair. 

C'est  après  cette  famille  que  les  lois  d'une 
organisation  presque  semblable  nous  forcent  de 
placer  les  Parmophores,  les  Haliotides,  les  Fissu- 
relles,  les  Émarginules,  et  même  les  Stomalclles, 


MOLLUSQUES.  45 

malgré  la  dissemblance  de  la  coquille  de  ces 
Mollusques  avec  celle  des  Turbos  et  des  Troques. 
Nous  démontrerons  dans  nos  planches  l'affinité 
qui  règne  entre  ces  animaux  jouissant  de  l'her- 
maphrodisme suffisant. 

Le  port  du  Roi-George,  mais  surtout  le  port 
Western,  nous  ont  donné  des  Parmophores  d'une 
très-grande  taille.  Ils  sont  entièrement  noirs,  apa- 
thiques ,  et  se  cachent  sous  les  pierres  dans  les 
lieux  où  il  n'y  a  que  peu  d'eau.  Presque  partout 
on  trouve  des  Ilaliotides;  mais  les  plus  grandes 
et  les  plus  belles  espèces  habitent  les  contrées 
tempérées,  comme  la  Nouvelle-Zélande,  l'extré- 
mité sud  de  la  Nouvelle-Hollande,  etc.  La  colo- 
ration peut  offrir  de  bons  caractères  pour  la 
connaissance  des  espèces  ;  et  si  nous  ne  nous 
sommes  pas  attachés  à  dessiner  ces  Mollusques , 
cela  tient  à  ce  que  presque  toujours  recouverts 
par  leur  large  enveloppe,  ils  n'entrent  que  diffi- 
cilement en  expansion. 

Les  Fissurelles,  les  Emarginules  sont  fort  rares 
dans  les  pays  que  nous  avons  parcourus.  Il  en  est 
de  même  des  Stomatelles,que  nous  n'avons  ren- 
contrées qu'à  la  Nouvelle-Hollande ,  aux  îles  des 
Amis  et  à  Vanikoro.  L'espèce  de  ce  dernier  lieu, 
qui  est  nouvelle,  porte  un  opercule.  Son  organe 
branchial  est  comme  celui  des  Troques,  formé  de 


46  ZOOLOGIE. 

deux  peignes  superposés  et  non  écartés ,  ainsi 
que  cela  a  lieu  dans  les  genres  indiqués  ci-des- 
sus. Plusieurs  coquilles  de  Stomates  ont  été  con- 
fondues, jusqu'à  ce  jour,  avec  celles  des  Sigarets 
qui  sont  très-fragiles,  toujours  internes  et  appar- 
tenant à  des  Mollusques  dioïques. 

Les  Janthines  sont  assez  difficiles  à  classer. 
Nous  leur  trouvons  certaines  affinités ,  quoique 
éloignées ,  avec  les  Turbos.  Ce  sont  des  Mollus- 
ques essentiellement  pélagiens.  Ne  leur  ayant 
jamais  trouvé  que  le  sexe  femelle,  sans  accouple- 
ment, quoique  nous  ayons  souvent  navigué  des 
semaines  entières  au  milieu  d'eux,  nous  les  sup- 
posons hermaphrodites  suffisants.  Us  sont  com- 
plètement aveugles ,  sans  la  moindre  trace  d'yeux 
sur  leurs  tentacules,  profondément  bifurques. 

Dès  1827,  nous  avons  fait  connaître  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  la  manière  dont  les  œufs 
étaient  portés  sous  la  vésicule  membraneuse 
qui  sert  à  faire  flotter  l'animal.  Us  sont  renfer- 
més dans  de  petites  outres  en  forme  de  pépin 
de  courge,  placées  ordinairement  sur  deux  lignes 
régulières.  Nous  ignorons  comment  s'opère  cet 
arrangement.  Chaque  loge  contient  des  milliers 
de  petits  grains  bruns,  qu'on  reconnaît  au  micros- 
cope pour  être  des  Janthines  déjà  formées.  Indé- 
pendamment de  cela,  nous  avons  trouvé  une  fois 


MOLLUSQUES.  17 

dans  L'utérus  de  petites  coquilles  qui  seraient 
probablement  sorties  sans  passer  dans  les  capsu- 
les. Ce  Mollusque  s'aide  pour  nager  de  son  pied 
qu'il  allonge  en  forme  de  trompe,  comme  font 
les  Phasianelles.  Il  est  probable  que  les  membra- 
nes qu'il  porte  sur  les  côtés  de  ce  pied  à  la  ma- 
nière des  Troques  et  des  Turbos,  lui  servent  aussi 
à  ce  mécanisme. 

La  vésicule  cartilagineuse ,  comme  l'appelle 
Fabius  Columna,  n'est  point  placée  à  l'endroit 
où  serait  l'opercule ,  mais  bien  en  dessous  du 
pied  et  à  sa  partie  postérieure ,  l'animal  étant 
censé  vu  dans  sa  position  normale  et  en  rampant. 
Elle  se  détache  facilement  et  doit  sans  doute  se 
reproduire  de  même.  Nous  ignorons  encore  com- 
ment cela  s'opère. 

Par  l'observation  de  l'animal  d'un  vrai  Cadran, 
nous  trouvons  que  sa  place  est  à  côté  des  Tro- 
ques, ainsi  que  l'a  indiqué  M.  de  Blainville,  mais 
des  Troques  à  opercule  paucispiré,  dont  l'organi- 
sation n'est  pas  la  même  que  ceux  à  opercule  mul- 
tispiré,  comme  nous  le  ferons  voir.  Nous  disons 
vrai  Cadran,  parce  qu'il  en  est  une  espèce,  le  Sola- 
riumvariegatum ,  qu'on  range  dans  ce  genre ,  dont 
la  forme  de  l'animal,  et  surtout  celle  plus  singu- 
lière de  l'opercule  calcaire  en  cône ,  doivent  l'en 
faire  sortir,  ou  du  moins  former  une  divison  re- 
marquable. 


48  ZOOLOGIE. 

Viendront  ensuite  les  Dauphinules.  Nous  n'a- 
vons pu  nous  assurer  de  la  valeur  réelle  des  es- 
pèces de  ce  genre ,  n'ayant  vu  que  l'animal  de  la 
Laciniée. 

Nous  avons  enfin  reproduit,  et  presque  simul- 
tanément avec  MM.  Gray,  Ruppel1,  l'Aurillard, 
le  genre  Vermet  qu'on  n'avait  pas  vu  depuis  Adan- 
son,  et  qu'il  avait  décrit  et  figuré  avec  sa  sagacité 
ordinaire.  La  Nouvelle-Hollande,  les  îles  Ma- 
rianes  ,  la  Nouvelle-Zélande  nous  en  fournissent 
diverses  espèces,  dont  une  fort  grosse.  Il  y  en  a 
d'operculées  et  d'autres  qui  ne  le  sont  pas.  C'est  ici 
qu'il  est  bon  de  s'éclairer  de  l'animal ,  pour  la 
classification  de  la  coquille,  dont  la  forme,  peu 
fixe  en  général,  n'offre  pas  des  caractères  spéci- 
fiques bien  précis.  Nous  ferons  observer  que  plu- 
sieurs Serpules  et  Vermilies  de  M.  de  Lamarck 
doivent  faire  partie  du  genre  Vermet.  Il  y  a  douze 
ans  que  le  Muséum  possède  des  Vermets  que 
nous  apportâmes  de  notre  premier  voyage.  Nous 
les  reléguâmes  parmi  les  Serpules,  d'après  un  exa- 
men superficiel  de  leur  tube.  Un  peu  d'habitude 
suffit  cependant,  au  premier  aspect,  pour  ne  pas 
confondre  les  unes  avec  les  autres. 

Trop  souvent  les  lithographies  de  l'ouvrage  de  M.  Ruppel  sont  d'une 
mauvaise  exécution  et  même  défectueuses,  comme,  par  exemple,  son  Parmo- 
phore  austral ,  qui  n'est  pas  l'austral,  et  son  Vermet,  dont  tous  les  organes 
sont  transposés;  ce  <jue  nous  avions  de  la  peine  à  faire  concevoir  à  l'auteur 
lui-même,  ce  qui  ne  prouve  pas  en  faveur  de  la  solidité  de  ses  principes 
d'organisation  animale. 


MOLLUSQUES.  in 

Nous  rapportons  de  la  Nouvelle-Zélande  un  pe- 
tit Mollusque  qui  semble  tenir  le  milieu  entre  les 
Vermetset  les  Siliquaires , si  toutefois  ces  dernières 
doivent  constituer  un  genre  différent  de  celui  des 
Vermets.  Dans  une  si  énorme  quantité  de  maté- 
riaux allant  toujours  croissant,  dont  se  compose 
l'histoire  naturelle,  si  l'on  multiplie  trop  les  divi- 
sions, c'est  se  priver  de  ce  que  la  méthode  peut 
avoir  de  bon  pour  servir  de  guide.  On  finirait  par 
là  à  ne  plus  trouver  d'espèces,  et  à  réduire  tout 
à  des  individus  qu'on  appellerait  genre;  ce  qui  ne 
serait  plus  qu'un  simple  déplacement  de  mots.  Il 
semble  qu'il  y  ait  une  sorte  d'amour-propre  à 
créer  des  genres.  Ce  ne  sera  pas  du  moins  dans 
ces  essais  faciles  et  trop  souvent  éphémères  que 
nous  placerons  le  nôtre.  Nous  chercherons  au  con- 
traire, autant  que  nous  le  pourrons,  et  sans  trop 
heurter  de  rapports,  à  ramener  à  des  groupes  gé- 
néraux, par  l'étude  de  leur  organisation  ,  les  ani- 
maux qui  nous  occupent,  dont  les  formes  se 
compliquent  et  varient  plus  que  dans  les  autres 
classes,  et  ne  se  prêtent  que  difficilement  aux  clas- 
sifications. 

Si  l'on  tient  à  conserver  les  deux  genres  Nérite 
et  Néritine,  il  faudra  en  chercher  la  différence 
plutôt  dans  l'épaisseur  de  la  coquille  et  les  mœurs 
des  animaux  que  dans  leur  organisation,  qui  est 

Zoologie,  t.  il.  /, 


50  ZOOLOGIE. 

a  peu  de  chose  près  identique.  Mais  les  Néritines 
ont  un  test  mince ,  épidémie ,  et  vivent  dans  les 
eaux  douces  à  l'embouchure  des  rivières,  sans 
craindre  toutefois  de  descendre  à  la  mer.  Ce  cas 
est  rare  ;  du  moins  nous  ne  l'avons  vu  qu'une  fois 
pour  la  Néritine  auriculée.  Les  Nérites  propre- 
ment dites,  plus  épaisses,  habitent  l'eau  salée. 

Ici  viennent  se  ranger  les  Natices  et  les  Cryp- 
tostomes,  dont  les  animaux  se  ressemblent  telle- 
ment lorsqu'ils  sont  développés,  qu'il  faut  y  re- 
garder de  près  pour  les  reconnaître.  Les  Cryp- 
tostomes  offrent  cette  différence  que  leur  coquille 
ne  peut  les  contenir;  ce  qui  est  le  contraire  dans 
les  Natices,  qui  ont  de  plus  un  opercule  plus 
grand  et  plus  complet.  Toutefois,  quand  le  man- 
teau et  le  large  pied  membraneux  de  ces  dernières 
sont  dehors,  il  faut  beaucoup  de  temps  et  de  tra- 
vail pour  qu'ils  puissent  rentrer  complètement. 
Nous  n'avons  pu  nous  procurer  qu'un  individu 
de  Cryptostome  vivant,  au  port  du  Roi-Georges; 
mais  nous  allions  faire  nos  provisions  de  coquilles 
dans  les  nids  des  hirondelles  de  mer,  qui  portent 
ce  Mollusque  à  leurs  petits,  pour  lesquels  c'est 
une  nourriture  pour  ainsi  dire  toute  préparée. 
Plusieurs  des  Sigarcts  de  M.  de  Lamarck,  et  pro- 
bablement aussi  quelques  Stomates  sont,  comme 
l'observe  M.  de  lîla'mville,  de  vrais  Oyploslomes, 


MOLLUSQUES.  5 1 

La  petite  Patelle  australe  de  M.  de  Lamarck  ap- 
partient aux  Uipponyees  de  M. de  BlainviUe.  Genre 
remarquable  en  ce  qu'il  est  toujours  fixé  par  un 
muscle  demi  circulaire,  qui  ne  permet  à  l'animal 
qu'un  léger  mouvement  d'élévation  et  d'abaisse- 
ment ,  il  porte  et  fait  éclore  ses  oeufs  dans  une 
poche  à  plusieurs  loges,  placée  entre  le  col  et  le 
pied.  Les  jeunes  en  sortent  pour  se  fixer  aux  alen- 
tours et  même  sur  leurs  parents.  L'espèce  citée 
abonde  au  port  du  Roi-Georges.  Les  pays  chauds 
ont  également  des  Hipponyces. 

Nous  n'avons  point  négligé  de  représenter  des 
Patelles,  toutes  les  fois  que  nous  l'avons  pu,  afin 
d'en  tirer  des  caractères  spécifiques.  C'est  en  pour- 
suivant cette  étude  que  nous  avons  découvert  le 
genre  Patelloïde ,  portant  une  longue  branchie 
au  dessus  de  la  tête.  Il  est  plus  commun  qu'on 
ne  pense  parmi  les  Patelles  des  pays  chauds;  nous 
ne  doutons  point  même  qu'il  ne  se  rencontre 
parmi  celles  de  nos  contrées.  Il  est  quelquefois 
reconnaissable  en  ce  que  la  coquille  est  plus  mince, 
et  a  son  sommet  porté  en  avant.  Les  espèces  Sac- 
charina  et  Fragilis  en  font  partie. 

La  Nouvelle-Zélande  est  le  lieu  qui  nous  a  fourni 
le  plus  de  belles  espèces  d'Oscabrions,  riches  en 
couleurs;  et  nous  avons  rencontré  assez  fréquem- 
ment aux  îles  des  Amis  cette  espèce  à  osselets  à 

4* 


52  ZOOLOGIE. 

peine  apparents,  dont  on  a  formé  le  genre  Osca- 
brelle,  mais  qui  ne  doit  être  considéré  que  comme 
une  division  parmi  les  Oscabrions. 

Les  Mollusques  acéphales  n'offrant  pas  le  même 
intérêt  à  être  peints,  du  moins  ceux  à  coquille, 
nous  nous  sommes  contentés  de  les  récolter  et  de 
saisir  ce  qu'ils  pouvaient  avoir  de  plus  remar- 
quable dans  leur  manière  d'être.  Nous  n'indique- 
rons donc  que  quelques  particularités  sur  cer- 
tains d'entre  eux. 

Parmi  les  Ostracés  on  trouve  presque  partout 
des  Huîtres ,  mais  infiniment  moins  entre  les  tro- 
piques qu'au  dehors.  La  Nouvelle-Hollande  est  le 
lieu  qui  en  fournit  le  plus.  Partout  où  se  repro- 
duit le  grès,  il  est  couvert  de  ces  Mollusques,  qui 
sont  longs  et  plissés.  Ainsi  à  la  baie  des  Chiens-Ma- 
rins, au  port  Jackson  ,  ce  fut  pour  nous  une  nour- 
riture agréable.  Le  granit  dominant  au  port  du 
Roi-Georges,  il  fallait  aller  au  loin  pour  s'en  pro- 
curer une  espèce  qui  vit  à  une  certaine  profon- 
deur sans  être  adhérente. 

Le  manteau  des  Peignes  est  peint,  comme  on 
sait,  de  très-belles  couleurs.  Nous  regrettons  que 
le  temps  ne  nous  ait  pas  permis  de  les  étudier, 
car  on  doit  probablement  pouvoir  en  tirer  d'assez 
bons  caractères  spécifiques.  On  sait  encore ,  comme 
l'avait  autrefois  remarqué  Aristote ,  que  ces  ani- 


MOLLUSQUES.  53 

maux  se  meuvent  en  agitant  brusquement  leurs 
valves,  et  peuvent  même  s'élancer  hors  de  l'eau; 
mais  le  Mollusque  chez  lequel  nous  avons  ob- 
servé ce  phénomène  au  plus  haut  degré,  est  la 
Lime.  Sa  vivacité  dans  l'eau  est  telle,  qu'il  nous 
fallait,  à  la  lettre  ,  courir  après.  Elle  doit  cette  fa- 
culté à  la  grande  élasticité  de  son  ligament  et  de 
son  muscle. 

II  est  aussi  une  autre  Bivalve  dont  le  pied  s'al- 
longe en  gouttière  pour  ramper  sur  les  corps  les 
plus  polis,  comme  le  verre;  c'est  le  çenre  Psam- 
mobie ,  dont  nous  ferons  connaître  une  espèce  nou- 
velle. 

Vanikoro  est  le  pays  aux  Houlettes.  Elles  se 
creusent  une  demeure  clans  les  Madrépores,  où 
elles  adhèrent  par  le  fond  à  l'aide  d'un  bissus  qui 
permet  un  très-petit  mouvement  d'élévation  et  d'a- 
baissement. Leur  ouverture  seule,  qui  sort  de 
quelques  lignes,  est  constamment  béante.  Lors- 
qu'on veut  saisir  la  coquille,  elle  ferme  ses  valves, 
et  s'applique  contre  une  des  parois  de  son  trou ,  de 
manière  que  pour  l'avoir  complète,  il  faut  enle- 
ver la  masse  entière  d'Astrées  dans  laquelle  ces 
Mollusques  paraissent  plus  particulièrement  se 
plaire  :  ce  qui  est  souvent  difficile,  étant  couverte 
de  deux  à  trois  pieds  d'eau. 

Au  port  Western  de  la  Nouvelle-Hollande,  nous 


51  ZOOLOGIE. 

vîmes  beaucoup  de  débris  de  Trigouies,  sans  pou 
voir  tomber  sur  la  localité  où  elles  se  tenaient  vi- 
vantes. Ce  n'est  qu'en  pleine  mer,  sous  le  cap  Dro 
madaire,  en  faisant  draguer  de  nuit,  que  nous 
obtînmes  un  petit  individu  de  la  Pectinée,  suffi- 
sant pour  nous  montrer  que  l'animal  se  rap- 
procbe  infiniment  de  celui  des  Nucules. 

Parmi  les  Modioles,  nous  citerons  une  belle  et 
grande  espèce  ovoïde ,  voisine  de  la  Modiole  Dis- 
cors ,  très-commune  à  la  Nouvelle-Zélande.  Nous  la 
trouvions  souvent  par  paquet  au  milieu  des  moules, 
complètement  encbevètrée  dans  une  bourre  ou 
bissus  jaunâtre. 

Les  Tridacnes  ont  particulièrement  fixé  notre 
attention  par  la  beauté  et  la  variété  des  couleurs 
de  leur  manteau.  Les  Tridacnes  proprement  dites 
sont  fixées  par  un  bissus,  du  moins  jusqu'à  un  cer- 
tain âge ,  et  le  plus  souvent  enveloppées  de  Poly- 
piers. Les  nuances  distinguent  très-bien  les  es- 
pèces, comme  l'indiquent  nos  dessins.  C'était 
vraiment  un  joli  coup-d'œil  que  de  voir  réunis  un 
grand  nombre  d'individus  de  l'espèce  safranée,  éta- 
lant leur  manteau  d'un  beau  bleu  foncé,  velouté  , 
parsemé  de  points  d'émeraudes.  Ces  Mollusques 
ont  à  lutter  contre  les  Madrépores,  qui  les  encroû- 
tent peu  à  peu.  Ils  s'y  creusent  bien  une  niche 
par  le  mouvement  de  leurs  valves,  et  maintien- 


MOLLUSQUES. 

nenl  leur  ouverture  libre  pendant  un  certain  temps; 
mais,  à  la  longue,  leur  ennemi  finit  par  les  enve- 
lopper complètement,  et  ils  meurent.  C'est  ainsi 
que  nous  en  trouvions  quelquefois  de  renfermés 
dans  des  blocs  de  Madrépores,  que  nous  cassions 
pour  avoir  des  Lithodomes,  des  Pholades,  des 
Ampliilrites  ou  des  Siponcles. 

A  mesure  que  les  Tridacnes  prennent  de  l'ac- 
croissement, leur  lunule  se  ferme,  le  bissus  s'a- 
trophie, et  elles  ne  sont  plus  adhérentes.  Nous 
avons  remarqué  dans  quelques  individus,  au  bord 
de  la  lunule,  plusieurs  petits  osselets,  unis  entre 
eux  par  des  fibres  ligamenteuses.  C'est  à  tort  qu'on 
a  cru  que  ces  masses  énormes  pouvaient  se  sus- 
pendre aux  rochers.  Elles  reposent  constamment 
sur  le  sol.  Il  y  en  a,  comme  les  Hippopes  ,  qui, 
manquant  de  lunules,  n'y  adhèrent  jamais ,  et  res- 
tent à  sec  à  chaque  marée  :  d'autres,  comme  la 
Tridacne  Faitière,  que  distinguent  ses  petits  plis  , 
habitent  sous  plusieurs  brasses  d'eau.  Ce  sont  de 
ces  dernières  que  les  Carolins  nous  péchaient  dans 
l'île  de  Guam ,   par  cinquante  ou  soixante  pieds 
de  profondeur.  Ils  ne  se  servent  pour  cela  que 
d'un  clou  avec  lequel  ils  rompent  les  filaments  qui 
retiennent  la  coquille  au  fond.  Tous  les  naturels 
du  grand  Océan  se  nourrissent  de  ce  Mollusque, 
qu'ils  mangent  crû. 


5G  ZOOLOGIE. 

C'est  de  la  Tridacne  qu'on  retire  une  grosse  perle, 
rarement  ronde,  d'un  blanc  mat  ou  chatoyant, 
avec  des  stries  qui  ressemblent  un  peu  à  celles 
de  la  Zéolithe.  Ce  ne  peut  être  que  par  quelque 
malentendu  qu'on  a  cru  que  cette  concrétion  pro- 
venait de  l'intérieur  de  la  noix  de  coco. 

Le  port  Western  abonde  en  Térébratules.  On 
drague  à  quelques  brasses  de  profondeur  ces  Mol- 
lusques par  milliers.  Ils  se  tiennent  immobiles, 
groupés  par  petits  paquets.  Lorsqu'on  les  observe 
dans  l'eau,  on  ne  leur  aperçoit  d'autre  mouve- 
ment que  celui  produit  par  l'allongement  des 
peignes,  qui  ressemblent  à  des  branchies.  Il  s'en 
trouve  aussi  dans  la  rade  du  port  Jackson  et  à  la 
Nouvelle-Zélande. 

Les  Biphores  nous  ont  encore  longuement  occu- 
pés dans  ce  voyage-ci.  Chaque  fois  que  nous  pou- 
vions nous  en  procurer,  ce  qui  arrivait  souvent, 
parce  qu'ils  sont  communs  dans  les  mers  chaudes, 
nous  ne  négligions  jamais  de  chercher  à  saisir 
quelques  points  de  leur  organisation ,  qui  n'est 
pas  encore  complètement  connue.  Lorsque  le  ha- 
sard nous  en  procurait  de  bien  vivants,  bien 
transparents,  au  travers  desquels  on  pouvait  faci- 
lement examiner  l'admirable  jeu  de  toutes  les  par- 
ties, nous  passions  des  journées  entières,  la  loupe 
et  le  crayon  à  la  main,  pour  en  saisir  le  méca- 


MOLLUSQUES.  57 

nisme.  Nous  avons  plus  d'une  fois  rendu  témoins 
MM.  les  officiers  de  la  singulière  circulation  de 
ces  animaux,  déjà  en  partie  signalée  par  M.  Van 
Hasselt.  Nous  en  avons  étudié  le  cours  avec  soin,  et 
découvert  le  système  nerveux.  Nous  ajouterons 
plusieurs  espèces  nouvelles  à  celles  qui  sont  con- 
nues; mais  nous  dirons  qu'il  faut  avoir  long-temps 
étudié  ces  animaux  pour  ne  pas  commettre  d'er- 
reurs dans  la  détermination  des  espèces,  dont  les 
individus  varient  singulièrement  de  formes  selon 
l'âge;  ce  que  nos  figures  démontreront. 

Nous  possédons  une  assez  belle  suite  d'Asci- 
diens  pris  dans  diverses  mers,  principalement  sur 
la  Nouvelle-Hollande  et  la  Nouvelle-Zélande. 

En  terminant  cet  aperçu  général,  fort  incom- 
plet sans  doute ,  sur  les  Mollusques  que  nous  avons 
observés,  nous  demanderons  d'où  provient  le  ver- 
nis brillant  qui  orne  l'enveloppe  de  ceux  qui  n'ont 
ni  un  large  manteau,  ni  un  grand  pied  pour  le 
produire,  comme  cela  arrive  dans  les  Porcelaines, 
les  Olives,  les  Ancillaires.  On  ne  peut  qu'admettre 
qu'il  est  sécrété  par  le  bord  du  manteau,  et  formé 
en  même  temps  que  le  reste  de  la  coquille.  Nous 
avons  bien  porté  notre  attention  sur  cet  organe, 
dans  le  but  de  connaître  s'il  ne  serait  point  au- 
trement configuré;  mais  il  ne  nous  a  rien  offert 


58  ZOOLOGIE. 

de  différent  dans  les  Phasianelles,  les  Vis  et  quel- 
ques Turbos,  que  ce  qu'il  présente  dans  les  autres 
Mollusques  à  coquilles  rugueuses. 


ANliMAUX 


MOLLUSQUES. 


ANIMAUX 


MOLLUSQUES. 


Ccpljaliô. 


Genre  SECHE.  —  Sepia. 

SÈCHE  MAMMELONNÉE. 
Sepia  papillota.  Nob. 

PLANCHE    I.   FIGURES    6-l4« 

Sepia ,  corpore  subovato;  capite  crasso,  lato, 
utroque  valde  tuberculatis  ;  alis  apice  conjunctis . 

Cette  espèce  a  le  corps  court ,  presque  arrondi , 
plus  large  en  avant  qu'en  arrière,  où  les  nageoires 
réunies  ne  présentent  qu'une  simple  dépression. 
Antérieurement  le  corps  forme  une  pointe  très- 
obtuse.  La  tète  est  excessivement  large,  bombée, 


(i'2  ZOOLOGIE. 

et  ses  tentacules  sont  fort  gros.  Ceux  qu'on  nomme 
les  bras  sont  longs,  assez  grêles,  et  dépassent 
presque  du  double  la  longueur  du  corps  propre- 
ment dit.  Leur  extrémité  est  médiocrement  dila- 
tée, lancéolée,  pourvue  d'un  petit  nombre  de 
ventouses,  du  milieu  desquelles  en  ressortent  deux 
excessivement  grosses  avec  une  plus  petite  en  ar- 
rière. Ces  ventouses  sont  épaisses,  arrondies,  et 
ont  l'aspect  d'un  œil  de  squale.  Le  pédicule  qui 
les  fixe  est  médian,  assez  court,  et  le  cartilage  du 
contour  est  sans  dentelures.  Ces  deux  caractères 
appartiennent  aussi  aux  ventouses  des  tentacules, 
qui  sont  petites  et  placées  sur  quatre  rangées 
obliques. 

Les  mandibules  sont  fortes,  à  pointes  courtes 
et  un  peu  arrondies.  Le  siphon  est  large  et  fort 
court. 

Tout  le  corps  en  dessus,  la  tête,  les  tentacules, 
moins  les  bras,  sont  couverts  de  petits  tubercules 
très-pressés  ,  dirigés  en  arrière ,  et  formés  eux- 
mêmes  par  d'autres  tubercules  groupés  ensemble, 
ainsi  que  l'a  montré  le  dessinateur.  Le  ventre  est 
lisse.  L'ensemble  de  ces  parties  est  d'un  brun-rou- 
geâtre  foncé ,  principalement  sur  le  milieu  de  la 
tète  et  du  dos.  La  pièce  dorsale  est  un  ovale  allongé, 
bombé  en  dessus,  un  peu  pointu  en  avant,  plus 
large  à  sa  partie  postérieure,  qui  est  arrondie  et 
très-excavée  en  dessous.  La  portion  crétacée  a  un 
sillon  médian,  profond,  et  les  lamelles  qui  la  for- 


MOLLUSQUES.  63 

ment  décrivent  un  angle  assez  aigu  en  avant.  Ce 
caractère  peut  être  bon  quelquefois  pour  la  dé- 
termination des  espèces.  Cette  pièce  était  ron- 
geàtre,  ce  qui  peut  tenir  à  sa  macération  dans  la 
liqueur. 

Cette  Sèche  provient  du  cap  deBonne-Espérance. 
Nous  ayant  été  donnée  conservée  dans  la  liqueur, 
nous  ne  pouvons  indiquer  ses  couleurs  véritables. 
Elle  diffère  de  la  Sèche  tuberculeuse  par  la  forme 
<Us  excroissances  de  sa  peau,  qui  sont  divisées  en 
plusieurs  petits  mamelons  ,  tandis  que  dans  la  pré- 
cédente elles  sont  simples  et  coniques. 


DIMENSIONS. 

pieds 

Longueur  du  corps 

Sa  largeur 

Longueur  des  tentacules 

Longueur  des  bras i 

Longueur  de  la  pièce  dorsale 

Sa  largeur  au  milieu 


pouces. 

lignes 

6 

5 

/ 

4 

3 

M 

G 

G 

i/ 

'i 

•y 
> 

G4 


ZOOLOGIE. 


SECHE   VERMICULEE. 


Sepia  vcrmiculata.  Nob. 


PLANCHE    I.   FIGURES   1-5. 


Sepia,  corpore piano  ;  postice  emarginato  ;  an- 
tice  acuto ,  desuper  transversim  lineolato  ;  pinnis 
margine  rubro  punctatis  ;  brachiis  longissimis . 

Grande  espèce,  élargie,  épaisse,  peu  ova- 
laire,  à  tète  et  tentacules  fort  gros.  Le  manteau 
se  termine  en  avant  par  une  pointe  large  et  trian- 
gulaire. Les  nageoires  sont  ondulées,  et  laissent 
entre  elles,  en  arrière,  une  large  écliancrure,  au 
milieu  de  laquelle  parait  la  pointe  de  la  pièce  dor- 
sale. La  tète,  extrêmement  large,  a  les  yeux  un  peu 
remontés  vers  sa  partie  supérieure.  Les  tentacules 
sont  courts,  fort  épais  à  leur  base.  Ils  sont  gar- 
nis de  quatre  rangées  de  petites  ventouses  courte- 
ment  pédiculées.  Leur  cartilage  n'est  point  den- 
ticulé.  Les  longs  bras  sont  cylindriques,  et  dé- 
passent le  corps  de  près  d'un  tiers.  Leur  extré- 
mité aplatie,  recourbée  en  sabre,  porte  un  grand 


MOLLUSQUES.  6S 

nombre  de  ventouses,  dont  huit  ou  dix  sont  re- 
marquablement grandes;  leur  limbe  est  uni,  et  le 
pédicule  médian.  Les  mandibules  sont  fortes,  l'in- 
férieure un  peu  comprimée,  médiocrement  poin- 
tue. La  pièce  dorsale  est  un  ovale  très-allongé, 
plus  large  à  sa  partie  postérieure,  où  il  est  régu- 
lièrement arrondi  et  pourvu  dune  pointe  courbe; 
il  est  convexe  en  dessus.  En  dessous,  la  substance 
crétacée  est  bombée  dans  toute  son  étendue.  La 
partie  postérieure  et  dorsale  de  cet  osselet  a  une 
teinte  rougeâtre  de  laque  remarquable. 

Tout  le  corps  en  dessus,  sur  un  fond  jaunâtre  , 
présente  des  lignes  vermiculées,  le  plus  souvent 
transverses  et  de  couleur  rouge  brun.  Sur  le  bord 
des  nageoires  elles  dégénèrent  en  points  de  la 
même  teinte,  d'autant  plus  petits  qu'ils  appro- 
chent davantage  du  limbe.  Le  milieu  du  dos  est 
d'un  brun  foncé;  le  dessous  du  corps  jaune,  pi- 
queté très-finement  de  brun  rouge.  La  tète  est  de 
cette  même  couleur  avec  de  courtes  vermicides. 
Celles  des  tentacules  sont  longitudinales,  surtout 
vers  la  pointe.  Les  bras  n'en  ont  point. 

Cette  Sèche  nous  a  été  donnée  au  cap  de  Bonne- 
Espérance  ,  d'où  elle  provient  très-probablement. 
Elle  était  depuis  quelque  temps  dans  la  liqueur, 
de  sorte  que  nous  ne  pouvons  assurer  quelles 
sont  ses  vraies  couleurs.  Toutefois  les  vermicides 
qui  la  caractérisent  sont  invariables;  mais  leur 
Zoologie,  t.  ii.  5 


06  ZOOLOGIE. 

teinte  sur  le  vivant  pourrait  ne  pas  être  ce  qu'elle 
paraît  et  même  tenir  du  bleu  de  ciel. 

DIMENSIONS. 

pieiU.      pouces,  lignes. 

Longueur  totale  (i) i  1  6 

Longueur  du  corps »  9  » 

Longueur  des  tentacules  supérieurs,  en- 
viron   4  6 

Longueur  des  longs  bras 1  2  >■ 

Largeur  du  corps »  7  » 

Largeur  de  la  pièce  dorsale »  3  » 

Sa  longueur ■>  8  » 


SECHE  DEUX-LIGNES. 
Sepia  bilineata.  Nob. 


PLANCHE    2,  FIGURE    I. 


Sepia,   corpore  elojigato,   rhomboïdale ,   vitta 
cœrulea  cincto  ;  pirinis  medio  dilatatis. 

Cette  Sèche  a  le  corps  très-allongé,  en  forme 
de  losange  ;  ce  qui  tient  à  la  disposition  des  na- 


(i)Dans  la  mesure  de  nos  Céphalopodes  nous  entendrons  par  longueur 
totale,  celle  prise  de  l'extrémité  du  corps  à  l'extrémité  des  petits  tentacules, 
dont  l'extension  ne  varie  pas,  comme  celle  des  deux  longs  bras  propre- 
ment dits. 


MOLLUSQUES.  G7 

geoires.  Les  yeux  sont  très-larges;  les  tentacules 
petits,  mais  les  bras  peuvent  atteindre  dix-huit 
pouces  de  longueur.  Le  dessin  les  représente  à  l'é- 
tat vivant,  et  rétractés.  Leurs  ventouses  sont  sur 
quatre  rangées  obliques. 

La  couleur  générale  de  ce  Céphalopode  est  d'un 
blanc  bleuâtre,  piqueté  d'une  foule  de  petits 
points  couleur  de  laque,  plus  ou  moins  foncée.  Ces 
points  s'agrandissent  à  la  volonté  de  l'animal,  et 
changent  en  même  temps  de  couleur,  de  manière 
que,  par  une  sorte  de  mouvement  de  dilatation 
qu'il  produit  à  volonté,  de  blanc  bleu  il  devient 
violet  foncé.  Il  suffit  de  le  toucher  pour  que  ce 
phénomène  ait  lieu  partiellement  dans  le  point 
de  contact.  Mais  ce  qui  distingue  spécialement 
cette  espèce ,  ce  sont  deux  lignes  d'un  vert  d'aigue- 
marine  magnifique,  qui  se  font  remarquer  à  l'en- 
droit de  l'insertion  des  nageoires  au  corps.  Le 
manteau  est  échancré  en  avant  avec  un  limbe 
bleuâtre.  En  général,  les  tentacules  sont  blancst 
piquetés  de  points  couleur  de  laque.  Leur  frange 
reflète,  par  intervalle  selon  la  réflexion  de  la  lu- 
mière, une  belle  couleur  d'or.  Les  yeux  sont  d'un 
vert  nacré,  de  même  que  les  parties  supérieures  de 
la  tète.  Une  bande  d'un  noir  bleuâtre  prend  à  la 
partie  supérieure  de  l'orbite,  et  s'étend  à  la  pau- 
pière. 

Cette  Sèche  provient  du  port  Western ,  situé 
dans  le  détroit  deBass,  à    l'extrémité  sud  de  la 

5. 


(>S  ZOOLOGIE. 

Nouvelle-Hollande.  Elle  a  été  perdue  dans  l'envoi 
que  nous  fîmes  au  Jardin  du  Roi  par  l'Angleterre; 
de  sorte  que  ce  Mollusque  est  du  petit  nombre  de 
ceux  que  nous  ne  pouvons  pas  reproduire  à  l'ap- 
pui de  nos  dessins. 


SECHE  A  LARGES  BRAS. 
Sepia  latimanus.  Nob. 


PLANCHE    2,    FIGURES     2-1  I. 


Sepia,  corpore  ovali;  antice posticeque  acuto ; 
capite  lato;  brachiis  crassis ,  extremitate  valde 
palmatis,  obtusis. 

Cette  Sèche  a  des  rapports  avec  XOfficinalis  , 
mais  elle  est  plus  allongée.  Son  corps  est  ovalaire, 
pourvu  de  nageoires  de  peu  d'étendue,  qui  laissent 
entre  elles,  à  la  partie  postérieure,  un  petit  espace 
libre,  pointu,  où  l'os  fait  saillie.  En  avant  le  man- 
teau se  prolonge  en  pointe  largement  triangulaire. 
La  tète  offre  une  grande  largeur  augmentée  par  la 
saillie  des  yeux.  Les  huit  tentacules  sont  courts, 
larges  à  leur  base,  très-pointus  à  l'extrémité.  Ils 
sont  garnis  de  quatre  rangs  de  petites  ventouses 
denticulées  à  pédicule  court,  inséré  sur  le  côté. 
Les  bras  dépassent  la  longueur  du  corps.  Ils  sont 


MOLLUSQUES.  69 

robustes,  demi-aplatis  ;  leur  extrémité  est  remar- 
quable par  son  évasement  ovalaire  et  obtus.  Elle 
est  recouverte  de  ventouses  de  grandeurs  diffé- 
rentes, soutenues  par  un  gros  et  assez  long  pédi- 
cule qui  s'insère  au  milieu  de  la  cupule.  Le  car- 
tilage qui  donne  la  forme  orbioulaire  à  chaque 
ventouse  n'est  point  denticulé. 

Les  mandibules  sont  médiocres,  de  couleur  brun 
foncé.  La  supérieure  est  obtuse,  et  celle  d'en-bas 
plus  pointue. 

La  pièce  dorsale  est  ovalaire,  arrondie  en  avant, 
pourvue  d'une  pointe  en  arrière,  presque  plane 
eu  dessus  ,  assez  bombée  en  dessous  à  sa  partie 
moyenne,  avec  une  gouttière  médiocre.  Les  la- 
melles décrivent  une  courbe  arrondie. 

Ce  mollusque  provient  du  port  Dorey  ,  à  la 
Nouvelle- Guinée.  N'en  ayant  point  fait  de  dessin 
à  l'instant  où  il  nous  fut  apporté  mort,  c'est  dire 
que  ses  couleurs  ne  présentaient  rien  de  remar- 
quable. Celles  sous  lesquelles  il  est  représenté  ont 
augmenté  d'intensité  dans  la  liqueur.  Nous  sup- 
posons que  sa  couleur  naturelle  est  blanchâtre 
avec  des  reflets  bleuâtres  ;  elle  passe  aux  diverses 
teintes  du  rouge  brun  à  la  mort. 

DIMENSIONS. 

pouces.      ligiir». 

Longueur  totale fl  6 

Longueur  du  corps 5  /, 


70  ZOOLOGIE. 

pouces.  lignes 

Langueur  des  deux  longs  bras,  environ.  ...  8  6 

Largeur  du  corps 4 

Largeur  de  la  tète .  .  .  • i  î 

Longueur  de  la  pièce  dorsale 5  3 

Sa  largeur i  » 

Longueur  du  siphon i  3 


SECHE   ALSTRALE. 
Sepia  australis.  Nob. 

PLANCHE     5,    FIGURES     3-J. 

Sepia ,  corpore  longo ,  subtriangulari ;  antict 
acuto  ;  pinnis  tenuibus  ;  ossiculo  elongato ,  supra 
bicanaliculato . 

Petit  individu  dont  le  corps  est  ovalaire,  élargi, 
terminé  en  pointe  en  avant,  à  nageoire  étroite, 
plus  développée  à  la  partie  postérieure,  où  elle 
est  échancrée.  Le  siphon  est  long,  la  tête  et  les 
tentacules  sont  gros.  Les  bras  sont  déliés  ,  peu 
élargis  à  leur  terminaison,  laquelle  est  striée.  Les 
ventouses  en  sont  extrêmement  petites  ,  placées 
sur  quatre  rangées,  dont  les  deux  moyennes  sont 
les  plus  grosses.  La  pièce  dorsale  est  étroite,  pour- 
vue d'une  pointe  et  de  couleur  jaunâtre.  En  des- 


MOLLUSQUES.  7 1 

sus  elle  présente  une  arête  longitudinale  circon- 
scrite par  deux  sillons  et  couverte  de  stries  ova- 
laires  concentriques  qui  donnent  à  cette  pièce  de 
la  ressemblance  avec  le  cartilage  des  Calmars.  En 
dessous  elle  est  à  peine  excavée,  avec  un  sillon  mé- 
dian bien  prononcé. 

La  couleur  du  corps  est  un  rouge  brun  parsemé 
de  petites  taches  bleuâtres.  Les  nageoires  sont  d'un 
blanc  bien  piqueté  de  rouge  brun.  Le  ventre  est 
ponctué  de  laque  et  de  brun  sur  les  cotés.  La  tète 
et  les  tentacules  sont  brun  rouge,  les  bras  blancs, 
excepté  à  leur  épanouissement,  qu'ils  ont  des  mou- 
chetures rou«eâtres. 

Cette  Sèche  a  été  prise  sur  le  banc  des  Aiguilles, 
à  trente  lieues  du  cap  du  même  nom.  Elle  avait 
souffert  dans  le  filet,  sans  cependant  être  morte. 
C'est  à  cela  sans  doute  qu'il  faut  attribuer  la  sor- 
tie des  yeux  de  la  tête;  ce  qui  pourrait  induire  à 
erreur  et  être  pris  pour  un  caractère ,  surtout  après 
que  la  liqueur  a  concentré  toutes  les  parties  et  fait 
disparaître  les  déchirures. 

DIMENSIONS. 

pouces,     lignes. 

Longueur  totale 2  4 

Longueur  du  corps 1  7 

Longueur  des  bras 3 

Longueur  de  la  tète »  9 

Longueur  de  la  pièce  dorsale 1  7 

Sa  largeur.  .  „ „  7 

Largeur  du  corps 1 


7  2  ZOOLOGIE. 


SEPIOTEUTHE  DE  DORE  Y. 
Sepioteuthis  guinensis,  Noh. 

PLANCHE  3,    FIGURES    I-J. 


Sepioteuthis,  corpore  elongato ,  ovali;  apice 
subacuto  ;  colore  variabili,  aut  albo  aut  brunneo , 
punctato. 

Le  corps  de  cette  espèce  est  ovale  allongé,  un 
peu  pointu  à  son  extrémité  postérieure,  échancré 
à  l'antérieure,  qui  forme  également  une  pointe, 
mais  peu  saillante.  La  tète  est  grosse,  arrondie. 
Les  tentacules  sont  pointus.  Les  bras  ne  paraissent 
pas  atteindre  l'extrémité  du  corps.  Les  ventouses 
de  ces  appendices  sont  à  peu  près  de  même  gran- 
deur, à  pédicule  latéral  et  ayant  leur  cartilage  cir- 
culaire crénelé.  Les  mandibules  sont  petites,  re- 
courbées et  fort  pointues.  Le  cartilage  dorsal  est 
large ,  à  manche  court.  Cependant  il  ne  présente 
pas  de  différence  spécifique  bien  caractérisée  avec 
celui  de  plusieurs  autres  Sépioteuthes.  Le  siphon 
est  un  peu  pointu. 

Lorsque    cet    individu   nous    fui  apporté    peu 


MOLLUSQUES.  73 

de  temps  après  sa  mort  ,  il  était  uniformément 
blanchâtre.  Nous  ne  fûmes  pas  peu  étonné  deux 
ans  après,  en  le  retirant  de  la  liqueur,  de  le  trou- 
ver d'un  brun  rougeâtre  foncé  avec  des  points 
rapprochés  de  la  même  couleur.  Rien  n'est  donc 
plus  variable  que  les  teintes  que  prennent  ces 
animaux,  non-seulement  de  leur  vivant,  mais  en- 
core après  la  mort.  Dans  le  premier  état,  si  on 
les  tourmente  ou  qu'on  leur  enfonce  une  épingle 
dans  la  tète,  de  blancs  qu'ils  étaient  ils  deviennent 
bruns  ,  et  il  se  développe  par  tout  le  corps  une 
foule  de  petits  points  de  la  même  couleur.  Ces  va- 
riations assez  difficiles  à  expliquer  tiennent  sans 
doute  à  la  circulation  des  fluides  dans  le  corps 
de  l'animal ,  modifiée  par  la  double  action  des  nerfs 
et  des  muscles. 

Notre  individu  a  des  rapports  avec  celui  qu'ont 
ligure  MM.  Garnot  et  Lesson  dans  le  voyage  de 
la  Coquille,  et  qui  porte  le  nom  du  dernier.  Ce- 
pendant il  est  plus  allongé  dans  toutes  ses  par- 
ties ,  et  l'extrémité  du  corps  finit  en  pointe.  Ce 
Mollusque  habite  le  port  Dorey ,  à  la  Nouvelle- 
Cuinée. 

DIMENSIONS. 

pouces,      lignes. 

Longueur  totale G 

Longueur  du  corps 3  8 

Longueur  des  bras,  environ 3  ou  4 

Largeur  du  corps 2 

Langueur  du  cartilage  dorsal /t 


74 


ZOOLOGIE. 


SEPIOTEUTHE  LUNULE. 


Sepioteuthis  lunulata.  Nob. 


miro  en  langue  de  Vanikoro. 


PLANCHE  3,    FIGURES  8-1 3. 


Sepioteuthis ,  corpore  suborbiculari ,  brunneo 
punctato  ;  dorso  lineis  cœruleis  notato  ;  pinnis 
lunulatis. 

Grande  espèce  de  forme  ovoïde  ,  arrondie  et 
plus  large  en  arrière  qu'en  avant.  Le  bord  du 
manteau  s'avance  en  cœur  sur  la  tète  et  est  échan- 
cré  en  dessous  à  l'endroit  où  sort  le  siphon ,  le- 
quel est  court  et  conique.  Les  nageoires  sont  très- 
larges,  réunies  en  arrière,  où  elles  ne  présentent 
qu'une  très-petite  dépression.  La  tète  est  arron- 
die et  portée  sur  un  col  court.  La  membrane  qui 
recouvre  l'œil,  et  simule  une  paupière,  est  pour- 
vue d'une  petite  pointe.  Les  tentacules  sont  longs 
et  grêles;  les  supérieurs,  externes,  dépassent  tous 
les  autres.  Les  bras  sont  plus  longs  que  le  corps. 
Leur  extrémité  est  longuement  dilatée,  carénée  à 
sa  partie  dorsale,  couverte  de  ventouses  dans  toute 


MOLLUSQUES.  75 

sa  longueur  sur  trois  ou  quatre  rangées  assez  irré- 
gulières. Celles  desbras,  plus  petites,  ont  la  même 
forme  et  sont  seulement  sur  deux  rangées.  Les 
mandibules  sont  petites,  brunes  à  la  pointe,  qui 
est  obtuse.  Le  cartilage  dorsal  est  lancéolé,  assez 
large ,  en  forme  de  gouttière. 

Lorsque  ce  Céphalopode  nous  fut  apporté 
quelques  instants  après  sa  mort ,  sa  couleur  gé- 
nérale était  d'un  rouge  brun  très-foncé,  due  à  un 
grand  nombre  de  points  rapprochés  formant  un 
rang  de  larges  taches  rondes  sur  le  bord  des  na- 
geoires, qui  elles-mêmes  sont  bordées  de  brun. 
Le  dos  est  marqué  de  bandes  transverses  courtes 
et  bleuâtres. 

Cette  espèce  habite  l'île  de  Vanikoro.  Elle  fut 
prise  à  la  seine  dans  la  rade  de  Manévé.  Une  va- 
riété sans  lignes  transverses  bleuâtres  se  trouve 
à  la  Nouvelle-Guinée. 


DIMENSIONS. 

pouces,  lignes. 

Longueur  totale n  G 

Longueur  du  corps G  4 

Sa   largeur 5 

Longueur  des  tentacules 4  6 

Longueur  des  bras 11 

Longueur  du  cartilage  dorsal 7  2 

Sa    largeur 1  1  -j 


7(i  ZOOLOGIE. 


SÉPIOTEUTHE  DE  MAURICE. 
Sepioteuthis  mauritiana.  Nob. 

PLANCHE  4,  FIGURES  2-6. 


Sepioteuthis,  corpore  lato,  tantisper  apice 
acuto  y  punctis  nigris  irrotato  ;  brachiis  extremi- 
tate  longe  palmatis. 

Grande  espèce  dont  !e  corps  est  ovalaire,  plus 
large  en  arrière,  où  il  est  un  peu  pointu,  arrondi , 
légèrement  échancré  en  avant.  Les  nageoires  s'élar- 
gissent brusquement  peu  après  leur  origine.  La 
tête  est  large  et  forte.  Les  bras  sont  gros,  un  peu 
comprimés;  leur  extrémité  est  dilatée  dans  une 
longue  étendue ,  couverte  d'un  grand  nombre  de 
ventouses  sur  quatre  rangées  obliques.  Celles  du 
milieu  sont  les  plus  larges;  leur  pédicule,  assez 
long,  s'insère  au  milieu  de  la  cupule,  dont  les  den- 
ticules  du  limbe  sont  très-saillantes.  Les  ventouses 
des  bras  sont  plus  petites.  Des  deux  mandibules 
la  supérieure  est  la  plus  pointue.  Le  cartilage  dor- 
sal, qui  est  fort  grand,  joint  à  ce  caractère  celui 
d'avoir  son  extrémité  postérieure  un  peu  bifur- 


MOLLUSQUES.  77 

quée.  Sa  forme  est  du  reste  comme  dans  tous 
les  individus  du  genre.  De  très -petites  ven- 
touses recouvrent  le  bord  de  la  membrane  qui 
entoure  les  lèvres  et  correspond  à  chacun  des 
tentacules. 

Ce  Céphalopode  était  probablement  blanc  dans 
l'état  de  vie.  Mort  il  est  légèrement  jaunâtre,  fine- 
ment ponctué  de  brun  violacé  plus  intense  sur  la 
tète  et  au  dos.  Le  ventre  a  infiniment  moins  de 
points. 


DIMENSIONS. 


pouces,     lignes. 


Longueur  du  corps 6  i 

Sa  plus  grande  largeur 3  6 

Longueur  des  bras 8 

Longueur  du  plus  long  tentacule 3 

Largeur  de  la  tète , i  $ 

Largeur  du  cartilage i  i 

Sa  longueur 6  i 


SÉPIOTEUTHE  AUSTRAL. 
Sepioteuthis  australis.  Nob. 

PLANCHE    4  5    FIGURE    I. 

Sepioteuthis ,   corpore  albo  suborbiculari;  an- 
tiee  cordifbrmi,  postice  obtuso  ;  pinnis  latissimis  ; 


7S 


ZOOLOGIE. 


brachiis  extremitate  lads ,  apice  obtusis  ;  ossiculo 
lojigo ,  ovali. 


Très-grande  espèce  remarquable  par  l'élargis- 
sement de  ses  nageoires,  qui  font  que  le  corps  a 
une  forme  orbiculaire  vers  le  milieu  ,  un  peu  en 
cœur  en  avant,  obtus  à  sa  partie  postérieure.  Le 
dos  est  bombé  dans  toute  sa  longueur.  La  tète 
est  courte,  ses  tentacules  sont  longs,  très-pointus, 
les  deux  supérieurs  médians  sensiblement  plus 
courts,  à  ventouses  petites.  Les  bras  dépassent  le 
corps  en  arrière  ;  ils  sont  fort  gros ,  aplatis ,  ob- 
tus à  leur  extrémité,  laquelle  est  largement  dila- 
tée dans  une  assez  longue  étendue  ,  recouverte 
d'un  grand  nombre  de  ventouses,  dont  les  plus 
grandes  sont  au  milieu.  Toutes  sont  assez  cour- 
tement  pédiculées.  La  membrane  qui  entoure  la 
bouche  est  recouverte  de  quelques  ventouses.  Les 
mandibules  sont  robustes,  peu  aiguës,  très-brunes 
à  la  pointe,  blondes  dans  le  reste  de  leur  surface. 
Le  cartilage  se  distingue  par  sa  forme  de  celui  des 
autres  espèces  en  ce  qu'il  est  proportionnellement 
plus  large  et  plus  ovalaire  sur  toute  sa  longueur. 

Les  couleurs  de  ce  Sépioteuthe  sont  blafardes  ; 
ce  qui  indique  qu'il  devait  être  blanc  sur  le  vivant. 
Une  autre  preuve,  c'est  que  nous  l'eussions  des- 
siné aussitôt  qu'il  nous  fut  apporté  ,  s'il  avait  eu 
quelques  caractères  remarquables  dans  sa  teinte. 
Sa  couleur  rosée  tient  à  sa  macération  dans  l'es- 


MOLLUSQUES. 


79 


prit  de  vin.  Il  provient  de  la  Nouvelle-Hollande, 
probablement  du  port  Western. 


DIMENSIONS. 

pieds,      pouces. 

Longueur  du  corps 10 

Sa  largeur „          8 

Longueur  des  tentacules »          5 

Longueur  des  bras i          j 

Longueur  du  cartilage  dorsal io 

Sa  largeur a 


lignes. 

io 

» 


9 
3 


CALMAR  DE   VANIKORO. 


Loligo  vanikoriensis.  Nob. 


PLANCHE   3,   FIGURES    1-2. 


Loligo ,  cozpore  elongato ,  cjlindraceo  ;  antice 
truncato  ;  pinna  terminali,  obtusa>  mediocri; 
brachiis  Ion gis ,  compressés ,  apice  acutis. 


Ce  Calmar  est  remarquable  par  la  longueur  de 
son  corps  presque  cylindrique  dans  toute  son 
étendue,  si  ce  n'est  vers  l'extrémité  postérieure, 


80 


ZOOLOGIE 


qui  finit  en  pointe  allongée.  La  nageoire  termi- 
nale est  peu  large,  obtuse,  triangulaire.  Le  man- 
teau ne  présente  en  avant  qu'une  petite  pointe 
dorsale  à  peine  sensible  ,  ce  qui  fait  paraître  cette 
partie  comme  tronquée.  La  tête,  qui  est  large, 
forme  avec  les  tentacules  environ  les  deux  tiers 
de  la  longueur  du  corps.  Le  siphon,  gros  et  court, 
s'enfonce  dans  une  dépression  du  cou.  Les  deux 
tentacules  externes  sont  très-gros  et  portent  une 
membrane  en  dehors.  Tous  sont  munis  de  deux 
rangées  obliques  de  petites  ventouses  assez  lon- 
guement pédicuiées.  Les  bras  n'atteignent  pas 
tout-à-fait  l'extrémité  du  corps.  Leur  terminaison, 
élargie  et  recouverte  de  deux  rangs  de  ventouses, 
finit  par  une  pointe  charnue. 

Les  mandibules  sont  très  -  pointues  ,  grêles, 
striées  transversalement,  noires  à  la  pointe,  brun 
clair  à  leur  base. 

Le  cartilage  dorsal  n'offre  point  de  caractère 
bien  distinct;  obtus,  élargi  d'abord,  il  se  rétrécit 
bientôt  et  devient  très-grêle  ,  puis  il  s'élargit  de 
nouveau  en  lame  triangulaire  à  son  extrémité 
postérieure. 

Nous  n'avons  point  de  renseignements  satis- 
faisants à  donner  sur  la  couleur  naturelle  à  ce  Cal- 
mar, dont  deux  individus  nous  furent  apportés 
par  les  habitants  de  Vanikoro.  Elle  ressemblait 
plus  ou  moins  à  celle  que  prennent  la  plupart  de 
ces  Mollusques  après  leur  mort;  c'est-à-dire  qu'elle 


MOLLUSQUES.  81 

est  blanche  ou  rosée  sur  les  bords,  rougeâtre  ou 
piquetée  de  brun  rouge  sur  le  corps.  Elle  devient 
brune  par  le  séjour  dans  la  liqueur. 


DIMENSIONS. 

pouce*,  lignes. 

Longueur  totale 5         a 

Longueur  du  corps 3  3 


M 


longueur  au  corps 

Longueur  de  la  tète  avec  les  tentacules. ...  2 

Longueur  des  bras 3  9 

Longueur  du  cartilage  dorsal 2        11 

Circonférence  du  corps 2  2 


CALMAR  A  COURTS  TENTACULES. 

Lolign  brevitentaculaia ,  nob. 


Loligo,  corpore  cyli/id/aceo,  albo;  brachiis  mi- 
nimis  ;  pinna  triangulari ,  lateribus  acuta. 

Nous  signalerons  ici,  sans  en  donner  de  figure, 
un  petit  Calmar  des  parages  de  la  Nouvelle-Guinée, 
long  d'environ  deux  pouces  ,  remarquable  par  la 
brièveté  de  ses  tentacules  ,  la  largeur  et  la  forme 
de  sa  nageoire  presque  triangulaire,  très-pointue 
latéralement,  à  peu  près  comme  celle  de  la  queue 

Znnfogir.  T.  II.  6 


»' 


82  ZOOLOGIE. 

des  cétacés.  Nous  ne  dirons  rien  des  bras,  qui 
étaient  tronqués,  ni  des  ventouses,  à  cause  de 
leur  petitesse.  Le  cartilage  dorsal  est  très-allongé, 
grêle  et  élargi  en  avant.  La  couleur  de  ce  Mol- 
lusque,  qui  a  été  déposé  au  Jardin  du  Roi  ,  est 
blanche. 


SÉPIOLE  LINÉOLÉE. 
Sepiola  lineolata. 

PLANCHE    5,  FIGURES  8-l3. 

Sepiola y  corpore  crasso ,  brevi,  jotwulato,  an- 
tice  ciliato ,  vittis  longitudinalibus  notato  ;  pinnis 
elongatis  ;  capite  latissimo. 

Cette  petite  espèce  a  les  formes  trapues ,  ra- 
massées, à  tel  point  que  la  tète  ne  paraît  faire 
qu'un  avec  le  corps;  ce  qui  tient  à  ce  que  le  sac 
se  continue  avec  elle  sans  interruption  à  la  partie 
dorsale.  Libre  et  ouvert  dans  le  reste  de  son  éten- 
due, il  est  échancré  en  dessous  où  repose  le  siphon 
et  présente  de  chaque  côté  des  yeux  une  série  de 
dix-sept  à  dix-huit  petites  cirrhes  termina  les  éga- 
lement espacées.  Le  reste  du  corps  est  arrondi, 
bombé  en  dessus  et  en  dessous.  Les  nageoires,  qui 


MOLLUSQUES.  83 

en  occupent  presque  toute  rétendue  latérale,  sont 
élargies.  La  tète  large  et  grosse  parait  d'un  volume 
énorme  pour  l'individu.  Les  yeux  sont  très-espaces 
et  proéminents;  les  tentacules  médiocres;  les  deun 
plus  longs  en  forme  de  bras  n'atteignent  pas  l'extré- 
mité du  corps.  Les  ventouses  des  premiers  sont  ex- 
cessivement petites, globuleuses,  courtement  pédi- 
culéés ,  à  ouverture  étroite ,  et  placées  en  rangées 
obliques  de  quatre.  Celles  des  bras  sont  innom- 
brables ,  confluentes  et  tout-à-fait  microscopiques. 
Le  siphon  est  long,  cylindrique,  à  ouverture  ter- 
minale. 

La  lame  dorsale,  qui  existe  ordinairement,  est 
si  petite  qu'elle  a  échappé  à  nos  recherches. 

La  couleur  de  ce  Mollusque  est  blanche.  Le 
corps  et  la  tète,  jusqu'à  la  base  des  tentacules, 
sont  recouverts  de  lignes  longitudinales  très-pres- 
sées d'un  blanc  mat.  On  en  compte  deux  ou  trois 
sur  les  nageoires ,  qui  ont  leur  intervalle  légèrement 
violacé.  Trois  ou  quatre  lignes  ponctuées  de  cette 
même  couleur  occupent  les  parties  latérales  du 
corps,  dont  le  dessous  est  blanc.  Les  yeux  sont 
d'un  bleu  foncé. 

Cette  Sépiole  a  été  prise  à  la  seine  dans  la  baie 
Jervis,  à  la  Nouvelle-Hollande.  Elle  vivait  encore 
lorsqu'on  nous  l'apporta. 


S  4 


ZOOLOGIE. 


niMKNSIONS. 


Longueur  totale 

Longueur  du  corps.  ... 
Longueur  des  tentacules 

Longueur  des  bras 

Largeur  du  corps 

Largeur  de  la  tête 


pDuces. 

ligne 

1 

10 

I 

» 

6 

» 

i 

5 

i 

2 

)i 

8 

ONYCHOTEUTHE    ARMÉ 


Onycholeuthis  arnmtus  ,   nol>. 


PLANCHE   5,    FIGURES    l /\~1^> . 


Onychoteuthis ,  corpore  conico ,  rubro  punc- 
tato  ;  pinnis  latis ,  triangularibus ;  brachiis  tenta- 
culisque  armatis. 

Très-petite  espèce  prise  dans  la  mer  des  Mo- 
luques,  près  de  l'île  Célèbes.  Sa  longueur  totale 
est  d'un  peu  plus  d'un  pouce  ,  y  compris  les  longs 
bras;  et  celle  du  corps  est  d'un  pouce  environ. 

Le  corps  de  cet  Onychoteuthe  est  conique ,  finis- 
sant en  pointe  aiguë ,  surtout  lorsqu'on  l'observe 


MOLLUSQUES.  85 

par  le  ventre.  Les  deux  nageoires  qui  le  terminent 
sont  larges  et  taillées  en  cœur  à  leur  insertion  sur 
le  dos.  Une  arête  assez  saillante  occupe  toute  la 
longueur  dorsale  de  l'animal.  La  tète  est  grosse. 
Les  yeux  sont  grands,  latéralement  placés,  à  ou- 
verture linéaire  et  verticale;  les  tentacules  mé- 
diocres, de  même  que  les  bras,  qui  ne  dépassent 
pas  la  longueur  du  corps.  L'élargissement  termi- 
nal est  excessivement  rétréci ,  muni  d'une  rangée 
extérieure  de  ventouses  denticulées  et  d'une  rangée 
interne  de  crochets.  Mais  ce  qui  est  particulier  à 
cette  espèce,  c'est  que  tous  les  tentacules,  au  lieu 
d'être  couverts  de  ventouses,  n'en  ont  qu'à  leur 
extrémité,  et  que  le  reste  de  leur  étendue  est  garni 
de  deux  rangs  de  crochets,  dont  chacun  est  enve- 
loppé en  partie  par  une  membrane.  Ce  caractère 
pourrait  à  la  rigueur  déterminer  une  division  dans 
ce  genre.  Le  siphon  est  gros  et  allongé. 

Le  cartilage  dorsal  est  renflé  à  son  milieu,  ré- 
tréci ensuite  pour  se  dilater  un  peu  vers  la  pointe 
à  la  manière  d'une  rame  antique. 

Ce  Calmar  était  mort  lorsqu'on  le  prit.  Dant 
cet  état,  la  couleur  du  corps  était  rouge  brun  ,  pi- 
queté de  points  de  la  même  couleur;  celle  de  la 
tète,  d'acier  bruni  en  dessus,  et  celle  de  la  na- 
geoire ,  blanche  seulement  sur  le  limbe. 


86  ZOOLOGIE. 


POULPE  LUNULE. 
Octopus  lunulatus  ,  uob. 

PLANCHE   6,     FIGURES    1-2. 


Octopus,  corpore  minimo,  ovali ,  basi  tantis- 
per  acuto ,  lunulis  cœruleis  auratisque  irrorato  ; 
cucurbitulis  elongatis. 

Cette  petite  espèce  n'a  que  deux  pouces  de  lon- 
gueur environ ,  en  y  comprenant  les  tentacules. 
Son  corps  est  ovalaire ,  très-légèrement  pointu  à 
son  extrémité ,  sa  tète  grosse.  Les  ventouses  qui 
recouvrent  les  tentacules  sont  élevées,  plus  larges 
à  la  base  qu'au  sommet,  ce  qui  leur  donne  l'as- 
pect d'une  petite  amphore.  Le  corps  est  blanc , 
recouvert  dans  toutes  ses  parties,  ainsi  que  les 
tentacules,  de  lunules  bleu  de  ciel  très -vif  sur 
leur  pourtour  et  moins  intense  au  milieu.  Mais 
quand  on  excite  l'animal ,  il  devient  rouge  brun 
et  ces  lunules  passent  au  bleu  d'émeraude. 

Cette  espèce  habite  le  havre  Carteret,  à  la  Nou- 
velle-Irlande. 


MOLLI  BQ1  ES.  H7 


POULPE  CORDIFORME. 

Octopus  cordiformis,  nob 

PLANCHE  6'  ,    FIGUKE    3. 


Octopus,  corpore  orbiculari,  alato,  tubercu- 
lose*; brachiis  longis  cceruleo  lunulatis. 

Le  corps  de  cette  espèce  est  tuberculeux  presque 
arrondi,  s'élargissant  latéralement  en  forme  de  na- 
geoires, finissant  en  cœur  en  avant.  La  tète  est 
large  ;  les  yeux  sont  peu  saillants  et  comme  ca- 
chés par  une  paupière  tuberculeuse.  Les  tenta- 
cules sont  longs  ,  à  peu  près  égaux,  moins  les  laté- 
raux qui  n'atteignent  pas  les  autres.  Les  ventouses 
sont  sessiles. 

Le  corps  est  d'un  brun  rouge  pointillé  de 
la  même  couleur,  et  ses  côtés,  qui  s'étalent  en 
forme  d'ailes  ,  sont  bordés  de  bleu  verdâtre.  Sa 
tète  et  les  tentacules,  de  même  couleur  que  le 
corps,  ont  de  plus  des  lunules  indécises  bleu  de 
ciel  clair,  plus  vif  sur  ces  derniers  qu'à  la  tète. 
En  dessous  ce  Mollusque  est  blanc;  le  siphon  seul 
est  pointillé  de  brun  rouge. 


88 


ZOOLOGIE. 


Cette  espèce  habite  la  baie  Tasman ,  à  la  Nou- 
velle-Zélande. 


DIMENSIONS 

pieds  pouces,     lignes. 

Longueur  totale 3  i 

Longueur  du  corps 7          » 

Sa  largeur 6          » 


POULPE  DE  WESTERN 


Octopus  superciliosus  ,  nob. 


PLANCHE   6,   FIGURE   4- 


Octopus,  corpore  ovali,  cirrhose* ;  tentaculis 
crus sis ,  longis  ;  palpebris  filamento  notatis. 

Cette  espèce  d'assez  petite  taille,  dont  le  corps 
est  ovalaire,  est  remarquable  par  la  grosseur  du 
faisceau  que  forment  les  tentacules  à  leur  réu- 
nion ,  lequel  égale  presque  le  volume  du  corps 
lui-même.  Il  l'est  surtout  par  les  cirrhes  charnues 
et  espacées  qui  le  recouvrent,  dont  deux  plus 
longues  occupent  le  sommet  des  paupières.   Les 


MOLLUSQUES.  80 

yeux  sont  tres-bombés  et  un  peu  pointus,  les  ten- 
tacules longs ,  très-déliés ,  et  la  membrane  de  leur 
côté  extérieur  se  prolonge  jusqu'à  leur  extrémité. 
Le  ventre  est  lisse. 

Ce  poulpe  n'a  été  dessiné  qu'après  un  assez 
long  séjour  dans  la  liqueur,  de  sorte  que  sa  cou- 
leur presque  blanche  sur  le  vivant  est  passée  au 
brun  rougeàtre.  Il  habite  le  port  Western  dans  le 
détroit  de  Bass ,  à  la  Nouvelle-Hollande. 

Sa  longueur  totale  est  de  trois  pouces  six  lignes. 
Il  atteint  probablement  une  plus  grande  taille. 


POULPE  MEMBRANEUX. 
Octopus  membranaceus  ,  nob. 

PLANCHE    6  ,     FIGURE  5. 


Octopus,  corpore  cjlindraceo ,  oblique  mem- 
brana  cincto;  tcntaculis  apice  acutis. 

Ce  Poulpe  dont  le  corps  est  presque  cylin- 
drique, un  peu  allongé,  obtus  à  son  extrémité, 
nous  a  paru  devoir  être  figuré  à  cause  de  la  petite 
membrane  qu'il  porte  obliquement  en  arrière  en 


90  ZOOLOGIE. 

forme  de  nageoire  bien  distincte.  Elle  n'existe  toute- 
fois qu'au  coté  droit,  celle  de  gauche  ayant  été  dé- 
truite. Nous  avons  apporté  Le  plus  grand  soin  à 
reconnaître  que  ce  n'est  point  une  déchirure  de 
la  peau,  mais  bien  un  pli.  Les  tentacules,  médio- 
crement allongés,  deviennent  brusquement  grêles 
et  sont  très -pointus.  Le  corps  et  la  tète  sont 
recouverts  de  granulations  très -fines.  La  cou- 
leur naturelle  à  cette  espèce  doit  être  blanchâtre, 
car  si  elle  eût  offert  quelques  teintes  remar- 
quables ,  nous  les  eussions  dessinées.  Elle  habite 
le  port  Dorey,  à  la  Nouvelle-Guinée. 


DIMENSIONS. 

pouces. 

ligues 

3 

2 

Longueur  du  corps  jusqu'aux  yeux.  .  . 

i 

» 

Longueur  des  tentacules  moyens  supé- 

2 

■z 

MOLLI  SQ1  ES.  91 

(.iMii:  HÉLICE,  —  Hélix, 

HÉLICE  ALFOUR. 
Hélix  undulata  ,  nob. 

PLANCHE   7,    FIGURES    1-2. 


Hélix  ,  testa  supra paululum  convexa ,  rugosa, 
undulata  ,  transversim  striata  ,  castanea  et  vitta 
aurantia  in  suturis  ornata  ;  peristomate  reflexo , 
cœruleo  ;  umbilico  lato  profundo  ;  anfractibus 
quinque. 

Grande  espèce  large,  un  peu  aplatie,  à  spire 
peu  élevée  ,  largement  et  profondément  ombili- 
quée  ;  le  premier  tour  de  spire  apparaissant  au 
fond  de  l'ombilic ,  le  dernier  subcylindrique  comme 
dans  les  Cyclostomes.  Bouche  grande ,  un  peu  ova- 
laire,  péristome  arrondi,  légèrement  réfléchi,  non 
interrompu,  mais  n'offrant  plus  qu'un  bourrelet 
en  ligne  droite  à  son  passage  sur  le  dernier  tour 
près  de  l'ombilic. 

Le  dessus  de  la  coquille  présente  des  bour- 
relets en  forme  de  larges  ondes  rugueuses,  et  des 
stries  transverses,  rayonnantes,  un  peu  tremblées , 


92  ZOOLOGIE. 

comme  feuilletées.  En  dessous  ,  ces  stries  sont 
plus  régulières  et  plus  fines.  La  couleurgénéraleest 
un  marron  clair,  dessus  laquelle  se  détache  une  ban- 
delette étroite  d'un  beau  jaune  qui  commence  avec 
la  spire  ,  en  suit  les  sutures,  et  se  termine  au  der- 
nier tour,  qu'elle  sépare  à  peu  près  en  deux  par- 
ties égales.  Le  contour  de  l'ombilic  a  une  zone 
jaunâtre.  Le  péristome  est  bleuâtre  et  l'intérieur 
de  l'ouverture  est  d'un  blanc  nacré;  on  y  suit  la 
trace  de  la  bandelette  extérieure. 

L'animal  est  grand,  de  la  forme  de  Y  Hélix  po- 
matia,  à  tentacules  allongés.  Yeux  assez  gros  en 
bouton.  Tentacules  antérieurs  renflés  à  leur  extré- 
mité. La  couleur  générale  de  ce  Mollusque  est  un 
brun  rougeâtre,  plus  foncé  sur  la  tète  et  les  ten- 
tacules qu'aux  parties  latérales  du  corps. 

Cette  belle  coquille  habite  l'île  Célèbes.  Elle 
est  fort  rare,  car  il  n'en  a  été  trouvé  qu'un  indi- 
vidu par  M.  de  Sainson  sur  le  contour  du  lac  de 
Tondano  ,  à  deux  mille  pieds  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer  et  dans  une  région  fraîche  et  humide. 

DIMENSIONS. 

pouces,     lignes. 

Diamètre  antéro-postérieur. . ±  \ 


Diamètre  vertical i 

Épaisseur i 


9 


MOLLUSQUES.  03 

HÉLICE  MAMILLAIRE. 
Hcli.i-  mamilla.  Fer.  ,  Prod.  additions,  pag.  673. 

PLANCHE    y,    FIGURES    3~5. 


Hélix ,  testa  subglobosa,  rugosa  aut  sulcata, 
subflava;  fasciis  fusais  duabus;  apertura  ovali , 

tantisper  conforta  et  angustâ;  péris  tomate  re- 
flexo  albido;  umbilico  colamella  semi-obtecto  ; 
anfractibus  sex. 

M.  de  Férussac,  dans  son  grand  ouvrage  sur  les 
Mollusques ,  a  figuré  cette  Hélice.  Il  l'avait  d'abord 
nommée  Papilla  ;  mais  ayant  reconnu  que  c'était 
une  espèce  nouvelle,  et  non  celle  que  Millier  avait 
appelée  ainsi,  il  lui  a  donné  le  nom  de  Mamilla. 
Cette  coquille ,  de  la  grosseur  de  notre  Hélice  Vi- 
gneronne ,  est  globuleuse  ;  tous  ses  tours  de 
spire  sont  larges  et  ne  décroissent  pas  brusque- 
ment; le  sommet  lui-même  est  élargi  et  comme 
un  peu  écrasé.  Les  sutures  sont  fines  et  déliées. 
La  bouche  est  un  peu  contournée,  ovale,  resser- 
rée. Le  péristome  est  arrondi,  entier,  rebordé, 
d'un  beau  blanc,  avec  un  petit  bourrelet  au  bord 
gauche.  Tl  cache  en  partie  l'ombilic,  qui  est  bien 
indiqué  et  assez  profond. 


94  ZOOLOGIE. 

Cette  coquille  est  couverte  de  rugosités,  qui  supé- 
rieurement forment  des  lignes  rayonnantes,  trans- 
verses, et  dégénèrent  en  petits  sillons  obliques  sur 
le  dernier  tour.  Généralement  sa  couleur  est  jau- 
nâtre avec  deux  bandes  brun  marron  clair,  dont 
une  plus  petite.  Des  exemplaires  sont  tout-à-fait 
marron  ,  et  les  bandes  sont  alors  d'un  brun  foncé. 
Quelquefois  on  a  de  la  peine  à  les  apercevoir. 

L'animal  est  grand  ,  ses  tentacules  sont  allon- 
gés ,  les  postérieurs  terminés  par  un  assez  gros 
bouton;  les  antérieurs  sont  renflés  à  leur  extré- 
mité. La  dent  ne  diffère  presque  pas  de  celle  de 
notre  limaçon.  Tout  le  corps  est  rouge  brun 
foncé  sur  les  tentacules ,  la  tète  et  la  partie  pos- 
térieure du  pied. 

Ce  Mollusque  habite  les  bords  du  lac  de  Ton- 
dano,  à  une  très-grande  élévation  dans  l'île  de 
Célebes.  Il  n'y  est  pas  très-rare. 

DIMENSIONS. 

pouces,     lignes. 

Diamètre  antéro-postérkur i  n 

Diamètre   vertical 1  l\ 

Épaisseur >° 


MOLLUSQUES.  9S 

HÉLICE  GRANULÉE. 
Hélix  granulata  ,  nob. 

BLANCHE    J,    FIGITRKS   n'-Ç). 


Hélix,  testa  globosa,  tenuiter granulata,  sub- 
mtrea;  fascia  fusca  cinc.ta;  aperturà  semi-lunata  ; 
péris  tomate  albo  etsubrubro,  ad  lœvam  emargi- 
nato;  anfractibus  sex  ;  umbilico  non  distineto. 

Assez  grande  et  belle  coquille,  globuleuse ,  dont 
le  dernier  tour  de  spire  est  très -grand,  renflé, 
très-bombé  en  dessous.  Ouverture  large  ,  semi- 
lunaire,  infléchie  sur  le  bord  gauche,  qui  recouvre 
entièrement  l'ombilic.  Péristome  interrompu,  peu 
épais,  légèrement  réfléchi,  blanc  en  dedans,  rou- 
geâtre  sur  son  limbe. 

Cette  coquille  est  très-finement  striée  et  cou- 
verte de  granulations  excessivement  fines  qui  la 
font  paraître  comme  piquetée.  Sur  les  premiers 
tours  de  spire  ces  sortes  de  verrues  affectent  des 
lignes  obliques  régulières.  Sa  couleur  est  d'un 
jaune  rougeâtre ,  plus  foncé  aux  environs  de  l'ou- 
verture. Une  bandelette  d'uii  brun  rougeâtre  suit 
le  dernier  tour,  et  va  se  perdre  dans  la  suture  en 
devenant  très-déliée;  au  sommet  de  la  spire,  elle 


96  ZOOLOGIE. 

est  côtoyée  par  un  petit  ruban  orangé  clair.  L'in- 
térieur de  la  bouche,  assez  profondément,  est 
d'un  blanc  tirant  sur  le  bleuâtre. 

Cette  Hélice ,  dont  nous  n'avons  pu  nous  procu- 
rer l'animal ,  habite  le  port  Dorey,  à  la  Nouvelle- 
Guinée.  Elle  n'y  paraît  pas  commune. 

Il  est  probable  que  des  individus  doivent  avoir 
deux  ou  plusieurs  bandelettes. 


DIMENSIONS. 

pouces. 

lignes 

Diamètre  antéro-postérieur 

I 
I 
1 

I  I 

6 

3 

HÉLICE  PAPOIIA. 

Hélix  papuensis-,    nob. 

PLANCHE     7,    FIGURES    10-l3. 

Hélix  y  testa  trochiformi ,  luteola  aut  albida, 

fascia  castanea  aut  rubella  cincta;  spira  acuta 

vel  rotunda  ;  anfractibus  sesquiquinque  ;  apertura 

elliptica  ;  peristOTJiate  elliptico ,  aliquando  uniden- 

tato ,  dilatatOj  acuto;  umbdico  semi-distinvlo. 


MOLLUSQUES.  97 

Cette  espèce,  qui  a  un  pou  la  forme  d'un  Tro- 
que ,  a  ses  tours  de  spire  élargis,  tant  soit  peu 
déprimés,  principalement  le  dernier,  qui  est  le 
plus  grand  de  tous;  son  sommet  est  généralement 
pointu;  un  seul  individu  sur  dix  l'avait  arrondi  et 
ses  tours  de  spire  renflés.  L'ouverture  est  assez 
grande,  elliptique  ,  à  péristome  évasé,  à  peine  re- 
bordé, tranchant,  largement  interrompu  en  ar- 
rière. Son  bord  gauche  recouvre  en  partie  l'om- 
bilic ,  et  sur  un  individu  ,  il  était  pourvu  d'une 
assez   forte  dent. 

Le  test  a  un  aspect  lisse,  bien  qu'il  soit  cepen- 
dant finement  strié  en  travers.  Sa  couleur  varie  du 
blanchâtre  au  jaunâtre  clair.  Une  bandelette  mar- 
ron ou  brune  suit  le  contour  des  sutures.  Très- 
déliée  d'abord  ,  elle  s'élargit  considérablement  sur 
le  dernier  tour;  le  péristome  est  blanc,  rosé  ou 
très-brun  ,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  sur  les  varié- 
tés qui  sont  figurées.  Il  est  même  des  individus 
qui  sont  entièrement  blancs,  et  où  la  trace  de  la 
bandelette  est  à  peine  apparente.  Nous  ne  connais- 
sons point  la  couleur  et  la  forme  de  l'animal  de 
cette  Hélice,  qui  habite  le  port  Dorey,  à  la  Nou- 
velle-Guinée. 

DIMENSIONS. 

Pouces,     lignes. 

Diamètre t  S 

Diamètre  vertical i  i 

Épaisseur »  9 

Zoologie,  t.  11.  7 


98  ZOOLOGIE. 


HELICE  POINTUE. 

Hélix  acuta  ,  nob. 
Rina  sapourf.,  en  langage  papou. 

PLANCHE   8,    FIGURES    I  -  4- 


Hélix,  testa  fragili,  conica ,    tantisper  trochi- 

formi,  carinata,  lutea,vitta  castanea  cincta  ;  aper- 

tura  triangulari  ;  péris  tomate  lato ,  reflexo ,  antice 

acuto;  columella  arcuata  ;  umbilico  distincto;  an- 

fractibus  quinis. 

Cette  espèce,  de  grandeur  médiocre,  assez  fra- 
gile, légèrement  striée,  est  remarquable  par  sa 
forme  conique,  pointue,  peu  élevée; par  ses  tours 
de  spire  larges,  dont  le  dernier  est  fortement  ca- 
réné; par  sa  partie  inférieure  très-bombée,  enfin 
par  sa  bouche  large,  triangulaire,  à  péristome  in- 
terrompu ,  évasé ,  tranchant ,  fortement,  recourbé 
en  haut,  pointu  en  avant.  La  columelle  un  peu 
arquée  porte  un  indice  de  dent;  en  se  déjelant 
en  dehors,  elle  masque  en  partie  l'ombilic,  qui 
est  profond.  On  voit  au  fond  de  la  bouche  la 
trace  de  la  carène  extérieure ,  qui  vient  former 
comme  une  gouttière  dans  l'angle  du  péristome. 


MOLLUSQUES.  ï)9 

Du  vivant  de  ce  Mollusque,  sa  coquille  est  d'un 
beau  jaune  vif  en  dessus,  orné  d'une  large  ban- 
delette brun-rouge,  occupant  les  derniers  tours 
de  spire.  Elle  est  côtoyée  intérieurement  par  un 
petit  filet  blanc  sur  la  carène.  Le  dernier  tour 
en  dessous  est  rouge  brun  clair,  bordé  de  blanc, 
le  péristome  est  jaune  clair. 

L  animal  est  grand,  saillant  beaucoup  hors  de 
sa  coquille,  laquelle  a  été  représentée  ici  un  peu 
renversée,  pour  mieux  faire  voir  les  rapports  qui 
existent  entre  elle  et  le  Mollusque.  La  tète,  le 
cou ,  sont  gros  et  jaunâtres  sur  les  côtés.  La  tète, 
rougeàtre  en  dessus,  présente  deux  petites  lignes 
médianes  longitudinales ,  terminées  par  deux 
points  rouge  brun.  Les  tentacules  postérieurs, 
longs  et  gros ,  portent  les  yeux  à  leur  extrémité. 
Les  antérieurs  partent  d'un  mufle  légèrement  ré- 
tréci en  arrière;  le  reste  de  l'animal  est  blanc. 
On  le  trouve  au  havre  de  Dorey ,  à  la  Nouvelle- 
Guinée. 

Cette  coquille  a  certains  rapports  avec  l'Hélice 
petit  Bonnet,  Pileolus  de  M.  de  Férussac;  mais  sa 
légèreté,  ses  couleurs  et  la  plus  grande  élévation 
de  sa  spire  l'en  distinguent  assez. 


DIMENSIONS. 

pouces. 

li  ^  n< — 

Diamètre  antéro-posterieur 

I 

» 

»> 

11) 

» 

8 

100  ZOOLOGIE. 

HÉLICE  TROCHOIDF. 
H  dix  ttochus  ,    nob. 

PLANCHE   8,   FIGURES   5-y. 


Hélix,  testa  conoidea,  levé,  apice  acuta ,  flam- 
mis  fuscis  pic  ta;  apertura  ampla,  triangulari  ;  pé- 
ristomate  amplo ,  acuto,  tantisper  recurvato;  um- 
bilico  non  distincto  ;  anfractibus  seins  latis. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cette  espèce  avec  la 
Trochiforme  de  Lamarck,  qui  n'a  de  commun  que 
le  nom  *.  La  nôtre  ressemble  parfaitement  à  cer- 
tains Troques;  elle  est  assez  légère,  à  spire  élevée, 
pointue,  brusquement  conique;  les  tours  en  sont 
larges,  à  sinus  déliés  et  bien  marqués. 

L'ouverture  est  grande,  évasée,  triangulaire, 
à  péristome  interrompu,  large,  tranchant  et  peu 
rebordé.  L'ombilic  n'est  point  distinct.  La  bou- 
che et  la  base  du  dernier  tour  reposent  sur  un 
plan  horizontal. 

Le  test  est  lisse  ou  marqué  de  stries  extrê- 
mement déliées,  ou  blanchâtre  ou  jaunâtre  ,  cou- 

*  Ce  n'est  pas  non  plus  la  Trochokle  du  Prodrome  de  M.  de  lerussao , 
pag.  52 ,  n°  376.  Ce  n'est  qu'après  que  notre  planche  a  été  gravée  ,  (pie 
nous  nous  sommes  aperçus  de  cette  similitude  de  nom  en  français. 


MOLLI  soi  ES.  101 

vert  de  flammes  roussâtres  obliques  et  indépen- 
dantes sur  chacun  des  tours  de  spire.  Le  contour 
df  la  bouche  est  blanc ,  niais  le  fond  est  rougeâ- 
tre  marbré. 

Nous  ne  connaissons  point  L'animal  de  cette 
coquille,  dont  nos  exemplaires  n'étaient  pas  d'une 
parfaite  fraîcheur. 

Elle  habite  le  havre  Carteret,  à  la  Nouvelle- 
Irlande. 


Diamètre  aotéro-postérieu 

4     Diamètre   vertical. 
Epaisseur 


DIMENSIONS. 

pouces. 

lignes 

I 

» 

I 

9 

» 

9 

HÉLICE   A   FINES   RAIES 
Hélix  tenuiradiata  ,   nob. 

PLANCHES,    FIGURES    8-IO. 

Hélix,  testa  oibiculata,  perforata ,  taiitisper 
conoidea,  apice  acuta;  subflava ,  Uneolis  rubris 
tenuissimis  cincta;  apertura  ovali ;  labro  antice 
acuto,  rejlexo  ;  aiijraclibus  latis  sex. 


102  ZOOLOGIE. 

Cette  Hélice ,  de  forme  orbiculaire ,  a  sa  spire 
peu  élevée,  mais  conique,  assez  pointue;  les  tours 
en  sont  larges,  à  peu  près  égaux  et  légèrement 
arrondis,  l'ouverture  est  grande,  tant  soit  peu 
triangulaire;  son  contour  est  interrompu  en  ar- 
rière, arrondi,  tranchant,  rebordé,  un  peu  aigu 
en  avant.  Il  cache  une  partie  de  l'ombilic,  qui  est 
peu  large  et  très-profond. 

Cette  coquille,  marquée  de  stries  obliques  et 
transverses  excessivement  déliées,  est  d'un  jaune 
isabelle  tirant  sur  le  rougeâtre  ;  ses  tours  sont 
couverts  de  lignes  rouges  très-fines,  assez  espa- 
cées. On  en  compte  onze  sur  le  dernier  jusque 
près  de  l'ombilic.  Ces  bandes  se  joignent  en  forme 
de  rubans;  sa  bouche  et  son  péristome  sont  d'un 
blanc  rosé. 

Nous  ne  connaissons  point  la  forme  du  Mollus- 
que de  cette  espèce  assez  rare,  dont  nous  n'avons 
rapporté  qu'un  individu. 

Habite  le  port  Dorey,  à  la  Nouvelle-Guinée. 

DIMENSIONS. 

pouces.      lignes. 

Diamètre  antéro-postérieur i  2 

Diamètre  vertical »       117 

Epaisseur »         8 


MOLLI  soi  ES.  m:* 


HELICE   TRANSPARENTE. 
Hélix   translucida. 

PLANCHES,  FIGURES  ll-l3. 


Hélix,  testa/'ragili,  imperforata ,  ovato-conica , 
valde  ventr/cosa,  tota  alba  ,  diaphanea,  transver- 
sirnstriata  ;  apertura  magna ,  ampla,  subrotunda; 
peristomate  acuto ,  denticulato  interrupto. 

Cette  jolie  espèce,  une  des  plus  remarquables 
du  genre,  est  turriculée,  ventrue  ,  à  tours  de  spire 
larges,  le  dernier,  le  plus  grand  de  tous,  avec  un 
indice  de  deux  petites  carènes  vers  sa  base.  L'ou- 
verture est  grande,  ovalaire  ,  évasée;  son  contour 
est  tranchant,  peu  rebordé ,  crénelé,  interrompu 
en  arrière.  Nulle  trace  d'ombilic. 

Le  test,  diaphane  et  d'une  fragilité  extrême, 
est  couvert  de  stries  assez  profondes ,  rapprochées 
et  dirigées  obliquement  en  arrière.  Sa  couleur  est 
d'un  joli  blanc  mat.  Le  péristome  est  d'un  blanc 
de  faïence. 

Nous  ne  connaissons  point  l'animal  de  cette 
coquille,  qui  pourrait  bien  être  différent  de  celui 
des  Hélices  proprement  dit.  Il  habite  le  port  Do- 


104  ZOOLOGIE. 

rey,à  la  Nouvelle-Guinée,  où  il  est  fort  rare, 
puisque  nous  n'avons  pu  rencontrer  qu'une  seule 
coquille,  dont  le  sommet  de  la  spire  était  cassé, 
ce  qui  nous  empêche  de  donner  le  nombre  pré- 
cis de  ses  tours. 


DIMENSIONS. 

ponces.  lignes. 

Longueur  de  la  coquille  ,   environ i  6 

Diamètre  antéro-postérieur. i  i 


HELICE  ZONA1RE. 

Hélix  zonaria. 

Voyez  laSynonymie  dans Lamarek, t.  VI,  2  e  part.,  n°  37. 
Voyage  de  l'Uranic,  pi.  67,  fig.  1  t\-  i5. 

PLANCHE    8,    FIGURE    l4- 


Hélix,  testa  orbiculato-depressa ,  umbdicata, 
glabra ,  albida,  fusco-zonata,  maculis  rufis  ad- 
spersa  ;  spira  planulata  ;  labro  expanso ,  margine 
reflexo   albo  aut  roseo.  Lk. 


MOLLUSQUES.  105 

Cette  coquille  bien  connue,  et  qui  offre  de  si 
nombreuses  variétés  de  teintes,  n'est  figurée  ici 
que  pour  faire  connaître  son  animal,  que  nous 
avons  eu  occasion  de  voir  se  développer  à  Bou- 
rou,  une  des  îles  Moluques. 

Il  est  en  tout  semblable  à  celui  des  Hélices;  il 
sort  beaucoup  en  avant  hors  de  sa  coquille,  ce 
qui  fait  que  sa  partie  postérieure  se  prolonge 
peu;  cette  dernière  est  lancéolée,  un  peu  aplatie. 
Les  tentacules  sont  longs  et  gros.  La  couleur  de 
ce  Mollusque  est  d'un  rougeâtre  sombre,  passant 
au  jaunâtre  sur  les  flancs  et  au  bord  du  pied.  Le 
dessus  de  la  tète  et  du  cou  est  plus  foncé  que 
les  autres  parties.  Le  pied  n'offre  point  sur  les 
côtés  ces  lignes  obliques  qu'on  remarque  dans 
plusieurs  espèces  de  ce  genre. 


HÉLICE  CONIFORME. 
Hélix  coniformis ,   uob. 

PLANCHE    8  ,   FIGURES     iÔ-I^. 


Hélix,  testa  elongata,  coniformi,  apice  acuta, 
irnperforata,  subalbida;  anfractibus  senis ,  latis , 


106  ZOOLOGIE. 

subrotundatis  ;  ultimo  duabus  fasciis  rubris  cincto  ; 
suturis  impressis  ;  apertura  ovali  margine  acuta. 

Petite  espèce,  turriculée,  à  spire  pointue,  dont 
les  tours  très-espaces,  arrondis,  sont  séparés  par 
des  sutures  bien  marquées;  le  dernier  de  tous, 
qui  est  aussi  le  plus  grand,  est  un  peu  ventru. 
L'ouverture  est  grande,  ovalaire,  à  péristome 
élargi,  tranchant,  non  rebordé.  11  n'y  a  point  de 
trace  d'ombilic.  Cette  coquille  a  des  stries  à  peine 
apparentes  ;  elle  est  blanchâtre  et  marquée  de 
deux  lignes  rougeâtres  ,  qui  ne  sont  visibles 
qu'au  dernier  tour  de  spire.  La  bouche  est  blan- 
che. 

Habite  le  havre  Carteret,  à  la  Nouvelle-Irlande. 


DIMENSIONS. 

lignes. 


Longueur  de  la  coquille 10 

Diamètre  antéro-postérieur 9 


MOLLUSQUES.  107 

HÉLICE  TROIS -LIGNES. 

Hclix  trilineota  ,  nob. 

(  Division  des  Bulinies.  ) 

PLANCHE    9,    FIGURES     1-3. 


Hélix,  testa  ovato-conica ,  imperforata,  alba; 
strigis  rufo-fuscis ,  longitudiiialibus  plus  minusve 
densis  ornata;  apertura  ouata,  violacea;  labro 
simplici  acuto  ;  columella  basi  nigra  ;  anfractibus 
quinque  et  s  es  qui. 

Coquille  ovale,  turriculée,  à  spire  médiocre- 
ment pointue,  dont  les  tours  sont  un  peu  renflés; 
le  dernier  aussi  grand  que  tous  les  autres  ensem- 
ble, un  peu  ventru.  L'ouverture  est  ovalaire  al- 
longée, ample;  son  péristome  simple,  droit  et 
tranchant.  La  columelle  se  déjette  un  peu  en  de- 
hors à  sa  base,  et  cache  l'ombilic. 

Le  test  est  assez  fragile ,  largement  strié  en  on- 
des longitudinales,  et  flambé  dans  le  même  sens 
de  lignes  ou  fauves,  ou  rougeâtres,  ou  brunes, 
plus  ou  moins  rapprochées  et  interrompues  à 
chaque  tour.  Sur  le  bord  gauche ,  en  dehors  de 
la  columelle,  qui  est  toujours  blanche,  se  trouve 


108  ZOOLOGIE. 

une  tache  d'un  brun  presque  noir,  qui  varie  peu. 
L'ouverture  a  une  teinte  vineuse  ou  violacée. 

L'animal  est  allongé,  ayant  la  tète  renflée,  les 
tentacules  postérieurs  assez  longs,  les  inférieurs 
courts.  Le  pied  ne  dépasse  point  l'extrémité  de 
la  spire.  Il  est  linéolé  de  jaunâtre.  Sur  le  milieu 
de  la  tète  et  du  cou  on  remarque  une  ligne  noi- 
râtre, avec  deux  bandes  latérales  brunes  plus 
larges,  qui  partent  de  la  base  des  tentacules  ,  et 
d'où  nous  avons  tiré  la  dénomination  spécifique 
de  ce  Mollusque.  Le  reste  de  l'animal  est  blan- 
châtre. 

Cette  espèce  habite  le  port  du  Roi-Georges,  à 
la  Nouvelle-Hollande.  Elle  n'y  est  pas  aussi  com- 
mune que  la  suivante.  On  la  trouve  sur  le  som- 
met de  Bald-Head  et  dans  une  partie  très-circon- 
scrite  du  havre  de  la  Princesse-Royale.  L'animal 
se  développe  rarement  et  lentement.  Au  premier 
aspect  on  pourrait  prendre  cette  Hélice  pour  le 
Bulimedes  Antilles  de  Lamarck,  auquel  il  ressem- 
ble seulement  par  ses  flammes  brunes.  Lorsqu'il 
est  un  peu  décoloré ,  il  a  encore  certains  rapports 
avec  le  Radié  du  même  auteur. 


DIMENSIONS. 

pouces. 

lignes 

» 

5 

MOLLUSQUES.  109 

HÉLICE   MELON. 
Hélix  rnclo. 
(Division  des  Bulimos.) 
Hélix  Melones.  Fer.,  Prod.,  pa'g.  5/(,  n"  /(of>, 

PLANCHE  9,    FICURES    4"7« 


Hélix,  testa  oi'ata,  ventricosa,  vix  perforata, 
longitudinaliter  striata ,  alba ,  flammis  subrubris 
ornata;  apertura  mediocri,  ovali;  labro  simplici 
acuto  ;  columella  subreflexa;  anfractibus  quinque . 

Varietas  castanea  ;  vitta  alba  cincta. 

Cette  Hélice  ressemble  tellement  au  Bulime 
enflé  de  Lamarck,  qu'il  faut  comparer  avec  soin 
un  grand  nombre  d'individus  pour  voir  qu'elle 
n'a  point  les  flammes  pâles,  longitudinales  et  ré- 
gulières du  Bulime. 

Elle  est  épaisse,  courte,  très-renflée,  ventrue, 
à  spire  obtuse,  le  dernier  tour  du  double  plus 
grand  que  tous  les  autres  réunis.  L'ouverture  est 
assez  grande,  ovalaire;  le  péristome  interrompu, 
simple,  tranchant,  un  peu  rebordé  à  son  union 


110  ZOOLOGIE. 

avec  la  columelle,  pour  recouvrir  l'ombilic,  qui 
paraît  quelquefois  à  peine. 

Cette  coquille  est  finement  striée  en  oncles  lon- 
gitudinales. Nous  prendrons  pour  type  de  sa  co- 
loration celles  qui  ,  sur  un  fond  blanchâtre , 
présentent  des  flammules  d'un  rouge  jaunâtre. 
La  columelle  et  l'ombilic  sont  assez  souvent  ta- 
chés de  brun  violacé.  Des  individus  sont  jaunâ- 
tres, d'autres  tout  blancs  avec  une  apparence  de 
ruban  aux  sutures ,  traces  des  flammes  qui  ont 
disparu.  D'autres  ont  l'ouverture  entièrement 
blanche,  et  quelques-uns  ont  le  bord  interne  du 
péristome  rougeâtre. 

Mais  une  variété  bien  distincte,  assez  rare, 
est  celle  qui,  entièrement  d'un  marron  clair,  est 
ceinte  d'un  ruban  blanc  qui  passe  au  jaune  sur 
le  dernier  tour. 

Cette  Hélice  est  très  commune  au  port  du 
Roi  -  Georges  ,  principalement  sur  le  sommet 
de  Bald-Head.  On  la  ramasse  par  centaines  au 
milieu  des  ambrettes,  qui  y  sont  également  fort 
répandues  malgré  la  sécheresse  qui  semble  exis- 
ter sur  cette  montagne.  Les  individus  décolorés 
sont  quelquefois  vivants.  Ce  Mollusque  est  telle- 
ment timide,  que  nous  n'avons  pu  le  faire  se  dé- 
velopper pour  le  dessiner.  Nous  avons  reconnu 
cependant  qu'il  ne  diffère  en  rien  des  vraies  Héli- 
ces. A  l'époque  où  nous  nous  trouvions  sur  la 
plage  de  la  Nouvelle-Hollande,  au  mois  d'octobre, 


MOLLUSQUES.  1 1 1 

les  individus  que  nous  rencontrions  étaient 
presque  tous  morts.  Leur  réunion  en  si  grand 
nombre  sur  une  montagne  tiendrait-elle  à  l'habi- 
tude qu'ont  les  naturels  d'incendier  sans  cesse 
les  bois  et  les  herbes  des  plaines? 


DIMENSIONS. 


ponces,     lignrs. 

Longueur i  » 

Épaisseur »  6 


HÉLICE   DE  SAINTE-HÉLÈNE. 

Hélix  Helena ,  nob. 
(Division  des  Bulimes.  ) 

PLANCHE   Q,    FIGURES    8  -  Q. 


Hélix,  testa  ovato-conica ,  subperforata ,  squa- 

lide   lutea,    transversim   et  longitrorsum  striata; 

spira    acuta;    anfractibus    senis  ;    suturis    valde 

prof  midis  ;  apertura  subovali  ;  margine  simplici  ; 

columélla  tantisper  reflexa. 


1 1 2  ZOOLOGIE. 

Petite  espèce ,  turriculée ,  régulièrement  ova- 
laire ,  dont  la  spire  est  brusquement  très-poin- 
tue ;  ses  tours  sont  élargis,  peu    arrondis,  très- 
saillants;  l'avant- dernier   assez    grand,   mais    le 
dernier  plus   étendu  que  tous  ensemble.  Les  su- 
tures  sont  remarquablement  profondes  ,   à  peu 
près  comme  dans  les   Eburnes.   L'ouverture  est 
longitudinale,  ovalaire,  grande;  le  péristome  est 
simple,  un  peu  anguleux,  tendant  à  devenir  en- 
tier en  se  réunissant   en  arrière;  au  bord  gauche 
il  se  déjette  un  peu  sur  l'ombilic,  qui  est  en  fente 
étroite.  Cette  coquille,  très-finement  striée  en  long 
et  en  travers,  est  d'un  jaunâtre  sale,  tirant  sur  le 
brun  vers  son  sommet.  La  bouche  est  blanchâtre. 
Nous  n'en  connaissons  point  l'animal.  Elle  habite 
Sainte-Hélène.    Nous  devons  les  deux   individus 
que    nous  possédons  à  l'obligeance  de   M.   Seel, 
qui  a  réuni  dans  son  cabinet  toutes  les  produc- 
tions de  cette  petite  île.  Cette  espèce  mieux  con- 
nue sera  susceptible  de  rentrer  dans  la  division 
des  Partules,  dont  elle  se  rapproche  par  la   dis- 
position de  ses  stries,  surtout  si   son   péristome 
est  rebordé. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur 10 

Epaisseur 5 


MOLLUSQUES.  113 

HÉLICE   BOSSUE. 

Hélix  gibba. 

(  Division  des  Partules.  ) 

Piirtula  gibba.  Fér.   Prod. ,  pag.  66  ou  70,  n°  3. 
Parlula  gibba.  Voy.  de  l'Um/iie,  Zool.,  pi.  6<S,  tig.  i  5-17. 


PI, ANCHE     i)  ,     FIGURES    l8-9.2. 

Hélix,  testa  conico-ovata,  perforata,  solidius- 
cula,  striatula,  pellucens ,  lineis  longitudinaliter 
œqualibus  cœlata;  albo  vel  carneo  colore;  spira 
acuta ,  roseo-rubra  ;  suturis  lacteis  ;  epidermide  te- 
nui  rufescente  ;  anfractibus  l\  i ,  ultimo  ventricoso, 
gibbo  ,  reliquis  majore;  apertura  ovato-elongata , 
subquadrangulari;  péris tomate  reflexo,  largo, 
dilatato ,  albo.  (Fér.) 

Varietas ,  elongata ,  subflava ,  longitrorsum 
albo  notata;  péris  tomate  ovali  et  albo. 

Ayant  eu,  clans  ce  second  voyage,  occasion 
d'examiner  et  d'étudier  les  animaux  du  genre  Par- 
tule,  nous  n'y  avons  pas  trouvé  de  différences 
extérieures  avec  celui  des  Hélices.  Mais  comme 
sa  coquille  offre  des  caractères  particuliers,  il 
peut  être   conservé   comme   une   division   de   ce 

Zoologie,  t.  ir.  S 


114  ZOOLOGIE. 

genre  pour  faciliter  l'étude  des  individus  de  cette 
immense  famille.  Nous  ne  reproduisons  ici  la 
Partule  gibheuse  que  M.  de  Férussac  a  fait  con- 
naître, que  pour  compléter  son  histoire  en  don- 
nant la  forme  de  son  animal.  Il  est  assez  peu  long, 
et  ne  se  prolonge  presque  pas  en  arrière.  Son 
pied  se  termine  par  une  pointe  obtuse,  les  ten- 
tacules postérieurs  sont  longs,  assez  gros.  La  tète 
brun  jaunâtre,  de  même  que  les  flancs  jusqu'au 
milieu  du  corps;  le  reste  du  pied  est  jaune  clair. 
Un  sillon,  qui  indique  au  côté  droit  le  trajet  de 
l'organe  excitateur,  va  aboutir  derrière  le  tenta- 
cule postérieur  du  même  côté. 

Cette  espèce  est  vivipare.  L'utérus  contient 
toujours  un  assez  grand  nombre  de  jeunes  indi- 
vidus qui  sont  blancs  ,  ainsi  que  la  coquille , 
qui  est  très-renflée.  Nous  avons  recueilli  un 
grand  nombre  d'exemplaires  qui ,  à  cette  épo- 
que ,  le  mois  de  mai ,  se  trouvaient  presque  tous 
féconds. 

La  variété  que  nous  figurons,  et  qui  est  assez 
rare,  se  distingue  par  son  plus  grand  allonge- 
ment, par  son  ouverture  assez  régulièrement 
ovalaire ,  son  péristome  blanc,  sa  couleur  jaune 
clair,  marquée  de  stries  blanchâtres  plus  intenses 
sur  le  dernier  tour. 

Ce  Mollusque  est  très-commun  à  Guam,  une 
des  îles  Marianes,  cependant  il  n'habite  pas  toutes 
les  parties  de  l'île.  C'est  aux  environs  d'Agagnia 


MOLLUSQUES.  115 

qu'on  le  trouve  dans  les  lieux  frais  et  sur  les  feuil- 
les des  arbres. 


DIMENSIONS. 


lignes. 


Longueur 8 

Epaisseur /, 


HELICE  DE   VANIKORO. 

Hélix   Vdnihorensis ,  nob. 
(Division  des  Partules.) 

PLANCHE    9,     FIGURES    C2-IJ. 


Hélix,  testa   ovato-conica,  perforata,   solida, 
longifrorsum  ti^ansvei^simque  striata,fulva;  aper- 
tura  ovali;  peristomate  lato ,  reflexo  et  albo  ;  an- 
fractibus  quinque  aut  sex. 

Tous  les  individus  de  cette  division  des  Partu- 
les se  font  remarquer  par  leur  ouverture  généra- 
lement courte,  par  leur  péristome  large  et  forte- 
ment réfléchi ,  et  surtout  par  des  stries  très-déliées 
se  croisant  dans  les  sens  transverse  et  longitu- 
dinal. 

8* 


116  ZOOLOGIE. 

Cette  nouvelle  espèce  est  solide,  allongée,  ré- 
gulièrement ovoïde.  Son  ouverture  est  ovalaire, 
un  peu  rétrécie,  et  son  contour  très-élargi ,  mais 
peu  rebordé;  il  tend  à  devenir  entier.  Le  bord 
columellaire  est  évasé,  calleux  à  sa  base,  cachant 
en  partie  l'ombilic,  qui  est  ovale  et  peu  profond. 
Sa  spire  est  assez  pointue;  ses  tours  sont  larges, 
obliques,  arrondis;  le  dernier  un  peu  renflé  est 
plus  grand  que  tous  les  autres;  les  sutures  sont 
déliées, 

La  couleur  de  la  coquille  est  d'un  fauve  qui 
devient  plus  ou  moins  brun.  Les  individus  qui 
ont  une  teinte  claire  sont  marqués,  sur  le  der- 
nier tour  principalement,  de  bandes  longitudina- 
les d'un  fauve  plus  foncé;  le  péristome  est  blanc 
ou  violacé.  Le  test  du  jeune  âge  est  globuleux, 
ventru,  plus  fortement  strié  en  travers,  et  pourvu 
d'une  double  carène  très-marquée. 

L'animal  ne  nous  a  rien  présenté  de  remarqua- 
ble dans  sa  forme;  sa  teinte  tient  de  celle  de  sa 
coquille,  c'est-à-dire  qu'elle  est  d'un  fauve  jau- 
nâtre uniforme. 

Ce  Mollusque  habite  l'île  de  Vanikoro.  Il  n'y 
est  pas  très-commun  ;  on  le  trouve  au  village 
abandonné  d'Ocili ,  sous  les  feuilles  des  arbres, 
près  le  bord  de  la  mer. 

ÎIIMF.NSIONS. 

Lignes. 

Longueur 10 

Épaisseur 4  ^ 


MOLLUSQUES.  H  7 

HÉLICE    DE  CARTERET. 
Hélix  Carteriensis ,  nob. 
[  Division  des  Partules.) 

PLANCHE  9,   FIGURES    IO-1I. 


Hélix,  testa  elongata,  apice  acuta,  perforata 
transversim  et  longitrorsum  striata ,  fulva  ;  aper- 
tura  ovali ,  inflecta;  péris  tomate  lato ,  reflexo  ;  an- 
fractibus  quinis ,  ultimo   ventricoso  ,  reliquis   ma- 
jore. 

Cette  espèce  est  plus  allongée  et  beaucoup 
plus  pointue  que  les  précédentes;  ses  tours  de 
spire  sont  bien  espacés  et  séparés  par  des  sutu- 
res assez  profondes.  Le  dernier ,  un  peu  plus  grand 
que  tous  les  autres ,  est  tant  soit  peu  renflé.  L'ou- 
verture est  obliquement  déviée  à  droite;  elle  est 
ovalaire,  son  péristome  est  large,  peu  rebordé  et 
blanc.  Le  bord  columellaire  est  élargi  à  sa  base 
et  l'ombilic  en  fente  oblique. 

Cette  coquille,  très-finement  striée  dans  deux 
sens,  est  de  couleur  uniformément  jaunâtre.  Elle 
habite  le  havre  Carteret,  à  la  Nouvelle-Irlande. 
Nous  n'en  connaissons  point  l'animal. 


118  ZOOLOGIE. 


DIMENSIONS . 


I  ignés  ■ 


Longueur . 
Épaisseur . 


HELICE   DE  DUERESNE. 

Hélix  Dufrenii. 

Leach  Miscell.  ,  Zool.   t.  II,  pag.  i53  à  i5/|  ,  pi.  120. 

PLANCHE    IO,    FIGURES    1-3. 


Hélix,  testa  ovata,  oleaformi ,  imperforata , 
rufa,  longitrorsum  tenuiter  striata;  anfractibus 
quinis ,  convexis,  ultimo  fasciis  luteis  et  fuscis 
cincto;  apertura  ampla  subsemilunata  ;  labro  sim- 
plici. 

La  coquille  de  cette  élégante  espèce  est  de  la 
grosseur  et  de  la  forme  d'une  petite  olive ,  solide, 
bien  ovalaire,  à  spire  grosse  et  obtuse,  dont  les  tours 
sont  arrondis,  espacés,  le  dernier  plus  grand  que 
tous  les  autres  réunis,  et  ventru.  L'ouverture  est 
assez  grande  ,  un  peu  semi-lunaire;  le  péristome 


MOLLUSQUES.  110 

est  simple,  assez  épais,  la  columelle  un  peu  tor- 
due, blanche.  Il  n'existe  qu'un  léger  indice  d'om- 
bilic. Le  test  est  finement  strié  en  long.  Ces  stries 
grossissent  sur  le  bord  des  su  tures ,  où  elles  forment 
de  petites  varices  régulières.  Le  fond  de  la  couleur 
est  jaune  verdâtre  ,  strié  de  brunâtre,  parcouru 
seulement  sur  les  deux  derniers  tours  de  spire  par 
une  bandelette  brun  marron  ,  côtoyée  de  deux 
lignes  jaunes.  Une  large  bande  brune  prend  au 
sommet  du  péristome  ,  contourne  la  columelle  ,  et 
se  prolonge  fort  avant  dans  l'ouverture  sur  le  der- 
nier tour.  Le  sommet  de  la  spire  est  brunâtre- 
Dans  le  jeune  âge  ,  la  coquille  est  globuleuse,  à 
ouverture  arrondie  ;  on  y  aperçoit  déjà  les  bandes 
brunes. 

L'animal  a  les  tentacules  postérieurs  longs  ,  dé- 
liés; les  antérieurs  sont  médiocres.  La  bouche  est 
au  milieu  d'un  mufle  à  deux  lobes.  Tout  le  dessus 
du  corps  ,  ainsi  que  les  côtés  ,  sont  d'un  brun 
presque  noir  avec  des  reflets  rougeâtres.  Le  pied 
est  jaunâtre  en  dessous,  il  dépasse  à  peine  la  co- 
quille en  arrière  dans  sa  plus  grande  extension. 

Cette  Hélice  habite  l'île  de  Van-Diemen.  Elle  n'y 
est  pas  très-commune.  ISous  la  trouvions  cachée 
sous  les  pierres  sur  les  collines  qui  environnent 
la  ville  rt'Hobart-Town.  Quelques  individu*  étaient 
pourvus  d'un  épiphragme. 


120  ZOOLOGIE. 


DIMENSIONS. 


lignes. 

Longueur 1 1 

Épaisseur 5 


HELICE   SENESTRE. 

Hélix  lœva. 

Hélix  lœva.   Chemnitz,  940-949- 

PLANCHE     IO,     FIGDRE    4- 


Hélix,  testa  siiiistrorsu  ,  ovato-acuminata ,  ven- 
tricosa ,  perforata ,  postice  viride  vcuiegata ,  ait- 
tice  Jascia  cincta;  anfractibus  septenis  obliquis  ; 
apertura  ovali,  arrïpla ;  peristomate  a/bo,  reflexo; 
columella  bi/îda. 

Cette  jolie  coquille  turriculée  est  connue  depuis 
long-temps  pour  avoir  toujours  la  bouche  à  gauche. 
Ses  tours  de  spire  sont  très- obliques ,  à  sutures 
rubanées.  Son  ouverture  est  ovalaire ,  sa  colu- 
rnelle  comme  divisée  en  deux  ;  son  péristome  d'un 
beau  blanc  contrastant  avec  le  jaune  citron  du  reste 


MOLLUSQl  ES.  121 

de  la  coquille ,  dont  quelques  individus  ont  le  som- 
met piqueté  de  vert  clair.  Un  ruban  à  peine  distinct 
ceint  le  dernier  tour.  Ainsi,  si  nous  la  faisons  figu- 
rer,  c'est  pour  mieux  faire  connaître  ses  rapports 
avec  l'animal,  qui  est  grand  ,  tandis  que  ses  ten- 
tacules sont  médiocres  ,  assez  grêles.  Le  pied , 
pointu  en  arrière,  est  pourvu  d'un  double  sillon 
marginal.  Il  est  blanc  jaunâtre  en  dessous,  le  corps 
est  rougeàtre  clair.  Le  dessus  de  la  tète  et  les  ten- 
tacules sont  d'un  brun  rougeàtre  très-foncé,  pas- 
sant quelquefois  au  noir. 

Ce  Mollusque  habite  l'île  Célèbes.  Il  provient 
du  comptoir  hollandais  de  Manado.  Il  vit  à  terre 
ou  se  tient  sur  les  feuilles  des  arbres. 


DIMENSIONS. 

pouces. 

lignes 

Longueur. . . , . . 

I 
» 

6 

7 

123  ZOOLOGIE. 

HÉLICE  PAUVRE. 

HclLv    mise  Un. 

Férussac,  Prodr.  ;  Limaçons,  page  5o ,  n°  3o6. 

PLANCHE   IO  ,  FIGURES    5-C;. 

Hélix ,  testa  minima,  orbiculari,  subglobosa, 
fragiliy    imperforata ,    subtilissime  s  tria  ta ,    cari- 
nata,  cornea  pellucida  ;  apertura  ovato-lunari. 

Cette  petite  espèce,  que  nous  avions  rapportée 
de  notre  premier  voyage  sur  l'Uranie,  est,  dit 
M.  de  Férussac  «  de  la  taille  de  Y  Hélice  serica 
«  d'Europe ,  transparente,  couleur  de  corne  ,  assez 
«  polie  et  luisante ,  quoiqu'elle  ait  de  fines  stries 
«  qu'on  ne  distingue  qu'à  la  loupe.  Une  carène  bien 
«  sensible  règne  sur  le  dernier  tour,  et  devient 
«  très-obtuse  près  de  l'ouverture.  La  columelle  est 
«  solide,  et  le  bord  interne  de  l'ouverture  semble 
«  en  être  la  continuation.  » 

Elle  habite  l'île  Guam.  On  la  trouve  en  assez 
grande  quantité  à  terre  sous  les  feuilles  mortes  des 
palmiers. 

Le  diamètre  de  nos  plus  grands  individus  est 
de  trois  lignes  et  demie,  et  l'épaisseur  de  deux. 
Nous  ne  connaissons  ni  la  forme  ni  la  couleur  de 
l'animal. 


MOLLUSQUES.  123 

HÉIJCE  APLATIE. 
Hélix  explanata  ,  nob. 

(  Division  des  Carocolles.  ) 

PLANCHE     I(),     FlGUltES     IO-l3. 

Hélix,    testa  discoidea ,  perforata,   carinata, 

desuper  plana,    subtus  convexa ,  pallide  fulva, 

transversim    striata;    vitta   castanea    infra    cari- 

nam;  labro  triangulari ,  sùnplici,  intusalbo;  an- 

fractibus  sertis. 

Cette  espèce  est  de  grandeur  moyenne,  très-sen- 
siblement aplatie  en  dessus,  bombée  en  dessous, 
à  carène  peu  marquée ,  arrondie.  L'ouverture  est 
triangulaire,  assez  grande,  à  bords  simples  :  il  est 
vrai  qu'ils  paraissaient  altérés.  L'ombilic  est  très- 
étroit.  Les  tours  de  spire  sont  bien  espacés  ;  le 
dernier  égale  en  largeur  les  deux  qui  le  précèdent. 
Les  sutures  sont  très-fines  et  profondes.  Cette  co- 
quille est  assez  grossièrement  striée  en  travers. 
Dépouillée  de  son  épiderme,  elle  est  d'un  jaune 
rougeâtre  très-pâle,  avec  une  bandelette  marron 
en  dessus  le  long  de  la  carène,  qui  ne  dépasse  pas 
le  dernier  tour.  1 /intérieur  de  l'ouverture  est 
presque  blanc. 


121  ZOOLOGIE. 

Voilà  tout  ce  que  nous  pouvons  dire  de  cette 
espèce , évidemment  nouvelle,  mais  qui,  trouvée 
morte  et  un  peu  usée,  n'avait  point  l'épidémie 
que  possèdent  presque  toutes  les  Carocolles ,  et 
duquel  il  est  bon  de  tenir  compte  pour  ne  pas 
faire  de  doubles  emplois.  Nous  ne  connaissons  ni 
son  animal ,  ni  celui  même  de  cette  division  des 
Hélices.  C'est  en  vain  qu'à  l'Ile-de-France  nous 
ayons  voulu  faire  développer  celui  de  la  Carocôlle 
guillochée,  qui  est  fort  commune. 

Habite  le  portDorey  ,  à  la  Nouvelle-Guinée. 


DIMENSIONS. 

pouces. 

ligne 

I 
u 

I 

6 

HELICE  DE  LA   NOUVELLE-IRLAiMJE. 


Hélix  Novœ-  Hibcrniœ  ,  nob. 


l'LANCHE    lO,    VIGURES    \$- t*j\ 


Hélix,   tes  la  discoidea ,  subglobosa,  curinata  , 
lenuiter  striata,  lutea;  linea  rubente  eincla;  epi- 


MOLLUSQUES.  125 

dermidefulvOyfugaci;  anfractibus  senis  œqualiter 
decurrentibus ;  apertura  lata,  subtriangulari^  la- 
bro  tandsper  reflexo;  umbilicù  exiguo. 

Cette  Hélice  est  orbiculaire, un  peu  globuleuse, 
par  conséquent  bombée  en  dessus  et  en  dessous. 
Elle  est  très-finement  striée  en  travers.  Ses  tours 
de  spire  assez  espacés  décroissent  d'une  manière 
régulière.  Le  dernier,  divisé  par  une  carène  sen- 
sible, ne  paraît  pas  beaucoup  plus  grand  que  les 
autres.  Les  sutures  sont  fines  et  bien  marquées. 
L'ouverture  est  demi-circulaire  ,  tant  soit  peu  an- 
guleuse. Le  péristome  est  simple  et  légèrement  re- 
bordé à  gauche.  Il  est  probable  qu'avec  l'âge  il 
se  prononce  davantage.  L'ombilic  est  excessive- 
ment étroit.  Sans  son  épidémie ,  cette  Hélice  est 
d'un  jaunâtre  sale ,  ceinte  d'une  ligne  rougeâtre 
sur  la  carène  et  qui  devient  capillaire  pour  se 
perdre  dans  les  sutures.  Sur  le  vivant,  ce  petit 
ruban  doit  être  accompagné  par  un  autre,  blanc 
ou  jaunâtre,  peu  circonscrit.  Avec  son  épidémie, 
qui  est  aussi  adhérent  que  léger,  cette  coquille  est 
d'un  brun  rougeâtre  plus  ou  moins  intense.  Elle 
est  voisine  de  l'Ochroleuque  de  M.  de  Férussac. 

Elle  habite  le   havre  Carteret ,  à  la  Nouvelle- 
Trlande.  Nous  n'en  connaissons  point  l'animal. 

DIMKNSIONS. 

lignes. 

Diamètre 10 

Épaisseur 5 


12fi  ZOOLOGIE. 


HÉLICE  DE  JERVIS. 

Hélix  Jervisensis  ,  nob. 

PLA.NC.HE     IO  ,     FIGURES    l8-2I. 


Hélix,  testa  globosa,  subfragili,  perfora  ta, 
valde  et  oblique  striata ,  carinata ,  fulva  ;  suturis 
rima  umbilicali  rubentibus  ;  anfractibus  quinis,  ul- 
timo  ventricoso  ;  apertura  la  ta,  semilunata;  peri- 
stomate  simplici. 

Espèce  globuleuse  ayant  une  carène  peu  sen- 
sible et  son  dernier  tour  de  spire  très-volumineux, 
arrondi.  L'ouverture  est  fort  grande,  presque  semi- 
lunaire  ,  blanche.  Le  péristome  est  simple  ,  rou- 
geâtre  sur  le  vivant ,  se  déjetant  un  peu  à  son 
union  avec  la  columelle  pour  recouvrir  en  partie 
l'ombilic.  Cette  coquille  présente  de  larges  stries 
obliques  peu  profondes,  mais  régulières,  comme 
celle  de  Y  Hélix  muralis ,  ressemblant  à  certains 
points  de  couture.  Sa  couleur  est  un  jaunâtre  sale. 
Les  sutures  sont  recouvertes  d'un  filet  violacé,  et 
l'ombilic  est  entouré  d'une  tache  de  la  même 
couleur. 

L'animal  est  d'un   gris  pâle  ,  assez  fortement 


MOLLUSQUES.  127 

lu  hercule  sur  toutes  les  parties  de  son  corps.  Son 
cou  est  allongé  ,  son  pied  et  ses  tentacules  sont 
assez  courts.  11  habite  la  baie  Jervis  ,  à  la  Nou- 
velle-Hollande. Il  y  est  rare ,  puisque  nous  n'en 
avons  trouvé  qu'un  seul  individu. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Diamètre ;> 

Épaisseur G 


HELICE    EXCLUSE. 

Hélix  ex  dus  a. 

Férussac  ,  Prodrome;  Limaçons,  page  49»  n°  ly 
Voyage  de  l'Uranie,  Zoologie,  page  472- 

PLANCHE    IO  ,     FIGURES     22-25. 


Hélix,  testa  discoidea,  depressa,  s  tria  ta,  per- 
forata,  carinata,  marmorata ,fascia  rubra  cincta  ; 
apertura  triangulari ;  péris  tomate  simplici ;  anfra- 
ctibus  dimidio  quinis. 

Cette  Hélice,  de  grandeur  moyenne,  avait  déjà 
été   rapportée   par  nous  lors  de   notre   premier 


1 28  ZOOLOGIE. 

voyage  ;  clans  ce  dernier ,  nous  l'avons  dessinée 
avec  son  animal.  Elle  est  discoïde,  un  peu  con- 
vexe du  côté  de  la  spire,  comme  creuse  du  côté 
opposé.  Elle  est  pourvue  d'une  carène  tranchante, 
qui,  en  laissant  le  dernier  tour,  se  prolonge  sur 
tous  les  autres  le  long  des  sutures.  Elle  est  très- 
finement  striée.  Son  ouverture  est  grande,  quoique 
comprimée  ,  triangulaire  en  ogive ,  taillée  oblique- 
ment; son  péristome  est  simplement  bordé,  in- 
terrompu dans  notre  individu.  On  voit  cependant 
qu'avec  le  temps  il  peut  devenir  continu.  L'om- 
bilic est  très-évasé,  profond.  En  dessus,  cette  co- 
quille est  couverte  de  larges  taches  de  diverses 
couleurs,  qui  la  font  paraître  comme  marbrée. 
Une  ligne  d'un  rouge  assez  vif  occupe  tous  les 
tours  de  la  spire.  Un  semblable  petit  ruban  existe 
aussi  en  dessous  sur  un  fond  verdâtre,  passant  au 
brun  près  de  la  carène. 

L'animal  a  le  dessus  du  corps  et  ses  tentacules 
d'un  brun  foncé  ;  le  pied  est  allongé ,  pointu  en 
arrière,  très-comprimé.  Un  ruban  jaunâtre,  strié 
de  brun  en  travers,  règne  tout  le  long  de  son 
étendue. 

Cette  espèce  habite  Rawak,  Dorey,  à  la  Nouvelle- 
Guinée,  et  l'île  de  Vanikoro,  d'où  provient  notre 
individu. 


lignes. 

Diamètre 8 


Épaisseur. 


MOLLUSQUES. 


12!) 


HÉLICE  GEORGIENNE. 
Hélix  Gcorgiana,  nob. 

PLANCHE    IO  ,    FIGtTRF.S    a6-3(). 

Hélix ,  testa  orbiculari,  translucida  etfragdi, 
desuper  valde  striata ,  flava  ;  anfractibus  quater- 
nis ,  ultimo  eylindraceo  ;  apertura  amplay  sub- 
circinata;  labro  tenui. 

Cette  petite  Hélice  ,  qui  a  beaucoup  de  rapports 
avec  la  Nitidula  de  Stouder,  est  orbiculaire,  ar- 
rondie en  dessus,  avec  des  stries  profondes  et 
serrées  qu'on  ne  voit  bien  qu'à  la  loupe.  Le  der- 
nier tour  de  spire  est  presque  cylindrique,  fort 
grand,  évidé  par  l'évasement  de  l'ombilic,  ce  qui 
rend  celte  coquille  comme  concave  en  dessous. 
L'ouverture  est  presque  orbiculaire,  à  péristome 
simple.  L'épiderme  très  -  serré  est  de  couleur 
blonde,  comme  tout  le  tèt,  qui  de  plus  est  fragile 
et  translucide. 

Cette  espèce  habite  le  port  du  Roi-Georges,  à  la 
Nouvellc-Hollando.  Nous  n'en  connaissons  point 
l'animal. 

DIMENSIONS. 


Diamètre. 
Épaisseur. 


Zoologie,  t. 


no  ZOOLOGIE. 


HELICE   DE  TONGA 
Hélix    Tonga na ,   nob. 

PLANCHE     I  I  ,     FIGURES     ig-23. 


Hélix,  testa  discoidea,  conica ,  imperforata , 
fragili,  pellucida ,  bicarinata ,  albicanti;  apertura 
subtriangulari  ;  labro  simplici  acuto  ;  columella 
conforta;  anfractibus  sex. 

Très-petite  espèce  blanchâtre ,  fragile  et  dia- 
phane, pourvue  d'un  épidémie  jaunâtre.  Quoique 
discoïde,  sa  spire  s'élève  en  cône  obtus,  le  der- 
nier tour  a  une  carène  bien  prononcée,  et  au 
dessus  une  petite  ligne  saillante  qui  remonte  sur 
toute  la  spire.  Cette  coquille  est  bombée  aussi 
en  dessous.  Son  ouverture  est  ovalaire,  rendue 
un  peu  triangulaire  par  le  sillon  que  forme  la 
carène.  Son  bord  est  simple,  tranchant,  sa  colu- 
melle  torse. 

Quelques  exemplaires  avaient  une  raie  trans- 
versale d'un  rouge  brun.  La  carène  n'est  pas  très- 
marquée  sur  les  jeunes  individus. 

L'animal  a  les  tentacules  postérieurs  assez  gros 
et  courts.  Le  pied,  fort  long,  dépassant  la  coquille, 


MOLLUSQUES.  131 

est  tronqué  à  son  extrémité  en  forme  de  marche 
d'escalier.  Là  probablement  il  doit  y  avoir  un 
pore  muqueux ,  comme  dans  quelques  Vitrines. 
Il  est  blanc  ainsi  que  le  reste  du  corps,  à  l'excep- 
tion du  dessus  de  la  tète  qui  est  roux. 

Cette  Hélice  habite  l'île  basse  de  Tongatabou. 
Nous  la  trouvions  sur  les  feuilles  des  arbres  dans 
la  route  qui  conduit  de  Bea  à  Hifo. 


DIMENSIONS. 

lignes. 

Diamètre 4 

Epaisseur , 3 


HÉLICE  CADRAN. 

Hélix  solarium,  nob. 

PLANCHE     I  1   ,     FIGURES    l\-">S). 


Hélix ,  textadiscoidea,fragili,  cari/iata,  striata, 
fulva  ;  spira  conica,  obtusa;  apertura  triangulari; 
rima  umbilicali ,  dilatata ,  alta  ;  anfractibus  sep- 
tenis ,  valde  distinctis. 

9- 


1  Wï  ZOOLOGIE: 

Cette  petite  espèce  a  quelques  rapports  de 
forme  avec  XExclusa,  mais  elle  ressemble  telle- 
ment à  un  cadran,  que  nous  lui  en  avons  donné 
le  nom.  Elle  est  discoïde ,  convexe  et  un  peu  co- 
nique du  côté  de  la  spire,  dont  les  tours  sont 
rapprochés  et  bien  distincts,  à  l'aide  de  la  carène 
qui,  après  avoir  abandonné  le  dernier,  limite  les 
sutures  de  tous  les  autres.  Elle  est  presque  plane 
du  coté  opposé  où  l'ombilic  forme  un  large  trou 
qui  permet  de  voir  les  tours  de  la  spire  comme 
dans  les  cadrans.  L'ouverture  est  déprimée,  tri- 
angulaire. Le  péristome  paraît  être  simple  et 
tranchant.  Le  têt  est  très-finement  strié,  à  épi- 
derme  mince  et  de  couleur  blonde. 

L'animal  est  allongé,  très-comprimé,  dépassant 
de  beaucoup  la  coquille  en  avant  et  en  arrière. 
Ses  tentacules  postérieurs  sont  longs  et  cylindri- 
ques, la  tête  est  marquée  de  deux  lignes  noires 
longitudinales.  Les  côtés  du  pied  sont  bruns  avec 
une  ligne  rougeâtre,  au-dessus  de  laquelle  en  est 
une  autre  ponctuée  de  noir. 

On  la  trouve  sur  les  arbres  du  havre  Carteret, 
à  la  Nouvelle-Irlande. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Diamètre 4 

Épaisseur 2 


MOLLUSQUES.  133 


HÉLICE  PETIT-CLOU. 

Hclut  clavulus. 

Hélix  clavulus.  Fér.,  Prod.  ,  pag.  5i ,  n°  38i. 


PLANCHE    I  I   ,    FIGURES    3o-33. 


Hélix  y    testa  perforata ,    elongato  -  acuminata , 

pellucida,  fragili,  cornea,  tenuissime  striata;  an- 

fractibus    obliquis ,    octogonis,    ultimo  longiore; 

apertura  longa ,  ovali;  labro  simplici  ;  columella 

paululum  conforta. 


Cette  espèce ,  de  la  grandeur  et  de  la  forme  de 
nos  petites  Clausilies  de  France,  a  sa  spire  très- 
pointue;  les  tours  en  sont  un  peu  obliques  et 
renflés,  les  deux  derniers  surtout.  Ils  sont  cou- 
verts de  stries  longitudinales  fort  déliées.  L'ou- 
verture est  allongée  ,  ovalaire  dans  le  plan  de 
l'axe  de  la  coquille.  Le  péristome  est  simple , 
tranchant ,  tres-légèrement  rebordé  sur  le  côté  gau- 
che ,  la  columelle  un  peu  tordue..  L'ombilic   est 


134  ZOOLOGIE. 

en  fente.  Cette  Hélice  est  très-fragile,  translucide 
et  de  couleur  de  corne  ou  blanchâtre. 
Elle  se  trouve  à  l'Ile-de-France. 

DIMENSIONS. 

Longueur A  t 

Épaisseur 1  * 


MOLLUSQUES.  1.89 

G  en  b  ê   VITRINE.  —  farina,  Draparnaud. 

VITRINE  DE  WESTERN. 

VUrina  nigra  ,   nob. 

PLANCHE    I  1  ,     FIGURES   8-y. 


Vitriiia,  Lesta  ovali ,  planiuscula ,  rufa;  aper- 
tura  elliptica  ,  ampla  ;  margine  sinistro  leviter  in- 
flexo;  anfractibus  quaternis. 

Cette  Vitrine  est  ovalaire ,  allongée ,  très-peu 
bombée  en-dessus,  à  spire  plutôt  enfoncée  que 
saillante,  très-courte,  le  dernier  tour  très-grand. 
Les  sutures  en  sont  bien  marquées;  l'ouverture 
est  fort  large ,  elliptique  ;  son  bord  gauche  est  un 
peu  fléchi  en  dedans.  Le  têt  est  translucide,  lisse, 
de  couleur  blonde  tirant  sur  le  fauve. 

L'animal,  malgré  son  assez  grand  développe- 
ment, peut  être  contenu  dans  sa  coquille.  Le  cou 
est  allongé  ;  les  tentacules  postérieurs  sont  gros , 
courts,  renflés  à  l'extrémité  qui  porte  les  yeux. 
On  a  infiniment  de  peine  à  apercevoir  sur  le  vi- 
vant l'auricule  placée  à  l'entrée  de  l'ouverture 
pulmonaire,  ainsi  que  les  appendices  de  droite  et 


136  ZOOLOGIE. 

de  gauche  du  manteau,  qui  ne  recouvrent  point  la 
coquille.  On  les  distingue  mieux  après  la  mort  du 
Mollusque.  Le  pied,  qui  se  prolonge  en  pointe, 
porte  à  son  extrémité  et  en  dessous  une  appa- 
rence de  pore  muqueux;  ce  qui  est  le  contraire 
d'autres  Vitrines  qui  ont  cette  dépression  en  des- 
sus. Tout  l'animal  est  noir.  Il  habite  le  port  Wes- 
tern, dans  cette  partie  de  la  Nouvelle-Hollande 
qui  regarde  le  détroit  de  Bass.  Nous  le  trouvâmes 
sur  le  bord  d'un  ruisseau. 

Le  port  du  Roi-Georges  nous  a  fourni  des  indi- 
vidus plus  petits,  vivant  sous  les  arbres,  loin  de 
l'eau  douce. 

DIMENSIONS. 

lignes- 
Longueur  de  la  coquille 6" 

Épaisseur ai 


VITRINE   FLAMMULÉE. 

Fitrina  Jlammulata ,    nol). 

PLANCHE  I  I,    FIGURES   5-7. 

Purina,  testa  subgiobosa , perforata , pellucida, 
Jragi/i,  levi ,  fulva,  flammulis  rufis  cincta;  aper- 
tura  semilunata  ;  margine  sinistro  nec  inflexo. 


MOLLUSQUES.  137 

Cette  coquille  a  la  forme  d'une  Hélice  discoïde; 
elle  est  subglobuleuse,  à  spire  un  peu  saillante, 
dont  le  dernier  tour  va  en  s'arrondissant.  La  su- 
ture est  double  ;  l'ouverture  grande ,  semi-lunaire,  à 
péristome  tranchant,  sans  inflexion  au  bord  gau- 
che. L'ombilic  est  à  peine  perceptible;  le  test  est 
lisse  ,  fragile,  pellucide,  d'un  blond  roussâtre  avec 
des  flammules  plus  foncées  de  la  même  couleur. 

L'animal  est  très-grand  et  ne  peut  être  contenu 
en  entier  dans  sa  coquille.  Ses  tentacules  sont 
longs,  déliés;  la  tête  porte  deux  sillons  rappro- 
chés. Le  pied  est  tronqué  en  escalier  avec  un 
pore  profond;  il  a  près  de  son  bord  un  sillon  sur 
lequel  viennent  se  rendre  des  lignes  obliques. 
Des  expansions  du  manteau,  celle  de  droite  re- 
couvre presque  entièrement  la  coquille;  les  anté- 
rieures sont  médiocres,  toutes  sont  de  couleur 
grise.  Les  tentacules  sont  brunâtres;  la  tète,  rouge 
brun  ,  a  de  chaque  côté  une  bandelette  d'un  brun 
presque  noir.  La  partie  postérieure  du  pied  est 
marquée  de  lignes  triangulaires  brunes,  dirigées 
en  arrière;  leur  intervalle  est  jaune.  Le  reste  du 
corps  est  jaune  tendre. 

Ce  Mollusque,  que  nous  avons  un  peu  grossi, 
habite  l'île  Célèbes.  Nous  l'avons  trouvé  sur  les 
feuilles,  dans  les  lieux  humides,  à  une  très-grande 
élévation,  en  allant  au  lac  de  Tondano. 


138  ZOOLOGIE. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur  de  la  coquille 6 

Largeur 5 

Épaisseur 3  i 


VITRINE  VERTE. 
Farina  viridis,  nob. 

PLANCHE    II,   FIGURES     l6-l8. 


Vitrina,  testa  solida ,  discoidea,  valde  carinata, 
desuper  convexa,  infra  globosa ,  viride  fascia  lu- 
tea  cincta  ;  apertura  ampla ,  triangulari  ;  péris to- 
mate simplici  acuto;  rima  umbilicali  vix  dis- 
tincta. 

Grande  espèce ,  discoïde ,  ressemblant  à  une 
Hélice ,  bombée  en  dessus,  davantage  en  dessous, 
à  spire  obtuse,  mais  saillante,  formant  environ  cinq 
tours,  dont  le  dernier  très-renflé  est  fortement 
caréné.  Le  ruban  de  cette  carène  se  prolongeant 
le  long  de  la  suture  la  fait  paraître  comme  dou- 
ble. L'ouverture  est   grande,  subtriangulaire,  à 


MOLLUSQUES.  130 

bords  tranchants.  La  coin  nielle  se  rabat  an  de- 
hors et  donne  lien  à  un  ombilic  excessivement 
petit.  Tout  le  tèt  est  très-finement  strié  et  couvert 
d'un  épidémie  épais.  Du  vivant  de  ranimai,  il  est 
d'un  beau  vert  émeraude,  son  arête  seule  est 
jaune;  mais  après  sa  mort,  la  coquille  devient  d'un 
jaune  clair;  ce  qui  prouve  de  quelle  utilité  est 
l'étude  de  ces  animaux  sur  le  frais. 

Ce  Mollusque  est  du  nombre  de  ceux  que  la 
coquille  ne  peut  entièrement  cacher,  et  son  pied 
est  toujours  extérieur.  Son  extrémité,  tronquée 
en  forme  d'escalier,  cache  un  pore  muqueux  pro- 
fond. La  tête,  le  cou  et  les  quatre  auricules  sont 
d'un  beau  vert  d'émeraude  à  reflets  bleuâtres  ;  les 
tentacules  sont  bleuâtres  aussi.  Au  dessus  du  pore 
sont  des  lignes  triangulaires  bleuâtres  et  vertes. 
Le  reste  du  corps  est  blanc.  Le  bord  du  pied  a 
un  sillon  auquel  viennent  se  rendre  les  lignes  obli- 
ques qui  parcourent  les  côtés.  L'appendice  auri- 
culaire du  manteau  ne  paraît  pas  autant  recou- 
vrir la  coquille  que  dans  la  précédente. 

Cette  espèce,  qui  paraît  rare,  habite  les  mon- 
tagnes de  Manado  ,  dans  l'île  Célèbes. 


DIMENSIONS. 


lijine». 


Diamètre o 

Épaisseur.  .    g 


1 40  ZOOLOGIE. 


VITRINE  CITRINE. 

V Urina  citrina . 
Lamarck.  An.  Sam.  v.,  t.  6,  i,  p.  7 

PLANCHE    II,    PIGUKES    l~4- 


Hélix,  testa  orbiculato - convexa ,  subumbili- 
cata,  lœvi,  diaphana ,  nitida ,  paUide  lutea ,  œtate 
castanea  ;  ultimo  anfractu  fascia  alba  aut  nigfa 
cincto;  spira  obtusa;  labro  acuto. 

D'après  notre  habitude  de  dessiner  tous  les  ani- 
maux, même  des  coquilles  les  plus  connues,  nous 
ne  fûmes  pas  peu  surpris  en  nous  promenant 
dans  les  jardins  d'Amboine  ,  de  reconnaître  que 
l'Hélice  citrine,  si'  commune  dans  les  collections 
et  si  variée  dans  ses  couleurs,  était  une  Vitrine  de 
l'espèce  à  tèt  solide. 

Nous  ne  nous  étendrons  donc  point  sur  les  ca- 
ractères dune  coquille  aussi  répandue  et  figurée 
dans  beaucoup  d'ouvrages;  nous  dirons  que  l'ani- 
mal, quoique  très-grand,  rentre  tout  entier  dans 
son  enveloppe.  Il  se  prolonge  à  peu  près  égale- 
ment en  avant  et  en  arrière.  La  tète  est  grosse , 
arrondie;  les  tentacules  postérieurs  sont  courts, 
les  antérieurs  assez  longs ,  les  lèvres  légèrement 


MOLLUSQUES.  lit 

effilées,  ce  qui  les  fait  un  peu  ressembler  à 
des  tentacules  ,  et  pourrait  faire  croire  que  rani- 
mai en  aurait  six.  Les  appendices  auriculaires  an- 
térieurs sont  larges  et  cachent  en  partie  l'ouverture 
pulmonaire;  les  latéraux  sont  minces,  allongés;  ce- 
lui de  droite,  un  peu  canaliculé,  n'est  que  rudi- 
mentaire  comparé  à  ceux  de  quelques-unes  des  es- 
pèces que  nous  venons  de  décrire.  En  jetant  un  coup 
d'œil  sur  la  planche  où  sont  réunies  nos  Vitrines, 
on  pourra  mieux  saisir  ces  différences.  Le  pied , 
avant  que  de  finir  en  pointe,  présente  une  tron- 
cature pour  un  pore ,  d'où  s'échappe  une  assez 
grande  quantité  de  mucosité.  Il  est  couvert  de 
stries  obliques,  qui  se  rendent  sur  une  ligne  lon- 
gitudinale qui  avoisine  son  limbe. 

La  couleur  de  ce  Mollusque  est  jaunâtre  sur  la 
tête ,  blanchâtre  ou  rougeâtre  à  l'extrémité  posté- 
rieure du  pied  qui  présente  une  ligne  brune  di- 
vergente. Les  auricules  sont  blanches.  Comme  dans 
quelques-unes  de  nos  Hélices  deFrance,  on  aper- 
çoit au  travers  de  la  coquille  les  ramifications  des 
veines  pulmonaires.  La  dent  est  étroite  et  cour- 
bée en  forme  d'arc. 

Nous  sommes  portés  à  croire  que  toutes  les  Hé- 
lices regardées  comme  des  variétés  de  la  Vitrine, 
ne  doivent  pas  être  des  Vitrines.  Des  observations 
directes  des  animaux  feront  seules  connaître  ces 
différer!  ces. 


142  ZOOLOGIE. 


VITRINE  DE  TENERIFFE. 

Vitrina   Teneriffœ ,  nob. 
(  Division  des  Hélicolimaces.  Fér.  ) 

Bobusso  par  les  habitants  de  Sainte-Croix. 

PLANCHE    l3,   FIGURES   4"9  et  9*- 


Vitrina,  testa ,fragilissima ,  ovali ,  planiuscula , 
pellucida,  virescente ;  apertura  maxime  aperça, 
elliptica  ;  margine  sinistro  valde  inflexo  ;  spira 
brevi;  anfractibus  ternis. 

Venant  de  démontrer  que  des  Vitrines  ont  des 
coquilles  solides  comme  celles  des  vraies  Hélices, 
et  que  la  plupart  peuvent  y  rentrer  en  entier,  il 
peut  être  bon  de  faire  une  division  des  Vitrines 
que  le  test  ne  peut  contenir  en  totalité  ,  et  qui  de 
plus  ont  presque  tout  le  corps  couvert  en  avant 
par  une  sorte  de  cuirasse.  Ce  sont  les  Hélicoli- 
maces de  M.  de  Férussac  auxquelles  appartient 
l'espèce  suivante. 

La  coquille  est  ovalaire  ,  peu  bombée  ,  arron- 
die en  dessus  ,  à  spire  très-courte ,  dont  le  der- 
nier tour  est  fort  grand  et  constitue  presque  toute 


MOLLI  SQUES.  143 

la  coquille  ,  qui ,  en  petit ,  ressemble  parfaitement 
à  celle  intérieure  de  certains  Sigarets.  Son  ouver- 
ture est  ovalaire  fort  ample ,  et  son  bord  gauche 
est  fortement  fléchi  en  dedans.  Les  sutures  sont 
pleines  et  bordées  par  une  petite  lamelle  ruban- 
née.  Elle  est  translucide  excessivement  fragile , 
lisse,  car  les  stries  dont  elle  paraît  couverte  ne 
sont  que  celles  d'accroissement.  La  couleur,  qui 
est  verdâtre  clair,  peut  tenir  à  l'épiderme  ;  quel- 
ques exemplaires  qui  en  sont  dépourvus  parais- 
sent blanchâtres.  Cet  épiderme  est  quelquefois 
fort  épais,  membraneux. 

L'animal  a  la  tète  assez  petite;  le  dessus  du  cou 
présente  une  ligne  longitudinale  saillante,  accom- 
pagnée de  chaque  côté  d'une  rainure.  Les  tenta- 
cules postérieurs  sont  minces  et  déliés,  les  anté- 
rieurs fort  petits.  L'écusson  est  très-long ,  presque 
conique,  libre  antérieurement,  recouvrant  posté- 
rieurement la  coquille  d'une  manière  assez  va- 
riable, puisque  l'animal  peut  à  volonté  la  rendre 
plus  ou  moins  apparente  et  même  quelquefois  la 
cacher  entièrement.  Cependant  le  plus  souvent 
la  spire  seule  est  recouverte ,  et  l'écusson  paraît 
alors  comme  échancré.  Il  est  strié  transversale- 
ment. L'orifice  de  la  respiration  est  placé  fort  en 
avant  de  la  coquille,  caractère  qui  distingue  cette 
espèce  des  autres  connues.  Le  pied ,  en  forme  de 
queue,  presque  aussi  long  que  la  partie  antérieure 
du  corps,  est  pointu,  très-comprimé  latéralement, 


144  ZOOLOGIE. 

tranchant  supérieurement.  Il  offre  à  son  origine 
en  dessus,  à  toucher  la  coquille,  un  large  sillon 
triangulaire.  La  couleur  de  ce  Mollusque,  dont  les 
plus  grands  individus  avaient  un  pouce  et  demi  de 
longueur,  est  d'un  noirâtre  sale,  plus  foncé  sur  le 
bouclier  et  à  la  base  du  pied,  lequel  dans  le  reste 
de  son  étendue  est  plus  clair  et  piqueté  de  points 
noirâtres.  Les  organes  que  recouvre  la  coquille  sont 
tachés  de  brun  et  de  jaune.  Le  foie  offre,  comme 
dans  les  Limaces,  un  réseau  vasculaire  brillant  et 
délié.  La  dent  est  munie  d'une  petite  pointe  mé- 
diane. 

Cette  Vitrine  habite  les  lieux  humides  et  sombres, 
le  longdes  ruisseaux ,  sous  les  pierres.  Nous  en  trou- 
vâmes un  assez  bon  nombre  à  la  rivière  iï léguas 
Gracias,  que  nous  nourrîmes  pendant  quelques 
jours  avec  des  feuilles  de  laitues.  Elles  sont 
très-vivaces  et  presque  toujours  en  mouvement. 
Si  on  les  irrite  en  touchant  la  tête,  elles  la 
rentrent  et  la  recouvrent  en  élargissant  consi- 
dérablement Técusson  ,  qu'elles  agitent  fortement. 
Elles  impriment  aussi  à  leur  queue  un  mouvement 
qui  la  fait  se  redresser  au-dessus  de  la  coquille. 
Nous  avons  essayé  de  les  représenter  dans  ces  deux 
états. 


niMF.NSKWS. 


lignes. 


Longueur  de  la  coquille. 
Largeur 


MOLLUSQUES.  H3 

Genre  LIMACE.  —  Limax,  Linn. 

LIMACE  DE  L'ASCENSION. 
Lîmax  Ascensionis ,  nob. 

Arion  Ascensionis.  Gar.  et  Less.,  Voy.  de  la  Coquille  , 
Moll.,  pi.   16  ,   %.  /). 

PLANCHE    l3,    FIGURES    l4"l8. 


Limax ,  corpore  desuper  et  antice  fulvo  ;  pos- 
tice  plumbeo ;  tentaculis  minimis ;  cljpeo  lato, 
ovali;  ossiculo  minimo  ovali-acuto. 

Cette  Limace  a  un  peu  plus  de  deux  pouces  de 
longueur.  Elle  est  assez  grosse,  à  pied  obtus  en 
arrière,  sans  troncature  et  sans  pore.  Les  tentacules 
postérieurs  sont  courts,  noirâtres.  Le  bouclier  est 
grand ,  ovalaire  ;  la  place  de  l'osselet  est  marquée  en 
dessus  par  un  renflement.  Cette  pièce  est  petite, 
ovalaire  et  un  peu  pointue.  Toutes  les  parties  que 
nous  venons  de  décrire  sont  d'un  fauve  clair.  Le 
dessus  du  corps  en  arrière  est  bleuâtre,  le  limbe  et 
le  dessous  du  pied  sont  jaunâtres.  Des  stries,  obli- 

Zootftgie.  t.  11.  10 


146  ZOOLOGIE. 

ques  d'avant  en  arrière ,  viennent  se  terminer  à 
une  ligne  qui  règne  sur  le  bord  du  pied.  La  dent 
est  très-faible,  arquée,  avec  une  saillie  au  milieu. 
Une  seule  de  ces  Limaces,  sur  près  de  cent,  était 
presque  noire  en  dessus. 

Ce  Mollusque  habite  sous  les  pierres  ,  au  som- 
met des  montagnes,  et  dans  les  lieux  humides  de 
l'île  dont  il  porte  le  nom.  Probablement  que  c'est 
le  seul  terrestre  qu'on  y  trouve ,  et  peut-être 
même  y  a-t-il  été  apporté. 


LIMACE  DIAPHANE. 
Lima.v  perlucidus ,  nob. 

PLANCHE    l3,    FIGURES    IO-l3. 

Limax,  corpore  oyali,  depresso,  perlucido , 
albo ,  punctis  nigris  notato;  tentaculis  minimis , 
crassis,  nigro  striatis  ;  ossiculo  corneo ,  ôvato. 

Cette  espèce,  non  moins  remarquable  par  sa 
transparence  ,  qui  ressemble  à  celle  d'une  gelée 
animale  ,  que  par  sa  forme  ovalaire  allongée,  très- 
aplatie  ,  semble  faire  le  passage  des  Limaces  aux 
Parmacelles.  Sa  longueur  est  d'un  pouce  à  un 
pouce  et  demi.  Le  pied,  le  manteau  ,  sont  comme 
confondus  ;   ce  dernier  est  arrondi  en  arrière,  et 


MOLLI  SOIES.  147 

la  tète  est  large  et  aplatie.  Les  tentacules  posté- 
rieurs sont  courts,  gros,  et  parcourus  clans  leur 
longueur  par  une  ligne  noire.  Uu  léger  sillon  trace 
la  séparation  de  la  bouche  d'avec  le  pied.  Le  milieu 
du  dos  est  surmonté  d'un  écusson  charnu  ,  ova- 
laire,  sur  le  bord  droit  duquel  est  l'ouverture  de 
l'organe  pulmonaire.  Sous  cet  écusson  est  une  co- 
quille cornée  ,  ovalaire ,  un  peu  bombée  ,  striée 
et  roussâtre,  avec  une  indication  de  spire  à  la  par- 
tie postérieure. 

La  couleur  de  ce  Mollusque  est  généralement 
blanchâtre,  avec  de  petits  points  enfumés  accou- 
plés. Le  dessus  de  la  tète  est  légèrement  rougeâtre, 
et  la  partie  postérieure  du  corps  est  marquée  d'une 
ligne  brune.  L'écusson  est  mélangé  de  brun  et  de 
jaunâtre. 

Les  animaux  s'accouplent  comme  les  Limaces, 
parle  bord  droit  du  tentacule  postérieur.  Ils  habi- 
tent l'Ile-de-France.  Nous  ne  les  avons  trouvés  que 
dans  une  seule  localité  que  nous  indiqua  M.  Des- 
lisse fils;  c'est  sur  la  montagne  du  Pouce,  au  lieu 
où  on  laisse  le  sentier  qui  conduit  à  Moka  pour 
mouter  sur  le  sommet  du  Piton.  Ils  sont  assez 
communs  en  novembre ,  à  l'ombre  des  feuilles 
des  arbres  environnants.  Dans  les  endroits  plus 
ou  moins  humides  nous  n'en  avons  plus  trouvé. 


ni 


148  ZOOLOGIE. 


LIMACE  BITENTACULEE. 


Limax  bitentaculatus ,  noh. 


PLANCHE    l3,    FIGURES    1-3. 


Limax ,  corpore  elojigato ,  subcylùidraceo  ,squa- 
lideluteo;  dorso  canaliculato  ;  tentaculis  duo  bus. 

Ce  Mollusque  possède  des  caractères  qui,  dans 
une  monographie  des  Limaces,  lui  feraient  former 
une  division  basée  sur  l'absence  des  petits  tenta- 
cules inférieurs.  Long  d'un  pouce  environ  ,  grêle, 
il  a  du  reste  toute  la  forme  d'une  Limace.  La  tète 
est  distincte,  la  bouche  ovalaire;  les  tentacules 
assez  courts,  un  peu  en  massue,  sont  pourvus 
d'yeux  très-petits  à  leur  extrémité.  Le  dos  présente 
une  rainure  assez  profonde,  régnant  dans  toute 
son  étendue  à  commencer  de  la  tête.  Elle  se  di- 
vise un  peu  à  gauche  pour  contourner  l'ouverture 
pulmonaire,  qui  dans  cette  espèce  est  plus  re- 
montée vers  le  dos.  Des  stries  obliques  viennent 
de  chaque  côté  aboutir  à  cette  rainure.  Le  pied 
est  assez  peu  distinct  du  reste  du  corps.  Il  est  d'un 
blanc  jaunâtre.  La  couleur  de  ce  Mollusque  est 
d'un  jaunâtre  sale  tacheté  de  brun   clair.    Il  n'v 


MOLLUSQUES.  149 

avait  point  d'apparence  de  bouclier  cachant  une 
pièce  cornée,  et  n'ayant  qu'un  seul  individu  très- 
mince,  nous  n'avons  pas  fait  de  recherches  à  ce 
sujet. 

Habite  l'anse  de  l'Astrolabe,  dans  la  baie 
Tasman,  à  la  Nouvelle-Zélande.  Il  vit  sur  les 
feuilles. 


150  ZOOLOGIE. 

Genre  AMBRETTE.  —  Succinea,  Draparnaud. 

AMBRETTE  AUSTRALE. 
Succinea  australis. 

PLANCHE    l3,    FIGURES    IQ-23. 


Succinea,  testa  ovato-oblonga,  ventricosa,  pel- 
lucida,  Jragili,  flava  aut  nigricante ,  oblique 
striata;  apertura  ovali;  anfractibus  ternis. 

Cette  espèce  a  beaucoup  de  rapports  avecl'Am- 
brette  amphibie  de  France;  elle  s'en  distingue  par 
son  dernier  tour  de  spire  plus  renflé  ,  et  par  ses 
stries  obliques  plus  brunes.  Son  ouverture  est 
grande ,  ovalaire.  Sa  couleur  varie ,  ce  qui  peut 
tenir  à  la  saison,  à  la  nourriture  que  prend  l'ani- 
mal ,  et  au  lieu  qu'il  habite.  Au  premier  aspect , 
lorsqu'on  la  détache  de  dessous  les  pierres ,  elle 
est  noire,  et  après  qu'on  l'a  fait  développer  dans 
un  lieu  humide,  elle  devient  brune  ou  ardoisée, 
ou  même  verdàtre.  La  coquille  décolorée  est  trans- 
parente et  jaunâtre.  Une  variété  sénestre  a  l'ou- 
verture plus  allongée  et  presque  noire. 


MOLLUSQUES.  151 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'animal  a  l'aspect  de  celui 
d'une  Limace.  Les  tentacules  postérieurs  sont 
courts,  gros,  renflés  à  l'extrémité,  où  sont  les 
yeux;  les  antérieurs  très-petits.  Sa  tête  est  arron- 
die, offrant  en  avant  une  sorte  d'écusson.  Le  mufle 
est  divisé  en  deux  lobes  et  séparé  du  pied  par  un 
sillon.  La  bouche  est  ovalaire.  Le  pied  est  court  et 
ne  dépasse  point  -l'extrémité  de  la  coquille  ;  ses 
bords  sont  denticulés ,  et  ses  côtés  obliquement 
striés.  Il  est  blanc  jaunâtre  en  dessous.  Le  reste 
du  corps  est  jaunâtre  sale,  ponctué  de  brun. 

Cette  Ambrette  habite  l'île  de  Van  Diémen.  Nous 
la  trouvions  dans  les  environs  d'Hobart-Town ,  sur 
les  lieux  élevés,  arides  et  dépourvus  d'eau. 


DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur  de  la  coquille S~ 

Epaisseur 3 


152  ZOOLOGIE. 

Genre  AGATHINË.  — Achatina ,  Lamk. 

AGA.THINE    MA.UR1TIENNE. 
achatina  Mauritiana. 

Lamarek.  \x\.  s.  v.  ,   t.  VI,  2e*  part.  ,  page  12g. 
Hélix  fulica.  Daudeb.  Hist.  des  Moll.  ,  n°  M7. 

Garnot  et  Lesson ,  atlas  de  la  Coquille. 
PLANCHE   II,    FIGURES  IO-l  5  J  et  PLANCHE  4p,  FIGURE  21  , 

pour  de  plus  amples  détails  anatomiques. 


Achatina,  testa  ovato-conica,  longitudinaliter 
s  triât  a ,  albido  lu  tes  ce  rite  ;  strigis  longitudinalibus 
confertis ,  rufo  aut  flavo-fuscis  ;  spira  apice  acu- 
tiuscula  ;  apertura  albida  aut  violacea  ;  labro  mar- 
gine  interiore  fusco . 

Dans  notre  premier  voyage, nous  avions  ap- 
porté l'animal  de  l'Agathine  ,  dont  s'est  servi 
M.  de  Blain ville  dans  son  ouvrage  sur  les  Mol- 
lusques pour  caractériser  ce  genre.  En  passant 
de  nouveau  à  l'Ile-de-France,  nous  avons  été  plus 
à  même  d'étudier  ces  animaux  et  d'en  prendre  un 
dessin  sur  le  vivant.  Ils  se  sont  tellement  multi- 


MOLLUSQUES.  153 

plies  dans  cette  île  qu'on  en  trouve  à  chaque  pas, 
et  que  les  propriétaires  les  font  détruire  avec 
soin  par  les  noirs ,  qui  les  nomment  Couroupas. 
On  ne  voyage  pas  sans  voir  des  monceaux  de 
leurs  coquilles  sur  le  bord  des  champs.  Il  y  a  de 
ces  Mollusques  d'une  énorme  grosseur  qui  doi- 
vent occasioner  beaucoup  de  dégâts  ,  surtout 
dans  les  jardins. 

Il  y  a  dans  ces  coquilles  de  nombreuses  varié- 
tés, qui  auront  probablement  porté  à  trop  mul- 
tiplier les  espèces. 

L'animal  a  beaucoup  de  rapports  avec  celui  des 
Hélices.  Il  est  d'un  rouge  brun  plus  ou  moins 
foncé,  plus  intense  sur  la  tête,  laquelle  est  rayée 
longitudinalement  ainsi  que  le  cou.  Les  tentacules 
postérieurs  sont  assez  courts  ,  coniques ,  tandis 
que  les  antérieurs  sont  allongés.  Les  lèvres  sont 
proéminentes  et  bifides.  La  bouche  a  une  dent  en 
fer  à  cheval  sans  dentelures  sur  son  bord  libre. 
Le  pied  est  long,  large,  subarrondi  à  sa  partie 
postérieure,  sans  sillon  marginal.  Il  est  couvert 
de  granulations  charnues  de  couleur  rougeâtre 
avec  des  teintes  bleuâtres,  et  jaune  sale  à  sa  face 
inférieure.  Dans  la  reptation  il  s'étale  quelquefois 
en  ovale,  à  la  manière  des  Mollusques  marins.  Le 
collier  est  épais,  continu  dans  toute  son  étendue. 
Il  règne  en  dessous  une  lamelle,  qui  se  divise  au 
coté  droit  en  deux  feuillets  formant  une  ouver- 
ture ovalaire  pour  la  respiration,  et  une  autre  ar- 


154  ZOOLOGIE. 

rondie,un  peu  plus  en  dehors,  pour  la  sortie  des 
excréments.  Elles  ne  sont  séparées  que  par  une 
cloison  fort  mince. 

L'organisation  intérieure  de  l'Àgathine  diffère 
peu  de  celle  des  Limaces,  comme  on  pourra  s'en 
assurer  sur  l'anatomie  que  nous  en  donnons , 
faite  partie  sur  le  vivant  et  partie  sur  le  mort. 
L'œsophage  est  gros ,  ovalaire.  Il  reçoit  les  con- 
duits excréteurs  de  quatre  glandes  salivaires  allon- 
gées qui  recouvrent  l'estomac.  Leurs  quatre  ca- 
naux séparés  se  réunissent  pour  n'en  former  que 
deux.  L'estomac  est  ovalaire.  Le  canal  intestinal 
se  rétrécit  à  sa  sortie  dans  l'étendue  de  plus  d'un 
pouce,  et  se  dilate  ensuite  en  un  énorme  gésier 
arrondi ,  recourbé  sur  lui-même,  lisse  dans  son 
intérieur.  Le  reste  de  l'intestin  forme  deux  anses, 
dont  la  plus  grande  est  enveloppée  par  le  foie  , 
avant  que  de  former  lerectum.  Ce  dernier  est  long, 
ample  et  bosselé.  Le  foie  forme  une  masse  con- 
sidérable, homogène,  très-brune,  qu'il  est  diffi- 
cile de  séparer  en  lobes  bien  distincts.  Le  plus 
considérable  de  ses  conduits  s'ouvre  à  la  partie 
postérieure  du  gésier;  les  autres  versent  dans  l'in- 
testin que  le  foie  embrasse  immédiatement. 

La  cavité  respiratrice  n'a  de  remarquable  qu'une 
grande  veine  pulmonaire,  qui  la  traverse  oblique- 
ment avant  que  de  s'ouvrir  dans  l'oreillette.  Elle 
reçoit  dans  son  trajet  le  réseau  des  autres  vais- 
seaux. Le  ventricule  est  allongé,  pyriforme.  L'or- 


MOLLUSQUES.  155 

gane  dépurateur  est  fort  long ,  un  peu  triangu- 
laire; son  conduit  se  comporte  comme  dans  le 
Limaçon. 

L'ovaire  est  caché  dans  le  bord  gauche  du  foie. 
L'oviducte  est  fort  long,  délié  et  tortillé.  L'utérus 
est  formé  de  cellules  accolées  ,  représentant  une 
frange  ;  il  s'élargit  ensuite  en  tube  longitudinale- 
ment  plissé  à  l'intérieur,  et  reçoit,  avant  que  de 
s'ouvrir  dans  le  vestibule  commun,  le  canal  de  la 
vésicule  arrondie  ,  qui  est  assez  court. 

Le  testicule,  placé  en  dedans  et  près  l'anse  que 
forme  le  gésier,  est  un  peu  recourbé  sur  lui-même 
à  sa  pointe.  Il  touche  à  l'utérus.  Les  deux  canaux 
sont  assez  long -temps  intimement  unis  ;  le  défé- 
rent se  sépare,  croise  l'utérus  et  se  porte  à  la  base 
de  la  verge,  laquelle  est  peu  longue.  Son  enve- 
loppe est  pourvue  d'un  muscle  rétracteur.  Cet  or- 
gane donne  dans  le  vestibule  qui  s'ouvre  à  la  base 
du  tentacule  droit.  Il  n'y  a  point  cet  appareil  d'ap- 
pendices frangés ,  ni  de  dard  calcaire  ,  comme 
dans  l'Escargot.  Nous  n'avons  point  parlé  du  dé- 
veloppement plus  ou  moins  grand  de  toutes  ces 
parties,  selon  le  temps  où  on  les  observe.  Le  reste 
est  comme  à  l'ordinaire.  Voyez  les  planches. 


15G  ZOOLOGIE. 

Gknri:  AURICULE.  -     Auricida,  Lanik. 

AURICULE  MIDAS. 

Auricula  Midce. 

Voyez  la  synonymie  dans  Lamarck,  t.  VI,  p.  137. 

Garnot  et  Lesson ,  atlas  de  la  Cor/iiillc. 

Insoumour  par  les  Papous  de  Dorey. 

PLANCHE     l4- 


Auricula,  testa  ovato-oblonga,  crassissima , 
striis  decussata ,  superne  granosa ,  alba  ;  épidémie 
castaneo  fusca;  spira  brevi,  conoidea;  apertura 
niedio  angustata  ;  columella  biplicata.htxmk. 

Il  n'est  probablement  pas  de  coquille  qui  ait 
été  aussi  souvent  figurée  que  celle-ci.  Aussi  évi" 
terions-nous  de  la  reproduire  si  nous  n'avions 
à  faire  connaître  les  rapports  de  l'animal  avec  son 
enveloppe  et  quelques  détails  de  son  organisation. 

Ce  Mollusque  enlevé  de  sa  coquille  est  ovalaire- 
conique  ,  spiral,  mais  dont  toutes  les  parties  sont 


MOLLUSQUES.  157 

ramassées  les  unes  près  des  autres.  La  tète  et  le 
cou  sont  gros  et  allongés.  Cette  première  partie  a 
un  mufle  saillant,  élargi,  et  porte  à  son  sommet 
deux  tentacules  médiocrement  longs,  un  peu  co- 
niques, rugueux,  non  élancés  et  roides  comme 
ceux  des  Hélices  ,  sans  aucune  trace  d'yeux  à  la 
partie  interne  de  leur  base,  encore  moins  à  leur 
sommet,  où  ils  ne  doivent  pas  en  avoir  pour  ap- 
partenir réellement  à  un  animal  de  la  famille  des 
Auricules.  Le  pied  est  gros ,  ovalaire  ,  dirigé  en 
arrière,  et  se  terminant  en  pointe  obtuse.  Il  est 
séparé  du  mufle  par  une  rainure  transverse  pro- 
fonde ,  et  du  cou  par  un  sillon  qui  n'existe  qu'au 
côté  droit,  dans  lequel  vient  s'ouvrir  l'utérus  et 
qui  sert,  comme  dans  beaucoup  de  Mollusques  , 
à  conduire  les  œufs.  Toutes  ces  parties  sont  d'un 
rouge  brun  foncé,  tuberculeuses;  le  dessus  du  cou 
est  strié  transversalement.  Le  collier  forme  tout 
autour  de  la  bouclie  de  la  coquille  un  bourrelet 
épais  qui  la  déborde  un  peu  et  en  remplit  toute 
l'étendue,  ne  laissant  que  trois  ouvertures,  une 
pour  la  tète  et  le  pied  réunis  qu'il  embrasse  étroi- 
tement, et  deux  autres  qui  pénètrent  dans  la  ca- 
vité respira trice  et  le  rectum.  Ces  dernières,  très- 
rapprochées  l'une  de  l'autre  et  placées  dans  l'an- 
gle postérieur  du  péristome,  sont  contenues  clans 
une  fossette  du  collier.  La  pulmonaire  est  ronde 
et  plus  étroite;  l'anale  se  termine  en  gouttière 
ou  cornet,  qui  fait  sur  le  vivant  une  saillie    je- 


158  ZOOLOGIE 

marquable.  Le  bourrelet  est  de  plus  marqué  d'une 
rainure ,  que  l'on  ne  voit  qu'après  que  l'animal 
a  été  macéré  dans  l'esprit-de-vin.  Le  muscle  co- 
lumellaire,  très-aplati,  a  deux  cannelures  profon- 
des pour  s'accommodera  la  double  dent  du  bord 
gauche. 

L'Auricule  Midas  est  complètement  aveugle  , 
dans  ce  sens  qu'elle  n'a  aucune  trace  d'yeux  à  l'ex- 
térieur; mais  en  l'anatomisant  avec  soin  on  aper- 
çoit sous  la  peau,  qui  est  fort  épaisse,  deux  très- 
petits  points  noirs  qui  sont  les  rudiments  de  ces 
organes.  Ils  sont  placés  où  ils  doivent  être ,  c'est- 
à-dire  à  la  base  interne  des  tentacules,  très-près 
du  ganglion  supérieur,  qui  leur  envoie  des  filets 
nerveux. 

L'ouverture  de  la  bouche  est  située  au  milieu 
de  deux  lèvres  épaisses.  La  masse  buccale  pro- 
prement dite  est  renflée  à  peu  près  comme  dans 
le  Limaçon  ,  et  porte  aussi  en  arrière  une  petite 
vésicule  linguale  ;elle  est  pourvue  d'une  dent  cor- 
née, arquée,  lisse.  La  langue  n'est  qu'une  plaque 
membraneuse  recouverte  de  petites  aspérités  qua- 
drilatères. 

Le  ganglion  céphalique  embrasse  l'œsophage 
derrière  et  fort  près  de  la  dent,  disposition  qui 
doit  probablement  varier  selon  l'allongement  ou 
le  raccourcissement  de  la  tète  du  Mollusque.  Deux 
forts  muscles,  bifurques  à  leur  insertion  à  la  masse 
buccale,  servent  à  la  retirer  en  dedans.  C'est  près 


MOLLUSQUES.  159 

d'eux  que  viennent  s'ouvrir  deux  longues  glandes 
salivaires,  qui  par  leur  extrémité  opposée  vont  se 
fixer  sur  l'œsophage  ,  ou  plutôt  sur  le  premier  es- 
tomac qui  donne  dans  un  énorme  gésier  en  boule, 
ne  ressemblant  pas  mal  au  fronteau  qu'on  met 
sur  la  tète  des  enfants.  Cet  organe  ,  placé  entre 
le  testicule  et  le  dernier  lobe  du  foie,  est  blanc  , 
très-charnu  ,  comme  celui  des  oiseaux,  à  colonnes 
musculaires  intérieures.  Sur  sa  partie  postérieure, 
qui  est  membraneuse,  il  reçoit  l'estomac  qui,  avant 
que  de  s'y  ouvrir,  présente  un  petit  cœcum  court, 
en  spirale.  A  sa  sortie  du  gésier  l'intestin  est  aussi 
renflé  en  cul-de-sac  ;  il  décrit  ensuite  deuxgrandes 
anses  dans  le  foie,  et  se  termine  par  un  rectum 
fort  ample  et  bosselé.  On  peut  considérer  le  foie 
comme  formé  de  deux  à  trois  lobes  bruns  presque 
noirs,  dont  deux  des  canaux  s'ouvrent  immédia- 
tement dans  l'intestin,  et  celui  du  troisième  lobe, 
assez  long,  se  porte  au  sommet  du  gésier.  Tous 
ces  viscères  digestifs  sont  recouverts  de  vaisseaux 
lymphatiques  nacrés.  Le  plus  remarquable,  après 
avoir  passé  sur  l'œsophage,  se  porte  au  gésier,  où 
il  forme  de  jolies  ramifications. 

La  cavité  respiratrice  est  très-ample,  supérieu- 
rement tapissée  d'un  grand  nombre  de  vaisseaux 
anastomosés,  dont  la  réunion  forme  deux  veines 
pulmonaires  qui  vont  séparément  se  jeter  dans 
l'oreillette.  L'une  des  deux  n'est  qu'un  rameau  : 


100  ZOOLOGIE. 

la  plus  grosse  côtoie  l'organe  dépurateur*.  L'o- 
reillette est  très-large ,  blanchâtre  ,  le  cœur  peu 
volumineux. 

L'organe  de  la  dépuration,  placé  à  la  paroi  su- 
périeure pulmonaire,  est  très-gros,  aplati ,  allongé 
en  arc;  il  reçoit  une  grande  quantité  de  vais- 
seaux. Il  s'ouvre  par  un  très-petit  trou  à  la  pointe. 
Son  intérieur  est  tapissé  de  plis  transverses  réu- 
nis à  une  sorte  de  raphé.  La  matière  qu'il  sécrète 
est  brunâtre. 

A.  travers  le  plancher  qui  forme  la  paroi  infé- 
rieure de  l'organe  pulmonaire  on  aperçoit  à  droite 
le  rectum,  et  près  de  lui  les  replis  jaunes  de  l'uté- 
rus allant  aboutir  à  la  rainure  du  col. 

L'ovaire,  de  couleur  orangée,  est  situé  à  l'ex- 
trémité spirale  de  l'animal  entre  les  divisions  du 
dernier  lobe  du  foie.  L'oviducte ,  aussi  long  que 
mince,  est  tortillé  sur  lui-même,  blanc.  Il  côtoie 
le  gésier,  traverse  le  foie  et  descend  sur  le  corps 
de  l'utérus.  Ce  dernier  est  une  masse  ovalaire  , 
gélatineuse,  jaunâtre  ,  formée  de  granulations  qui 
la  font  ressembler  à  une  glande.  Son  conduit  ex- 
créteur, contourné  sur  lui-même,  est  plissé  dans 
sa  longueur,  ce  qui  lui  donne  l'apparence  de  deux 


*  Il  existe  une  particularité  dans  l'arrangement  de  ces  vaisseaux,  sur- 
tout de  ceux  qui  du  rectum  vont  à  l'organe  dépurateur;  c'est  que  les  troncs 
d'un  côté  alternent  avec  l'extrémité  des  vaisseaux  de  l'autre  côté.  Voyez  les 
figures. 


MOLLliSQUES.  !Gl 

canaux  adossés.  Sous  l'utérus  est  une  vessie  bru- 
nâtre, de  la  grosseur  et  de  la  nature  de  celle  du 
Colimaçon  ,  avec   cette  différence  qu'il   en    part 
deux  canaux  ramifiés,  dont  l'un  se  porte  en  ar- 
rière sur  le  corps  de  l'organe,  et  l'autre  en  avant 
le  long  du  conduit  de  l'utérus.  Nous  avons  indi- 
qué plus  haut  l'ouverture  de  ce  conduit  de  l'or- 
gane femelle,  dans  la  rainure  du  col  en  arrière  du 
tentacule  droit.  L'organe  excitateur  sort  par  une 
ouverture  placée  à  la  base  de  ce  tentacule  ,  ainsi 
que  cela  a  lieu  dans  les  Hélices  :  mais  il  est  loin 
d'avoir  le  même  développement.   Il  est  conique  , 
pointu  et  un  peu  tortillé  à  son  extrémité.  Sa  gaine 
est  fort  longue,  éminemment  érectile  ,  pourvue 
d'un    muscle  rétracteur  et ,  dans  sa  longueur,  de 
deux  lames  charnues.  Le  testicule  est  gros ,  glo- 
buleux ,  compacte ,  jaunâtre  ,  recouvert  par  le  foie 
et  avoisinant  une  des  anses  intestinales.   11  s'unit 
au  pénis  par  un  conduit  déférent  assez  court. 

Les  Auricules  sont  essentiellement  terrestres  , 
quoique  en  général  elles  se  tiennent  peu  éloignées 
de  la  mer.  Elles  peuvent  même  exister  plusieurs 
jours  sous  l'eau,  comme  nous  l'avons  vérifié.  L'es- 
pèce qui  nous  occupe  abonde  à  la  Nouvelle-Guinée, 
dans  le  port  Dorev.  Ce  sont  les  naturels  qui  se  char- 
geaient de  nous  les  apporter.  Ce  Mollusque  paraît 
susceptible  de  vivre  long-temps,  à  en  juger  par  quel- 
ques-uns, dont  les  coquilles  étaient  usées  extérieu- 
rement par  un  long  frottement  dans  la  progression. 

Zoologie,  t.  il.  ii 


102  ZOOLOGIE. 

AURICULE  AVELINE. 

Auricida  Scarabœus. 

Voyez  la  Synonymie  dans  Lamarck. 


PLANCHE    l3,      FIGURE    lf\. 


Auricida,  testa  ouata,  convexo-depressa ,  per- 
f'orata,  laterlbus  oppositis  subangulata,  glabra , 
œtate  rufo-castanea;  spira  breviuscula;  apertara 
ringente  ,  utroque  latere  dentata.  (Lam.) 

•  M.  de  Férussac  a  fait  connaître  sons  le  nom 
de  Scarabe,  genre  établi  par  Denys  de  Montfort , 
l'animal  de  l'Àuricule  Aveline,  d'après  des  individus 
rapportés  par  nous  dans  notre  premier  voyage 
(  Voyez  la  Zoologie  de  VUranie  ,  page  487  ).  M.  de 
Blainville  le  décrivait  en  même  temps  dans  le 
Journal  de  Physique.  C'est  pour  compléter  ce 
qu'ont  dit  ces  naturalistes  de  l'organisation  de  ce 
Mollusque  que  nous  en  donnons  une  figure  faite 
sur  le  vivant. 

La  saillie  qu'il  fait  hors  de  la  coquille  est  assez 
considérable  en  avant.  La  tète  et  son  mufle  sont 
»ros.  Ses  tentacules  fusiformes  ,  pointus ,  renflés 
au  milieu,  ont  à  leur  base  interne  deux  petits  yeux 


MOLUJSQUKS.  103 

noirs.  Le  pied  se  termine  en  pointe  et  ne  dépasse 
pas  la  spire.  Tout  le  corps  est  légèrement  rou- 
geâtre  en  avant,  brun  sur  la  tète,  jaunâtre  dans 
sa  partie  postérieure. 

Ces  animaux  vivent  à  terre  non  loin  des  riva- 
ges. Nous  ne  les  avons  jamais  vus  couverts  par  la 
mer.  Ils  sont  apathiques,  fuient  la  lumière,  se 
cachent  sous  les  feuilles  mortes ,  et  sont  presque 
toujours  profondément  enfoncés  dans  leur  enve- 
loppe. 11  faut  une  forte  pluie  pour  les  déterminer 
à  en  sortir.  Ces  difficultés  nous  ont  empêché  d'en 
dessiner  plusieurs,  afin  de  voir  si  on  peut  trou- 
ver par  la  couleur  ou  la  forme  de  l'animal  des 
caractères  propres  à  distinguer  les  espèces,  qui 
ne  nous  paraissent  pas  déterminées  avec  assez 
de  précision.  On  en  trouve  dans  tout  l'archipel 
Indien. 


AURICULE  JAUNE. 

Auricula  luira  ,   nob. 

PLANCHE    I?>  ,    FIGURES   25  -  2 y. 


Auricula ,  testa  ovato-conica ,  postice  dilatata  , 
lœvigata ,    nitida :,    lulcola;    spira  brevi ,   coniça; 


164  ZOOLOGIE. 

columella  quinque  dentata-?    labro   dextro  den- 
tato. 

Espèce  assez  grande,  olivaire,  à  spire  courte, 
conique,  formée  de  sept  à  huit  tours  rapprochés, 
dont  le  dernier  s'élève  assez  brusquement,  et  qui 
élargit  la  partie  postérieure  de  la  coquille  plus  que 
l'antérieure.  L'ouverture  est  étroite  ,  plus  large  en 
avant,  à  péristome  uni,  presque  droit  sur  le  bord 
droit,  lequel  porte  ordinairement  huit  plis.  La  co- 
lumelle,  arrondie  à  sa  base,  cache  presque  entière- 
ment l'ombilic  ;  elle  est  chargée  de  cinq  dents  ou 
plis  qui  ne  varient  presque  pas  sur  un  grand 
nombre  d'individus.  Il  est  rare  d'en  trouver  avec 
la  bouche  achevée,  aussi  ont-ils  pour  la  plupart 
le  bord  droit  un  peu  arrondi  en  arc  et  tranchant. 
Cette  Auricule  est  d'un  jaunâtre  sale  uniforme; 
morte,  elle  devient  d'un  assez  joli  blanc  très-poli. 
C'est  alors  qu'on  distingue  quelquefois  au  travers 
du  tèt  des  lignes  transverses  d'un  blanc  mat.  Quel- 
ques exemplaires  offrent  aussi  des  sillons  longi- 
tudinaux irréguliers  d'accroissement. 

L'espèce  que  nous  figurons  provient  de  l'île 
Vanikoro.  Il  en  existe  une  variété  plus  grande  , 
en  tout  semblable,  à  Guam  ,  dans  l'archipel  des 
Marianes.  Elles  ont  quelques  rapports ,  de  forme 
seulement,  avec  l'Auricule  coniforme. 

L'animal  a  les  tentacules  fusiformes,  très-poin- 
tus ,  portant  les  yeux  à  leur  base  interne.  Le  mufle 


MOLLUSQUES.  165 

est  arrondi;  il  s'élargit  de  manière  à  égaler  le  pied, 
avec  la  partie  antérieure  duquel  on  pourrait  le 
confondre,  s'il  n'en  était  séparé  par  une  très-petite 
rainure.  Le  pied  est  ovalaire,  large,  bifurqué  en 
arrière,  séparé  en  avant  par  un  sillon  transverse 
pour  former  une  sorte  d'écusson,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  le  mufle.  La  bouche  fermée  a  la 
forme  d'un  T.  L'animal  est  d'un  jaune  semblable 
à  celui  de  son  enveloppe,  seulement  le  pied  est 
d'une  teinte  plus  foncée  en  dessous.  Les  tenta- 
cules sont  bruns. 

Nous  n'avons  trouvé  ce  Mollusque  que  sur  un 
seul  point  de  la  petite  île  de  Nanoun-ha  ,  qui 
touche  Vanikoro.  Il  se  tenait  sous  les  arbres  du 
bord  de  la  mer. 


DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur m 

Epaisseur  au  milieu 4 


166  ZOOLOGIE. 

ADRICULE   A  COLLIER. 

Auricula  rnonile. 

Lamarck.  a.  s.  v.,  t.  VI,  2e  part. ,  page  141. 
Deshayes  ,  Encycl.  me  th.  vers.  ,   t.  II,  page  90,  n"  S. 

PLANCHE    l3  ,    FIGURES    28-33. 

Auricula,  testa  ovato-conica ,  turblnata,  basi 
attenuata,  lœvigata,  niticla,  albido  cœrulescente , 
Juh'O  fasciata;  spira  brevissi/na;  columella  qua- 
driplicata  ;  labro  clextro  dentato.  (Deh.) 

Varietas;  inagis  elongata  ,  pluiïmis  fasciis 
cincta. 

L'Auricule  à  collier  et  la  Fasciée  de  M.  Deshayes 
sont  la  même  espèce;  ce  que  nous  avons  eu 
occasion  de  vérifier  d'après  un  grand  nombre 
d'individus,  dans  la  collection  de  M.  le  prince 
d'Esling,  qui  a  appartenu  autrefois  à  M.  Lamarck. 

Si  nous  la  reproduisons  ici,  c'est  pour  faire 
connaître  la  forme  extérieure  de  l'animal,  qui 
dans  ces  petites  espèces  diffère  assez  des  grandes 
pour  en  former  une  division.  Nous  ne  pouvons 
mieux  faire  que  de  donner  la  description  de 
l'exact  et  consciencieux  auteur  des  Coquilles 
fossiles  des  environs  de  Paris. 


MOLLUSQUES.  167 

«  Cette  coquille  est  bien  voisine  de  l'Àuricule 
«  coniforme,  mais  elle  se  caractérise  constamment 
«  d'une  manière  si  tranchée,  que  nous  ne  pensons 
«  pas  qu'on  la  confonde  avec  elle.  Sa  taille  est  pe- 
«  tite;  elle  est  de  forme  ovalaire,  conique,  plus 
«  large  à  la  base  que  la  plupart  des  Conovules, 
«  parce  que  son  ombilic,  fortement  évasé,  occupe 
«  un  assez  grand  espace;  la  spire  est  courte,  ré- 
«  gulièrement  conique,  formée  de  huit  à  neuf 
«  tours  très-rapprochés  ;  l'ouverture  est  longitu- 
«  dinale ,  fort  étroite  postérieurement  ,  un  peu 
«  plus  évasée  antérieurement.  La  columelle  pré- 
ce  sente  quatre  plis,  dont  les  inférieurs  sont  les 
ce  plus  gros,  le  bord  gauche  n'est  sensible  qu'à  la 
«  base  de  la  columelle;  il  se  renverse  au  dessus 
«  de  l'ombilic  en  le  laissant  ouvert  ;  le  bord  droit 
ce  est  tranchant,  s'épaississant  un  peu  en  dedans; 
ee  il  est  chargé  vers  l'ouverture  de  quatre  ou  cinb 
ce  dents  assez  saillantes,  il  n'est  pas  strié.  Toute 
ce  la  coquille  est  lisse  ,  polie  ,  de  couleur  blanc 
ce  bleuâtre,  interrompue  par  quatre  ou  cinq  zo- 
cc  nés  brunes ,  régulières  et  transverses.  » 

Nous  ajouterons  que  cette  espèce  présente  pour 
la  forme  une  variété  plus  allongée ,  dont  l'ombi- 
lic est  quelquefois  apparent ,  et  une  autre  qui  va- 
rie beaucoup  pour  sa  coloration.  Il  est  des  indi- 
vidus tout  blancs;  d'autres  fauves  avec  des  fascies 
de  la  même  teinte;  d'autres,  et  c'est  le  plus  grand 
nombre,  avec  trois  larges  bandelettes  brunes  sur 


168  ZOOLOGIE. 

le  dernier  tour,  qui  est  chamois.  Toute  la  spire 
est  d'un  brun  rougeâtre;  mais  les  quatre  plis  de 
la  columelle  et  les  dentelures  du  bord  droit  ne 
varient  jamais  et  caractérisent  fort  bien  cette  es- 
pèce, quelles  que  soient  ses  diverses  nuances. 

Dans  son  extension ,  l'animal  dépasse  sa  co- 
quille. Ses  tentacules  sont  fusiformes,  pointus, 
presque  noirs.  Sa  tête  assez  grosse  est  brune;  sa 
bouche  s'allonge  pour  former  un  petit  mufle  sé- 
paré du  pied  par  un  très-léger  sillon.  Ce  dernier, 
plane  ,  allongé,  bifurqué  en  arrière,  offre  en  avant 
l'indice  d'un  sillon  transverse,  comme  l'espèce 
précédente.  La  bouche,  dans  ses  mouvements  de 
dilatation,  a  la  forme  d'un  écusson  en  cœur  bordé 
de  noir.  Nous  avons  figuré  tous  ces  détails  très- 
grossis. 

La  couleur  de  ce  Mollusque  est  légèrement 
rougeâtre.  Nous  l'avons  trouvé  en  très -grand 
nombre  au  havre  Carteret  de  la  Nouvelle-Irlande, 
non  loiu  du  rivage.  Il  existe  aussi  à  la  Nouvelle- 
Guinée.  Ces  animaux  sont  assez  agiles  et  se  meu- 
vent  beaucoup  par  un  temps  pluvieux. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur  des  coquilles  de 5  -£  à  7 

Epaisseur i 


MOLLUSQUES.  if,o 

AURICULE  AUSTRALE. 

Auricula  australis  ,  nob. 

PLANCHE   l3  ,    FIGURES  34"38. 


Auricula ,  testa  turriculata ,  ovoidea ,  lœvi ,  vi- 
rescenti;  brunneo-fasciata  ;  spira  conica  elongata, 
apice  erosa  ;  columella  biplicata. 

Au  premier  aspect  on  prendrait  cette  espèce 
pour  un  petit  Bulime;  elle  est  ovoïde,  allongée,  à 
spire  conique,  obtuse,  à  cinq  ou  six  tours,  dont  le 
premier  est  toujours  rongé,  et  le  dernier  fort 
grand ,  ventru.  L'ouverture  est  étroite ,  subovalaire; 
la  columelle  a  deux  plis  écartés,  le  postérieur  plus 
développé  et  plus  tranchant.  Le  bord  droit  est 
lisse.  L'ombilic  est  presque  entièrement  caché  par 
la  columelle.  Cette  coquille  est  plus  ou  moins 
grossièrement  striée  en  long ,  recouverte  d'un  épi- 
derme  épais.  Vivante,  elle  est  verdâtre,  sale  ou 
brune ,  avec  des  fascies  noirâtres ,  qui  varient  de 
trois  à  cinq.  Pour  les  bien  voir  il  faut  les  plonger 
dans  l'eau.  La  bouche  est  d'un  violet  foncé  et  le 
péristome  généralement  blanchâtre. 

L'animal  est  médiocrement  grand;  ses  tentacu- 
les ,  fusiformes,  peu  aigus,  sont  quelquefois  très- 


170  ZOOLOGIE. 

renflés,  bruns,  annelés  de  noir;  les  yeux  sont 
placés  à  leur  base  interne. Le  mufle  est  allongé,  le 
pied  ovalaire  un  peu  pointu,  sans  bifurcation  : 
ces  parties  sont  d'un  brun  foncé ,  excepté  le  bord 
du  pied  qui  est  d'une  teinte  plus  claire. 

Les  individus  qu'on  trouve  au  port  Western 
ont  les  tentacules  beaucoup  plus  gros  et  dilatés 
vers  leur  milieu.  Ceux  de  la  terre  de  Van  Dié- 
men  nous  ont  paru  d'une  taille  un  peu  plus  grande. 
Ces  deux  localités,  peu  distantes  l'une  de  l'autre, 
appartiennent  à  la  Nouvelle-Hollande. 

Ces  Mollusques  habitent  par  milliers  les  plages 
saumâtres  couvertes  d'arbrisseaux,  au  milieu  des- 
quels ils  se  plaisent;  aussi  ne  les  rencontre-t-on 
pas  partout.  A  Hobart-Town  il  faut  les  chercher 
le  long  des  fossés  qui  séparent  les  cultures  du 
bord  de  la  mer;  ils  vivent  avec  notre  genre  Am- 
pullacère.  Au  port  Western  ,  c'est  au  milieu  de 
l'île  aux  Anglais  qu'on  les  trouve,  là  où  la  mer 
forme  comme  une  petite  rivière. 

DIMENSIONS. 


lignes. 

6 
Épaisseur 3 


Longueur 6 


MOLLUSQUES.  171 


AURICULE  ALÊNE. 

Auricula  subula  ,   nob. 

PLANCHE  l3,    FIGURES   Zç)-^Q. 


Auricula,  testa ovato-conica ;  apice  acuta,  lœvi, 
luteo-fulva;  apertura  ovali,  alba;  columella  tri- 
plicata. 

Cette  Auricule  a  quelques  rapports  pour  la 
forme  et  la  petitesse  avec  Y  Auricula  myosotis  de 
nos  contrées.  Elle  est  turriculée,  ovalaire,  comme 
pointue  aux  deux  extrémités,  mais  beaucoup  plus 
vers  la  spire,  qui  est  aiguë ,  à  cinq  ou  six  tours  obli- 
ques, bien  espacés,  dont  le  dernier  est  olivaire. 
Il  est  marqué  d'un  petit  sillon,  ou  plutôt  d'une 
dépression  transversale  en  arrière.  L'ombilic  n'est 
point  apparent. 

Cette  coquille  est  lisse,  blanche  ,  recouverte 
d'un  épiderme  assez  épais  d'un  jaune  tirant  sur  le 
fauve  et  brillant  comme  un  vernis. 

Elle  habite  le  havre  Carteret,  à  la  Nouvelle-Ir- 
lande. Nous  n'en  connaissons  point  ranimai. 


172  ZOOLOGIE. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur 7 

Épaisseur 2 


AURICULE  OREILLETTE. 

Auricula  aurilac.ea  ,    Fér. 

PLANCHE    l3,    FIGURES  ^l-fa. 


Auriculciy  testa  solida,  cylindracea,  apice  acuta, 
lœvi,  alba  ;  apertura  subovali;  columella  lœvi- 
gata. 

Cette  Auricule  a  la  forme  et  l'épaisseur  d'une 
Tornatelle.  Elle  est  cylindrique ,  à  spire  allongée, 
brusquement  pointue  et  très-aiguë.  On  compte 
six  ou  sept  tours,  dont  le  dernier  l'emporte  de 
plus  du  double  sur  tous  les  autres  réunis.  L'ou- 
verture est  allongée  ,  ovalaire,  plus  large  en  avant 
qu'en  arrière.  Le  bord  droit  est  lisse ,  un  peu 
tranchant;  le  columellaire  un  peu  évidé  à  sa  base, 
lisse  et  sans  pli.  Mais  ce  défaut  de  dent  pourrait 


MOLLUSQUES.  173 

bien  tenir  à  ce  que  notre  individu  a  un  peu  souf- 
fert; car  un  autre,  que  nous  avons  vu  dans  la 
collection  de  M.  de  Férussac,  et  qui  provient  de 
la  baie  des  Chiens-Marins,  a  une  dent  à  la  colu- 
melle.  L'ombilic  n'est  point  apparent. 

Cette  coquille  est  lisse  et  uniformément  blan- 
châtre. Il  est  probable  que,  vivante,  elle  est  pour- 
vue d'un  épidémie  qui  peut  lui  donner  une 
autre  couleur;  mais  sa  forme  la  fera  toujours  re- 
connaître. Nous  n'en  connaissons  point  l'animal. 

Elle  provient  de  l'île  Guam. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur 8 

Epaisseur 3 


AURICULE  A  COTES. 
Auricula  costata  ,  nob. 

PLANCHE    l3,   FIGURES   fô-ffi. 


Auricula,  testa  ovata,  subglobosa,  rufula,for- 
titer  longitrorsum  costata;  spira  brevi;  columella 
triplicata. 


74  ZOOLOGIE. 

Cette  très-petite  espèce  a  la  forme  d'une  harpe 
en  miniature.  Elle  est  globuleuse  ,  un  peu  ovoïde, 
à  spire  courte,  arrondie,  pointue  seulement  à 
son  sommet;  formant  cinq  à  six  tours,  dont  les 
premiers  sont  très-serrés,  le  pénultième  plus  large, 
et  le  dernier  trois  fois  plus  grand  que  l'ensemble. 
Tous  sont  couverts  de  côtes  longitudinales,  pro- 
fondes et  arrondies.  L'ouverture  est  oblongue, 
plus  large  en  avant,  où  elle  s'arrondit;  elle  a  des 
rapports  avec  celle  de  la  grande  Auricule  Midas  , 
c'est-à-dire  que  le  bord  droit  est  épais,  un  peu 
fléchi  en  dehors  vers  sa  terminaison  en  arrière. 
La  columelle  porte  trois  plis  bien  distincts  sur 
les  quatre  individus  que  nous  possédons.  Leur 
couleur  est  un  jaune  ferrugineux  fort  clair,  un 
peu  plus  intense  sur  le  sommet  des  côtes. 

Cette  Auricule,  dont  nous  ne  connaissons  point 
l'animal,  provient  du  havre  Carteret,  à  la  Nou- 
velle-Irlande. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur 4 

Epaisseur 2 


MOLLUSQUES.  i7û 


.» 


Genre  PYRAMIDELLE.  —  Pjramidella ,  Lam. 

PYRAMIDELLE  VENTRUE. 
Pyramidelia  ventricosa ,  nob. 

Gtiérin,  Magasin  de  Conchyliologie,  i'e  livraison. 

PLANCHE  65,    FIGURES   3-7. 


Pyramidelia,   testa   ovato-turrita ,   ventricosa, 

apice  acuta,  longitrorsum  tenuissime  striata,  sub- 

eœrulea,    marmorata,  flammulata;    ultimo   an- 

fractu  longo;  vittis  fuscis  cincto  ;  labro  margine 

intus  albo,  infundo  striato  yel  denticulato. 

A  chaque  pas  qu'on  fait  dans  l'étude  approfon- 
die des  Mollusques ,  si  on  saisit  des  rapports  pro- 
pres à  éclairer  une  classification,  on  en  trouve 
aussi  d'autres  fort  embarrassants  pour  les  métho- 
des auxquelles  se  ploient  difficilement  les  orga^ 
sations  si  diverses  de  ces  animaux.  Les  Pyra,;^'- 
delles,  qui  donnent  lieu  à  cette  observation,  scOt 
dans  ce  cas  :  voisines  par  la  coquille  des  Auricules 
et  surtout  des  Tornatelles ,  qu'on  ne  connaît  pas 


176  ZOOLOGIE. 

encore  bien  *,  elles  en  diffèrent  par  les  formes 
extérieures,  par  la  présence  de  l'opercule,  et  sur- 
tout par  la  disposition  de  l'organe  pulmonaire ,  qui 
est  une  vraie  blanchie.  Elles  ne  peuvent  donc 
que  former  un  groupe  particulier,  voisin  cepen- 
dant des  Auricu  lacés. 

Ce  sont  des  animaux  marins  très-timides,  dont 
le  lent  développement  nous  a  donné  d'autant 
plus  de  peine  à  saisir  que,  sur  des  centaines  d'in- 
dividus, nous  n'avons  pu  nous  en  procurer  que 
trois  de  vivants. 

Le  pied  est  arrondi  ,  sans  sillon  marginal,  se 
rabattant  en  avant  en  forme  d'écusson  auriculé, 
portant  postérieurement  un  opercule  ovalaire, 
membraneux,  à  lamelles  sans  spirale,  ayant  une 
ou  deux  échancrures  pour  glisser  sur  les  plis  co- 
lumellaires.  Un  de  ces  sillons  se  continue  sur  le 
pied.  La  tète  est  surmontée  de  deux  larges  et  assez 
longs  tentacules  en  cornet  pointu,  latéralement 
ouverts,  portant  des  yeux  sessiles  à  leur  base  in- 
terne. La  bouche  se  trouve  placée  dans  un  mufle 
aplati,  large,  dilaté,  et  assez  profondément  bi- 
lobé,  séparé  du  pied  par  une  rainure.  Ces  parties 


*  N  us  en  avons  cependant  une  sur  nos  côtes  qu'il  paraît  difficile  de  se 
oC  ar  vivante.  MM.  Audoin  et  Edwards,  dans' leur  voyage  de  la  Mail" 
fc»e  nit  rencontré  une  Toi  natelle  dont  ils  n'ont  pu  étudier  le  développe- 
B»e..t,  parce  que  l'animal  était  mort,  mais  toutefois  assez  bien  conservé  poul- 
ies autres  détails  de  son  organisai  ion.  Comme  il  porte  un  opercule,  il  est 
probable  que  ces  naturalistes  lui  trouveront  plus  de  rapports  avec  les  Pyra- 
midelles  qu'avec  les  Auricules,  et  que  c'est  un  mollusque  peclinibranclic 


MOLLUSQl  ES.  177 

vues  de  face,  ont  quelque  ressemblance  avec  la 
tête  d'un  âne. 

La  cavité  inspiratrice  est  ouverte  dans  toute 
la  largeur  du  manteau.  Elle  porte  au  bord  droit 
une  Longue  et  étroite  branchie;  le  cœur  est  par 
conséquent  dirigé  de  droite  à  gauche.  Le  rectum 
et  l'utérus,  accolés  l'un  à  l'autre,  longent  la  bran- 
chie, et  donnent  dans  une  gouttière  en  forme 
d'auricule  produite  par  le  bord  du  manteau.  Les 
follicules  qui.  sécrètent  la  mucosité  tapissent  la 
paroi  supérieure  de  la  cavité.  Nos  observations 
anatomiques  se  sont  à  peu  près  bornées  là,  et 
lorsque  nous  avons  voulu  les  reprendre ,  ces  Mol- 
lusques étaient  tellement  racornis  par  la  liqueur, 
qu'en  ouvrant  l'abdomen  nous  n'avons  pu  distin- 
guer qu'un  gros  organe  cylindrique,  gélatineux, 
ayant  à  son  côté ,  et  au  dessus  de  l'œsophage  ,  un 
autre  corps  plissé  en  zig-zag.  Tous  deux  doivent 
probablement  appartenir  à  la  génération,  indice 
que  les  sexes  seraient  réunis  en  hermaphrodisme 
insuffisant,  ce  qui  serait  encore  fort  singulier  pour 


ce  genre. 


La  couleur  de  tout  le  corps  est  blanc  mat.  L'o- 
percule et  le  bord  seul  du  manteau  sont  jau- 
nâtres. 

L'animal  de  la  Pyramidelle  tachetée  (pi.  6&, 
fîg.  i — %)  est  en  tout  semblable  à  celui  de  la 
Ventrue.  Il  faudrait  avoir  examiné  un  beaucoup 
plus   grand  nombre  d'animaux  pour  s'assurer  si 


Zoologie,  t 


■-> 


11 


178  ZOOLOGIE. 

la  place  de  la  branchie  à  droite  est  constante,  ce 
que  nous  n'avons  encore  rencontré  que  dans  un 
assez  petit  nombre  de  Mollusques,  comme  les 
Ampullaires,  les  Paludines,  etc. 

Ce  n'est  qu'après  un  examen  bien  attentif  fait 
sur  un  grand  nombre  d'individus,  tous  parfaite- 
ment semblables,  que  nous  nous  sommes  décidés 
à  regarder  cette  Pyramidelle  comme  une  espèce 
distincte  ,  quoique  nous  ne  dissimulions  pas 
que  par  des  passages  on  arrive  fort  près  de  la 
Tachetée ,  comme  nous  nous  en  sommes  assurés 
dans  la  collection  de  M.  de  Férussac.  Mais  il  est 
une  limite  qu'on  peut  saisir  et  des  caractères  dif- 
férents que  possède  seule  l'espèce  nouvelle  ; 
comme,  par  exemple,  d'être  plus  courte,  plus  brus- 
quement pointue  ,  d'avoir  les  tours  plus  allongés  , 
les  sutures  plus  profondes  ,  mieux  marquées  ;  l'ou- 
verture moins  dilatée  et  plus  allongée,  toujours 
sillonnée,  denticulée  dans  sa  profondeur  et  sur  le 
bord  droit,  qui  est  blanc,  ce  que  n'offre  pas  la  Ta- 
chetée. Enfin, au  lieu  d'être  ponctué,  son  sommet 
est  marbré,  barriolé  en  long  de  brun  et  de  bleuâ- 
tre; et  sa  base,  cerclée  de  bandelettes  brunes,  s'é- 
largit sur  le  dernier  tour,  qui  en  a  trois.  Le 
contour  extérieur  de  la  columelle  et  du  bord  droit 
est  jaunâtre. 

Cette  Pyramidelle  habite  l'île  de  Vanikoro,  où 
se  trouve  également  et  en  grand  nombre  l'espèce 


MOLLUSQUES.  179 

plissée,  et  moins  communément  la  tachetée.  Elles 
nous  étaient  apportées  par  les  naturels  ,  de  sor- 
te que  nous  n'en  connaissons  point  la  localité 
précise  ;  mais  c'est  clans  l'eau  de  mer  que  nous 
étudiâmes  leur  développement. 

lignes. 

Longueur 1 4 

Épaisseur 5  i 


12' 


180  ZOOLOGIE. 


Genre  CYCLOSTOME.  —  Cyclostoma,  Lamk. 

CYCLOSTOME  JAUNE, 

Cyclostoma  lutea  ,  iioh. 

PLANCHE    12,    FIGURES    11-12. 

Idem,  variété,  figures  i3-i4- 

Cyclostoma,  testa  veutricoso-conica ,  umbili- 
cata ,  diapliana,  lutea  -  virescenti ',  tenuissime 
striata;  spira  acuta;  anfractibus  quaternis  et  ses- 
qui;labro  lato,  reflexo ,  tantisper  interrupto. 

Varie  tas ,  minima;  m  agis  stria  ta. 

Cette  espèce,  d'assez  petite  taille,  a  la  forme  du 
Cyclostome  multilabre.  H  est  ventru,  à  spire  courte, 
conique  et  pointue;  le  dernier  tour  porte  une  très- 
petite  carène.  Tous  sont  marqués  de  stries  fines, 
transversales  et  tremblées,  qu'on  ne  peut  bien  voir 
qu'a  la  loupe;  elles  sont  croisées  par  d'autres  lon- 
gitudinales et  obliques.  L'ouverture  est  grande,  à 
péristome  large,  rebordé,  tranchant,  assez  ordi- 
nairement interrompu  en  arrière.  L'ombilic  est 
étroit.  Vivante,  cette  coquille  est  d'un  jaune  ver- 


MOLLUSQUES.  181 

dâtre  clair;  morte,  elle  devient  blanche  et  trans- 
lucide lorsqu'elle  a  perdu  son  épiderme.  La  bou- 
che est  blanche. 

L'animal  a  deux  longs  tentacules  pointus,  rou- 
geâtres  ,  portant  des  yeux  noirs  à  leur  base  et 
en  dehors.  Le  mufle  est  assez  long ,  de  cou- 
leur blanche,  de  même  que  le  pied,  qui  est  aplati, 
pointu  et  dépassant  de  beaucoup  la  coquille  en 
arrière.  Il  porte  vers  son  milieu ,  en  dessus  ,  une 
languette  charnue,  s:ir  laquelle  repose  un  oper- 
cule arrondi ,  membraneux  ,  muîtispiré,  dont  les 
tours  sont  entrecoupés. 

La  variété,  plus  petite,  est  plus  profondément 
striée. 

Ces  Cyclostomes  habitent  le  havre  Carteret,  à 
la  Nouvelle-Irlande.  On  les  trouve  aussi  à  Bou- 
rou,  dans  lesMoluques.  Un,  entre  autres,  était  pi- 
queté de  rougeâtre ,  avec  une  bandelette  de  la 
même  couleur  sur  le  dernier  tour.  Peut-être  n'est- 
ce  pas  la  même  espèce ,  malgré  la  ressemblance 
de  forme. 


1)1  IIENSIONS. 


lignes 

Longueur 7 

Épaissi  m- , G 


182  ZOOLOGIE. 


CYCLOSTOME  DE  CARTERET. 

Cyclostoma  Novce  Hiberniœ  ,  nob. 


PLANCHE    12,   FIGURES    l5-IC). 


Cyclostoma,  testa  minima,  ventricoso-conica , 
perfbrata,  apice  acuta,  longifrorsum  striata,  ru- 
fula  ;  spira  virescenti,  anfractibus  quinis  et  ses- 
qui ;  apertura  dilatata,  tantisper  reflexa. 

Espèce  plus  petite  que  la  précédente,  de  même 
forme,  mais  s'en  distinguant  par  son  manque  de 
carène  et  de  stries  transverses.  Il  n'en  existe  seu- 
lement que  de  longitudinales  et  obliques.  L'ouver- 
ture est  grande  ,  complète ,  à  péristome  évasé, 
à  peine  rebordé.  La  couleur  est  d'un  rougeâtre 
orangé,  tirant  sur  le  fauve  sur  le  dernier  tour, 
tandis  que  l'extrémité  de  la  spire  est  verdâtre. 

L'animal  est  court,  à  pied  ovalaire ,  dépassant 
peu  la  coquille;  les  tentacules  sont  gros,  courts, 
obtus  ;  toutes  ces  parties  sont  légèrement  rou- 
geâtres.  L'opercule  est  calcaire,  arrondi  et  multi- 
spiré. 

Ce  Cyclostome  habite  le  havre  Carteret ,  à  la 
Nouvelle-Irlande. 


MOLLUSQUES.  IS3 


m: M 1 .  NM  UN  s. 


lijînc.. 

Longueur 5 

Épaisseur ft 


CYCXOSTOME  MULTIIABRE. 

Cyclostoma  multilabris . 

Lamarck.  An.  s.  v.,  t.  VI,  %e  part.,  page  i/,8,  n°  25. 

PLANCHE    12,    FIGURES    20-22. 

- 

Çyclostoma ,  testa  ventricoso-conica , perforata, 

diaphana,  cinerea,  apice  cœrulescente;  ultimo  an- 

fractu,  striis  quinqueacutisprominentibusasperato; 

spira  brei'i,  acuta;  labro  margine  reflexo ,  postice 

marginibus  pluribus  antiquis  subimbricato.  (Lk.) 

Notre  individu  ,  que  nous  ne  figurons  que  pour 
faire  connaître  son  animal ,  est  une  variété  du 
Multilabre,  dont  les  carènes  sont  à  peine  sail- 
lantes. Vivant,  il  est  marqué  de  bandes  brunes 
transverses ,  séparées  par  d'autres  plus  étroites 


184  ZOOLOGIE. 

et  jaunes,  qui  sont  celles  qui  répondent  aux  ca- 
rènes. Le  péristome  est  blanc. 

Ce  caractère  spécifique  de  Multilabre  n'est  pas 
bon  ,  car  plusieurs  espèces  accroissent  ainsi  le 
bord  de  leur  ouverture,  ce  que  n'offre  pas  notre 
individu ,  bien  qu'il  soit  en  tout  ressemblant  au 
Multilabre. 

L'animal  a  le  mufle  gros,  allongé  ,  carré  ;  les 
tentacules  longs  ,  pointus  :  ces  parties  sont  rou- 
geâtres.  Le  pied  est  très-long,  pointu,  jaunâtre 
en  dessus ,  avec  une  tacbe  lancéolée  brune.  L'oper- 
cule est  membraneux,  multispiré  et  rougeâtre. 

On  le  trouve  au  port  Dorey,  à  la  Nouvelle-Gui- 
née. Est-il  bien  sur  que  celui  que  M.  de  Labil- 
lardière  a  donné  à  M.  de  Lamarck  provient  de  la 
Nouvelle-Hollande  ? 


DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur 5 

Epaisseur 4 


MOLLUSQUES.  185 

CYCLOSTOME  PAPOU  A. 
Cyclostoma  Papua  ,  nob. 

PLANCHE     12,  FIGURES   23-20. 


Cyclostoma,  testa  orbiculari, planulata ,  subtus 
profit  ride  umbdicata,  lœvi;  albida,  flammis  rubro- 
castaneis  ornata;  apertura  intégra,  rotunday 
vix  reflexa;  anfractibus  quaternis. 

Jolie  espèce,  planorbique,  lisse,  dont  la  spire 
peu  élevée  a  ses  tours  bien  arrondis  ,  espacés  ,  le 
dernier  très-grand ,  cylindrique  à  sa  terminaison  , 
comme  l'indique  son  ouverture  ,  qui  est  entière,  à 
péristome  fort  peu  évasé ,  à  peine  réfléchi.  Les 
sutures  sont  linéaires  et  profondes.  L'ombilic ,  lar- 
gement évasé  et  profond  ,  permet  de  voir  tous  les 
tours,  qui  sont  parfaitement  évidés. 

Le  fond  de  cette  coquille  est  blanchâtre  ,  cou- 
vert de  flammes  transverses  et  pressées  rouge- 
brun,  qui,  sur  le  dernier  tour,  forment  un 
cordonnet  irrégulier.  L'ouverture  est  d'un  blanc 
bleuâtre. 

Nous  ne  connaissons  point  l'animal  île  ce  Cyclos- 
tonif  ,  qui  habite  le  port  Uorey,  à  la  Nouvelle- 
<  ruinée. 


186  ZOOLOGIE. 


DIMENSIONS. 

lignes. 

Diamètre 8 


Epaisseur. 


CYCLOSTOME  CANNELÉ. 
Cyclostoma  striata,  nob. 

PLANCHE    12,   FIGURES   2y-3o. 


Cyclostoma,  testa  longe  turriculata,  cyliadra- 
cea,fulva  longitrorsum  valde  canaliculata  ;  aper- 
tura  subovali. 

Ayant  perdu  cette  coquille  après  l'avoir  dessi- 
née, elle  sera  du  petit  nombre  de  celles  que  nous 
ne  pouvons  reproduire.  Ce  n'est  que  par  l'ensemble 
de  la  forme  de  l'animal  que  nous  en  faisons  un 
Cyclostome ,  car  l'ouverture  de  la  coquille  est  plu- 
tôt celle  d'une  Hélice.  Elle  est  turriculée ,  longue 
de  trois  lignes,  cylindrique,  à  spire  grosse  vers  la 
pointe  ,  qui  est  tronquée  ;  les  tours ,  au  nombre  de 
six  ou  sept,  sont  un  peu  obliques  ;  le  dernier,  le 


MOLLUSQUES.  187 

plus  grand  de  tous  ;  ils  sont  chargés  de  cannelures 
profondes ,  longitudinales.  Le  péristome  est  épais 
sans  être  rebordé.  La  couleur  de  ce  Cyclostome 
est  jaunâtre  tirant  sur  le  fauve. 

L'animal  fait  une  grande  saillie  hors  de  son  en- 
veloppe. Il  a  un  mufle  arrondi ,  échancré  en  avant, 
prodigieusement  long  ;  les  tentacules  sont  co- 
niques, médiocres,  portant  les  yeux  à  leur  base 
externe.  Le  pied  est  court.  Son  opercule ,  non  mul- 
tispiré  comme  dans  les  espèces  précédentes ,  est 
ovalaire  pour  s'accommoder  à  l'ouverture ,  et  pauci- 
spiré.  Il  existe  une  rainure  longitudinale  entre  le 
pied  et  le  cou  du  côté  gauche.  Ce  Mollusque,  que 
nous  avons  figuré  un  peu  grossi  et  dans  la  posi- 
tion qu'il  prenait  assez  souvent ,  est  à  peu  près  de 
même  couleur  que  sa  coquille.  Le  dessus  de  la  tête 
est  de  plus  réticulé  de  jaunâtre. 

Habite  l'île  de  Vanikoro.  Il  y  est  rare,  et  on  le 
trouve  sur  les  feuilles. 


JSS  ZOOLOGIE. 

CYCLOSTOME  FRANGÉ. 

Cyclostoma  fimbriata. 

Lamarck.  An   s.  v.,  t.  VI,  2e  part.,  page  148,  n°  24. 


PLANCHE    12,   FIGURES  3l-35. 


Cyclostoma,  testa  ventricoso-cojioidea,  subper- 

J'orata,    transversim   striata,    albido    lutescente, 

fusco  cincta  ;  anfractuum  rnargine  superiore  pli- 

cis  Jîmbriato  ;  spira  brevi,  acuta;  apertura  lutea. 

C'est  du  Cyclostome  frangé  de  M.  de  Lamarck 
que  cette  espèce  se  rapproche  le  plus  ,  bien  qu'elle 
n'ait  pas  ses  sutures  cannelées ,  comme  l'indique 
la  phrase  caractéristique.  Il  a  encore  des  rap- 
ports avec  le  Cerclé  du  même  auteur;  mais  il  n'a 
point  de  stries  transverses.  Dans  tout  son  déve- 
loppement, cette  espèce,  longue  de  huit  lignes, 
est  conique  ,  ventrue,  à  spire  un  peu  aiguë,  dont 
les  tours  sont  arrondis.  L'ombilic  n'est  ouvert  que 
dans  le  jeune  âge.  Assez  communément  sa  couleur 
est  d'un  jaune  clair  tirant  sur  le  rougeâtre.  Quel- 
quefois elle  est  tachetée  de  bleuâtre  ,  comme  dans 
l'individu  que  nous  avons  figuré.  Le  dernier  tour 
est  marqué  d'une  bandelette  brune  ou  rougeâtre. 


MOLLUSQUES.  l.sïJ 

L'animal  ressemble  assez  à  eelui  de  notre  Cyclos- 
tome  élégant 3  sa  tête,  son  mufle  et  ses  tentacules 
sont  d'un  brun  violacé.  Ces  derniers  sont  comme 
tremblés  sur  leur  longueur.  Les  côtés  du  pied 
sont  jaunâtres.  L'opercule  est  arrondi ,  avec  une 
petite  pointe,  et  paucispiré. 

Ce  Mollusque  est  très-commun  à  l'Ile-de-France. 
On  le  trouve,  dans  les  mois  d'octobre  et  novembre, 
caché  sous  les  pierres  qui  avoisinent  les  bords  de 
la  mer.  Au  Mapou  il  y  en  a  beaucoup. 

Les  individus  décrits  par  M.  de  Lamarck  sont 
indiqués  venir  de  la  Nouvelle-Hollande.  Est-ce  bien 
vraiment  de  cette  localité  ? 


CYCLOSTOME   A  TENTACULES  ROUGES. 

Cyclostoma  rubcns ,  nob. 

PLANCHE    12  ,   FIGURES   36-OQ. 


Cyclostoma,   testa  turrita,  conica,  perforata, 
cari/iata,  apice  acuta,  oblique  striata,  lutea  ru- 
bro  variegata;  apertura  subrotimda,  alba;  an- 
fractibus  se/iis. 


190  ZOOLOGIE. 

Très  -  petite  espèce  régulièrement  conique  ,  à 
spire  prolongée  pointue,  que  l'on  prendrait  bien 
certainement  pour  une  Hélice ,  sans  la  connais- 
sance de  l'animal.  Son  dernier  tour  est  un  peu 
ventru,  caréné;  son  ouverture  est  légèrement  ova- 
laire,  à  péristome  blanc  non  continu,  et  quelque- 
fois rebordé  dans  le  très -jeune  âge.  L'ombilic  est 
étroit,  formé  par  un  canal  bordé  d'une  petite  arête. 
Cette  coquille  est  obliquement  striée  ,  comme 
plissée  à  sa  base.  Elle  est  d'un  jaune  verdâtre 
varié  de  rouge  ou  de  rosé  au  milieu  de  la  spire  ; 
le  dernier  tour  est  pourvu  d'un  petit  ruban  rou- 
geâtre.  Après  la  mort,  le  jaune  devient  plus  clair. 

L'animal  a  le  mufle  allongé,  pourvu  d'un  petit 
chaperon  près  du  bord.  Ses  tentacules  sont  longs, 
cylindriques,  d'un  rouge  vif,  portant  de  gros  yeux 
noirs  à  leur  base.  Le  pied  est  assez  long,  d'un  vert 
jaunâtre  ;  il  règne  un  petit  rebord  charnu  sur 
toute  sa  longueur.  L'opercule  est  membraneux  , 
paucispiré  et  un  peu  pointu. 

Ce  Cyclostome  habite  l'Ile-de-France.  Nous  ne 
l'avons  trouvé  que  vers  le  sommet  de  la  mon- 
tagne du  Pouce,  sur  les  arbres  et  dans  les  lieux 
un  peu  humides. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur 4 

Épaisseur i.  \ 


MOLLUSQUES.  191 

CYCLOSTOME  A  BANDEAU. 

Cyvlosloma  erosa  ,  nob. 

» 

PLANCHE     12,    FIGURES   4o~44- 


Cyclostoma,    testa  turrita,   conica ,  perforata  ; 

apice  acuta,   ultimo  anfractu  semper  erosa,  vio- 

lacea ,  aut  rubra  ;  spira  luteola  ;  apertura  rubeola  ; 

péris  tomate  simplici,  integro ,  subovali;  umbilico 

canaliculato. 

Petite  espèce,  de  même  forme,  mais  un  peu 
plus  grande  que  la  précédente,  conique,  à  spire 
pointue,  dont  les  tours,  au  nombre  de  cinq  et  demi, 
sont  arrondis  à  sutures  profondes;  le  dernier,  qui 
est  aussi  grand  que  tous  les  autres  ensemble,  est 
un  peu  ventru  et  constamment  couvert  de  rugo- 
sités obliques,  qu'on  ne  voit  bien  qu'à  la  loupe. 
Elles  effacent  en  partie  une  carène,  qu'on  aper- 
çoit cependant  près  de  l'ombilic.  Celui-ci  est  en 
fente  demi-circulaire,  et  limité  en  dehors  par  un 
bourrelet.  L'ouverture  est  demi  -  circulaire  ,  un 
peu  anguleuse  en  arrière.  Le  péristome  est  simple 
et  continu.  Ces  dernières  parties  sont  rosées. 
Cette  coquille  est  rougeâtre  ou   violacé  sombre 


192  ZOOLOGIE. 

à  sa  base,  jaunâtre  au  sommet  avec  de  petites 
flammules  rougeâtres. 

L'animal  porte  un  mufle  assez  long  d'un  jaune 
clair,  surmonté  d'une  ligne  violette  en  chevron 
brisé  en  avant  des  tentacules.  Ces  derniers  sont 
gros,  courts,  et  portent  à  leur  base,  sur  un  petit 
renflement,  dés  yeux  noirs  et  volumineux.  Le  pied 
est  de  la  même  couleur  que  la  tête.  L'opercule 
est  membraneux,  paucispiré. 

Ce  Mollusque  habite  l'île  Guam ,  une  des  Ma- 
rianes.  Il  n'y  est  pas  très  -  répandu  ,  car  il  nous 
avait  échappé  dans  notre  premier  voyage. 


DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur 4 

Épaisseur 2 


MOLLUSQUES.  iî)3 

Genre  HÉLICINE.  —  Helicina ,  Lamk. 

HELICINE  FLAMMÉE. 

i 

Helicina  flammea  ,  nob. 


PLANCHE   12,    FIGURES    1-5. 


Helicina,  testa  globoso-conoidea,  minima, 
striata,  subalbida ,  flammis  rubris  convertis  or- 
nata;  péris  tomate  crasso,  tantisper  reflexo. 

Très-petite  espèce ,  de  deux  lignes  et  demie  de 
diamètre,  globuleuse,  subdiscoïde,  à  spire  coni- 
que, un  peu  élevée ,  ayant  quatre  à  cinq  tours  ar- 
rondis, striés  et  couverts  de  flammes  brun  rouge, 
en  ziz-zag  et  très -pressées.  L'ouverture  est  sur- 
baissée, demi-circulaire ,  à  péristome  un  peu  re- 
bordé; et  cela  jusque  dans  les  individus  les  plus 
petits. 

L'animal  est  très-long,  à  pied  étroit,  légèrement 
tronqué  à  sa  pointe.  Les  tentacules  sont  fusiformes, 
pointus.  Ces  parties  sont  d'un  blanc  jaunâtre.  La 
forme  de  l'opercule  nous  a  échappé.  11  n'est  même 
pas  indiqué  dans  le  dessin ,  ce  qui  tenait  à  ce  qu'il 
était  très-probablement  caché  sous  la  coquille. 

Zoologie,  t.  ii.  i3 


IU4  ZOOLOGIE. 

Ce  Mollusque  habite  l'île  de  Tonga.  Nous  le 
trouvions  sur  les  arbres.  Les  coquilles  mortes  per- 
dent leur  jolie  couleur  rouge  et  deviennent  en- 
tièrement blanches. 


HÉLICINE  RUBANEE. 

Helicina  tœniata ,  nob. 

PLANCHE    12,   FIGURES  6-IO  , 

et  variété  planche  ii  ,  figures  34-38. 


Helicina,  testa  discoidea,  tenuiter  striata,  ca- 
rinata,  desuper paululum  conoidea,  subtus  inflata, 
alba,  rubro  cincta;  apertura  semilunata;  peri- 
s tomate  subreflexo;  columella  unidentata. 

Varietas,  minima,  globosa,  rubra,  albo  uni 
vel  bicincta. 

Cette  Hélicine  est  d'assez  petite  taille.  Le  plus 
grand  nombre  des  individus  ne  dépassent  même 
pas  celle  de  l'espèce  précédente.  Un  seul  qui  nous 
a  servi  de  type  a  quatre  lignes  et  demie  de  diamètre. 
Il  est  discoïde ,  à  spire  peu  élevée ,  conique ,  dé- 
crivant quatre  tours  et  demi,  dont  le  dernier  est 
excessivement  grand  et  fortement  caréné.  Le  des- 


MOLLUSQUES.  EOS 

sous  de  la  coquille  est  très-bombé,  sou  ouverture 
médiocre, semi-lunaire,  un  peu  ovale,  àpéristome 
simple,  blanc  et  très- légèrement  rebordé.  La  co- 
lumelle,  très-déprimée,  en  rejoignant  le  bord  gau- 
che forme  une  petite  dent  à  sa  base.  Le  fond  du 
têt  est  d'un  blanc  jaunâtre  ceint  d'une  bandelette 
iVun  rouge  de  laque. 

La  variété,  plus  petite  et  globuleuse,  a  deux  ou 
trois  bandelettes ,  ou  bien  est  entièrement  rouge 
brun,  avec  un  cercle  jaunâtre.  Enfin  il  est  des  in- 
dividus tout  jaunes.  Un  caractère  qui  ne  varie  pas, 
mais  qui  n'existe  que  sur  le  vivant,  est  une  tache 
blanche  vers  le  bord  droit  de  l'ouverture ,  qu'au 
premier  abord  on  pourrait  prendre  pour  un  pli. 

L'animal  a  un  mufle  allongé,  cylindrique,  bien 
distinct  du  pied  par  une  rainure  transverse  et  par 
une  autre  longitudinale  dans  le  sens  du  cou.  Les 
tentacules  sont  fusiformes ,  annelés  de  brun.  Le 
pied  est  médiocre,  pointu.  La  tête  est  rougeâtre 
en  dessus  et  jaunâtre  sur  les  côtés,  ainsi  que  le 
pied.  L'opercule  est  membraneux,  un  peu  pointu, 
à  éléments  concentriques  et  de  couleur  jaune. 

Cette  Hélicine  habite  Vanikoro.  Nous  ne  l'avons 
trouvée  que  sur  la  petite  île  de  Vanoun-ha.  Elle 
y  était  très-commune  ,  après  la  pluie,  sur  les  arbres. 

La  variété  de  la  planche  1 1  se  trouve  à  Tonga  , 
près  de  Bea. 


i3" 


196  ZOOLOGIE. 


Genre  AMPULLACÈRE.  —  Ampullacera,  nob. 


Animal  spiral  globuleux,  renflé,  à  pied  court, 
quadrilatère,  avec  un  sillon  marginal  antérieur. 
Tête  large ,  aplatie ,  échancrée  en  deux  lobes  ar- 
rondis portant  deux  yeux  sessiles,  sans  apparence 
de  tentacules.  Cavité  pulmonaire  limitée  en  avant 
par  un  collier,  ayant  son  ouverture  au  bord  droit; 
bouche  membraneuse.  Les  deux  sexes  réunis. 

Coquille  assez  épaisse,  globuleuse,  ventrue, 
profondément  ombiliquée,  à  ouverture  ronde  ou 
oblique,  les  bords  réunis;  spire  courte,  mais  sail- 
lante. 

Opercule  membraneux,  mince,  à  stries  obli- 
ques, paucispiré,  portant  quelquefois  un  talon. 


AMPULLACERE  AVELINE. 

Ainpullacera  avellana. 

Ampullaire  aveline.  Lamarck.  A.  s.  v. ,    l.  VI ,  ie  part, 
page  179,  n°  9. 
Bulimus  avellana.  Brug.  Dicl. ,  n°  1. 
Hélix  avellana.  Gml.  Moll.  ,  p.  36/jo,  110  181. 


MOLLUSQUES.  197 

Nerita  iiu.r  avcllana.  Martini,  pi.  188,  li^.  1810.,  189.0. 
Lunax  crcnata.  Martyn  ,  %.  6g. 

PLANCHE   l5  ,    FIGURES  I  ,    8  , 

et  9  ,  variété  clans  la  coquille. 

Ampullacera ,  testa  suborbiculata ,  globosa, 
vaille  perforata;  crassiuscula ,  longitudinaliter 
rugosa,  Joliacea,  glauca  aut  luteo-fuscescente  ; 
anfractibus  quinis  ,  ultimo  superne  angulato  ,  sub- 
carinato;  spira  brevissima,  obtusa;  apertura  obli- 
qaa ■ ,  subovali,  violacea,  dextrorsum  marginata; 
péris  tomate  albo,foris  inflexo. 

Varietas ,  testa  minima,  flavescenti,  rugosiore  ; 
spira  acuta. 

Il  n'est  pas  étonnant  que  cette  coquille  et  la 
suivante  aient  été  placées  parmi  les  Ampullaires, 
avantqu'on  connût  leur  animal.  En  effet,  rien  n'y 
ressemble  davantage.  Nous  y  fûmes  pris  aussi  nous 
d'abord,  et  ce  n'est  qu'en  dessinant  et  étudiant 
avec  soin  ces  Mollusques  que  nous  vîmes  qu'ils 
étaient  pulmonés,  par  conséquent  que  toute  leur 
organisation  devenait  différente  de  celle  des  Am- 
pullaires. Voici  ce  que  présente  celui  de  J'Arn- 
pullacère  Aveline. 

Le  pied  est  grand  ,  transverse,  jaunâtre,  séparé 
de  la  tète  par  un  sillon.  Celle-ci  a  la  forme  d'un 
cbaperon  divisé  en  deux  lobes  arrondis,  dépour- 
vus de  tentacules,  et  portant  deux  très-petits  yeux 


198  ZOOLOGIE. 

sessiles  sur  un  fond  d'un  assez  beau  jaune.  En  ar- 
rière est  un  collier  assez  bien  formé  par  le  bord 
du  manteau ,  qui  ne  laisse  au  côté  droit  qu'un 
trou  rond  pour  l'entrée  de  l'air,  et  offre  un  peu 
plus  en  dehors  l'ouverture  de  l'anus  sur  un  pé- 
dicule saillant,  bifurqué  ,  comme  dans  l'Auricule 
Midas.  Ces  parties  ainsi  que  celles  que  cache  la 
coquille  sont  d'un  brun  foncé. 

La  cavité  pulmonaire  est  grande ,  et  porte  sur 
son  plancher  un  large  organe  dépurateur,  folli- 
culeux,  dont  on  voit  très-bien  l'ouverture  sur  un 
très-court  pédicule  antérieur.  Le  cœur  lui  est  ac- 
colé en  arrière  ,  et  l'on  distingue  au  travers  le 
pigmentum  noir,  dont  le  plancher  est  recouvert , 
une  grosse  veine  qui  vient  du  collier  et  côtoie  le 
rectum.  Après  avoir  enlevé  la  cloison  qui  sépare 
l'abdomen,  on  trouve  l'œsophage  recouvert  de 
deux  glandes  salivaires  ,  linéaires  et  fixées  par 
leurs  extrémités.  L'estomac  ne  s'en  distingue 
point ,  de  sorte  qu'il  donne  dans  un  gésier  glo- 
buleux, musculeux  et  nacré  comme  celui  d'un 
oiseau,  contenant  dans  son  intérieur  quatre  pe- 
tites dépressions  ou  fossettes.  L'intestin  qui  en 
sort,  après  avoir  reçu  les  canaux  du  foie  qui  l'en- 
veloppe ,  se  termine  par  le  rectum  sans  circonvo- 
lutions apparentes.  La  bouche  est  petite  et  mem- 
braneuse. 

Plus  en  dehors ,  on  voit  l'organe  excitateur 
s'ouvrant  près  de  l'œil  droit ,  au  lieu  où  serait  le 
tentacule  du  même  côté.  Il  a  en  arrière  un  muscle 


MOLLUSQUES.  1 99 

protracteur  et  un  long  canal  tortillé.  Nous  n'avons 
pu  nous  assurer ,  tant  ces  parties  sont  délicates  , 
si  ce  canal  fait  suite  et  se  continue  avec  un  sem- 
blable beaucoup  plus  long,  qui  enveloppe  le  tes- 
ticule placé  près  du  gésier. 

A  la  droite  du  pénis  est  l'utérus,  très-renflé  en 
arrière  où  il  reçoit  l'oviducte,  qui  vient  en  ser- 
pentant de  l'ovaire,  lequel  occupe  la  partie  posté- 
rieure du  tortillon. 

Ainsi  voilà  bien  un  Mollusque  respirant  l'air  en 
nature,  quoiqu'il  vive  dans  les  mares,  possédant 
les  deux  sexes  réunis,  mais  étant  cependant  her- 
maphrodite insuffisant.  Il  est  apathique,  ne  fait 
que  peu  de  saillie  hors  de  sa  coquille,  dans  la- 
quelle il  rentre  profondément  au  moindre  con- 
tact. Nous  le  trouvions  à  demi  enfoncé  dans  le 
sable  vaseux  ,  sous  quelques  pouces  d'eau  sau- 
mâtre,  son  ouverture  pleine  de  terre. 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  qu'à  la  Nou- 
velle-Zélande. Elle  est  commune  dans  certaines 
localités.  Les  plus  gros  individus  ont  donné  leur 
nom  à  une  plage  de  l'anse  de  l'Astrolabe ,  dans  la 
baie  Tasman.  Nous  trouvions  les  plus  petits,  dans 
une  autre  anse  peu  éloignée,  entassés  devant  les 
cabanes  des  naturels,  qui  les  mangent.  Ces  deux 
variétés  sont  bien  distinctes,  et  ne  nous  ont  pas 
paru  vivre  ensemble.  On  en  rencontre  encore  , 
mais  plus  rarement,  à  la  baie  des  îles  sur  les  bords 
de  ce  qu'on  nomme  la  rivière  Kaoua-Kaoua. 


200  ZOOLOGIE. 

La  grande  variété, qui  était  inconnue,  a  la  spire 
moins  pointue  ;  son  ouverture  est  d'un  beau  violet 
très-foncé,  qui  passe  au  brun  après  la  mort.  Ses 
stries  longitudinales  sont  moins  profondes.  L'es- 
pèce de  carène  qu'on  voit  sur  le  dernier  tour  forme 
un  canal  dans  l'intérieur  qui  aboutit  à  l'échancrure, 
et  qui  doit  probablement  être  produit  par  la  saillie 
que  fait  le  rectum.  Enfin  sa  couleur  est  d'un  ver- 
dâtre  glauque.  L'opercule  est  membraneux  ,  ova- 
laire,  couleur  de  terre  de  Sienne,  à  stries  obliques, 
avec  un  indice  de  commencement  de  spire.  11  ne 
clôt  pas  complètement  l'ouverture  comme  celui 
des  vrais  Ampullaires. 

La  variété,  plus  petite,  est  celle  qu'on  connaissait 
dans  les  collections,  et  qu'a  figurée  Martyn.  Elle 
est  plus  légère,  sa  spire  est  plus  aiguë,  ses  stries  sont 
plus  profondes,  davantage  espacées  et  foliacées. 
Sa  couleur  est  jaunâtre.  Mais  les  dessins  qui  en 
ont  été  faits  ne  la  présentent  que  polie  et  usée  en 
partie.  La  rupture  de  ses  bords  plus  fragiles  fait 
facilement  disparaître  son  échancrure,  qui  est 
un  caractère  si  remarquable  que  nous  l'aurions 
donné  comme  spécifique  de  cette  espèce,  si  déjà 
elle  n'avait  eu  un  nom  généralement  adopté. 

DIMENSIONS. 

pouces,     lignes. 

Diamètre  transverse  des  plus  grosses..  i  9 

Idem  de  la  variété .         11 


MOLLUSQUES.  201 


AMPULLACERE  FRAGILE. 

Ampullacera  fragilis. 

Jmpullnirc  fragile ,  Lamarck ,  A.  s.  v. ,  t.  VI ,  -±e  part. , 
page  179,  n°  m. 


PLANCHE    IJ,   FIGURLS    IO-I2   , 

et  i3-i6,  variété  dans  la  coquille. 


Ampullacera,  testa  semiglobosa,  wnbilicata  r 
pellucida,  tenuissime  striata,  gris  eo- corne  a ,  flarn- 
mis  undulatis  ornata;  spira  acuta  ;  anfractibus 
senis  ;  apertura  semilunata. 

Varietas,  testa  maxima,  squalide  cœrulea, 
vitta  violacea  cincta;  spira  obtusiuscula. 

Cette  espèce  tient  encore  pins  des  Ampullaires 
pour  la  coquille  que  la  précédente.  Elle  est  ex- 
trêmement petite,  à  ouverture  presque  ronde,  à 
spire  élevée,  pointue,  formant  de  cinq  à  six  tours. 
Elle  offre  de  nombreuses  variétés  de  coloration. 
La  plus  élégante  est  un  fond  jaunâtre  traversé  de 
deux  bandes  brunes ,  couvertes  longitudinalemcnt 


202  ZOOLOGIE. 

de  zigzags  réguliers  très  -  pressés  de  la  même 
teinte.  Ces  lignes  sont  plus  ou  moins  apparentes 
et  étendues.  Des  individus  sont  jaunâtres ,  d'au- 
tres sont  rubanés  comme  dans  la  famille  des  Am- 
pullaires. 

Nous  ramassions  à  pleine  main  cette  variété  sur 
les  plages  herbeuses  et  saumâtres  de  la  rivière  des 
Anglais,  du  port  du  Roi-Georges,  à  la  Nouvelle- 
Hollande.  C'est  sans  doute  de  ce  lieu  que  Pérou 
l'avait  rapportée.  Elle  se  trouve  aussi,  mais  rare- 
ment ,  à  l'île  de  Van-Diemen.  En  longueur  et  en 
largeur  elle  a  cinq  lignes. 

C'est  dans  ce  dernier  lieu  que  nous  recueillîmes 
la  variété  plus  grande  ,  qui  mesure  huit  lignes 
dans  ses  deux  diamètres.  Elle  est  très-ventrue,  à 
spire  obtuse,  grossièrement  striée,  d'un  bleuâtre 
sale,  avec  une  bande  violacée  sur  le  dernier  tour; 
le  péristome  a  aussi  une  teinte  de  la  même  cou- 
leur. Quelques  individus  ont  des  flammes  brunes 
comme  ci-dessus.  Elle  habite  les  bords  des  fossés 
remplis  d'eau  saumâtre  qui  séparent  les  cultures, 
près  la  ville  d'Hobart  -  Town  ,  à  la  gauche  de  la 
rade. 

L'animal  est  entièrement  le  même  pour  les 
deux  variétés ,  comme  on  peut  le  voir  par  nos 
dessins.  Son  pied  est  un  carré  long,  arrondi  à  ses 
angles ,  un  peu  plus  en  avant  où  il  est  un  peu  en 
cœur.  11  est  jaune  en  dessus.  La  tète,  séparée  du 
pied  par  une  rainure,  forme   un   large  écusson 


MOLLUSQUES.  203 

aplati,  découpé  en  cœur,  d'un  brun  fauve,  mar- 
qué dans  sa  longueur  dune  bande  brune  ,  de 
chaque  coté  de  laquelle  sont  les  yeux,  entourés 
d'un  petit  cercle  brun,  comme  dans  certaines 
Bulles.  Le  collier  et  la  cavité  pulmonaire  sont 
jaunâtres,  le  tortillon  est  orpin  piqueté  de  noir; 
ce  sont  aussi  les  couleurs  de  l'ovaire  et  du  foie. 
L'opercule  est  semi-lunaire  un  peu  allongé,  mem- 
braneux ,  brun,  régulièrement  paucispiré  ,  por- 
tant un  onglet  recourbé  à  sa  face  interne  près 
de  la  spire. 


20  i  ZOOLOGIE. 


Genre  LYMNÉE.  —  Lj/n/iœa,  Lain. 

LYMNÉE  VERTE. 

Lymnœa  viridis,  nob. 

PLANCHE    58,     FIGURES     lti-lî). 


Lji?inœa,  testa  ovato-longa ,  tenui ,  pellucida , 
longitrorsum  striata ,  fusco-viridl;  anfractibus 
quùiis  convexis;  rima  umbilicaliformi  ;  spira 
acuta. 

Cette  espèce,  que  nous  avons  trouvée  dans  l'île 
de  Guam,  a  de  grands  rapports  avec  la  Lyranée 
voyageuse.  Toutefois  nos  plus  grands  individus 
n'ont  que  quatre  lignes  de  longueur;  ils  sont  d'un 
brun  légèrement  verdâtre  sur  le  vivant,  et  on 
peut  leur  compter  cinq  tours  de  spire ,  caractères 
qui  dilférentient  cette  espèce  de  la  précédente. 

Elle  est  courte,  ventrue,  striée  longitudinale- 
ment,  à  ouverture  large,  ovalaire,  dont  le  pé- 
ristome  est  quelquefois  entier.  La  columelle  est 
ondulée  avant  que  de  se  déjeter  en  dehors  pour 
former  une  scissure  qui   simule   un  ombilic.  La 


MOLLUSQUES.  205 

spire  est  courte,  pointue,  ses  tours  sont  con- 
vexes. 

L'anima]  est  grand,  à  pied  ovalaire  allongé, 
s'élargissant  beaucoup ,  se  relevant  sur  les  côtés 
dans  la  natation.  Les  tentacules  sont  courts,  trian- 
gulaires ,  aplatis.  L'extrémité  de  la  tête  s'allonge 
en  un  petit  mufle  plus  ou  moins  élargi,  bien 
distinct  du  pied.  Au  côté  droit  est  un  petit  bour- 
relet saillant  où  s'ouvrent  l'anus  et  l'organe  pul- 
monaire. Toutes  ces  parties  sont  verdâtres  avec 
des  taches  brunâtres. 

Morte,  la  coquille  est  d'un  brun  clair  de  cou- 
leur de  corne. 


20f. 


ZOOLOGIE. 


Genre  PHYSE.  —  Physa  ,  Drap. 


PHYSE  DE  TONGA. 


• 


Physd    Tongana ,  nob. 


PLANCHE   58  ,   FIGURES    IC)-20. 


Et  variétés  idem,  figures  21-22. 


Physa,  testa  sinis trorsa,  elongata  ,  ventricosa, 
longitrorsum  striata,  subpellucida ,  fulvo-casta- 
nea;  spira  longa  ;  anfractibus  obliquis  quinque 
vel  senis. 

Varietas  (aut  species  nova)  minima,  seniper  al- 
bida  vel  f lava,  pellucida. 


Grande  espèce,  de  onze  lignes  de  longueur  sur 
cinq  ou  six  de  largeur,  à  spire  allongée,  pointue; 
les  tours  en  sont  obliques ,  arrondis ,  le  dernier 
très-grand,  ventru;  tous  ont  une  petite  dépres- 
sion en  forme  de  ruban  près  des  sutures.  L'ou- 
verture est  assez  rétrécie ,  ovalaire ,  à  bord  tran- 
chant. Le  têt  est  très-finement  strié  en  long,  lui- 
sant, un  peu  translucide,  d'un  brun  clair,  pas- 
sant au  jaunâtre  vers  l'extrémité  de  la  spire.  La 
base  de  la  columelle  est  blanche. 


MOLLUSQUES.  207 

Cette  coquille  nous  fut  toujours  «apportée  morte 
par  les  naturels  de  Tonga,  de  sorte  que  nous 
ne  pouvons  dire  quelle  est  sa  vraie  couleur  dans 
l'état  de  vie,  ni  connaître  la  forme  de  son  animal. 

Une  variété  qui  n'a  que  cinq  lignes  de  lon- 
gueur, en  tout  semblable, est  d'un  blond  très-clair 
ou  presque  blanche.  ISous  en  possédons  un  assez 
bon  nombre  d'individus  qui  tous  se  ressemblent, 
ce  qui  pourrait  faire  supposer  que  ce  serait  une 
espèce.  On  sait  du  reste  que  celles  de  ce  genre 
sont  aussi  difficiles  à  bien  caractériser  que  les 
Lvmnées. 


PHYSE   GÉORGIENNE. 

Physa  Georgiana ,  nob. 

PLANCHE    58,  FIGURES   lZ-l\. 


Physa,  testa  sinistrorsa ,  ovato-oblonga ,  cor- 
nea,  crassa,  tenuissime  longitudinaliter  striata; 
spira  brevissima ,  acuta  ;  apertura  angustata,  sub- 
ovali. 

Cette  espèce  se  fait  remarquer  par  sa  forme 
ovoïde,  par  sa  spire  très-courte,  pointue,  qui  n'a 


208  ZOOLOGIE. 

que  quatre  à  cinq  tours,  dont  les  deux  derniers 
sont  fort  grands ,  sans  dépression ,  rubanée  près 
des  sutures.  L'ouverture  est  rétrécie,  subovalaire, 
son  péristome  épais,  ainsi  que  toute  la  coquille, 
qui  est  finement  striée  en  long  avec  d'autres  stries 
transverses  qu'on  ne  voit  qu'à  la  loupe. 

La  couleur  est  d'un  blond  de  corne.  La  pointe 
de  la  spire  est  rougeâtre,  le  bord  gauche  de  l'ou- 
verture brun.  Habite  le  port  du  Roi-Georges,  à  la 
Nouvelle-Hollande. 

DIMENSIONS. 


li^nPS. 


Longueur 6 

Épaisseur 3 


MOLLUSQUES.  209 

Genre  PLANORBE.  —  Planorbis ,  Brug. 

PLANORBE  DE  TONDANO. 

Piannrbis  Tondanensis ,  nol». 

PLANCHE    58,    FIGURE    3<J. 


Planorbis,  testa  discoidea ,  minima  plana, 
subdepressa,  rubente,  transversim  tenuiterstriata; 
apertura  ampla ,  obliqua,  subangulata. 

Très-petite  espèce,  qui  n'est  peut-être  qu'un 
jeune  âge,  de  deux  lignes  et  demie  de  diamètre, 
discoïde,  plane,  quoique  le  dernier  tour  soit  sub- 
arrondi, très -finement  strié  en  travers,  de  cou- 
leur rougeâtre  de  laque  sur  le  vivant.  Son  ou- 
verture, assez  grande,  est  coupée  obliquement, 
subarrondie  avec  des  indices  d'angles. 

Nous  l'avons  trouvée  à  Célèbes ,  dans  le  lac 
de  Tondano,  situé  sur  une  montagne.  Nous  n'a- 
vons pu  observer  l'animal. 


Zoologie,  t.   ir.  xa 


210  ZOOLOGIE. 

Genre  ONCHIDIE.  —  Onchidium  Buchanam. 

Peronia.  (Blainville)  '. 

ONCHIDIE  DE  TONGA. 

Onchidium   Tonganum ,  nob. 
Papa  par  les  indigènes. 

PLANCHE    l5,    FIGURES    I^-lB. 

Onchidium,  corpore  maximo,  squalide  luteo; 
tuberculis  pediculatis  mamillatisque  onusto;  veli 
margine  lato. 

Grande  espèce,  ayant  de  six  à  sept  pouces  de 
longueur,  dont  le  manteau , largement  développé 
sur  ses  bords,  recouvre  un  pied  qui  est  large  aussi. 
La  partie  supérieure  du  dos  est  jaune  et  couverte 
de  tubercules  pédicules,  mamelonnés,  jaunâtres, 
grisâtres,  passant  au  brun  assez  foncé,  ce  qui 
donne  à  cette  Onchidie  une  couleur  sombre.  La 


1  Bien  que  M.  de  Blainville  ait  démontré  que  M.  Cuvier  avait  en  tort 
de  donner  ce  nom  à  ce  genre  de  Mollusques ,  qu'il  croyait  être  le  même  que 
celui  découvert  par  Bucbanan ,  l'usage,  probablement  appuyé  d'une  bonne 
anatomie,  semble  avoir  prévalu  ;  TOncbidie  de  l'auteur  anglais  pourra  pren- 
dre le  nom  de  Vaginule  ou  de  Véronicelle. 


MOLLUSQUES.  211 

tète  et  les  tentacules  sont  d'un  jaune  assez  vif: 
ceux-ci  portent  les  yeux  à  leur  sommet.  Le  des- 
sous du  manteau  est  d'un  blanc  jaunâtre;  et  le 
dessous  du  pied  jaune  d'orpin  un  peu  sale. 

Dans  l'état  ordinaire  ce  Mollusque  est  ovalaire , 
mais  il  prend  aussi  une  forme  allongée.  On  le 
trouve  sur  les  récifs  de  la  petite  île  de  Panhi-Mo- 
tou. 


ONCHIDIE  "DÉCOUPÉE. 

Oiichidium  incisant,  nob. 

PLANCHE    l5,    FIGURES    IÇ-20. 


Onchidium,  corpore  minirno ,  ovali ,  tubercu- 
lato,  luteo-viridi ;  fusco  mixto;  margine  veli  duo- 
decim  acuminato. 

Très-petite  espèce,  à  peine  longue  de  deux  à- 
trois  lignes,  ovalaire,  bombée,  ayant  le  contour  du 
manteau  assez  régulièrement  découpé  en  pointes, 
au  nombre  de  douze,  séparées  par  des  échan- 
crures.  Ces  tubercules  se  voient  mieux  en  des- 
sous. Us  paraissent  être  la  terminaison  d'un  con- 
duit qui  s'ouvre  par  un  pore  ,  comme  nous  l'avons 
vu  dans  quelques  autres  espèces.  La  tète  ne  dé- 

14* 


212 


ZOOLOGIE. 


borde  point  le  manteau ,  et  nous  devons  à  sa 
petitesse  de  n'avoir  pu  distinguer  les  tentacules. 

Le  dessus  du  corps  est  tuberculeux,  d'un  vert 
jaunâtre,  mélangé  de  vert  plus  foncé  et  de  quel- 
ques taches  brunes;  le  dessous  est  d'un  jaune 
verdâtre. 

Ce  Mollusque,  qui  est  représenté  très-grossi, 
habite  les  rivages  de  l'île  de  l'Ascension. 


ONCHIDIE  PÀTELLOIDK. 


Qnchidium  ptitelloïdr^  noh. 


Pipiton  par  les  naturels  de  la  baie  Tasman, 


PLANCHE    l5,    FIGURES    2  1-2  3. 


Onchiclium ,  coipore  orbiculare,  supra  conico , 
tuberculis  luteo-viridibus  obtecto;  veli  margine 
foraminis  sexdecim  peiforato. 

Cette  Onchidie,  d'un  pouce  environ  de  dia- 
mètre, a,  dans  l'état  de  repos,  le  corps  orbicu- 
laire,  bombé  en  pointe,  ce  qui,  joint  aux  saillies 
très-marquées  des  pores  qui  occupent  le  pourtour 


MOLLUSQUES.  2L'i 

du  manteau,  donne  à  ce  Mollusque  la  forme  dune 
patelle.  Son  dos  est  recouvert  de  très-petits  tu- 
bercules jaune  verdâtre ,  avec  quelques  stries  noi- 
râtres. Le  dessous  du  corps  est  blanc,  tirant  sur 
le  jaunâtre.  Le  chaperon  céphalique  est  bilobé, 
jaune  sur  le  bord.  Les  tentacules  sont  assez  courts, 
coniques,  brunâtres,  oculés  à  leur  extrémité. 
L'animal  les  allonge  quelquefois  assez  pour  qu'ils 
dépassent  le  manteau.  Ce  dernier  est  muni  sur 
ses  bords  de  seize  pores  triangulaires,  blancs,  ap- 
parents sur  les  deux  faces.  Lorsqu'on  les  touche 
il  en  sort  une  liqueur  lactée.  Nous  pensons  que 
tous  les  individus  de  cette  famille  sont  pourvus 
de  ces  organes,  qui  paraissent  plus  ou  moins. 

Cette  espèce  habite  la  Nouvelle-Zélande.  On  la 
trouve  à  la  baieTasman,  dans  le  lieu  qui  porte 
le  nom  d'Anse  de  l'Astrolabe.  Elle  fuit  la  lumière 
et  se  cache  sous  les  pierres.  Elle  offre  quelques 
différences  dans  la  teinte,  qui  peut  aller  jusqu'au 
brun. 


214  ZOOLOGIE. 

ONCHIDIE  NOIRATRE. 

Onchiditun  nigricans,  nob. 

PLANCHE    l5  ,  FIGURES  1^-0.6. 


Onchidiuni,  corpore  minimo ,  ovali,  desuper 
carinato,  toto  nigro  ;  tentaculis  apice  tuberculatis. 

Cette  très-petite  espèce  n'a  que  trois  lignes  de 
longueur;  elle  est  ovalaire,  à  dos  peu  élevé,  lar- 
gement caréné  et  noir  en  dessus.  Les  tentacules 
sont  gros,  courts,  arrondis  en  bouton  à  leur  extré- 
mité. Ils  sont  noirs  ainsi  que  le  bouclier  cépha- 
lique. 

Ce  qui  nous  fait  croire  que  c'est  une  espèce  et 
non  un  jeune  âge,  c'est  qu'à  mer  basse  on  la 
trouve  par  milliers  sur  les  rochers  granitiques  de 
l'Anse  de  l'Astrolabe,  à  la  Nouvelle-Zélande.  Dans 
quelques  individus  la  couleur  noire  passe  au 
verdâtre. 


MOLLUSQUES. 


215 


ONCHIDIE  PIQUETÉE. 


OncKidium  punctatum ,  nob. 


Baïnikm  par  les  habitants  de  Dorey. 


PLANCHE     l5,    FIGURES   27-28. 


Onchidium ,  corpore  ovali,  colore  variegato , 
luteo  aut  fusco  ;  punctis  nign's  notato  ,  tubercu- 
lato;  tuberculis  posticis  ramosis. 


On  trouve  dans  le  port  de  Dorey,  sur  la  plage, 
une  grande  quantité  d'Onchidies ,  d'un  à  deux 
pouces  de  long,  à  corps  bombé,  régulièrement 
ovalaire  ,  et  variant  beaucoup  pour  la  teinte, 
quoique  sans  aucun  doute  ce  soit  la  même  es- 
pèce. Elles  sont  généralement  verdâtres  ou  grisâ- 
tres; mais  il  y  en  a  de  cendrées,  de  brunes,  de 
noirâtres  et  de  jaunâtres  tachetées  de  points  noirs. 
L'Onchidie  que  nous  avons  représentée  appar- 
tient à  ces  dernières.  Son  dos,  parsemé  de  gra- 
nulations, a  de  plus  en  arrière  des  tubercules 
très-finement  ramifiés.  Le  manteau  et  les  parties 
latérales  du  pied  sont  jaunes.  Il  est  possible  que 
celte    diversité   de   coloration    tienne   à    quelque 


216  ZOOLOGIE. 

circonstance  particulière  à  l'animal ,  et  varie  selon 
la  nourriture,  ou  même  l'heure  du  jour  à  laquelle 
on  l'observe. 

•  \  Aucun  lieu  ne  nous  a  offert  un  plus  grand 
nombre  d'Onchidies  que  cette  partie  de  la  Nou- 
velle-Guinée. On  y  trouve  également  la  grande 
espèce  des  îles  des  Amis ,  que  nous  avons  nom- 
mée de  Tonga,  et  que  les  Papous,  qui  savent 
bien  la  distinguer  de  l'autre,  appellent  Angou- 
man.  Ici  elle  est  vert-d'eau  passant  au  noirâtre. 
Son  pied  est  jaune  verdâtre  en  dessous. 


MOLLUSQUES.  217 


Genre  SIGARET.  —  Sigaretus,  Cuv. 


SIGARET  DE   TOINGA,  mâle. 
Sigaretus  Tongamis  ,  nob. 

PLANCHE   66  (bis),  FIGURES  4~8,    et  8'. 

Et  figure  9,  Coquille  du  Sigaret  de  Maurice. 


Sigaretus ,  testa  ovata,  pellucida,  convexo-de- 
pressa,  fragili,  albida;  spira  minima ,  obtusa , 
versus  marginem  incumbente ;  apertura  ampla. 

Nous  ne  parlerons  de  l'organisation  des  Sigarets, 
après  MM.  Cavier  et  de  Blainville  ,  que  pour  dire 
seulement  qu'il  y  a  dissidence  entre  ces  auteurs 
sur  un  point  majeur,  celui  des  sexes ,  que  M.  Cuvier 
a  séparés ,  et  que  M.  de  Blainville  réunit  dans  le 
même  individu.  Sa  description  ne  permet  pas  de 
croire  que  ce  soit  sur  un  autre  Mollusque  qu'un 
Sigaret  qu'il  ait  opéré.  Cependant  ceux  que  nous 
avons  examinés  ont  bien  certainement  chaque  sexe 
sur  un  individu  à  part.  Celui  que  nous  représen- 
tons est  un  mâle  et  porte  un  long  organe  excita- 


218  ZOOLOGIE. 

leur  à  crochet,  qui,  clans  l'état  ordinaire,  pend  au 
bord  droit  de  la  tête. 

Ces  animaux  sont  tellement  mous  et  deviennent 
si  racornis  quand  ils  arrivent  dans  les  collec- 
tions, qu'on  ne  sera  pas  fâché  de  voir  quelle  est 
leur  forme  dans  l'eau.  C'est  celle  d'un  ovale  pré- 
sentant en  devant  deux  longues  pointes  obtuses 
produites  par  une  scissure  dans  le  manteau.  C'est 
une  sorte  de  canal  par  lequel  l'eau  arrive  à  l'or- 
gane respirateur.  Cet  organe  est  une  branchie  à 
lamelles  extrêmement  minces,  allant  d'un  côté  à 
l'autre  du  plafond  supérieur  qu'elles  tapissent.  Elles 
sont  quelquefois  si  peu  apparentes  que  nous  avions 
d'abord  cru  les  Sigarets  des  Mollusques  pulmonés. 
Le  cœur,  placé  à  gauche,  est  allongé,  très-mou.  La 
coquille  ne  protège,  à  bien  dire,  que  le  foie  et  le 
testicule  qu'elle  contient  ;  ce  n'est  que  sa  partie 
membraneuse  qui  s'avance  sur  la  cavité  branchiale. 

Le  manteau,  convexe ,  bosselé,  fort  épais,  n'a 
aucune  ouverture  en  dessus,  et  contient  la  coquille 
dans  son  intérieur  sans  qu'il  en  paraisse  d'indice 
au  dehors. 

Le  pied  est  allongé ,  fort  étroit ,  comparé  à  la 
masse  du  corps,  un  peu  plus  élargi  en  avant,  avec 
un  sillon  marginal.  Les  tentacules  sont  gros,  fort 
courts,  portant  les  yeux  sur  un  petit  renflement 
externe  près  de  leur  base. 

La  langue  ,  garnie  de  crochets ,  est  très-enroulée 
derrière  le  renflement  buccal. 


MOLLUSQUES.  219 

Le  Sigaret  de  Tonga  a  de  larges  tubercules ,  ar- 
rondis, peu  élevés;  il  est  d'un  beau  noir  velouté, 
excepté  vers  la  racine  du  pied ,  qui  est  brun  rouge 
assez  vif.  Sa  couleur  tient  à  un  pigmentum  qui 
s'enlève  facilement  et  laisse  les  chairs  d'un  blanc 
mat.  Nous  n'avons  point  trouvé  de  différence,  par 
rapport  aux  animaux ,  entre  cette  espèce  et  celle 
de  l'Ile-de-France  ;  il  en  existe  cependant  de  con- 
stantes dans  les  coquilles.  Celle  de  notre  espèce  est 
pins  ovalaire  et  plus  large,  presque  plane ,  quoique 
arrondie  en  dessus.  Sa  spire  est  arrondie,  peu  sail- 
lante ,  abaissée  vers  le  bord  droit ,  tandis  que ,  dans 
le  Sigaret  de  Maurice,  elle  est  proéminente;  son 
dernier  tour,  plus  développé  et  plus  arrondi  en  ar- 
rière de  l'ouverture,  diminue  d'autant  l'ampleur  de 
celle-ci.  Un  coup  d'œil  sur  les  individus  fait  mieux 
juger  de  suite  des  différences ,  que  la  plus  longue 
description.  Ces  coquilles,  minces  ,  pellucides  , 
pour  ainsi  dire  membraneuses ,  sont  d'un  blanc 
jaunâtre.  Les  nôtres  doivent  leur  couleur  terne 
au  séjour  dans  l'esprit-de-vin. 

Ces  animaux  sont  extrêmement  apathiques  et 
craignent  apparemment  l'éclat  de  la  lumière.  A  mer 
basse,  on  les  trouve  tapis  dans  de  petites  flaques 
d'eau.  Dans  notre  premier  voyage,  nous  en  prîmes , 
dans  la  rade  du  Port-Louis  de  Maurice ,  par  plu- 
sieurs brasses  de  profondeur.  Ils  se  tenaient  immo- 
biles sur  un  fond  sablonneux,  et  ce  n'est  que  leur 
couleur  noire  qui  nous  les  fit  distinguer.  Il  serait 


220  ZOOLOGIE. 

très-possible  que  ce  fût  un  jeune  de  cette  espèce 
dont  M.  de  Blainville  fit  dans  le  temps  son  getire 
Coriocelle ,  qui  n'est  véritablement  qu'un  Sigaret. 

Ainsi  donc  dorénavant  pour  s'entendre ,  il  fau- 
dra appeler  coquilles  de  Sigaret  toutes  celles  qui 
seront  bien  reconnues  pour  être  complètement 
internes  ,  à  moins  cependant  qu'il  n'y  ait  des  Siga- 
rets  à  coquille  externe;  les  autres  appartiendront 
ou  aux  Cryptostomes  ou  aux  Stomatelles. 


DIMENSIONS. 

ligne 

longueur  de  la  coquille  de  notre  espèce  19 

Largeur 1 3 


MOLLUSQUES.  221 

(  :  knre  CR YPTOSTOME.  —  Cryptostoma ,  Blainv. 

CRYPTOSTOME  ZONAL. 
Crysptoiomu  zonalis  ,  nob. 

PLANCHE    66(bl's)  ,    FIGURES     1-3. 


Cryptostoma,  testa  ovali ,  convexo-depressa, 
subarcuata,  transversim  tenuissime  striata ,  alba, 
zona  longitudinali  rufa  cincta;  apertura  alba. 

C'est  le  seul  individu  de  ce  genre  que  nous 
ayons  rencontré  avec  son  Mollusque  dans  tous 
nos  voyages  ;  encore  avons-nous  eu  le  désagrément 
de  le  perdre  à  Paris  avant  que  de  pouvoir  donner 
quelques  détails  sur  son  organisation.  Il  doit  être 
presque  en  tout  semblable  aux  Natices ,  dont  il  se 
rapproche  tant  pour  les  formes  extérieures,  et  a, 
comme  elles,  deux  peignes  brachiaux  ,  quoiqu'on 
n'en  indique  qu'un.  Nous  ne  croyons  pas  non  plus 
qu'il  soit  hermaphrodite  \ 


'  Depuis,  nous  avons  eu  occasion  de  pouvoir  affirmer  ce  que  nous 
n'avions  pu  qu'indiquer  par  analogie,  sur  une  espèce  de  Cryplostome  qui 
avoisine  le  Sigaretus  coiicavus ,  sans  cependant  l'être.  Nous  croyons  que 
e'est  le  même  que  celui  qu'a  figuré  M.  Gray  dans  ses  Spicitegica  zoologica, 
pi.  5,   fig.  i ,  2.  Il  n'y  a  d'autres  différences  entre  ces  Mollusques  et  les 


222  ZOOLOGIE. 

Sa  coquille  est  ovalaire  un  peu  plate,  convexe 
en  dessus,  légèrement  arquée,  à  spire  obtuse,  non 
terminale,  placée  fort  près  du  bord  droit.  L'ouver- 
ture est  fort  large  ,  ovalaire.  Cette  espèce  est  en- 
tièrement blanche,  avec  une  bandelette  fauve  lon- 
gitudinale, qui  prend  à  sa  spire  et  vient  finir  au 
bord  antérieur.  Elle  n'est  pas  toujours  bien  mar- 
quée et  ne  paraît  même  quelquefois  pas.  Des  stries 
transverses  très-fines  sont  dépendantes  de  l'accrois- 
sement de  cette  coquille.  En  dedans  elle  est  d'un 
beau  blanc  vitré.  Elle  est  extérieure  et  ne  protège 
seulement  que  les  principaux  viscères  d'un  ani- 
mal qu'elle  ne  peut  contenir  tout  entier.  En  effet, 
son  pied  énorme  la  dépasse  de  beaucoup  en  avant 
et  en  arrière  ,  mais  principalement  dans  ce  der- 
nier sens  ,  en  formant  deux  prolongements  lin- 
guiformes,  qui  la  recouvrent  en  partie  ,  sans  ja- 
mais la  cacher  entièrement.  Ainsi  ce  n'est  point 
une  coquille  intérieure.  Nous  voyons  dans  notre 
dessin  qu'au  bord  droit  du  bouclier  qui  recouvre 
le  devant  de  la  coquille ,  est  un  petit  appendice 


Natices  que  de  ne  pouvoir  être  contenus  dans  la  coquille,  et  d'avoir  un 
opercule  rudimentaire.  C'est  du  reste  la  même  organisation.  Ils  sont  dioï- 
ques ,  manquent  d'yeux,  et  ont  deux  branchies.  La  plus  petite  présente 
un  aspect  particulier  dans  ses  folioles,  qui  sont  bombées  et  plissées  en  tra- 
vers ;  celles  de  la  grande  sont  plates,  en  partie  libres  et  fort  peu  consistantes. 
L'opercule  est  oblong,  très-mince,  paucispiré. 

Nous  pensons,  avec  M.  Gray,  qu'il  n'y  a  pas  de  caractères  suffisants  pour 
séparer  les  Cryptostomes  des  Natices,  mais  assez  seulement  pour  en  faire 
une  division.  Relativement  aux  coquilles  ,  on  passe  insensiblement  des  uns 
aux  autres  par  les  Natices  Mvlanostoma  et  noire  Mclanustumoules. 


MOLLUSQUES.  223 

élargi,  qui  se  rebrousse  sur  elle;  c'est  sans  doute 
l'organe  excitateur  :  ce  que  nous  n'avons  point  vé- 
rifié à  l'instant,  de  même  que  de  nous  assurer  s'il 
avait  un  opercule;  ce  qui  est  probable.  Ce  Cryp- 
tostome  est  d'un  blanc  jaunâtre.  On  l'apporta 
mort,  mais  encore  très-consistant.  C'est  la  nour- 
riture des  jeunes  mouettes.  Les  parents  n'ont  en 
effet  besoin  que  d'enlever  d'un  coup  de  bec,  à 
cette  masse  de  chair,  la  coquille  qui  la  surmonte, 
pour  avoir  un  aliment  naturel  tout  préparé.  Aussi 
trouvions -nous  un  grand  nombre  de  coquilles 
bien  propres  dans  les  nids  de  ces  oiseaux.  Nous 
ignorons  les  lieux  où  ils  vont  les  chercher;  ce  doit 
être  dans  les  îlots  et  sur  les  rochers  battus  de 
la  mer  ;  car  dans  toute  la  circonférence  du  port 
du  Roi-Georges  nous  n'en  avons  pas  trouvé  une 
seule. 

Notre  individu,  quoique  vivant,  manquait  de 
la  bande  zonale  spécifique.  C'est  surtout  dans 
l'ilot  du  Jardin  que  nous  en  amassâmes  le  plus. 


DIMENSIONS. 


Ii 


Longueur 


* ••  7 

Largeur 10 


Nota.  Après  avoir  examiné  ce  genre,  nous  pen- 
sons ,  avec  M.  de  Blainville ,  que  la  plupart  des 
Sigarets  de  M.  Lamarck ,  moins  le  cancellé ,  sont  des 


224  ZOOLOGIE. 

Cryptostomes.  Nous  dirons  même  plus,  c'est  que 
toutes  les  espèces  qui  seront  solides,  striées  ou 
non  ,  appartiendront  à  ce  genre  ,  et  pour  nous 
seront  des  coquilles  extérieures  ;  tandis  que  les 
minces,  légères  et  pellucides,  seront  intérieures, 
entièrement  enveloppées  dans  le  manteau  ,  et 
celles  des  vrais  Sigarets  de  M.  Cuvier  ,  qui  ne 
paraissent  point  être  le  même  genre  qu'avait  formé 
Adanson.  Les  Cryptostomes  viennent  donc  na- 
turellement lever  les  doutes  qui  pourraient  exis- 
ter sur  les  coquilles  devant  appartenir  à  l'un  ou 
à  l'autre  de  ces  genres. 


MOLLUSQUES.  225 


Genre  NATICE.  -  -  Natica,  Lamk. 


Les  Natices  sont  des  animaux  à  qui  leur  pied 
donne  un  aspect  tout  particulier.  C'est  une  longue 
lamelle  ovale  ,  assez  ordinairement  carrée  en 
avant,  ovalaire  en  arrière,  doublée  dans  les  deux 
sens.  En  avant, où  elle  est  plus  large,  c'est  un  écus- 
son  épais,  un  peu  auriculé,  qui  remonte  sur  la 
partie  antérieure  de  la  coquille  qu'elle  recouvre, 
en  même  temps  qu'elle  cache  toute  la  tète  de  l'ani- 
mal, dont  il  ne  paraît  ordinairement  que  la  pointe 
des  tentacules.  Une  rainure  de  chaque  côté  in- 
dique les  deux  parties  du  pied. 

L'écusson  postérieur,  moins  considérable,  sup- 
porte l'opercule  qu'il  déborde,  pour  recouvrir  le 
bord  gauche  et  l'extrémité  de  la  coquille.  Il  est 
des  individus  où  i!  a  la  même  grandeur  que  le 
pied,  dont  il  se  distingue  par  une  rainure  circu- 
laire. Ainsi  dans  tout  leur  développement  les  Na- 
tices représentent  une  masse  de  chair,  sur  le  som- 
met de  laquelle  on  aperçoit  une  partie  de  la 
coquille.  L'opercule  ,  quoique  fort  grand  ,  n'est 
point  apparent;  placé  en  travers,  il  se  trouve  ca- 
ché par  l'extrémité  du  test  qui  contient  la  masse 
des  viscères.  Un  muscle  fort  petit  lie  tout  ce  déve- 
loppement de  chair  à  une  columelle  assez  exiguë 

Zoologie,  t.  ir.  i5 


22G  ZOOLOGIE. 

par  elle-même.  Le  reste  de  l'animal,  qui  est  peu 
spire ,  n'offre  rien  de  remarquable. 

La  tète  est  large  ;  les  tentacules  fort  distants  , 
aplatis,  longs  et  pointus;  nous  n'y  avons  point 
vu  d'yeux.  La  cause  finale  est  applicable  ici:  à 
quoi  serviraient-ils  étant  toujours  cachés  par  l'é- 
cusson  antérieur,  qui  vient  à  la  rencontre  du  bord 
du  manteau,  lequel  est  sans  siphon?  La  cavité 
respiratrice  est  peu  grande.  Elle  porte  à  gauche 
deux  branchies  inégales  comme  à  l'ordinaire.  La 
plus  grande  a  de  larges  lamelles  triangulaires  , 
libres  dans  une  partie  de  leur  étendue.  Le  cœur 
est  ovoïde,  à  une  seule  oreillette  et  un  seul  ven- 
tricule. Le  rectum  et  l'utérus  sont  placés  au  côté 
droit  de  la  cavité.  Dans  le  mâle  ,  l'organe  excita- 
teur est  très  -  gros ,  triangulaire  ,  cannelé  sur  son 
bord  droit ,  et  placé  fort  près  du  tentacule  droit. 
L'ouverture  de  la  bouche  est  profondément  ca- 
chée en  arrière  du  chaperon  que  forme  la  tête.  Une 
petite  trompe  fort  courte,  deux  plaques  cornées, 
surmontées  d'un  très-petit  ruban  lingual  à  cro- 
chets, forment  un  petit  bouton  ovalaire,  derrière 
lequel  viennent  s'ouvrir  les  deux  conduits  de  deux 
petites  glandes  salivaires.  Toutes  ces  parties  ont 
un  muscle  rétracteur.  L'œsophage  est  long,  grêle, 
précédant  un  estomac  globuleux  ,  occupant  à  lui 
seul  tout  l'espace  abdominal  ;  l'intestin ,  qui  est 
délié,  passe  sur  le  foie,  et  se  termine  par  le  rectum, 
sans  circonvolutions. 


MOLLUSQUES.  227 

Le  foie  et  le  testicule  sont  groupés  ensemble. 
Le  canal  déférent  de  ce  dernier  est  peu  long. 
Dans  la  femelle,  l'ovaire  touche  à  l'utérus,  qui  est 
très-volumineux.  Tous  ces  organes  sont  tassés  en 
raison  du  peu  de  développement  de  cette  partie 
de  l'animal,  qui  est  à  peu  près  le  tiers  ou  le  quart 
de  son  volume  total. 

On  a  de  la  peine  à  croire,  en  voyant  le  peu  de 
capacité  de  la  coquille  ,  et  toute  l'extension  que 
prennent  les  parties  de  la  locomotion  ,  qu'elles 
puissent  toutes  rentrer  et  complètement  dispa- 
raître. La  chose  a  cependant  lieu  ,  lentement  il 
est  vrai,  et  l'opercule  vient  clore  parfaitement 
l'ouverture.  Mais  comme  ce  mécanisme  paraît  coû- 
ter à  l'animal,  nous  avons  remarqué  qu'il  se  dé- 
veloppait rarement  deux  fois.  L'opercule  est  ova- 
laire  ,  paucispiré  ,  représentant  un  arc  de  cercle 
sous-tendu.  Il  est  membraneux  ou  calcaire.  Cette 
différence  n'en  amène  pas  de  constante  dans  la 
forme  de  la  coquille;  ainsi  elle  est  de  peu  d'inté- 
rêt pour  les  divisions  qu'on  pourrait  chercher  à 
établir.  L'opercule  calcaire  nous  a  presque  tou- 
jours paru  appartenir  aux  Natices ,  dont  la  fente 
ombilicale  est  adroite  d'une  colonne  calleuse;  car, 
celles  qui  ont  cette  fente  à  gauche  de  cette  même 
callosité  ont  le  plus  souvent  un  opercule  corné. 
Nous  ne  connaissons  encore  qu'une  exception  à 
cela  ;  c'est  pour  une  Natice  sans  nom  qui  est  au 
Muséum  ,  à  laquelle  est  l'opercule. 

i5* 


228  ZOOLOGIE. 

Ces  Mollusques  ont  beaucoup  de  vivacité.  L'exa- 
men de  leurs  viscères  indique  qu'ils  doivent  se 
nourrir  de  substances  déjà  très-atténuées.  Toutes 
les  mers  fournissent  des  Natices,  qui  sont  plus  ré- 
pandues dans  les  pays  chauds.  Cependant,  d'après 
l'inspection  des  débris  des  plages,  la  partie  aus- 
trale de  la  Nouvelle-Hollande  en  aurait  autant  que 
plusieurs  contrées  plus  rapprochées  de  l'équateur. 
Quelques  espèces  ont  un  épiderme,et  peut-être 
toutes.  En  général,  elles  prêtent  peu  par  la  cou- 
leur aux  caractères  spécifiques.  Nous  allons  en 
décrire  quelques-unes. 


NATICE  BOUCHE-NOIRE. 

Natica  melanostoma. 

Lamk. ,  loc.  cit.,  t.  VI,  ire  part.,  pag.  178,  n°  8. 
Idem  pour  la  synonymie. 

Roui  par  les  indigènes  de  Tonga. 

PLANCHE   66,    FIGURES    1-3. 


Natica,  testa  ovali ,  ventricosa ,  convexo-de- 
pressa ,  tenui ,  albida ,  fulvo-zonata  ;  spira  promi- 
nula;  labio  fusco  -  /ugrica/ite;  umbilico  semi- 
clauso.  (Lamk.) 


MOLLUSQUES.  229 

Cette  coquille,  qu'il  est  facile  de  connaître  à  sa 
légèreté ,  à  ses  trois  bandes  transversales  fauves  et 
surtout  à  sa  colutnelle  empreinte  d'un  joli  brun 
marron,  a  son  animal  d'un  blanc  de  lait  pur.  Son 
pied  est  quadrilatère,  obtus,  légèrement  auriculé 
en  avant.  La  partie  postérieure  s'appointit  un  peu. 
Les  tentacules  ont  leur  extrémité  rabattue  sur  la 
coquille. 

L'opercule  est  membraneux,  ovalaire ,  paucispiré 
au  bord  gauche  ;  le  reste  de  ses  lamelles  est  obli- 
quement transverse.  Sa  couleur  est  brun  marron 
très-foncé,  plus  clair  sur  les  bords. Habite  Tonga, 
les  Moluques  et  plusieurs  autres  lieux. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur !  5 

Diamètre  transverse 1 1  ^ 


NATICE  MELANOSTOMOIDE. 

Natica   melanoslomoïde  ,  nob. 

PLANCHE  66  ,   FIGURES   4"8. 


Natica,    testa   impeiforata,    ovali,    subventri- 
cosa ,  deprcssa,  tenuissima,  alba ,  maculis  fulvis 


230  ZOOLOGIE. 

subzonata;  labro  fusco-nigricante  ;  spira  acutius- 
cula. 

Nous  sommes  étonnés  que  cette  Natice  ait  tou- 
jours été  confondue  avec  la  Bouche-Noire,  même 
par  M.  de  Lamarck.  C'est  très -certainement  une 
espèce  distincte,  ne  variant  presque  jamais ,  beau- 
coup plus  légère,  plus  blanche,  mate,  ayant  aussi 
trois  rangées  de  taches  brunes  qui  ne  deviennent 
point  des  bandelettes  comme  dans  la  précédente. 
Sa  forme  est  moins  bombée,  sa  spire  un  peu  plus 
saillante  et  pointue.  Son  ouverture  est  blanche  , 
plus  largement  ovalaire  par  une  légère  échan- 
crure  dans  le  contour  postérieur  de  la  columelle  ; 
antérieurement  le  bord  droit  ne  forme  pas  un  an- 
gle avec  le  columellaire  ,  ainsi  que  cela  a  lieu  dans 
la  Mélanostome.  Enfin ,  l'ombilic  est  tout-à-fait  ca- 
ché, et  la  columelle,  fort  étroite,  ne  présente  qu'un 
filet  brun  marron  ,  qui  ne  s'étend  point  sur  une 
partie  du  bord  gauche.  Son  épidémie  est  jaunâtre. 
Tous  ces  caractères  très -visibles  sont  plus  que 
suffisants  pour  la  faire  reconnaître.  Son  animal 
est  tout  blanc ,  et  son  opercule  membraneux ,  brun 
foncé. 

Elle  habite  la  Nouvelle  -  Guinée  et  la  Nouvelle- 
Irlande. 


DIMENSIONS. 

pouces.        lignes. 


Longueur. 


Largeur 


1 


MOLLUSQUES.  '2;u 

NATICE  PLOMBÉE. 

Naticn  plumbca. 

Lamk  ,  loc.  cit. ,  pag^igS  ,  n°  8. 

PLANCHE    66,     FIGURES    l3-l5. 

Natica,  testa  subovali ,  ventricosa,  longitudi- 
naliter  substriata,  griseo-rufescente  ;  spira produc- 
tiuscula;  labro  in  tus  purpureo-violacescente  ;  la- 
bio  circa  umbilicum  aurantio  ;  umbilico  partim 
obtecto.  (Lamk.) 

Nous  ajouterons  un  caractère  de  plus  à  ce  que 
vient  de  dire  M.  de  Lamarck,  c'est  une  petite  ban- 
delette brune  ,  transverse ,  au  bord  columellaire. 
Assez  souvent  une  autre  de  couleur  jaune  prend 
de  la  partie  postérieure  de  la  lèvre  droite  et  con- 
tourne les  sutures. 

L'animal  est  entièrement  d'un  jaune  clair.  Son 
pied  en  avant  est  court ,  quadrilatère  ,  plus  élargi 
sur  les  côtés.  De  même,  sa  partie  postérieure  est 
aussi  carrée,  et  la  lamelle  qui  supporte  l'opercule 
se  relève  sur  le  côté  gauche  de  la  coquille.  Les 
tentacules  sont  fort  déliés.  Tous  nos  individus 
étaient  d'assez  petites  tailles,  comparés  à  ceux  de 
la  collection  de  M.  le  duc  de  Rivoli.  Sous  un  épi- 


232  ZOOLOGIE. 

derme  mince,  d'un  blanc  grisâtre,  la  coquille  est 
d'une  couleur  de  plomb  luisante.  Son  opercule 
est  membraneux,  rouge  brun,  et  paucispiré.  Ha- 
bite le  port  du  Roi-Georges  et  celui  de  Western 
de  la  Nouvelle-Hollande.  # 


DIMKNSIONS. 


lignes. 


Longueur 1 1 

Largeur 9 


NATICE  PETITE-BOUCHE. 

Natica  micros toma ,  nob. 

PLANCHE  66,    FIGURE  y. 


Natica,  testa  ovato-turbùiata,  perforata,  crassa, 
ventricosa ,  aurantiaca;  spira  prominenti ;  anfra- 
ctibus  convexis  quaternis;  apertura  ovali ,  mi- 
nima;  columella  callosa  basi  effundente. 

Grande  espèce  ,  turbinée  ,  épaisse  et  ventrue  , 
à  spire  allongée,  obtuse  à  son  sommet ,  mais  dont 
les  tours  sont  arrondis.  Son  ouverture  est  petite , 
ovalaire ,  tendant  à  devenir  transverse.  Le  bord 


MOLLUSQUES.  233 

columeilaire  est  largement  répandu,  calleux,  lisse, 
sans  trop  masquer  l'ombilic,  qui  est  profond. 

Cette  coquille  est  lisse,  et  vivante  doit  être  d'un 
bel  orangé  ,  avec  des  nuances  de  brun  autour  des 
sutures.  Son  opercule  doit  être  membraneux,  d'a- 
près ce  que  nous  avons  dit  au  commencement,  de 
ce  que  la  callosité  est  placée  au  bord  droit  de 
l'ombilic. 

Son  ouverture,  son  ombilic  et  sa  spire  allon- 
gée la  feront  distinguer  de  l'Orangée  ,  avec  la- 
quelle on  pourrait  la  confondre.  Son  avant-der- 
nier tour  plus  grand  la  différencie  également  de 
la  Plombée. 

Le  seul  individu  que  nous  ayons  avait  souffert. 
Il  provient  de  la  Nouvelle-Hollande ,  et  probable- 
ment du  port  du  Roi-Georges. 


DIMENSIONS. 


lignes. 

l9 
Largeur ^ 


Longueur , IQ 


234  ZOOLOGIE. 

NATICE  OMBILIQUÉE. 

Natica  umbilicata  ,   nob. 

PLANCHE   66,    FIGURES   22-23. 


Natica,  testa  ovato-globosa,  vent/icosa,  albi- 
canti ,  fulvo  trizonata;  apertura  ovali  ;  umbilico 
plicato  et  amplo. 

Cette  Natice  est  légère ,  plutôt  globuleuse  qu'o- 
vale, très-bombée  en  dessus,  à  spire  courte.  Son 
ouverture  est  ovalaire  et  longitudinale  ;  sa  colu- 
melle  étroite ,  sans  callosité  et  bien  évidée  ,  laisse 
voir  un  large  et  profond  ombilic  en  entonnoir  , 
dont  le  contour  est  plissé.  On  peut  le  suivre  jus- 
qu'au commencement  de  la  spire.  Cette  coquille 
est  d'un  blanc  jaunâtre  ,  marqué  de  trois  bandes 
transverses  formées  par  des  taches  irrégulières 
rousses. 

Elle  provient  de  la  Nouvelle-Hollande. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur i4 

Largeur n 


MOLLUSQUES.  23S 

NATICE  COSTULÉE. 
Natica  costulala ,  nob. 

PLANCHE   66  j    FIGURES   20-3I. 


Natica,  testa  parvula ,  fragili ,  ovali,  convexo- 
depressa,  grisea ,  sulcis  transversis  striata;  aper- 
tin  a  alba  et  ovali  ;  columella  simplici. 

Petite  espèce  ovalaire,  un  peu  convexe  ,  légère 
et  fragile  ,  de  couleur  grisâtre  ,  et  marquée  de  sil- 
lons transverses  très -réguliers  et  peu  profonds: 
ce  sont  les  espaces  qui  existent  entre  eux  qui  for- 
ment de  petites  côtes  plates  ,  d'où  vient  le  nom 
que  nous  avons  donné  à  cette  Natice.  Son  ouver- 
ture est  ovalaire  ,  fort  longue.  La  columelle  est 
sans  callosité  et  laisse  voir  l'ombilic.  Elle  ne  peut 
pas  être  confondue  avec  la  Treillisée. 

Habite  les  Moluques. 

UIMENSIONS. 

hgnts. 

Longueur 7 

Largeur 5 


236  ZOOLOGIE. 

NATICE  PLURISÉRIALE. 

Naticci  Marochiensis. 

Larak,,  loc.  cit. ,  paye  2o3,  n°  a5. 
Chemn.  5  ,  t.  CLXXXVIII ,  fig.  1 905-1908. 
Nerita  Marochiensis.  Gmcl. ,  page  3673,  n°  i5. 

Touï  par  les  habitants  de  Tonga. 
planche  66,  figures  1 6-i 7  ;  et  sa  variété,  18-19. 

Natica,  testa  ovato-ventricosa ,  glabriuscula , 
griseo-cœrulescente  vel  squalide  rufa,  maculis  ob- 
longis,  spadiceo-fuscis  subquinque  seriatis  cincta; 
spira  exsertiuscula  ;  umbilico  subtecto.  (Lamk.) 

Varietas ,  testa  olivacea  ;  spira  api  ce  solwn 
punctata. 

L'animal  de  cette  coquille,  que  nous  avons  ob- 
servé à  Tongatabou ,  ne  présente  rien  de  remar- 
quable dans  sa  forme.  Sa  couleur  est  un  blanc 
jaunâtre  ponctué  de  rouge  brun  ;  les  points  en 
sont  très-rapprochés.  Son  opercule  est  blanc,  cal- 
caire, paucispiré,  et  calleux  sur  sa  face  externe  à 
l'endroit  qui  correspond  à  la  spire.  L'épiderme 
est  jaunâtre. 

Nous  regardons  comme  une  variété  ,  quitte  à 
en  faire  une  nouvelle  espèce  quelque  jour,  si  on 


MOLLUSQUES.  237 

trouve  beaucoup  d'individus  semblables,  une  Na- 
tice  que  nous  avons  prise  à  la  Nouvelle-Guinée, 
en  tout  pareille  pour  la  forme  à  la  Plurisériale, 
mais  qui  est  olivâtre  et  n'a  de  points  qu'au  commen- 
cement de  la  spire.  Les  autres  lignes  sont  repré- 
sentées par  des  bandes  transverses  très  -  fugaces. 
L'animal  offre  aussi  des  différences  par  ses  cou- 
leurs ;  car  il  est  blanc  et  finement  piqueté  de  noir. 
Ces  points  sont  beaucoup  plus  rapprochés  sur  la 
partie  antérieure  du  pied.  Il  y  en  a  également  aux 
tentacules.  Son  opercule  est  le  même. 
Du  port  Dorey. 


NATICE   ZÉLANDAISE. 
Natica  Zelandica ,  nob. 

PLANCHE   66,   FIGURES    II- 12. 


Natica,  testa  globulosa ,  ventricosa,  glaùra,  lu- 
tea,  maculis  subrubris,  virgulatis ,  sex  seriatis 
transversim  tessellata;  spira  prominente;  umbi- 
lico  subtecto. 

Cette  jolie  espèce  est  bien  nouvelle  et  ne  peut 
être  confondue  avec   la  Parée,  parce  qu'elle   est 


'238  ZOOLOGIE. 

toujours  jaune  et  que  ses  points  sont  plus  nom- 
breux et  différemment  arrangés. 

Elle  est  globuleuse,  légère,  lisse  et  polie.  Sa  spire, 
latérale,  est  saillante,  avec  ses  tours  arrondis,  au 
nombre  de  cinq.  Son  ouverture  est  ovalaire,  assez 
grande ,  subtransverse  ,  blanchâtre  ,  ainsi  que  la 
callosité  qui  cache  en  partie  l'ombilic.  Son  oper- 
cule doit  probablement  être  calcaire. 

Cette  coquille  est  d'un  joli  jaune  chamois  , 
ceinte  de  dix  bandes  ponctuées,  dont  les  points 
sont  en  guillemets  dirigés  en  arrière  ;  leur  couleur 
est  rouge  brun.  Les  premiers  tours  de  spire  ont 
une  bandelette  brune  un  peu  plus  foncée  que  le 
reste  de  la  couleur. 

Dans  Chemnitz  (t.  V,  pi.  188,  fig.  1921  )  est 
une  assez  mauvaise  figure  de  Natice  qui  pourrait 
avoir  des  rapports  avec  la  nôtre  si  ses  bandes 
étaient  plus  nombreuses,  mais  il  n'y  en  a  que 
trois. 

Nous  n'en  connaissons  point  l'animal. 

Habite  la  Nouvelle-Zélande. 

DIMENSIONS. 

lignes. 

Longueur 11 

Largeur S 


MOLLUSQUES.  239 


Genre  VÉLUTINE.  —  ï'elutina ,  Blainv. 

VELUTINE  CANCELLÉE. 

Velutina  cancellata. 

Sigarel  canccllé ,  Lamarck,  loc.  cit. ,  t.  VI ,  2  e  part. , 

page  208  ,  n°  5. 

Nérita  cancellata,    Chem.    10,  t.   CLXV,  fig.    1596- 

i5cj7. 

PLANCHE  66  (bis),    FIGURES  20-2  2. 

Velutina,  testa  ovato-globosa,  clorso  convexa, 
scabriuscula ,  s  tria  ta ,  sulcis  longitudiiialibiis  de- 
cussata,  alba;  spira  oblique  versus  marginem  in- 
cumbente ;  umbilico  partim  tecto.  (Lam.) 

Quoiqu'il  y  ait  quelques  différences  entre  ce 
Mollusque  et  celui  dont  M.  de  Blainville  a  fait 
son  genre  Vélutine,  ses  rapports  généraux  sont 
suffisants  pour  ne  pas  l'en  séparer  et  former  un 
genre  nouveau,  comme  nous  l'avions  fait  sous  le 
nom  de  Vanikoro.  En  le  plaçant  dans  ce  groupe 
de  genres  assez  voisins  les  uns  des  autres,  nous 
ne  nons  dissimulons  pas  qu'il  y  est  aussi  disparate 
que  partout  ailleurs  où  nous  pourrions  le  mettre. 
Il  en  est  de  même  de  la  Janthine  qui  vient  après, 
et,  disons-le,  de  beaucoup  d'autres  Mollusques  qui 


240  ZOOLOGIE. 

se  prêteraient  volontiers  à  former  des  séries  la- 
térales ,  mais  non  directes  et  décroissantes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'animal  fait  peu  de  saillie  hors 
de  sa  coquille  ;  son  pied  est  comme  formé  de  deux 
parties ,  l'antérieure  allongée ,  concave ,  en  manière 
de  trompe,  la  postérieure  parfaitement  arrondie, 
séparée  de  l'autre  par  un  profond  sillon.  Si  l'on  ne 
veut  pas  que  cet  appendice  appartienne  au  pied, 
qui  en  effet  a  l'air  bien  complet ,  ce  sera  un  chape- 
ron sous-buccal ,  comme  dans  les  Hipponices.  La 
tête  porte  un  mufle  assez  saillant  et  deux  longs  ten- 
tacules comme  en  cornets,  renflés  au  milieu,  très- 
pointus,  ayant  des  yeux  sessiles  fort  petits  à  leur 
base  externe.  Deux  folioles  membraneuses,  assez 
larges,  prennent  de  chaque  côté  du  pied  et  re- 
montent en  pointe  vers  la  tête.  Un  petit  opercule, 
mince,  papiracé,est  fixé  par  un  de  ses  bords  seu- 
lement à  la  partie  postérieure  du  pied,  et  lui 
devient  perpendiculaire  quand  ce  dernier  est  ren- 
tré. Il  est  sans  spire ,  et  l'on  n'aperçoit  même  pas 
la  disposition  de  ses  éléments. 

La  cavité  respiratrice  est  grande,  ainsi  que  la 
branchie,  dont  les  folioles  sont  libres  en  partie. 
Là  se  sont  bornées  nos  recherches,  ne  possé- 
dant qu'un  seul  individu,  que  nous  avons  voulu 
déposerai!  Muséum.  Ce  Mollusque  est  d'un  blanc 
légèrement  jaunâtre;  l'opercule  seul  est  jaune. 
N'ayant  point  vu  d'organe  excitateur  à  la  place 
qu'il  doit  occuper,  nous  présumons  que  c'est 
une  femelle. 


MOLLUSQUES.  241 

Nous  l'avons  observé  long -temps  dans  l'eau 
sans  le  voir  plus  développé ,  et  même  moins  qu'il 
ne  l'est  dans  le  dessin.  Souvent  il  s'enfonçait  plus 
profondément. 

La  coquille  est  extrêmement  légère,  jaunâtre, 
presque  globuleuse,  ombiliquée,  à  ouverture  plus 
que  demi-ronde  et  presque  complète;  elle  est 
très-finement  striée  en  long  et  largement  sillon- 
née en  travers,  ce  qui  la  rend  treillisée.  Sa  spire, 
obtuse,  arrondie,  rapportée  vers  le  bord  droit, 
décrit  quatre  tours. 

Habite  l'île  de  Vanikoro,  où  cette  espèce  est 
rare;  il  en  est  de  même  à  Guam,  où  nous  avons 
trouvé  des  individus  plus  épais  et  dont  le  con- 
tour de  l'ouverture  est  un  peu  plus  évasé. 


DIMENSIONS. 


lignes. 

Longueur .  .  7 

Largeur 5 


Zoologie.   T.   II. 


242  ZOOLOGIE. 

OBSERVATIONS  SUR  LES  JANTHINES. 

Voyez   PLANCHE    2Q  ,  FIGURES     1-8. 

Il  nous  semble  difficile  de  trouver  une  place 
convenable  à  ce  Mollusque ,  qui  formerait  pres- 
que un  ordre  à  lui  tout  seul.  En  lui  associant  no- 
tre Vélutine ,  nous  avons  cru  trouver  certains  rap- 
ports entre  eux;  mais  nous  ne  tenons  nullement 
à  la  place  provisoire  que  nous  assignons  à  l'un  et 
à  l'autre. 

Nous  commencerons  par  dire  qu'il  est  très-fa- 
cile d'augmenter  le  nombre  de  Janthines  sur  des 
caractères  qui  ne  suffisent  pas  à  notre  avis  pour 
former  des  espèces,  et  qui  tiennent  le  plus  sou- 
vent à  l'âge  s'ils  sont  relatifs  aux  formes ,  à  la 
localité  s'ils  appartiennent  aux  couleurs.  Ainsi ,  par 
exemple,  la  Janthine  commune  devient  très-grosse 
dans  certains  parages  de  l'Océan  atlantique ,  aux 
environs  de  la  terre  de  Van-Diémen,  et  se  nuance 
de  deux  teintes  différentes  de  violet.  Elle  est  d'un 
blanc  bleuâtre  jusqu'à  la  moitié  du  dernier  tour, 
et  violet  assez  foncé  sur  le  reste;  une  petite  ca- 
rène établit  la  ligue  de  démarcation  des  deux 
couleurs. 

Dans  le  jeune  âge,  l'ombilic  est  apparent  et  le 
bord  columellaire  s'allonge  en  pointe;  ce  qui  ne 


MOLLUSQUES.  243 

doit  plus  avoir  lieu  plus  tard.  Ainsi  maintenant, 
nous  ne  reconnaissons  que  trois  espèces  bien 
distinctes,  la  commune,  la  naine  qui  serait  mieux 
nommée  striée,  et  la  prolongée  de  M.  de  Blain- 
ville  ,  qu'on  trouve  dans  la  Méditerranée  et  ail- 
leurs, dont  le  bord  droit  et  la  spire  sont  remar- 
quablement longs. 

L'animal  enlevé  de  sa  coquille  est  fortement 
coloré  sur  son  tortillon  après  qu'on  a  enlevé  un 
pigmentum  blanc  qui  se  détache  très-facilement. 
La  partie  antérieure ,  qui  correspond  à  la  bran- 
chie,  semble  emprunter  sa  couleur  de  la  pourpre, 
qui  est  violette;  la  postérieure,  qui  contient  le 
foie ,  est  d'un  rouge  brun  vif. 

Le  reste  de  l'animal  est  blanc  avec  des  taches 
violacées  ou  noires  que  nous  ferons  connaître. 

Il  n'y  a  point  de  trompe  proprement  dite,  c'est 
un  long  mufle  qui  en  tient  lieu  ,  à  l'extrémité 
duquel  est  une  bouche  verticale  dont  les  crochets 
sont  le  plus  souvent  apparents.  M.  Cuvier  a  fait 
connaître  toutes  ces  parties.  11  en  est  deux  seule- 
ment sur  lesquelles  nous  insisterons  ,  ce  sont  les 
tentacules  et  les  rapports  de  la  vésicule  et  dû  pied. 

Les  tentacules  sont  gros,  cylindriques,  assez 
longs,  obtus,  blancs  à  la  base,  toujours  très- 
noirs  dans  le  reste  de  leur  étendue.  Us  sont  comme 
doubles  et  bifurques  près  de  leur  racine.  Ces  pé- 
doncules secondaires,  un  peu  moins  longs,  de- 
vraient porter  les  yeux;  mais  il  n'y  en  a  pas,  nous 


ZOOLOGIE.  244 

pouvons  l'assurer,  pour  les  avoir  cherchés  en  vain 
sur  un  grand  nombre  d'individus  vivants.  C'est 
ainsi  que  nous  avons  vu  les  Buccins  Lisse  et  Aga- 
the, et  peut-être  les  Natices  et  les  Àncillaires  en 
manquer. 

A  quelque  distance  des  yeux  prend  une  frange 
membraneuse ,  qui  se  perd  sur  les  côtés  du  pied 
comme  dans  les  Troques,  excepté  qu'elle  n'a  point 
de  filaments.  Cet  organe  doit  un  peu  aider  dans 
les  mouvements  de  la  locomotion  qui  s'opèrent 
en  grande  partie  au  moyen  du  pied.  Celui-ci  est 
ovalaire ,  carré  ou  très-légèrement  arrondi  en 
avant,  susceptible  de  changer  de  forme,  comme 
servant  le  plus  à  la  natation,  toujours  concave 
d'avant  en  arrière,  et  s'allongeant  quelquefois 
antérieurement  comme  un  mufle.  Nous  lavons 
représenté  dans  ces  diverses  positions.  C'est  à  la 
partie  postérieure  de  sa  face  inférieure,  autre- 
ment en  dessous  (  l'animal  étant  dans  une  posi- 
tion normale),  que  s'insère  la  vésicule,  que  Fa- 
bius Columna  a  si  judicieusement  nommée  spuma 
cartilaginea. 

Cette  masse  s'amincit  pour  se  coller  au  pied. 
Les  aréoles  ne  communiquent  point  entre  elles. 
Indépendamment  de  la  fonction  qu'elle  a  de  sou- 
tenir la  Janthine  à  la  surface  des  flots,  elle  sert 
aussi  de  support  aux  enveloppes  des  oeufs,  en 
forme  de  pépins  de  courge,  qui  se  fixent  en  des- 
sous par  une  ou  deux  séries  souvent   très-régu- 


2.5  MOLLUSQUES. 

lières.  Ces  corps  prennent  un  aspect  rosé,  rouge 
brun  ou  violet,  selon  leur  état  plus  ou  moins 
avancé.  Lorsque  nous  les  ouvrîmes,  nous  trouvâ- 
mes des  millions  d'oeufs  d'une  ténuité  extrême  et 
cependant  déjà  assez  parfaits,  car  soumis  au  mi- 
croscope de  Selligue,  ils  nous  montrèrent  une  pe- 
tite coquille  discoïde.  Indépendamment  de  cela, 
nous  avons  aussi  vu,  comme  Forskahl,  qu'il  y  a 
des  Janthines  vivipares,  c'est-à-dire  qui  gardent 
plus  long-temps  leurs  ovules  dans  l'utérus,  et  qui 
les  rendent  sans  les  faire  passer  par  l'intermé- 
diaire des  vésicules  en  question. 

Il  faut  que  l'animal  ait  la  faculté  de  refaire  cette 
vésicule  spumeuse  lorsqu'un  accident  la  lui  en- 
lève, parce  qu'elle  lui  est  fort  utile;  toutefois  nous 
croyons  nous  rappeler  que  nous  prenions  des  in- 
dividus qui  en  manquaient,  et  flottaient  néan- 
moins la  même  chose.  Nous  ne  la  supposons  pas 
une  sécrétion  du  pied,  mais  bien  de  quelque  au- 
tre partie  du  Mollusque  qui  l'y  fixe  ensuite ,  car 
elle  n'y  semble  que  fortement  collée.  Par  elle  le 
vent  ayant  plus  de  prise,  pousse,  en  même  temps 
que  les  courants ,  ces  légions  errantes  de  Janthi- 
nes, parmi  lesquelles  il  nous  est  arrivé  de  navi- 
guer pendant  plusieurs  jours. 

Les  mouvements  partiels  s'opèrent  à  l'aide  de 
toutes  les  parties,  du  mufle  et  des  tentacules; 
principalement  de  la  portion  antérieure  du  pied, 
qui  se  meut  quelquefois  comme  une  vraie  sangsue. 


246  ZOOLOGIE. 

Le  manteau  est  largement  ouvert  et  la  cavité 
branchiale  est  fort  ample.  Deux  peignes  bran- 
chiaux occupent  leur  place  ordinaire.  L'un  n'est 
qu'un  filet  tremblé  et  tellement  rudimentaire  qu'il 
faut  le  chercher  avec  soin  pour  l'apercevoir;  l'au- 
tre, au  contraire  fort  grand ,  est  formé  par  de  longs 
feuillets  pointus,  plissés  en  travers  et  libres  dans 
leur  tiers  antérieur.  Ils  font  quelquefois  saillie 
au-delà  du  manteau. 

L'animal  de  la  Janthine  naine  nous  a  offert  quel- 
ques différences  dans  sa  couleur.  Ses  tentacules 
et  leurs  pédoncules  latéraux  sont  d'un  brun-noir 
violacé;  l'extrémité  et  les  côtés  du  pied  sont  noirs; 
ce  dernier  est  blanc  en  dessous,  tandis  que  dans 
la  Janthine  commune  il  est  noir  d'encre  sur  cette 
surface;  enfin  les  vésicules  ovifères  étaient  globu- 
leuses, arrondies,  au  lieu  d'être  en  forme  de  pé- 
pin de  courge  ;  caractères  qui  appartiennent  tous 
à  des  différences  spécifiques. 

On  sait  qu'on  trouve  des  Janthines  dans  beau- 
coup de  mers.  Il  en  vient  jusque  sur  nos  côtes: 
mais  cependant  nous  avons  très  -  bien  remarqué 
que,  comme  certains  zoophytes,  elles  tiennent  à 
des  localités ,  où  elles  semblent  plus  particulière- 
ment se  plaire,  jusqu'à  ce  que  des  phénomènes 
météorologiques  ou  hydrauliques  viennent  les 
disperser. 

Nous  appelons  encore  l'attention  des  voyageurs 
sur    les  habitudes  de    ces   curieux  Mollusques, 


MOLLUSQUES.  247 

dont  nous  n'avons  point  une  anatomie  complète, 
et  que  nous  supposons  posséder  les  deux  sexes 
réunis.  Les  parages  dans  lesquels  nous  les  avons 
rencontrés  en  plus  grand  nombre  étant  en  même 
temps  assez  fortement  agités ,  nous  n'avons  pu 
nous  livrer  à  des  recherches  anatomiques  sur  le 
frai,  toujours  fort  difficiles  à  bord  d'un  vaisseau. 


248  ZOOLOGIE. 


Genre  DORIS.  — /Jom,  Cuv. 

DORIS  TUBERCULEUSE. 
Doris  tuberculosa  ,  nob. 

PLANCHE  l6,  FIGURES  1-2. 


Doris,  corpore  molli,  ovali,  supra  convexo, 
luteo-fucescente ;  tuberculis  crassis ,  longis  onusto; 
infra  lunulato  ;  tentaculis  superioribus ,  pedicula- 
tis ,  apice  dilatatis. 

Nous  ne  pouvions  pas  donner  un  autre  nom  à 
cette  Doris,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la 
tuberculée  de  M.  Cuvier.  En  effet,  ses  tubercules 
sont  si  gros,  si  pressés,  si  saillants,  que  ce  ca- 
ractère est  le  premier  qui  s'offre  pour  la  recon- 
naître. Ces  éminences  sont  par  petites  bandes 
décroissantes,  et  quelques-unes  sont  renforcées 
par  d'autres  plus  petites  à  leur  base. 

Cette  espèce  a  de  cinq  à  six  pouces  de  lon- 
gueur, son  aspect  est  celui  d'une  Onchidie.  Elle 
est  ovalaire,  molle,  médiocrement  bombée;  le 
manteau  dépasse  le  pied,  ses  bords  sont  unis  et 


MOLLUSQUES.  249 

légèrement  ondulés.  En  dessus  il  est  brun  jaunâ- 
tre; brunâtre  en  dessous  ,  et  marqué  d'un 
grand  nombre  de  lunules  cerclées  de  brun,  dont 
la  couleur  varie  du  blanc  au  blanc  jaunâtre.  Le 
pied  est  jaune  sale.  La  bouche  est  arrondie,  ses 
tentacules  sont  larges,  triangulaires.  Les  supé- 
rieurs, brusquement  renflés  à  leur  extrémité, 
sont  rouge  brun.  Les  fossettes  dans  lesquelles  ils 
rentrent  forment  une  assez  grande  saillie  à  l'exté- 
rieur. Les  branchies,  un  peu  distantes  de  l'extré- 
mité postérieure,  ont  cinq  folioles  principales, 
subdivisées  en  deux;  elles  sont  denticulées,  brun 
clair  au  miiieu  et  jaunâtres  sur  les  bords. 

Ce  Mollusque  habite  le  port  Dorey,  à  la  Nou- 
velle-Guinée. 


DORIS  TACHETÉE 

Doris  maculosa. 
Cuvier,  Annales  du  Muséum,  t.  IV,  page  466. 
Membêali  par  les  habitants  de  Vanikoro. 

PLANCHE    l6,    FIGURES  3-5. 

Doris,  corpore  ovali-oblongo ,  convexo ,  molli, 


250  ZOOLOGIE. 

griseo-viridi ;    vélo    margmalis   supra   et   infra, 
maculis  nigi'is  cincto. 

Grande  espèce,  longue  de  plus  de  six  pouces, 
ovalaire ,  à  dos  très-bombé ,  de  consistance  assez 
molle,  ayant  les  bords  du  manteau  ondulés,  et 
de  chaque  côté  du  corps  deux  rangées  de  lunules 
noires,  irrégulières  ,  sur  un  fond  tacheté  de  vert 
grisâtre.  Le  manteau ,  en  dessous,  est  également 
parsemé  de  taches  et  de  points  bruns;  son  limbe 
est  blanc.  Le  pied ,  assez  large ,  porte  une  rai- 
nure marginale  en  avant,  sa  couleur  est  brun 
rouge  entremêlée  de  points  bruns.  Le  bourrelet 
buccal  est  gros,  arrondi;  les  appendices  labiaux 
sont  petits  et  jaunes  à  leur  pointe.  Les  tentacules 
sont  striés,  grisâtres;  les  branchies  grandes,  divi- 
sées en  six  feuillets  dentelés.  Les  bords  de  l'a- 
nus sont  frangés. 

Ce  Mollusque  se  trouve  sur  les  rivages  de  la  pe- 
tite île  de  Vanikoro.  Il  n'y  est  pas  commun. 


MOLLUSQUES.  251 


DORIS  A  BORDS  NOIRS. 


Doris  atromarginata. 


Cuvier,  Annales  du  Muséum,  t.  IV,  page  473,  pi.  1 , 

6g.  6. 
Boris  caudale.  Lamarck ,  An.  s.  v. ,  t.  VI,  ire  part.  , 

page  i3  ,  n°  i3. 

Fefena  par  les  indigènes  de  Tongatabou. 

PLANCHE   l6,    FIGURES  6-J. 


Doris,  corpore  elongato,  subprismatico ,  verra- 
coso  ,  flavo  ;  dorso  prominulo ,  lineis  nigris  et  al- 
bis  lateribus  distincte)  ;  postice  acuto ,  caudato. 

Nous  ne  donnons  ici  ce  Mollusque,  qu'a  dé- 
crit M.  Cuvier,  que  pour  le  faire  connaître  dans 
tout  son  développement  et  avec  ses  couleurs.  Sa 
forme  est  allongée,  subquadrilatère;  son  pied, 
très -comprimé,  dépasse  le  manteau  en  arrière 
et  finit  en  pointe.  Le  manteau  est  relevé,  for- 
tement ondulé,  et  parcouru  sur  son  limbe  par 
une  ligne  d'un  beau  noir  velouté ,  accompagnée 
en  dedans  par  une  autre  ligne  d'un  blanc  bleuâtre. 
Elles  se  dessinent  avec  élégance  sur  un  fond  jaune 
serin.  Le  dos  est  jaunâtre,  parsemé  de  petits  tu-< 


252  ZOOLOGIE. 

hercules  de  la  même  couleur.  La  bouche  fait  sail- 
lie en  forme  de  trompe,  ses  appendices  sont  jau- 
nes, hordes  de  noir.  Les  tentacules  sont  gros, 
noirs,  lisérés  de  jaune.  L'anus  se  trouve  placé 
presque  au  milieu  de  la  longueur  de  l'animal;  il 
est  entouré  de  cinq  lamelles  branchiales  ,  lon- 
gues, effilées,  jaunes  et  noires. 

Notre  individu  provient  des  îles  des  Amis.  Ses 
lignes  sont  plus  larges  que  celles  de  l'individu  dé- 
crit par  M.  Cuvier ,  que  Péron  avait  rapporté  de 
Timor. 

La  Nouvelle-Guinée  nous  a  offert  une  variété 
de  cette  Doris,  dont  les  branchies  offraient  de 
nombreuses  ramifications.  Les  tentacules  avaient 
une  ligne  jaune  sur  leur  longueur,  coupée  par 
d'autres  qui  occupaient  les  intervalles  des  laci- 
niures  propres  à  ces  sortes  d'organes. 


DORIS   LIMACINE. 

Doris  iunacina  ,  nob. 

PLANCHE     l6',    FJGUKfcS    8-0). 

Doris  ,  corpore  minimo,  eloiigato  ;  apice  acuto  , 
luteo;  vélo  marginali  pedis  non  distincto  ;  bran- 
chiis  lœvibus ,  lanceolatis. 


MOLLUSQUES.  253 

Cette  très-petite  espèce,  qui  n'a  que  six  lignes 
de  longueur,  a  toute  la  forme  d'une  Limace,  et  se- 
rait susceptible  de  former  dans  le  genre  une  pe- 
tite division  voisine  des  Polycères.  Son  pied,  qui 
n'est  point  distinct  du  manteau,  est  caréné,  ren- 
flé avant  que  de  se  terminer  en  pointe.  En  arrière 
des  tentacules  supérieurs,  sur  le  bord  gauche, 
est  un  appendice  dont  nous  ignorons  l'usage. 
Les  branchies  sont  placées  derrière  un  petit 
renflement  de  la  partie  moyenne  au  dos.  Nous 
avons  compté  dix  lamelles  lancéolées  sans  laci- 
niures;  peut-être  y  en  a-t-il  davantage.  Au  devant 
on  apercevait  les  battements  du  cœur.  Les  ten- 
tacules sont  lancéolés ,  striés  sur  leur  longueur. 
Tout  le  corps  est  jaunâtre  avec  une  tache  brune 
au  lieu  qui  répond  aux  viscères. 

Cette  Doris  a  été  trouvée  au  fond  du  bord 
gauche  de  la  rade  d'Amboine,  vis-à-vis  le  village 
de  Rouma-Tiga.  Nous  n'osons  dire  si  on  doit  la 
considérer  comme  un  très-jeune  âge ,  n'ayant  pas 
trouvé  dans  cette  contrée  d'espèce  qui  approchât 
de  cette  forme. 


î 


254  ZOOLOGIE. 


DORIS  CARÉNÉE. 
Doris  carinata,  nob. 

PLANCHE    l6,    FIGURES    lO-I^ 


Doris,  corpore  ovali,  convexo,  aspero ,  desu- 
per  carinato ,  squalide  luteo  ;  tentaculis  truncatis, 
pediculatis  ;  branchiis  taberculatis. 

Cette  très-petite  espèce  est  ovalaire,  assez  bom- 
bée, coriace,  rugueuse ,  couverte  de  petits  poils 
rudes.  Son  pied,  bien  distinct  du  manteau,  est  blan- 
châtre :  ses  tentacules  supérieurs  sont  courts ,  pé- 
dicules ,  papilleux  ,  élargis  et  tronqués  au  som- 
met. Les  inférieurs  ou  labiaux  sont  coniques.  Une 
carène  dorsale  prend  entre  les  deux  tentacules  et 
finit  à  l'anus.  Les  branchies  qui  entourent  celui- 
ci  sont  représentées  dans  cette  Doris  par  quatre 
petits  tubercules  ciliés.  Tout  le  corps  est  d'un 
blanc  jaunâtre. 

Habite  la  rivière  Tamise,  à  la  Nouvelle-Zélande. 


MOLLUSQUES.  255 

DORIS  BORDÉE. 

Doris  marginata  ,   nob. 

PLANCHE    17,  FIGURES    1-5. 


Doris,  corpore  piano y  ovali,  molle,  rubro ; 
limbo  chermesino ,  colore  cincto  ;  appendicibus 
oris ,  ovatis ,  fimbriatis. 

Magnifique  espèce,  longue  de  six  à  huit  pouces, 
ovalaire,  mollasse,  un  peu  découpée  sur  ses  bords, 
qui  sont  minces  ;  d'un  rouge  de  feu  sur  le  dos 
avec  des  points  jaunes  rapprochés.  Tout  autour 
du  manteau ,  excepté  sur  la  tète ,  règne  un  large 
cordon  dentelé  d'un  beau  rouge  carmin,  ayant  un 
cordonnet  blanchâtre  dans  son  milieu.  Le  limbe 
est  d'un  beau  blanc  mat  que  le  dessin  ne  peut 
rendre.  Les  branchies  sont  rosées,  écartées  de 
l'anus ,  autour  duquel  elles  forment  sept  groupes 
de  trois  folioles.  Les  veines  qui  se  ramifient  dans 
ces  organes  sont  d'un  rouge  assez  vif.  Les  tenta- 
cules supérieurs  sont  rougeâtres  et  leur  pédicule 
est  susceptible  de  beaucoup  s'allonger.  Le  pied 
est  large  et  porte  en  avant  une  rainure  margi- 
nale ;  il  est  d'un  rose  carminé ,  bordé  de  jaune 
dorpin.  Le  manteau,  dans  cette  partie,  est  rouge 


256  ZOOLOGIE. 

avec  des  taches  jaunes  ;  mais  son  boni  est  blanc 
comme  en  dessus.  Les  appendices  labiaux  sont 
remarquablement  grands,  ovalaires,  crénelés. 

Ce  Mollusque  a  été  pris  devant  la  ville  d'Am- 
boine,  nageant  en  pleine  eau  à  l'aide  de  mouve- 
ments violents  de  tout  le  corps,  surtout  du  man- 
teau. Il  a  des  rapports  de  forme  et  de  mollesse 
avec  l'espèce  suivante.  Nous  l'avons  représenté 
sous  deux  attitudes  différentes. 

L'Ile-de-France  nous  a  offert  une  variété,  re- 
cueillie par  M.  Desjardins  ,  que  nous  n'avons  pu 
étudier  que  conservée  dans  la  liqueur.  Dans  cet 
état  son  corps  était  d'un  jaune  rougeâtre ,  avec  des 
taches  et  des  plaques  couleur  de  laque.  La  bor- 
dure rouge  du  manteau  n'avait  point  au  centre  de 
ligne  blanche  ,  et  il  en  partait  des  linéoles  rou- 
ges. Les  branchies  étaient  de  huit  faisceaux.  Les 
rapports  de  cette  Doris  avec  la  Lacera  de  M.  Cu- 
vier,  rapportée  par  Péron  ,  et  provenant  proba- 
blement de  la  même  localité,  nous  font  demander 
si  ce  ne  serait  point  la  même  espèce,  dont  la 
liqueur  aurait  altéré  les  couleurs  au  point  de  ne 
pouvoir  plus  servir  à  la  comparaison? 


MOLLUSQUES.  257 

DORIS   FLAMMULÉE. 

Do  ris  flammvlata  ,  nob. 
Poré-Poré  an-ho  ,  par  les  naturels  de  Tongatoubou. 

PLANCHE    17,    FIGURES    6-IO. 


Doris,  corpore  lato ,  planulato ,  molli,  rubro; 
vélo  marginali  fimbriato ,  flammis  rubris ,  latis 
ornato. 

Doris  très-grande ,  large ,  subaplatie ,  molle  ,  à 
manteau  très-mince  et  lacinié  sur  ses  bords;  elle 
est  généralement  rouge ,  mais  cette  couleur  est 
différemment  répartie.  Ainsi  le  dos  présente  sur 
un  fond  ronge  brun  de  très -petits  points  jaunes 
rapprochés  ;  et  de  chaque  coté ,  une  série  de  larges 
flammes  au  nombre  de  six  ou  huit,  dont  les  an- 
térieures se  touchent  ;  les  dernières  sont  isolées 
et  à  languettes.  Elles  sont  d'un  blanc  jaunâtre 
ponctué  de  rouge.  Le  manteau  est  rouge  cerise  , 
blanc  sur  ses  bords,  avec  des  stries  transverses 
nacrées,  qu'il  n'est  pas  facile  de  rendre  dans  le 
dessin.  Les  tentacules  sont  médiocres,  un  peu 
aplatis  ;  les  labiaux  sont  auriculés.  Le  dessous  du 
corps  est  coloré  comme  en  dessus  ;  seulement  les 

Zoologie,  t.  11.  Xr, 


258  ZOOLOGIE. 

points  jaunâtres  ont  plus  d'intensité.  Les  bran- 
chies forment  sept  panaches  à  huit  laciniures 
chaque. 

Celte  espèce  habite  les  îles  des  Amis.  Sa  lon- 
gueur est  de  quatre  à  cinq  pouces.  La  peinture 
ne  peut  que  difficilement  rendre  l'éclat  de  ses 
couleurs.  Nous  ferons  observer  qu'elle  a  de  l'affi- 
nité avec  l'espèce  précédente  par  sa  mollesse,  les 
franges  de  son  manteau  et  un  peu  parles  couleurs. 


DORIS   SCABRE. 
Doris  scabra. 
Cuvier,  Annal,  du  Mus.,  t.  IV,  page  466. 

PLANCHE     l8,   FIGURES    I~4- 


Doris,  corpore  ovali,  coriaceo,  convexiusculo , 
albo  ;  maculis  violaceis ,  confluentibus  irrorato  ; 
vélo  marginali  lacero;  pede  angusto. 

Nous  croyons  devoir  donner  cette  espèce  dé- 
crite par  M.  Cuvier,  parce  que  nous  l'avons  ob- 
servée et  dessinée  vivante.  Le  nom  de  Scabre  lui 


MOLLUSQUES.  259 

vient  de  sa  nature  rugueuse  et  coriace  comme 
du  cuir,  mais  ce  caractère  est  commun  à  plu- 
sieurs autres  espèces.  Le  corps  de  celle-ci  a  trois 
ou  quatre  pouces  de  longueur;  il  est  ovalaire,  un 
peu  bombé,  régulièrement  découpé  sur  ses  bords, 
d'un  beau  blanc,  presque  entièrement  couvert  de 
taches  très -rapprochées  de  couleur  lilas  foncé; 
ce  qui  fait  ressembler  le  dos  de  cet  animal  au 
dessin  de  certaines  indiennes.  Le  manteau  est 
blanc  de  lait  en  dessous.  Le  pied ,  assez  rétréci ,  est 
jaunâtre,  bordé  d'orpin  clair  et  latéralement  pi- 
queté de  brun.  La  bouche,  fort  petite,  a  ses  ap- 
pendices blancs.  Les  tentacules  sont  coniques ,  à 
lamelles  transversales  ;  leur  gaine  s'élève  assez 
haut  ,  et  leur  pointe  est  jaune.  Les  branchies 
forment  cinq  folioles  découpées,  à  nervures  brun 
foncé  sur  un  fond  jaunâtre  clair. 

Cette  Doris  se  trouve  sur  le  récif  de  la  petite 
île  de  Panhi-Motou,  à  Tonga.  Nous  l'avons  aussi 
rencontrée  à  la  Nouvelle-Guinée,  à  Vanikoro;  elle 
avait  la  fossette  danslaquelle  rentrent  les  branchies, 
transverse,  à  bords  saillants,  jaunâtres,  découpés 
en  denticules.  C'est  dans  ce  dernier  lieu  que  nous 
avons  vu  l'accouplement  de  deux  individus.  Le 
plus  petit,  placé  presque  à  angle  droit  de  son 
compagnon ,  avait  relevé  la  partie  antérieure  de 
son  manteau.  Les  organes  introduits  avaient  peu 
de  longueur  et  se  désunirent  facilement. 


260  ZOOLOGIE. 


DORIS  SAIGNANTE. 

Doris  cruenta ,  nob. 

ângoumam  babi  ,  par  les  Papous  de  Dorey. 

PLANCHE   l8,   FIGURES    5-y. 


Doris,  corpore  lato ,  subovali , piano ,  coriaceo, 
margine  undulato,  albido;  sfriisfuscis;  maculis 
rubris  onusto. 

Cette  Doris ,  longue  de  trois  à  quatre  pouces , 
est  coriace  ,  large  ,  aplatie,  un  peu  plus  élargie  en 
devant  qu'en  arrière.  Les  bords  de  son  manteau 
sont  ondulés,  quelquefois  même  comme  échan- 
crés.  Les  tentacules  sont  ovalaires  ;  les  appendices 
labiaux  presque  cylindriques.  Les  branchies  ont 
cinq  folioles  subdivisées  chacune  en  deux;  leurs 
vaisseaux  forment  comme  des  nervures  brunes 
sur  un  fond  jaunâtre,  ce  qui  donne  à  ces  parties 
l'élégance  d'une  feuille  transparente. 

Tout  le  corps,  sur  un  fond  blanc  jaunâtre,  est 
couvert  de  petites  stries  simples  ou  ramifiées,  très- 
pressées,  d'un  brun  foncé.  Elles  sont  généralement 
longitudinales.    Quelques    individus    en    avaient 


MOLLUSQUES.  261 

toutefois  de  transversales  sur  le  milieu  du  dos. 
Tout  autour  du  manteau  sont  de  larges  taches 
rouges  de  sang.  Quelquefois  il  y  en  a  deux  ou 
trois  sur  le  haut  du  corps.  Le  dessous  est  d'un 
blanc  pur,  avec  quelques  stries  brunes  et  des  ta- 
ches rougeâtres. 

Habite  la  Nouvelle-Guinée.  Les  taches  routes 
persistent  dans  l'esprit-de-vin.  Quelquefois  cepen- 
dant elles  disparaissent  ;  cette  Doris  pourrait  alors 
être  prise  pour  la  Scabre ,  dont:  elle  a  la  teinte 
brune,  si  on  n'examinait  pas  de  près  la  disposi- 
tion des  stries  qui  la  lui  donnent.  Ce  sont  ces  es- 
pèces à  peau  rugueuse  qui ,  dans  des  mouvements 
un  peu  brusques,  perdent  des  portions  de  leur 
manteau.  Nous  supposons  que  cette  séparation  a 
lieu  dans  quelques  pores  aquifères  ,  comme  cela 
s'opère  sur  le  pied  de  la  Harpe ,  ainsi  que  nous  le 
ferons  connaître  à  son  heu.  Cette  rigidité  les  fait 
très -bien  se  conserver  desséchées  et  même  avec 
certaines  couleurs.  Nous  croyons  qu'il  y  en  a  eu 
de  décrites  dans  cet  état;  ce  qui  doit  avoir  donné 
lieu  à  de  doubles  emplois. 


2G2  ZOOLOGIE. 


DORIS   PONCTUÉE. 
Doris  punctata,  nob. 

PLANCHE  1 8,  FIGURES  8-IO. 


Doris,  corpore  elongato ,  molli,  piano  ; postice 
lato,  subrubro;  punctis  rubentibus  notato;  ano 
prominenti. 

Espèce  longue  de  deux  pouces  à  deux  pouces 
et  demi,  allongée,  subaplatie,  molle,  plus  large  en 
arrière  qu'en  avant  ;  ayant  tout  le  corps  rougeâtre, 
parsemé  de  points  et  de  taches  plus  foncés  de  la 
même  couleur.  Les  parties  latérales  du  pied  sont 
plus  finement  piquetées.  L'anus  fait  parfois  une 
saillie  considérable  au  milieu  des  branchies,  qui 
forment  une  étoile  d'environ  dix  rayons  foliacés. 
Les  tentacules  sont  laciniés. 

C'est  la  seule  Doris  que  nous  ait  fournie  le  ha- 
vre Carteret ,  à  la  Nouvelle-Irlande. 


MOLLUSQUES.  263 


DORIS  ÉOLIDE. 

Boris  eolidn  ,   nob. 

PLANCHE     l8,    FIGURES     II-ï5. 


Doris,  corpore  minimo ,  ovali,  molli,  subcon- 
vexo,  albo  etrubro,  punctato;  tentaculis  longis  ; 
postice  fimbriatis  ;  dorso filamentoso . 

Ce  très-petit  Mollusque,  que  nous  avons  trouvé 
sur  des  fucus,  en  juin  1828,  à  cinquante  lieues 
de  Vaigiou ,  par  i°  de  latitude  nord ,  nous  paraît 
susceptible  d'ajouter  aux  divisions  déjà  établies 
dans  la  famille  des  Doris.  Son  corps  est  ovalaire, 
un  peu  bombé.  Au  dessus  de  la  tête  sont  deux 
longs  tentacules  frangés  en  ondes  ,  en  arrière  seu- 
lement. Tout  le  dos  est  couvert  d'appendices  qui 
ressemblent  aux  branchies  des  Éolides ,  d'où  ce 
Mollusque  a  reçu  son  nom  spécifique.  Les  ten- 
tacules ne  paraîtraient  être  que  deux  de  ces  fila- 
ments un  peu  modifiés.  Les  branchies  sont  comme 
dans  les  Doris ,  à  la  partie  postérieure.  Elles  n'ont 
pas  moins  de  cinq  folioles,  et  l'anus  est  proba- 
blement au  milieu  ;  car  la  petitesse  de  ce  Mollusque, 
qui  n'a  que  deux  lignes  de  long ,  ne  nous  a  pas 


264  ZOOLOGIE. 

permis  de  nous  en  assurer,  de  même  que  de  la 
place  qu'occupent  les  organes  de  la  génération. 

L'animal  est  tout  blanc,  marqué  de  quelques 
taches  rouges.  Il  est  représenté  grossi. 


DORIS  VIOLACEE. 
Doris  violacea  ,  nob. 

PLANCHE    19  ,    FIGURES  1-3. 


Doris,  corpore  ovali,  convexo ,  verrucoso ,  vio- 
laceo  et  albido  ;  vélo  marginali  subtus  maculis 
violaceis  notato. 

Cette  Doris  est  régulièrement  ovalaire  ,  épaisse, 
à  dos  un  peu  élevé,  couvert  de  tubercules  à  extré- 
mités blanchâtres  sur  un  fond  violet  sale.  Le  pied 
est  jaune,  et  le  manteau  marqué  en  dessous  de  ta- 
ches rondes  violacées.  Les  tentacules  sont  petits. 
Ce  Mollusque,  assez  apathique,  ne  s'étant  point 
développé,  ne  nous  a  pas  permis  de  bien  voir  ses 
branchies  ,  qui  sont  cependant  découpées ,  con- 
fluentes ,  rouge  brun  foncé.  Il  est  probable  qu'elles 
sont  à  cinq  divisions.  L'anus  est  allongé ,  son  ex- 
trémité est  divisée  en  quatre  languettes. 


MOLLUSQUES.  265 

Cette  espèce ,  longue  d'un  pouce  et  demi  à  deux 
pouces  ,  habite  la  baie  Jervis ,  à  la  Nouvelle-Hol- 
lande. Elle  a  été  retirée  de  neuf  brasses  de  pro- 
fondeur. 


DORIS  ORANGEE. 
Doris  aurca  ,   nob. 

PLANCHE    19,    FIGURES   4~J  • 

Doris,  corpore  ovali,  lœvi ,  convexo,  toto  au- 
reo ,  albo  punctato;  tentaculis  foliaceis. 

Cette  espèce  est  ovalaire,  à  dos  élevé,  arrondi, 
lisse  ;  d'une  belle  couleur  d'orangé  vif  velouté 
dans  toutes  ses  parties  ,  parsemé  en  dessus  de 
quelques  points  blancs.  Les  tentacules  sont  assez 
longs  ,  olivaires  ,  à  lamelles  transverses.  Les  bran- 
chies ont  cinq  divisions  très -finement  ramifiées 
et  de  la  même  couleur  que  le  corps.  La  bouche 
et  ses  appendices  sont  peu  apparents.  On  aper- 
çoit très-bien  sous  le  manteau  les  ramifications  des 
vaisseaux ,  ce  qui  ne  se  voit  pas  dans  toutes  les 
Doris. 

Celle-ci  habite,  comme  la  précédente,  la  baie 
Jervis ,  et  se  trouve  par  une  assez  grande  pro- 
fondeur. Sa  longueur  est  d'un  peu  plus  de  deux 
pouces. 


266  ZOOLOGIE. 

BORIS  SALE. 
Boris  sordida  ,   nob. 

PLANCHE    19,  FIGURES    I2-l3. 


Doris ,  corpore  ovato-oblongo ,  verrucoso ,  con- 
vexo,  rigido ,  cineraceo ,  fusco  notato. 

Cette  espèce  a  un  peu  la  forme  et  la  couleur  d'une 
Onchidie.  Elle  est  légèrement  coriace  et  a  le  dos 
arrondi.  Le  manteau  est  large,  débordant  le  pied  ; 
l'un  et  l'autre  sont  ovalaires.  La  bouche  est  sail- 
lante; ses  appendices  sont  fort  petits.  Toutle  corps 
est  verruqueux  ,  souillé  de  grisâtre  et  de  blan- 
châtre ,  avec  deux  ou  trois  taches  brunes  sur  le 
bord  du  manteau.  La  partie  inférieure  du  man- 
teau qui  avoisine  le  pied ,  est  d'un  gris  assez  foncé. 
Ce  dernier  est  jaune,  piqueté  de  brun  très-clair. 

Ce  Mollusque  habite  l'Ile-de-France.  On  le  trouve 
sur  les  îlots  aux  Cerfs.  Sa  longueur  est  de  deux 
pouces  et  demi.  C'est  un  de  ceux  qui  a  la  faculté 
de  rompre  et  de  rejeter  des  portions  de  son  man- 
teau. 


MOLLUSQUES.  267 

DORIS  ENFUMÉE. 
Doris  fumosa. 

PLANCHE  ig,  FIGURES    l^-l'J. 

Doris,  corpore  suborbiculari ,  piano ,  molli,  tu- 
beroso ,  fusco ,  rubente  ;  vélo  marginali pellucido  ; 
tentaculis  turbinatis ,  apice  albis. 

Cette  Doris  est  presque  orbiculaire ,  peu  bom- 
bée ,  très-molle ,  à  manteau  large,  comme  trans- 
parent et  ondulé  sur  les  bords.  Le  dos  est  rugueux , 
bosselé,  brun  enfumé ,  marque  de  rougeâtre  ;  cette 
dernière  teinte  s'étend  sur  le  contour  du  manteau. 
Le  pied  est  d'un  rosé  sale  ,  bordé  de  jaunâtre.  Les 
appendices  buccaux  sont  très-courts  et  jaunâtres. 
Les  tentacules  ont  une  forme  conique;  ils  sont 
bruns,  et  blancs  seulement  à  la  pointe.  Les  bran- 
chies forment  environ  six  faisceaux  ramifiés,  d'un 
brun  rougeâtre.  En  général,  les  teintes  assez  peu 
déterminées  que  nous  venons  d'énumérer  sont 
très-légères  et  comme  transparentes ,  ce  qui  tient 
à  la  diaphanéité  de  l'animal.  Son  plus  grand  dia- 
mètre est  d'un  pouce  et  demi  à  deux  pouces. 

Il  habite  l'Ile-de-France ,  et  provient  des  îlots 
aux  Cerfs. 


268  ZOOLOGIE. 

DORIS  GALONNÉE. 

Doris  lemnîscata ,    nob. 


PLANCHE   IC),  FIGURES 


E   19 


8-II. 


Doris,  corpore  elongato ,  angusto , planiasculo, 
levé;  postice  acuto ,  caudato ;  vittis  aureis,  vio- 
laceis  ornato  ;  branchiis  lanceolatis ,  redis ,  den- 
ticulatis. 

Petite  espèce  de  huit  à  dix  lignes  de  longueur, 
très-gentille,  à  consistance  assez  ferme,  allongée, 
peu  large,  comprimée,  à  manteau  arrondi  aux 
extrémités  ,  et  dont  le  pied,  terminé  en  pointe,  le 
dépasse  de  beaucoup.  Les  tentacules  sont  longs, 
fusiformes.  Les  branchies,  placées  à  l'extrémité  du 
manteau,  forment  un  petit  faisceau  relevé  ,  com- 
posé de  sept  à  dix  folioles  denticulées.  Ces  organes 
et  les  précédents  ont  leur  base  violette  et  la  pointe 
aurore.  Le  dessus  du  dos  est  d'un  beau  blanc 
d'émail.  De  chaque  côté  règne  un  ruban  orangé, 
bordé  de  laque  ;  puis  vient  une  bande  bleue  vio- 
lacée ,  qui  s'élargit  sur  le  devant  et  le  derrière  du 
manteau.  Le  pied  est  d'un  rougeâtre  clair,  violacé 
sur  les  cotés;  les  appendices  labiaux  sont  égale- 


MOLLUSQUES.  269 

lement  violets  à  la  pointe.  Cette  Doris  est  très- 
vivace.  Elle  se  trouve  clans  les  lieux  paisibles  de 
la  rade  du  Port-Louis  de  l'Ile-de-France. 


DORIS  DE   MAURICE. 

Doris   mauritiana  ,   nob. 

PLANCHE    20  ,  FIGURES  5-8. 

Doris,  corpore  ovali ,  planulato ,  violaceo;  ver- 
rucis  luteis  onusto  ;  vélo  margùiali  vitta  viola- 
cea  subtus  notato. 

Cette  espèce  a  le  corps  ovalaire  ,  assez  mou , 
presque  plane,  les  bords  du  manteau  minces,  un 
peu  crêpés.  Le  dos  ,  sur  un  fond  violet  som- 
bre ,  est  couvert  de  verrues  très -rapprochées, 
irrégulières ,  d'autant  plus  petites  qu'elles  avoisi- 
nent  les  bords.  Au  milieu  elles  forment  par  leur 
réunion  une  ligne  longitudinale,  d'où  partent  de 
petits  prolongements.  Ces  excroissances  sont  jau- 
nes, et  ont  au  milieu  une  ligne  ou  un  point  vio- 
lacé. Les  tentacules  sont  en  fuseau  et  les  bran- 
chies foliacées:  elles  sortent  du  milieu  d'un  bour- 
relet à  six  découpures. 


270  ZOOLOGIE. 

La  bouche  est  grosse  et  saillante,  mais  ses  ap- 
pendices sont  si  petits  qu'on  a  de  la  peine  à  les 
voir.  Le  pied  est  large ,  violacé  au  milieu,  jaunâtre 
sur  ses  bords.  Le  manteau  porte  en  dessous,  une 
bande  violette  ,  interrompue  à  la  partie  posté- 
rieure du  pied;  elle  est  accompagnée  de  larges 
taches  de  la  même  couleur  sur  un  fond  jaune. 

Cette  Doris  a  de  trois  à  quatre  pouces  de  lon- 
gueur. Elle  habite  à  l'Ile-de-France  sur  les  rescifs 
qui  avoisinent  le  poste  de  Flacq.  Nous  la  devons  à 
notre  ami  M.  Julien  Desjardins,  dans  la  collection 
duquel  elle  se  trouvait  depuis  environ  quinze 
jours;  de  sorte  que  l'ensemble  des  couleurs  de  ce 
Mollusque  n'était  point  encore  assez  altéré  pour 
qu'on  ne  pût  bien  le  reconnaître  d'après  le  dessin 
que  nous  en  avons  fait  sur  les  lieux. 


DORIS  MAGNIFIQUE. 

Doris  magnifiai ,   nob. 

Robéfor,  par  les  Papous  de  Dorey. 

PLANCHE   20  ,    FIGURES    l-/\- 

Doris,  corpore  molle,  ovato-oblongo,  posticc 


MOLLUSQUES.  27 1 

aruto ,  caudato ,  vittis  longitrorsum  variegatis  or- 
nato;  branchiis  treclecim  lamellatis ,  aureis. 

Cette  Doris,  la  plus  élégante  de  toutes  celles 
que  nous  ayons  vues,  est  ovalaire,  allongée,  très- 
molle.  Son  manteau,  presque  plane,  est  arrondi 
aux  deux  extrémités  et  dépassé  de  beaucoup  en 
arrière  par  le  pied.  Les  tentacules  sont  presque 
pyramidaux ,  avec  des  laciniures  qui  partent  d'un 
raphé  médian.  La  branchie ,  placée  à  l'extrémité  du 
manteau  sur  une  sorte  de  protubérance  transverse, 
se  déploie  en  treize  lamelles  orangées,  cylindriques 
et  laciniées ,  qui  tendent  à  former  deux  groupes. 
Les  appendices  buccaux  sont  cylindriques. 

Le  manteau  est  bordé  de  blanc;  vient  ensuite 
une  bandelette  d'un  bel  orangé,  puis  une  autre 
noire,  dont  les  bords  sont  bruns.  Le  dos  a  plu- 
sieurs de  ces  bandes  en  long,  mais  entrecoupées. 
Le  dessous  du  manteau  ,  les  côtés  du  pied,  offrent 
à  peu  près  la  même  disposition.  Cette  dernière 
partie  est  blanche  inférieureinent,  avec  une  bor- 
dure orangée.  L'ouverture  commune  aux  organes 
de  la  génération  est  cerclée  de  jaune. 

La  longueur  de  cette  espèce  est  de  deux  à  trois 
pouces  ;  une  variété  individuelle  se  distinguait  par 
des  lignes  entières ,  au  nombre  de  trois  ,  sur  le  dos, 
le  pied  et  au  manteau.  Les  teintes  dont  ce  Mol- 
lusque est  orné  sont  de  nature  diaphane  et  des 
plus  difficiles  à  rendre. 


272  ZOOLOGIE. 

Il  habite  la  Nouvelle-Guinée.  Ses  mouvements 
sont  rapides. 


DORIS  RÉTICULÉE. 

Doris  reticulata  ,  nob. 

PLANCHE   20,    FIGURES   .Ç-H. 

Doris ,  corpore  minimo,  ovali ,  piano ,  caudato, 
leviter  tuberculato,  rubro ,  reticuiato  ;  branchiis 
lanceolatis. 

Très-petite  espèce,  de  douze  à  quinze  lignes  de 
longueur,  ovalaire,  à  dos  peu  élevé,  et  dont  le 
pied  dépasse  le  manteau.  Tout  le  dessus  du  corps 
est  réticulé  de  rouge  brun  avec  des  taches  de  laque, 
tandis  que  le  dessous  est  d'un  beau  blanc;  le  pied 
seul  a  son  bord  coloré  de  jaune.  Les  appendices  la- 
biaux, un  peu  pointus,  sont  aussi  de  cette  couleur. 
Les  tentacules  sont  striés  et  jaunâtres;  une  rainure 
joint  les  deux  cavités  qui  les  reçoit.  Le  contour  de 
la  cavité  branchiale  forme  une  saillie  assez  élevée 
à  l'extrémité  du  manteau.  Les  folioles  sont  à  douze 
ou  treize  divisions,  lancéolées,  en  forme  de  péta- 
les. Leur  couleur  est  jaune. 


MOLLUSQUES.  27  .i 

Cette  Doris  a  des  rapports  avec  la  Flamtnulée, 
dont  on  pourrait  la  prendre  pour  le  jeune  âge,  si 
ses  branchies  n'étaient  pas  complètement  diffé- 
rentes. On  la  trouve  sur  les  récifs  de  Tongatabou. 


DORIS   ÉLÉGANTE. 

Doris  elegans  ,  nob. 

PLANCHE   20  ,  FIGURES    \.1-l/\. 


Doris y  corpore  minimo ,  rigido ,  subpris matico , 
piano ,  postice  acuto ,  caudato  ,  luteo  ;  fusco  et 
vio  laceo  lin  eo  la  ta . 

Cette  Doris,  de  la  taille  de  la  précédente ,  pro- 
vient aussi  des  mêmes  lieux.  Mais  elle  est  rigide, 
prismatique,  plane  en  dessus,  à  pied  dépassant  le 
manteau ,  qui  est  taillé  brusquement  à  sa  partie 
postérieure ,  tandis  que  sur  les  côtés  ,  ces  deux 
parties  se  distinguent  seulement  par  une  ligne 
violette  qui  les  sépare. 

Le  dos  est  jaunâtre,  avec  des  points  plus  pâles 
de  la  même  couleur.  Une  strie  brune  forme  un 
écusson  sur  la  tête ,  et  se  ramifie  ensuite  en  ar- 
Zoolagie.  t.  11.  18 


274  ZOOLOGIE. 

rière.  Deux  autres  occupent  les  bords  du  man- 
teau, qui  sont  de  couleur  de  laque,  pointillés  de 
blanc.  En  dessous  il  est  tacheté  de  violet  et  de 
blanc,  ainsi  que  le  pied,  dont  le  bord  est  liséré 
de  laque.  Les  tentacules  sont  transversalement 
striés  ,  jaunâtres ,  blancs  à  la  pointe.  Les  bran- 
chies forment  un  petit  plumet  à  six  divisions  den- 
ticulées ,  jaunes  au  milieu  et  violacées  sur  les 
bords. 


DORIS  VEINEE. 

Doris  venosa. 

PLANCHE    20  ,  FIGURES    ID-16. 


Doris,  corpore  convexo ,  ovali,  molli,  piloso , 
albido-cœruleato ,  lineis  aureis  ornato  ;  vélo  mar- 
ginali  punctis  nigris  postice  notato. 

Après  avoir  dessiné,  dans  la  collection  de  M.  Ju- 
lien Desjardins,  à  l'Ile-de-France,  cette  Doris 
dont  les  couleurs  n'étaient  pas  trop  altérées,  nous 
avons  reconnu,  à  notre  arrivée  à  Paris,  que  c'était 
la  même  qu'une  espèce  inédite  indiquée  au  Jardin 
du  Roi  sous  le  nom  de  Venosa  et  provenant  du 


MOLLUSQUES.  275 

même  lien.    Les  poils  et  la  couleur  des  veines 
avaient  disparu  par  une  longue  macération. 

Ce  Mollusque,  long  d'un  à  deux  pouces,  a  le 
corps  mou,  ovalaire,  un  peu  élevé  en  dessus ,  cou- 
vert de  poils  très-déliés ,  assez  longs  et  rigides.  Sa 
couleur  est  d'un  blanc  bleuâtre  au  milieu  ,  jau- 
nâtre sur  les  bords  avec  des  linéoles  d'un  orangé 
vif,  dont  la  plupart  sont  longitudinales,  quoiqu'il 
y  en  ait  de  dirigées  dans  tous  les  sens.  La  partie 
postérieure  du  manteau  est  marquée  de  trois 
points  noirs  ou  bleu  foncé  qui  paraissent  con- 
stants. Le  manteau  recouvre  entièrement  le  pied, 
qui  est  un  peu  rétréci  et  bordé  d'orangé. 

Les  tentacules  et  les  branchies  étaient  telle- 
ment enfoncés  dans  leurs  fossettes  que  nous  ne 
pouvons  indiquer  leur  forme.  Ils  paraissaient  noi- 
râtres. 

Cette  Doris  fut  trouvée  sur  les  récifs  du  poste 
de  Flacq. 


18* 


270  ZOOLOGIE. 

Genbe  SCYLLÉE.  —  Scyllœa,  Linné. 

SCYLLÉE  DE    GHOMFODA 
Scyllœa  ghomfodensis.] 

Cuvier ,  Annales  du  Mus.  ;  an  Scyllœa  pelagica  ? 

Linn.  Gmel.  ,  page  3i47  ,  nS. 

Forskal ,  Faim.  arab.  ,  page  io3. 

Blainviile  ,  Dict.  des  se.  nat. ,  t.  XL VIII,  page  ilg. 


PLANCHE    21,     FIGURES     1-5. 


Scyllœa,  corpore  elongato ,  compresse) ,  apice 
acuto,  subflavo ,  punctis  ferrugineis  irrorato  ;  pa- 
pillis  albis  ad  latera. 

Nous  nous  sommes  attachés  à  dessiner  avec  le 
plus  de  précision  possible  une  Scyllée  vivante, 
afin  de  voir  s'il  existe  des  caractères  susceptibles 
d'établir  plusieurs  espèces  ;  mais  n'ayant  point 
examiné  un  grand  nombre  de  ces  animaux,  nous 
sommes  encore  dans  le  doute  à  cet  égard, et  forcés 
de  laisser  à  celui-ci  le  nom  qui  se  trouve  le  plus 
en   rapport  avec  une  description    connue.   Celle 


MOLLUSQUES.  277 

en  effet  de  la  Scj  liée  Ghomfoda,  que  Forskal  a  dé- 
couverte ,  convient  parfaitement  à  la  nôtre.  Quoi 
qu'il  en   soit,  l'animal  a  la  tète  élevée,  le  mufle 
saillant,  évasé,  ainsi  que  le  contour  de  la  bouche, 
qui  est  en  fera  cheval  et  festonné.  Son  ouverture 
estovalaire,  longitudinale.  Ces  parties  sont  distinc- 
tes et  séparées  du  pied  par  une  rainure  transverse. 
Celui-citrès-comprimé,  canaliculé,  terminé  par  une 
pointe ,  ne  se  distingue  pas  du  manteau.  Les  deux 
auriculescéphaliques  sont  aplaties,  ailées  vers  leur 
extrémité,  puis  dilatées  en  cornet  d'où  sort  un  pe- 
tit prolongement    lacinié,  qui  est,  selon   M.    de 
Blainville,  le  vrai  tentacule.  Les  deux  paires  d'ap- 
pendices latéraux ,  qui  servent  à  la  locomotion  et 
portent  les  branchies,  sont  aplaties,  découpées  à 
leur  extrémité,  et  recouvertes  en  dessus  seule- 
ment d'arbuscules  pulmonaires.  Il  en   existe   de 
semblables  à  la  partie  postérieure  du  corps  ,  la- 
quelle est  irrégulièrement  renflée   au  dessus  du 
pied.  Il  existe  sur  les  flancs  une  ligne  de  six  à  dix 
petits  tubercules  blancs.  Nous  n'avons  point  vu 
de  traces  d'yeux. 

Le  corps  est  entièrement  fauve,  avec  des  points 
rouge  brun  irréguliers  sur  les  côtés,  et  formant 
deux  lignes  latérales  sur  le  dos  et  une  le  long  de 
la  dilatation  des  auricules  tentaculaires. 

Cette  Scyllée  un  peu  grossie  provient  des  envi- 
rons de  Timor.  Elle  habitait  des  fucus.  Celle  du 
naturaliste  suédois  fut  trouvée  dans  la  mer  Rouge. 


278  ZOOLOGIE. 

Il  est  difficile  de  reconnaître  pour  une  Scyllée 
celle  qui  est  figurée  dans  le  voyage  du  capitaine 
Krusenstern.  Pour  tout  ce  qui  concerne  les  Mol- 
lusques ,  le  dessinateur  et  le  graveur  de  ces  plan- 
ches se  sont  trop  laissé  aller  à  leur  imagination. 


MOLLUSQUES.  279 

Genre  GLAUCUS,  G/aucus ,  Fors  ter. 

GLAUCUS   DE  FORSTER. 
Glaucas  Fors  te  ri. 

(JiiHcus  atlanticus.  Blunicub. ,  fig.  cl'Hist.  Nul.,  pi.  4#- 
Pérou.  A.IH).  du  Mus.  i5,  pi.  3,  fig.  g. 

PLANCHE    21  ,    FIGURES   6-1 4- 


Après  avoir  examiné  un  assez  bon  nombre  de 
Glaucus,  nous  pensons  avec  M.  de  Blainville  et 
Cuvier,  qu'il  n'en  existe  encore  qu'une  seule 
espèce  de  connue,  et  que  les  différences  que 
peuvent  présenter  quelques  individus  sont  de 
simples  variétés.  Nous  avons  cherché  à  forti- 
fier cette  opinion  par  trois  études  de  ces  animaux, 
différant  assez  les  unes  des  autres  pour  que  l'une 
d'elles  pût  être  facilement  érigée  en  espèce  sous 
le  nom  de  Brevicaudatus ,  si  nous  ne  tenions 
moins  à  créer  de  nouvelles  dénominations  qu'à 
éclaircir  un  fait. 

Depuis  long-temps  on  avait  d'assez  bons  des- 
sins de  ces  élégants  Mollusques  ;  mais  il  apparte- 
nait à  M.  de  Blainville  d'assigner  la  place  qu'ils 


280  ZOOLOGIE. 

devaient  occuper,  et  de  démontrer  qu'on  les  re- 
présentait renversés,  nageant  sur  le  dos;  position 
en  effet  qu'ils  affectent  constamment  ,  qui  leur 
est  naturelle  ,  et  qu'ils  cherchent  péniblement  à 
reprendre  lorsqu'on  le§  en  détourne.  La  colora- 
tion vive  de  leur  pied  indique  aussi  son  exposi- 
tion prolongée  à  la  lumière,  tandis  que  le  dos 
qui  est  dans  l'ombre  est  blanc.  Nos  figures  les  re- 
présentent dans  ce  sens  ;  ainsi  donc  il  faudra 
supposer  par  la  pensée  que  les  ouvertures  qui  pa- 
raissent à  gauche  appartiennent  réellement  au 
côté  droit  de  l'animal. 

On  a  justement  comparé  les  Glaucus  à  de  pe- 
tits Lézards  nageant  à  la  surface  des  ondes,  ce 
qu'ils  doivent  moins  à  leur  agilité  qu'à  la  forme 
allongée,  cylindrique  de  leur  corps,  à  leur  queue 
grêle ,  et  aux  trois  paires  d'appendices  en  pa- 
lette qui  portent  les  branchies.  Ces  six  prolonge- 
ments latéraux  ne  manquent  jamais,  et  nous  n'en 
avons  point  vu  le  nombre  porté  à  huit.  On  aura 
sans  doute  pris  pour  tels  quelques  lanières  bran- 
chiales de  la  queue,  un  peu  plus  écartées  que  de 
coutume  de  leur  support,  ainsi  qu'on  peut  le  voir 
sur  un  des  individus  de  nos  planches.  Mais  nous 
ne  pensons  pas  qu'il  faille  établir  pour  cela  une  es- 
pèce sous  le  nom  iVOctopterygius.  On  remarquera 
également  quelque  différence  dans  l'arrangement 
des  branchies,  la  brièveté  de  la  queue  et  surtout 
la.  coloration.  En  effet,  il  y  en  a  un  d'un  bleu  d'in- 


MOLLUSQUES.  281 

digo  on  dessous.  Le  pied  est  largement  bordé  de 
bleu  très-foncé.  Ces  deux  lignes  en  se  réunissant 
en  arrière  couvrent  entièrement  la  queue.  Trois 
autres  de  chaque  côté  partant  des  bras  viennent  y 
aboutir  et  forment  comme  une  triple  croix.  Elles 
n'existent  pas  toujours,  comme  on  peut  le  voir, 
tandis  que  celles  du  pied  sont  constantes.  Nos 
deux  autres  Glaucus  sont  d'un  blanc  nacré;  le 
plus  petit  a  l'extrémité  des  branchies  bleue.  Cette 
nacre  dont  ils  sont  recouverts  n'est  qu'un  pig- 
mentant qui  s'enlève  au  moindre  contact. 

Les  branchies  servent  à  la  locomotion  comme 
toutes  les  parties  du  corps,  qui  entrent  en  con- 
traction et  se  tortillent  sur  elles-mêmes,  pour 
peu  qu'on  excite  ces  Mollusques.  Il  n'est  pas  rare 
de  voir  alors  des  lanières  se  détacher  de  l'extré- 
mité des  bras  qui  les  supportent.  Quant  au  nom- 
bre, il  est  fort  variable:  nous  en  avons  compté  de 
vingt  à  vingt-deux  de  chaque  côté  à  la  première 
paire  ,  seize  à  la  seconde,  huit  ou  neuf  à  la  troi- 
sième, et  quelquefois  trois  ou  quatre  à  l'origine 
de  la  queue. 

On  est  convenu  de  prendre  ces  digitations  pour 
des  branchies.  Nous  n'avons  point  fait  de  recher- 
ches pour  nous  fixer  à  cet  égard.  Nous  avons 
seulement  reconnu  que  chaque  lanière  était  com- 
primée à  sa  base,  cylindrique  dans  le  reste  de 
son    étendue,    creuse,  contenant  une  substance 


282  ZOOLOGIE. 

d'un  brun  jaunâtre  formant  une   ligne   tres-on- 
dulée. 

La  bouche  est  terminale,  ovalaire,  à  ouverture 
verticale  pourvue  de  deux  pièces  cornées  ,  échan- 
gées en  arrière  et  formant  en  devant  une  calotte 
demi-sphérique.  L'orifice  de  la  génération  avoi- 
sine  à  droite  la  première  paire  d'appendices. 
Nous  n'avons  pu  voir  les  deux  ouvertures  qu'a 
figurées  M.  de  Blainville.  Chez  quelques  individus 
la  verge  était  sortie.  Elle  est  très-longue  ,  simple, 
terminée  par  un  crochet  noir  corné,  présentant  un 
talon  à  sa  base,  d'où  part  le  canal  déférent  ex- 
trêmement délié,  et  qui,  sous  la  forme  d'un  con- 
duit ondulé,  se  continue  dans  toute  la  longueur 
de  l'organe  excitateur.  Le  testicule  serait  un  corps 
considérable,  jaunâtre ,  formé  de  granulations.  Les 
œufs  sortent  agglutinés  à  la  file,  sous  forme  de 
petits  filaments  longs  de  deux  lignes.  Ils  étaient 
rejetés  en  assez  grand  nombre  dans  le  vase.  L'a- 
nus avoisine  à  droite  la  base  du  dernier  appen- 
dice branchial. 

D'après  ces  données  fort  incomplètes,  nous 
avouons  que  ces  animaux  par  leur  mollesse  à  l'ins- 
tant de  la  mort ,  et  surtout  par  leurs  violentes  con- 
tractions, qui  en  resserrent  toutes  les  parties ,  sont 
d'une  difficulté  extrême  à  anatomiser,  surtout  à 
bord  d'un  vaisseau  où  l'on  n'a  ni  la  fixité  ni  la  lu- 
mière  convenables  pour  ces  sortes  de  travaux. 


MOLLUSQUES.  283 

Les  individus  qui  font  le  sujet  de  ces  observa- 
tions ont  été  pris  dans  l'Océan  atlantique ,  pen- 
dant les  mois  de  juillet  et  d'août,  les  uns  par  70 
de  latitude  Nord,  d'autres  par  3o°de  latitude  Sud. 


284  ZOOLOGIE. 


Genre  BRIARÉE.  —  Briarœa ,  nob. 


Animal  pélagien ,  gélatineux ,  transparent ,  aplati, 
seolopendriforme ,  pourvu  d'un  bouclier  cépha- 
lique ,  divisé  en  deux  parties  :  l'antérieure  dilatée , 
bifurquée ,  portant  deux  points  noirs  qui  sont  pro- 
bablement des  yeux  ;  de  la  postérieure  ,  plus 
considérable,  partent  deux  longs  tentacules  séti- 
formes.  Corps  terminé  par  une  queue  déliée,  et 
pourvu  de  chaque  côté  d'un  grand  nombre  d'ap- 
pendices branchiaux  bifurques.  Bouche  arrondie , 
membraneuse,  donnant  dans  un  intestin  rétréci  à 
son  origine. 


BRIAREE   SCOLOPENDRE. 
Briarœa  Scolopcndra  ,    nob. 

PLANCHE   21  ,    FIGURES    21-24- 

Briarœa,  corpore piano ,  elongato ,  triangulari, 
lujigicaudato ,  molli,  translucido ,  albo;  tentaculis 
setosis  rujïs ,  punctatis . 

C'est  avec  doute  que  nous  plaçons  parmi  les 
Mollusques  cet  animal  pélagien  ;  car,  malgré  toute 


MOLLUSQUES.  285 

l'attention  que  nous  avons  mise  à  l'étudier,  nous 
n'avons  pu  distinguer  évidemment  les  organes  qui 
pourraient  le  faire  ranger  dans  cette  classe.  Nous 
appelons  donc  l'attention  des  voyageurs  à  cet  égard. 
En  attendant,  nous  pensons  que  ce  genre  établit 
le  passage  entre  les  Mollusques  et  les  Articulés 
chétopodes. 

Le  Briarée  tient  un  peu  du  Glaucus;  il  porte 
comme  lui  une  double  dilatation  céphalique,  avec 
deux  paires  d'appendices  ;  les  antérieurs  aplatis  , 
triangulaires;  les  postérieurs  plus  développés, 
et  donnant  naissance  à  deux  longs  tentacules 
rigides  comme  des  soies  ,  se  portant  latérale- 
ment. Entre  les  dilatations  sont  deux  points 
noirs  qu'on  peut  considérer  comme  des  yeux.  Le 
corps  est  très-long  ,  un  peu  aplati,  terminé  par 
une  queue  déliée  et  ondulée.  De  chaque  coté 
partent  des  appendices  successivement  décrois- 
sants,  au  nombre  de  vingt-quatre  à  vingt-cinq, 
comprimés  aussi  et  bifurques  à  leur  extrémité, 
qui  est  légèrement  frangée.  Ces  organes,  qu'on 
peut  considérer  comme  des  pieds-branchies,  sont 
creux  et  communiquent  avec  l'abdomen.  On  voit 
dans  la  longueur  de  ce  dernier  un  canal  digestif 
droit,  qui  commence  à  une  bouche  inférieure, 
charnue ,  un  peu  saillante ,  se  renfle  en  un  œso- 
phage très-court,  et  se  continue  ensuite  jusqu'à 
l'extrémité  du  corps. 

A  travers  les  téguments  on  remarque  dans  l'ab- 


286  ZOOLOGIE. 

domen  un  grand  nombre  d'ovules  arrondis  ,  plus 
pressés  vers  la  queue  ,  se  portant  même  quelque- 
fois dans  les  branchies.  Ce  n'est  même  que  par 
ces  globules  que  nous  avons  vu  qu'elles  étaient 
creuses.  La  transparence  de  cet  animal  était  telle 
que  nous  n'avons  pu  rien  découvrir  de  plus , 
pas  même  le  cœur,  dont  les  mouvements  s'aper- 
çoivent toujours ,  quelle  que  soit  la  diaphanéité 
des  êtres  pélagiens  qui  en  sont  pourvus.  Tout  le 
corps  est  blanc  ;  les  tentacules  sont  rouge-brun , 
ponctués  de  la  même  couleur.  De  semblables  ta- 
ches existent  sur  les  côtés  de  l'œsophage. 

Nous  avons  possédé  vivant ,  pendant  huit  heures , 
ce  singulier  animal ,  nageant  toujours  avec  une 
grande  vitesse,  qu'il  redoublait  au  moindre  con- 
tact. Il  s'est  quelquefois  roulé  sur  lui-même  dans 
la  position  où  il  a  été  représenté  par  le  dessina- 
teur, M.  de  Sainson.  Le  défaut  de  renouvellement 
de  l'eau  de  mer  le  fit  mourir.  Sa  longueur  est  de 
trois  à  quatre  pouces. 

Il  habite  la  Méditerranée  près  le  détroit  de  Gi- 
braltar. Nous  le  devons  à  M.  Gressien  ,  officier 
de  Y  Astrolabe,  qui  mettait  beaucoup  d'obligeance 
à  nous  procurer  les  animaux  que  la  mer  recèle. 

Nous  en  avons  observé  un  autre  individu ,  infi- 
niment plus  petit ,  dans  le  Grand-Océan  austral. 


MOLLUSQUES.  287 


Genre  ÉOLIDE.  —  Eolidia,  Cuvier. 

ÉOLIDE  ANNELÉE. 
Eolidia  annulât  a  ,  nob. 

PLANCHE    ai,    FIGURES     I3-l8. 


Eolidia,  corpore  ovato;  apice  acuto ;  branchiis 
numéros is ,  cylindricis ,  extremitate  flavo  et  ni- 
gro  annulatis  ;  tentaculis  basifusco  punctatis. 

Cet  individu  a  huit  à  dix  lignes  de  longueur;  il 
est  ovalaire,  un  peu  pointu  en  arrière.  Des  quatre 
tentacules  supérieurs  ,  les  labiaux  sont  les  plus 
longs  et  se  roulent  volontiers  sur  eux-mêmes.  Les 
postérieurs  portent  à  leur  base  de  petits  yeux  noirs. 
La  bouche  ,  assez  saillante ,  est  séparée  du  pied 
par  un  sillon.  La  partie  antérieure  de  ce  dernier 
s'élargit  en  forme  d'auricules  ,  qui  simulent  deux 
tentacules. 

De  chaque  côté  des  tentacules  supérieurs  ,  on 
remarque  une  sorte  de  roue  bordée  de  noir  et 
garnie  de  très -petites  branchies  ne  ressemblant 
pas  mal  à  une  paire  de  lunettes.  Le  reste  du  corps 


288  ZOOLOGIE. 

est  couvert  de  branchies  simples  ,  cylindriques  , 
placées  sur  deux  rangées  latérales.  On  ne  peut 
bien  voir  cette  disposition  qu'après  la  mort  et  par 
la  macération  dans  la  liqueur,  car  du  vivant  de 
l'animal ,  ces  lanières  paraissent  distribuées  sans 
ordre.  Elles  sont,  ainsi  que  tout  le  corps,  d'un 
blanc  pur,  excepté  à  leur  pointe,  entourée  de  deux 
anneaux  qui  se  touchent ,  dont  l'un  est  jaune  et 
l'autre  noir. 

Ce  Mollusque  habite  le  port  Dorey,  à  la  Nou- 
velle-Guinée. 


ÉOLIDE  LONGUE-QUEUE. 

Eolidia  longicauda ,  nob. 

PLANCHE    21  ,    FIGURES     19-20. 


Eolidia,  corpore  elongato ,  gracili ,  mollissimo ; 
apice  acuto ,  caudato ,  subtus  fusco  ;  branchiis 
pluriserialibus. 

Les  plus  grands  individus  de  cette  espèce  attei- 
gnent deux  pouces;  et  la  longueur  de  la   queue 


MOLLUSQUES.  289 

est  d'au  moins  six  lignes.  Le  corps  est  long,  mince , 
débordé  de  chaque  côté  par  le  pied ,  qui  est  ondulé , 
pointu  ,  finissant  en  queue;  il  est  blanc,  diaphane, 
et  présente  en  dessus  un  petit  raphé.  En  avant  il 
est  séparé  de  la  bouche  par  un  sillon  transverse. 
Les  tentacules,  au  nombre  de  quatre,  sont  gros, 
fusiformes,  pointus.  Les  supérieurs  ,  plus  longs, 
se  touchant  par  leur  base,  prennent  au  sommet 
de  la  tète;  les  inférieurs  plus  écartés,  un  peu  au 
dessus  de  la  bouche.  Il  n'y  a  point  d'yeux. 

Les  branchies  sont  sur  plusieurs  rangées  laté- 
rales au  dos.  Chaque  lame  est  allongée,  subapla- 
tie ,  offrant  dans  son  intérieur  une  sorte  de  canal 
rempli  d'une  matière  brune,  et  sur  le  côté  des  plis 
comme  dans  la  plupart  de  ces  organes.  Le  cœur 
est  placé  sur  le  dos,  avoisinant  la  tète.  Derrière 
lui  et  à  droite  est  l'anus ,  qui  a  quelquefois  l'as- 
pect d'une  rosette.  L'ouverture  génitale  est  en- 
tre les  deux  tentacules  du  côté  droit.  On  remar- 
que entre  le  pied  et  les  branchies ,  au  travers  de 
la  transparence  des  téguments,  un  ovaire  jaunâ- 
tre parsemé  de  points  rouges. 

Le  haut  de  la  tète  est  d'un  jaune  rougeâtre;  le 
dessus  du  dos  brunâtre,  ainsi  que  la  masse  des 
branchies.  Le  reste  du  corps  est  blanc. 

Ces  Mollusques  sont  doués  d'une  assez  grande 
activité  ;  les  mouvements  du  cœur  sont  vifs  et  con- 
tinus. Leur  mollesse  est  telle  qu'on  ne  peut  bien 
observer  leurs  formes  que  dans  l'eau,  qui  en  sou- 

Zonlogîe.  t.   u.  iq 


290  ZOOLOGIE. 

tient  et  développe  toutes  les  parties;  autrement 
elles  retombent  sur  elles-mêmes  et  s'agglomèrent 
par  la  viscosité  qu'elles  laissent  suinter.  Aussi  ces 
animaux  n'abandonnent-ils  jamais  les  fucus  ou  au- 
tres corps  qui  leur  servent  d'abri.  Une  fois  dans 
la  liqueur,  tout  caractère  spécifique  disparaît. 

Trouvé  dans  le  détroit  de  Cook ,  à  la  Nouvelle- 
Zélande. 


MOLLUSQUES.  291 

Genre  PIIYLL1DIE.  —  Phyllidia,  Cuvier. 

PHYLLIDIE   NOIRE  ET  BLANCHE. 

Phyllidia  albo-nigra  ,  nol). 

PLANCHE    21   ,     FIGURES   2Ô'-27. 


Phyllidia,  corpore  elongato ,  oyali,  piano,  ri- 
gidi,  tuberculato ,  nigj'O ,  albido  maculato. 

Les  Phyllidies  sont  des  animaux  extrêmement 
coriaces,  tellement  apathiques  que  nous  ne  leur 
avons  jamais  vu  le  moindre  mouvement,  et  qu'ils 
paraissent  comme  morts.  Peut-être  sont-ils  noc- 
turnes. Ceux  que  l'on  connaît  sont  ornés  de  cou- 
leurs très-vives.  Ce  qui  les  distingue  surtout,  c'est 
la  mauvaise  odeur  qu'ils  exhalent;  et  si  l'on  était 
en  doute  sur  la  nature  du  genre  ,  ce  caractère 
suffirait  pour  le  faire  reconnaître. 

Notre  nouvelle  espèce  n'a  qu'un  pouce  de  lon- 
gueur; elle  est  presque  plane,  allongée,  rétrécie. 
Ses  verrues  sont  peu  saillantes  ;  ses  tentacules  su- 
périeurs ,  courts,  noirs  et  coniques;  les  inférieurs 
sont  représentés  par  de  simples  tubercules.  Le 

*9* 


292  ZOOLOGIE. 

dos    est  noir  ,  irrégulièrement  tacheté  de  blanc 
bleuâtre.  En  dessous,  le  manteau  et  le  pied  sont 
gris  et  piquetés  de  noir. 
Elle  habite  l'île  de  Tonga. 


PHYLLIDIE  TROIS-LIGNES. 

Phyllidia  trilineata. 

Cuvier,  Annales  du  Mus.,  t.  V,  page  268,  pi.  18, 

fig.  i-4- 
Lamarck ,  Anim.  s.  v. ,  t.  6  ,  ire  part.  ,  page  3 1 5. 

Quoy  et  Gaimard,  Zoologie  de  V  Uranie ,  pi.   87,  fig. 

7-10. 

PLANCHE    21  ,    FIGURE  2  5. 


Phyllidia,  corpore  ovali ,  convexo ,  coriaceo; 
dorso  nigricante,  variciùus  longitrorsum  subno- 
dosis  luteis  ;  vitta  Jiigra  infra  pedem. 

C'est  pour  ajouter  ce  qui  manquait  à  cette 
espèce,  déjà  figurée  dans  notre  premier  voyage, 
que  nous  la  reproduisons  ici  avec  tout  l'éclat  de 
ses   couleurs ,     prises    sur   un    individu   vivant. 


MOLLUSQUES.  293 

Toute  la  partie  supérieure  du  corps  est  garnie 
de  tubercules  formant  plusieurs  lignes  longitudi- 
nales d'un  jaune  orangé,  relevés  par  de  belles 
bandes  de  couleur  bleu  de  ciel ,  entre  lesquel- 
les se  trouvent  des  lignes  d'un  noir  velouté. 
Le  dessous  du  pied  est  bleuâtre ,  avec  une  ligne 
médiane  noire ,  qui  n'existe  pas  chez  tous  les  in- 
dividus. Sous  l'eau  de  mer,  ces  couleurs  pren- 
nent un  moelleux  qu'il  est  impossible  au  pinceau 
de  rendre. 

Cette  Phyllidie  provient  du  havre  Carteret,  à  la 
Nouvelle -Irlande.  On  la  trouve  aussi  dans  plu- 
sieurs autres  lieux. 


294  ZOOLOGIE. 

Genre  PLEUROBRANCHE.- P le uro branchas,  Cuv. 

PLEUROBRANCHE   MAMELONNÉ. 

Plcurobranchus  mamillatus  ,  nob. 

PLANCHE    22  ,    FIGURES    1-6. 


P leuro branchas ,  corpore  maximo ,  molle  ,  sub- 
orbiculato ,  caudato ,  va/de  tuberculoso  ,  fasco  et 
rubro  variegato  ;  maculis  semicircularibus ,  sub- 
rubris  desuper. 

Grande  espèce ,  ayant  quelquefois  plus  de  cinq 
pouces  de  longueur,  très -mollasse,  remarquable 
par  l'éclat  et  l'arrangement  de  ses  couleurs,  ses 
longs  tubercules  et  le  défaut  de  pièce  cornée  dans 
l'épaisseur  du  dos. 

Son  manteau,  très-ondulé  sur  les  bords,  forme 
en  avant  une  pointe  en  cœur,  sous  laquelle  sor- 
tent deux  tentacules  en  cornets  toujours  roulés 
et  serrés,  réunis  par  la  base,  où  sont  placés  deux 
très -petits  yeux,  le  plus  souvent  cachés  par  l'a- 
vance du  manteau.  Ces  deux  tentacules  re- 
posent sur  un  large  chaperon  arrondi,  qui  re- 
couvre lui-même  une  grosse  trompe ,  courte ,  où  se 


MOLLUSQUES.  295 

trouve  l'ouverture  de  la  bouche.  Les  bords  de 
celle-ci  sont  arrondis  en  bourrelets,  garnis  de  deux 
plaques  membraneuses  à  petits  carreaux.  Dans 
l'angle  qu'elles  forment  se  trouve  placé  un  court 
ruban  lingual. 

Le  pied,  fort  large,  arrondi,  à  sillon  marginal 
en  avant,  dépasse  de  beaucoup  le  manteau  en 
arrière.  Il  faut  le  soulever  à  droite  pour  voir  la 
grande  branchie ,  qui  est  libre  seulement  par  sa 
pointe.  Elle  est  formée  de  folioles  alternes,  elles- 
mêmes  ramifiées  et  très-serrées.  Au  devant  d'elle 
sont  les  ouvertures  de  la  génération.  La  posté- 
rieure est  celle  de  l'oviducte;  l'antérieure  est  pour 
la  sortie  de  l'organe  excitateur,  représenté  ici  tel 
qu'il  était  sur  l'animal  vivant,  entouré  de  folioles 
palmées  et  découpées.  L'anus  est  au  bout  d'un 
tube  très-court  vers  l'extrémité  de  la  branchie. 

Le  dos  est  hérissé  de  gros  tubercules  coniques, 
bariolés  de  brun  et  de  jaune.  Les  intervalles  sont 
nuancés  de  brun  rougeâtre  et  de  jaune ,  avec  des 
taches  d'un  beau  brun.  On  voit  çà  et  là  des  crois- 
sants couleur  de  laque,  ombrés  de  rougeâtre.  Les 
tentacules  et  le  chaperon  céphalique  sont  d'un 
brun  rouge  sombre.  Le  reste  de  l'animal  est  lé- 
gèrement jaunâtre. 

Ce  beau  Mollusque  habite  la  rade  du  Port-Louis, 
à  l'Ile-de-France.  Il  s'avance  même  jusque  dans  le 
port.  Il  avale  d'assez  gros  graviers  au  milieu  des- 
quels il  trouve,  comme  les  Holothuries,  les  ani- 


296  ZOOLOGIE. 

malcules  propres  à  l'alimenter.  Malgré  sa  mollesse, 
on  peut  le  conserver  vivant  pendant  vingt-quatre 
heures,  en  ayant  le  soin  de  le  changer  d'eau 
fréquemment. 


PLEUROÎÏRA.NCHE  DE  PERON. 
Pleurobranchus  Peronii. 

Cuvier,  Ann.  du  Mus. ,  t.  V,  pi.  18  ,   fig.  1-2. 

PLANCHE   22,   FIGURES   7-IO. 


Pleurobranchus ,  corporc  ouata,  convexo,  molli, 
apice  elongato  ;  tiiberculls  planis,  rotuiulis ,  au- 
rant lacis. 

Nul  doute  que  ce  Mollusque  ne  soit  de  la  même 
espèce  que  celui  qui  a  servi  à  M.  Cuvier  pour 
établir  et  caractériser  ce  nouveau  genre.  Toute- 
fois, après  son  séjour  dans  l'alcool,  sa  couleur  et 
ses  formes  extérieures  sont  tellement  changées 
qu'on  aurait  de  la  peine  à  le  reconnaître.  C'est 
pour  remédier  à  cet  inconvénient,  qui  peut  por- 
ter à  multiplier  inutilement  les  espèces,  qu'en  par- 


MOLLUSQUES.  297 

tant  de  France  nous  adoptâmes  un  système  suivi 
de  dessins  faits  sur  le  vivant ,  que  nous  n'avons 
jamais  négligé  ,  toutes  les  fois  qu'il  nous  a  été 
possible  de  le  faire ,  sur  les  individus  même  les 
mieux  connus. 

Et  pour  ne  parler  ici  que  du  Mollusque  qui 
nous  occupe,  nous  dirons  que  le  brillant  pigmen- 
tum  rouge  qui  recouvre  sa  peau  tuberculeuse, 
disparaît  lorsqu'on  le  lave  ou  qu'on  le  touche  trop 
souvent ,  pour  faire  place  à  une  teinte  jaunâtre. 

Le  Pleurobranche  de  Péron  est  ovalaire,  bombé; 
son  manteau,  échancré  en  avant,  est  très-dépassé 
en  arrière  par  le  pied.  Le  bouclier  céphalique  est 
un  peu  bilobé.  Les  yeux  sont  plus  distincts  que 
dans  l'espèce  précédente ,  quoiqu'elle  soit  beau- 
coup plus  grande.  La  pièce  cornée  dorsale  est 
mince  et  très-délicate.  Les  ouvertures  et  labranchie 
demeurent  toujours  cachées  dans  la  gouttière  que 
forment  le  pied  et  le  manteau.  Les  tubercules  qui 
couvrent  le  dos  sont  très-rapprochés,  ronds  et  peu 
saillants.  Chacun  d'eux,  sur  un  fond  rouge,  est  en- 
touré d'un  anneau  couleur  de  laque  foncée ,  avec 
un  point  au  milieu.  Les  côtés  du  pied  sont  aussi 
ponctués  de  cette  couleur. 

Ces  animaux  sont  assez  communs  sur  les  ré- 
cifs du  Port-Louis  ,  à  l'Ile-de-France.  Ils  avaient 
de  très-gros  graviers.  Leur  consistance  mollasse  se 
conserve  toujours  telle,  même  dans  l'esprit-de-vin 
le  plus  fort.  En  les  maniant,  leurs  viscères  se  rom- 


298  ZOOLOGIE. 

pent,  se  font  jour  au  dehors  en  diffluant  entre  les 
doigts.  Leur  grandeur  est  de  deux  à  trois  pouces. 
Leur  couleur  varie  d'intensité  et  devient  quelque- 
fois sombre.  En  général  les  mouvements  de  ces 
Mollusques  sont  plus  lents  que  ceux  des  Doris. 


PLEUROBRANCHE  CORNU. 


Pleurobranchus  cornutus  ,   nob. 


PLANCHE    22,    FIGURES    20-24* 


Pleurobranchus ,  corpore  minimo,  molle ,  ovato; 
apice  acuto,  caudato  ,  fusco  -  rubente  ;  appendi- 
cibus  buccœ  longis  ;  pede  supra  fusco  lemniscato . 

Très -petite  espèce,  qui  n'a  que  dix  lignes  de 
longueur,  remarquable  par  la  forte  échancrure  an- 
térieure de  son  bouclier,  dans  laquelle  passent  les 
deux  tentacules,  dont  le  gauche  était  plus  long; 
ce  qui  peut  n'être  qu'accidentel.  Le  chaperon  cé- 
phalique  forme  deux  auricules  écartées  comme 
deux,  cornes ,  d'où  nous  avons  tiré  le  nom  de  ce 


MOLLUSQUES.  299 

Pleurobranche.  La  bouche  est  saillante.  Le  pied 
dépasse  le  manteau  en  arrière;  tous  deux  forment 
un  ovale  un  peu  pointu.  Nous  avons  remarqué 
que  ce  Mollusque  relevait  un  peu  l'extrémité  de 
son  manteau,  de  manière  à  lui  faire  former  comme 
une  gouttière  en  dessous.  Tout  le  corps  est  rou- 
geâtre,  couvert  de  tubercules  violacés  un  peu  jau- 
nâtres. Une  bande  brune  borde  la  face  supérieure 
du  pied. 

Cet  individu,  qui  est  peut-être  un  jeune  âge  ,  a 
été  trouvé  sur  la  rive  gauche  de  la  rade  d'Amboine. 


PLEUROBRANCHE  PONCTUÉ. 
Pleurobranclms  punctatus ,  nob. 

PLANCHE    22,    FIGURES   l5-IC;. 


P ieuro branchas ,  corpore  molle ,  ovato,  piano; 
postice  subrotundo ,  lœve ,  aurantiaco,  duabus  li- 
neis  albis  punctato  ;  tentaculis  longis. 

Ce  Mollusque  a  le  corps  allongé,  plane  en  des- 
sus dans  l'état  ordinaire,  arrondi  en  avant  et  en 


300  ZOOLOGIE. 

arrière,  où  il  est  plus  large.  Le  manteau  recouvre 
le  pied  seulement  sur  les  côtés  ;  et  en  arrière ,  c'est 
le  pied  qui  dépasse.  Le  chaperon  est  large  ,  arqué, 
terminé  par  deux  pointes  obtuses.  Les  tentacules 
sont  proportionnellement  fort  longs.  La  bouche 
n'étant  point  apparente  sur  le  vivant ,  il  faut  pres- 
ser pour  la  rendre  évidente.  La  branchie  est  fixée 
dans  presque  toute  son  étendue.  L'ouverture  anale 
est  à  son  extrémité ,  et  les  ouvertures  communes 
aux  organes  de  la  génération  sont  à  sa  racine ,  sur 
un  petit  renflement. 

Tout  le  corps,  lisse,  est  du  plus  bel  orangé,  mar- 
qué en  dessus  de  deux  lignes  latérales  de  points 
blancs.  Les  tentacules  et  le  chaperon  ont  sur  leur 
longueur  une  strie  orangée  plus  foncée  ,  tandis 
que  le  pied  présente  sur  sa  tranche  antérieure  un 
sillon  d'une  teinte  plus  claire.  Une  tache  brune 
visible  au  dos  et  au  pied ,  au  travers  des  tégu- 
ments, indique  la  position  des  viscères. 

La  longueur  de  ce  Mollusque  est  d'un  à  deux 
pouces.  Nous  l'avons  représenté  dans  deux  de  ses 
positions  extrêmes.  11  est  très-vivace.  On  l'a  amené 
de  neuf  à  dix  brasses  de  profondeur  dans  la  baie 
Jervis,  à  la  Nouvelle-Hollande.  Il  vit  avec  des  Do- 
ris  qui  sont  de  sa  couleur.  Un  individu  avait  une 
teinte  plus  claire  d'orangé. 


MOLLUSQUES.  301 

Genre  PLEUROBRANCHIDIE.  —Pleurobranchi- 
dium  ,   Blain  ville. 

PLEUROBRANCHIDIE   MACULÉE. 

Pleurobranchidium  maculatum  ,  nob. 

PLANCHE    22,    FIGURES     II-l4. 


Pleurobranchidium,  corpore  subovali ,  molle, 
convexo ,  rugoso ,  squalide  albido  ,  fusco ,  punc- 
tato  ;  cljpeo  cephalico ,  cornuto ,  crenulato. 

M.  Meckela  formé  le  genre  Pleurobranchœa  sur- 
un  Mollusque  de  la  Méditerranée  ,  qui  est  évi- 
demment le  même  que  le  Pleurobranche  balëa- 
rique  de  Laroche,  et  dont  M.  de  Blainville  a  fait 
le  genre  Pleurobranchidie.  La  Nouvelle-Hollande 
nous  a  donné  l'espèce  suivante ,  qui  n'était  point 
encore  connue. 

Son  corps  est  épais,  un  peu  bombé  en  dessus. 
Le  pied  est  large  ,  arrondi  aux  deux  extrémités, 
et  dépassant  le  manteau  en  arrière.  Celui-ci  n'est 
qu'un  repli  de  la  peau ,  qui  finit  sur  les  côtés  du 
pied  et  n'est  plus  distinct  à  sa  partie  postérieure. 


302  ZOOLOGIE. 

Le  bouclier  céphalique,  continu  avec  le  manteau, 
est  large ,  en  arc ,  crénelé  et  terminé  par  deux 
pointes.  Il  est  surmonté  en  arrière  de  deux  ten- 
tacules courts,  auriformes. 

La  branchie",  fusiforme  ,  libre  à  sa  pointe,  for- 
mée de  folioles  parallèles  et  obliques ,  est  le  plus 
souvent  à  découvert.  A  sa  racine  sont  les  deux 
ouvertures  propres  à  la  génération  ,  ressemblant 
à  une  rosette.  L'organe  excitateur  ^  presque  tou- 
jours sorti  ,  est  gros  et  long  de  quatre  à  cinq 
lignes.  L'anus  s'ouvre  au  dessus  et  vers  la  moitié 
de  la  branchie.  La  bouche  est  à  l'extrémité  d'une 
petite  trompe  qu'environne  un  bourrelet  muscu- 
laire, et  cachée  entre  le  pied  et  le  bandeau  frontal. 
On  verra  dans  nos  dessins  les  diverses  formes  qu'est 
susceptible  de  prendre  cette  sorte  de  voile. 

Ce  Mollusque  est  couvert  de  rugosités  peu  éle- 
vées. Sa  couleur  est  un  blanc  sale ,  taché  de  brun 
clair.  Le  pied  est  jaunâtre  en  dessous. 

Il  habite  le  port  Western,  la  baie  Jervis  et  toute 
cette  partie  australe  de  la  Nouvelle-Hollande.  Nous 
l'avons  obtenu  de  neuf  à  dix  brasses  de  profon- 
deur, sans  jamais  le  rencontrer  sur  le  rivage. 


MOLLUSQUES.  303 

Genre  APLYSIE. — Ap/jsia,  Linné. 
(  Division  des  Dolabelles.  ) 

APLYSIE  DE  RUMPH ,  variété. 
Aplysia  Rumphii. 

Runiph,  Mus.  ,  t.  XL ,   fig.  12. 
Idem  ,  Tlies.  amb. ,  pi.  X ,  6. 
Rang  ,  Hist.  des  Aplys. ,  pi.  1. 

Mourioné,  parles  habitants  de  Tonga. 

PLANCHE   23  ,    FIGURES   4"5- 

Aplysia,  corpore  ovato-conico ,  virescente ,  lu- 
teo  etfusco  maculato  ;  papillis  numerosissimis , 
fimbriatis. 

Cette  Aplysie  a  été  dessinée  vivante.  Nous  lui 
avons  trouvé  tant  de  rapports  avec  celle  de  Rumph, 
reproduite  par  M.  Rang  dans  sa  Monographie  de 
ce  genre,  que  nous  n'hésitons  point  à  la  regarder 
comme  une  variété  de  la  même  espèce.  Toutefois 
nous  pensons  qu'un  bon  dessin  pourrait  seul  con- 
firmer notre  opinion,  puisque  nous  ne  possédons 


304  ZOOLOGIE. 

pas  les  animaux  pour  les  comparer.  Malheureu- 
sement, dans  deux  relâches  à  Amboine,  aucun  de 
ces  Mollusques  ne  s'est  offert  à  nous.  Nous  n'avons 
point  cité  la  Synonymie  de  M.  Cuvier,  parce  que 
nous  sommes  presque  certains  que  l'espèce  qui  a 
servi  à  ses  anatomies  n'est  pas  celle  de  Rumph. 
Péron  l'avait  rapportée  de  l'Ile-de-France,  et  nous 
l'avons  retrouvée  également  dans  ce  lieu.  C'est 
celle  que  M.  Rang  a  fait  connaître  sous  le  nom 
de  Hasseltii,  qui  habite  aussi  Java  et  dont  nous 
reproduisons  une  variété.  Mais  ,  comme  l'a  très- 
bien  fait  observer  M.  Cuvier  pour  ces  animaux, 
on  est  exposé  à  beaucoup  d'erreurs  lorsqu'on 
opère  sur  des  individus  macérés  et  décolorés  par 
l'esprit-de-vin.  C'est  dans  un  but  d'utilité  que 
nous  ajoutons  à  nos  espèces  nouvelles  quelques- 
unes  déjà  connues  que  nous  avons  observées  et 
dessinées  vivantes. 

Cette  variété  a  de  sept  à  huit  pouces  de  lon- 
gueur; son  corps  est  conique,  un  peu  arrondi;  sa 
tète  bien  distincte.  Les  appendices  labiaux  sont 
très-élargis  en  cornet,  et  les  tentacules  pointus. 
Toutes  ces  parties  sont  recouvertes  de  longs  tu- 
bercules frangés  et  laciniés.  La  couleur  générale 
est  un  vert  de  mer  un  peu  sale,  avec  des  tein- 
tes brunes  ou  jaunes.  Le  dessous  du  pied  est 
jaunâtre. 

La  coquille  est  calcaire,  large,  en  hache,  ru- 
gueuse à  sa  base.  Cette  partie  de  l'animal  ne  peut 


MOLLUSQUES.  305 

fournir  que  des  caractères   très-secondaires  ,  qui 
se  ressemblent  dans  les  grands  individus. 

Ce  Mollusque  est  très-commun  sur  la  plage  de 
la  petite  île  île  Pangaï-Modou,  à  Tonga-Tabou. 
Nous  lavons  quelquefois  pris  pour  des  thalassio- 
phytes  ou  des  polypiers  flexibles  qui  tapissent  les 
récifs.  Il  supporte  assez  bien  la  chaleur  pour  résis- 
ter à  sec,  dans  l'espace  de  deux  marées,  à  l'action 
d'un  soleil  des  tropiques. 


APLYSIE  DE  TONGA. 

Aplysia  tongana ,  nob. 

PLANCHE   23  ,    FIGURES  6    et    n. 


Aplysia,  coi  pore  conico  ,  cylindraceo,  tuber- 
culato ,  glauco. 

Cette  espèce  est  un  peu  moins  grande  que  la 
précédente;  sa  forme  est  plus  allongée,  un  peu 
cylindrique;  ses  auricules  sont  moins  évasées,  et 
les  papilles  sont  remplacées  ici  par  de  petits  tu- 
bercules arrondis,  fort  peu  élevés ,  qui  disparais- 
sent même  par  le  séjour  dans  la  liqueur.  Sa  cou- 
leur est  généralement  glauque.  Bien  qu'elle  habite 

Zoologie,  t.  ii.  20 


30(î  ZOOLOGIE. 

avec  la  précédente,  on  ne  peut  point  la  confondre 
avec  elle  ,  encore  moins  la  prendre  pour  un 
jeune  âge,  puisqu'elle  avait  de  six  à  sept  pouces 
de  longueur. 

L'osselet  calcaire  est  assez  petit,  blanc,  con- 
tourné, portant  une  tache  brune  vers  le  milieu  de 
sa  grande  courbure  ,  caractère  qui  n'est  peut-être 
qu'accidentel. 


APLYSIE  D'HASSELT,  variété. 
Aplysia  Hasseltii,  var. 

Rang.,  Hist.  Nat.  des  Aplysiens,  pi.  24. 

PLANCHE    23,   FIGURES    1-3. 

Aplysia,  corpore  inaximo ,  valde  conico ,  trun- 
cato ;  tuberculis  Jîmbriisque  onusto ,  squalide 
glauco,  maculis  fuscis  et  luteis  variegato. 

M.  Rang,  dans  une  belle  Monographie  des  Aply- 
siens ,  a  représenté  une  espèce  dessinée  à  Java 
par  feu  Van  Hasselt.  Elle  a  tant  de  rapports  avec 
une  Aplysie  que  nous  avons  observée  à  l'Ile-de- 
France,  que  nous  ne  doutons  pas  qu'elle  n'en  soit 


MOLLUSQUES.  307 

qu'une  variété  ,  quoique   nous  n'ayons  pas  celle 
de  Java  pour  les  comparer. 

Notre  individu  a  de  neuf  à  dix  pouces  de  lon- 
gueur; il  est  fort  gros,  surtout  en  arrière;  car  sa 
tète  est  petite  ,  ovalaire ,  un  peu  renflée  et  Lien  dis- 
tincte du  pied.  La  bouche  est  grande  et  arrondie. 

Tout  le  corps  est  couvert  de  gros  tubercules 
et  de  papilles  dont  quelques-unes  sont  ramifiées  ; 
elles  sont  plus  nombreuses  en  avant  de  la  tête. 
Le  pied  se  distingue  à  peine  du  manteau.  Sa  cou- 
leur est  terre  de  Sienne  foncée ,  avec  des  teintes 
verdâtres  dans  quelques  individus.  Les  flancs  et 
le  dos  sont  d'un  verdâtre  sale  mélangé  de  jaune, 
avec  des  plaques  noirâtres  dans  diverses  parties , 
surtout  à  la  troncature,  qui  est  subarrondie.  D'au- 
tres ont  sur  les  flancs  des  taches  brunes  et  jaunâ- 
tres. La  coquille  est  très-large  et  régulièrement 
taillée  en  fer  de  hache  ;  sa  spire  est  extrêmement 
rugueuse ,  ce  qui  peut  tenir  à  l'âge. 

Ce  Mollusque  rend ,  quand  on  le  touche ,  une 
grande  quantité  de  liqueur  violette.  On  le  trouve 
en  grande  abondance,  pendant  les  mois  d'octobre 
et  de  novembre,  dans  les  eaux  chaudes  et  tran- 
quilles des  ilôts  aux  Cerfs,  à  l'Tle-de-France.  On 
peut  quelquefois  passer  dessus  sans  le  reconnaî- 
tre ,  parce  que  sa  couleur  se  confond  avec  les 
roches  au  milieu  desquelles  il  vit. 


308  ZOOLOGIE. 


APLYSIE   TIGRINE. 

Aplysia  tigrina. 

(  Division  des  Aplysies  proprement  dites.  ) 
Rang.  ,  Aplys.  ,   pi.  n. 

PLANCHE    24,     FIGURES    1-2. 


Aplysia,  corpore  elevato,  virescente ,  perlu- 
cido ,  fusco  reticulato  ,  maculis  lineolisque  ïiigris 
sparso. 

C'est  parce  que  notre  individu ,  qui  a  été  des- 
siné vivant,  offre  quelques  différences  avec  celui 
de  M.  Rang,  que  nous  le  donnons.  Il  est  long  de 
six  pouces;  son  dos  est  très-bombé;  son  manteau 
lisse,  toujours  relevé,  forme  un  sinus  qui  s'étend 
depuis  les  tentacules  jusqu'auprès  de  la  queue. 
Le  pied  est  rétréci,  la  tète  courte,  et  les  tenta- 
cules sont  peu  développés.  Le  fond  de  la  couleur 
de  ce  Mollusque  est  un  vert  clair  diaphane,  avec 
des  taches  de  bistre  réticulées,  au  milieu  desquelles 
sont  des  points  ou  des  linéoles  noirs.  La  tète  est 
plus  régulièrement  réticulée. 


MOLLUSQUES.  309 

La  coquille  est  large,  ovalaire,  un  peu  concave, 
coriace,  très-finement  striée  avec  un  commence- 
ment de  spire.  Ses  bords  sont  entièrement  mem- 
braneux. 

On  trouve  cette  Aplysie  sur  les  récifs  du  Port- 
Louis  de  l'Ile-de-France  ,  dans  les  mois  d'octobre 
et  de  novembre. 


APLYSIE  JULIENNE. 

Aplysia  juliana ,  nob. 

PLANCHE    24  ,    FIGURES   5-6. 


Aplysia,  corpore  lœvi ,  olivaceo ;  postice  lato; 
cauda  pajva,  subtus  discoidea. 

Cette  espèce  a  de  quatre  à  cinq  pouces  de  lon- 
gueur. Elle  est  large  dans  toutes  ses  parties  ,  sur- 
tout postérieurement;  sa  queue  est  peu  saillante.  Le 
pied  est  arrondi  en  avant ,  et  présente  en  arrière 
et  en  dessous  un  écusson  bien  arrondi,  qui  se  re- 
trouve sur  les  deux  individus  que  nous  possé- 
dons. Les  tentacules  sont  remarquablement  gros 
et  les  auricules  labiales  aplaties.  Le  manteau,  lar- 


310  ZOOLOGIE. 

gement  fendu  ,  est  susceptible  de  se  rabattre  de 
chaque  côté  en  forme  de  nageoires. 

La  pièce  dorsale  est  large,  ovalaire  ,  très-mem- 
braneuse, à  spire  à  peine  indiquée;  la  membrane 
qui  la  recouvre  est  percée.  Elle  a  beaucoup  de 
rapport  avec  l'osselet  de  l'espèce  précédente.  Le 
cartilage  buccal  est  couvert  de  petits  tubercules 
arrondis,  pressés  et  en  quinconce. 

Celte  Aplysie  a  le  corps  lisse,  d'un  vert  foncé 
uniforme.  C'est  la  seule  qui  n'ait  pas  été  décrite 
et  figurée  sur  le  vivant ,  ce  qui  indique  que  ses 
couleurs  étaient  peu  brillantes  et  peu  suscepti- 
bles de  changer.  Toutefois  certaines  de  ses  par- 
ties peuvent  prendre  dans  l'état  de  vie  un  aspect 
un  peu  différent. 

Ce  Mollusque  habite  l'Ile-de-France.  Nous  le 
dédions  à  notre  ami ,  M.  Julien  Desjardins,  zélé 
naturaliste,  avec  lequel  nous  avons  fait  sur  les  îles 
aux  Chèvres  une  course  des  plus  fructueuses,  et 
à  qui  sans  doute  il  est  donné  de  compléter  la  bril- 
lante zoologie  de  l'île  dans  laquelle  il  est  né.  Déjà, 
danscebut,M.  Desjardins  a  puissamment  contribué 
à  la  formation  de  la  Société  d'Histoire  Naturelle 
de  l'île  Maurice,  Société  dont  il  est  le  secrétaire, 
et  qui  promet  à  la  science  de  très-beaux  résultats. 


MOLLUSQUES.  311 

APLYSIE  CIRRHIFÈRE. 

Aplysia  cirrhifera  ,   nob. 

Division  des  No  torches  qui  n'ont  point  (le  coquille.) 

PLANCHE     24  ,     FIGURE    8. 


Aplysia,  corpore  elongato,  desuper  elevato, 
apice  acuto ,  cirrhis  Jiumerosissiniis  onusto  ;  cine- 
raceo ,  punctis  smaragdino-rubris  notato. 

Assez  grande  espèce,  à  dos  élevé,  à  cou  allongé , 
dont  les  lèvres  sont  évasées ,  les  appendices  buc- 
caux larges ,  et  les  tentacules  très-longs.  Le  pied 
rétréci  est  arrondi  en  avant  et  se  prolonge  en 
pointe  en  arrière.  Tout  le  corps  est  couvert  d'ar- 
buscules  déliés  et  ramifiés  ;  il  y  en  a  jusque  sur 
les  auricules.  Les  téguments  de  ce  Mollusque  sont 
comme  diaphanes,  d'une  teinte  grisâtre  ,  avec  des 
plaques  d'un  brun  clair,  au  milieu  desquelles  sont 
des  points  émeraudes ,  dont  quelques-uns  sont 
cerclés  de  rougeâtre.  Les  villosités  sont  générale- 
ment d'un  blanc  tirant  sur  le  jaunâtre. 

La  branchie  fait  saillie  à  l'extérieur  et  retombe 
en  demi-cercle  sur  le  côté  droit;  elle  est  composée 


312  ZOOLOGIE. 

d'une  douzaine  de  rameaux  principaux  de  couleur 
verdâtre,  avec  des  stries  brunes.  L'organe  excita- 
teur est  gros,  très-long,  marqué  de  points  blancs 
à  sa  base. 

Cette  Aplysie  a  trois  pouces  de  longueur.  Nous 
l'avons  trouvée  sur  une  des  petites  îles  aux  Cerfs 
de  l'Ile-de-France. 


APLYSIE  GÉLATINEUSE. 

Aplysia  gelatinosa  ,  nob. 

Notarche  gélatineux  ,    Cuvier,  Règne   aiiiai.  ,    t.  III, 
p.  62,  pi.  i4,fii,'-  1. 

PLANCHE    24  ,    FIGURES    3~4- 


Aplysia ,  corpore  globoso ,  apice  acuto ,  tuber- 
culato ,  albido  ;  tentaculis  minimis. 

Quelques  différences  extérieures  dans  la  forme 
du  manteau ,  et  l'absence  de  la  pièce  cartilagineuse 
dorsale,  avaient  engagé  M.  Cuvier  à  établir  ce  genre 
Notarche  pour  une  petite  Aplysie  qui  lui  avait  été 
envoyée  de  l'Ile-de-France.  Un  plus  ample  examen 


MOLLUSQUES.  313 

n'a  pas  permis  aux  naturalistes  d'admettre  ce  pe- 
tit genre,  qui  ne  peut  former  qu'une  division  dans 
le  grand  genre  des  Aplysies,  comme  le  font  les 
Dolabelles. 

Si  nous  reproduisons  ici  ce  Mollusque  ,  c'est 
seulement  pour  montrer  la  forme  qu'il  a,  étant 
vivant.  Il  est  de  la  grosseur  d'un  oeuf  de  pigeon , 
d'une  forme  presque  globuleuse ,  de  laquelle  sort 
une  petite  queue  pointue ,  qui  est  la  partie  pos- 
térieure du  pied,  lequel  est  très-rétréci  et  ondulé 
sur  ses  bords.  La  tête  est  fort  peu  apparente ,  et 
les  quatre  appendices  qui  la  surmontent  sont  eux- 
mêmes  très-courts.  Le  manteau  n'a  qu'une  fente 
très -petite  à  son  sommet  et  un  peu  en  avant.  Il 
n'est  par  conséquent  point  susceptible  de  se  ra- 
battre. La  branchie  en  occupe  le  fond;  elle  n'était 
point  apparente  dans  les  quatre  individus  que 
nous  avons  eus  sous  les  yeux. 

Ce  Mollusque  est  très-mou,  entièrement  blanc, 
et  couvert  de  petits  tubercules  arrondis  de  la 
même  couleur.  Ses  mouvements  sont  d'une  len- 
teur extrême. 

Nous  le  trouvâmes  à  l'Ile-de-France,  dans  les 
petites  baies  des  îlots  aux  Cerfs. 


"" 


314  ZOOLOGIE. 

APLYSIE  ROUSSE. 
Aplysia  rufa ,  nob. 

PLANCHE    24  ,     FIGURE   7 


Aplysia ,  corpore  elongato ,  desuper  elevato , 
villoso ,  fuh'O ,  fusco  ,  striato,  maculis  nigris  an- 
tice  notato  ;  tentaculis  longis. 

Cette  espèce,  fort  petite ,  a  le  corps  et  le  cou  al- 
longés de  même  que  les  quatre  tentacules.  Le  pied 
est  assez  court.  Le  dos  paraît  élevé  par  le  renfle- 
ment des  bords  du  manteau.  Toutes  ces  parties 
sont  villeuses ,  de  couleur  brun  rougeâtre ,  avec  des 
stries  longitudinales  semblables.  Le  manteau  est 
largement  tacheté  d'un  brun  presque  noir,  qui  se 
dégrade  en  avant  en  couleur  de  fumée.  Le  canal 
génital  est  noir,  et  du  côté  opposé  est  une  pareille 
ligne.  Le  dessous  du  pied  est  d'un  rouge  brun 
très-clair. 

Cette  Aplysie  a  été  prise  sur  l'île  de  Guam , 
dans  la  rade  d'Umata,  par  quatorze  brasses  de 
profondeur. 


MOLLUSQUES.  315 

APLYSIE  STRIÉE. 

Aplysia  siriata  ,  nob. 

PLANCHE     24 1    FIGURES    9-  II. 


Aplysia ,  corpore  elongato,  apice  acuto ,  luteo, 
lincolis  fuscis  striato ,  punctis  cœruleis  ornato  ; 
tentaculis  louais  et  crassis. 

Sa  longueur  est  à  peu  près  d'un  pouce  ;  son 
manteau  est  très -renflé,  arrondi;  le  reste  du 
corps  est  allongé  ,  surtout  le  pied  qui  est  très- 
pointu  en  arrière,  arrondi  en  avant  et  bien  sé- 
paré du  chaperon  buccal.  Les  quatre  appendices 
sont  gros  et  longs.  Il  s'élève  des  téguments  de  pe- 
tites arrhes  charnues  simples  :  celles  du  bord  du 
manteau  sont  à  plusieurs  laciniures;  le  fond  de  la 
couleur  est  un  jaune  légèrement  verdâtre ,  strié 
très-finement  de  lignes  parallèles  brun  rougeâtre. 
Elles  s'arrondissent  quelquefois  pour  former  des 
cercles  concentriques.  Indépendamment  de  cela, 
tout  le  corps  est  couvert  de  très- petites  lunules 
jaunâtres,  ayant  un  point  bleu  de  ciel  au  milieu. 
Deux  de  ces  taches  occupent  la  base  des  tenta- 
cules labiaux  en  avant  des  yeux.  Le  pied  est  strié 
à  sa  face  inférieure  comme  le  reste  du  corps. 


316  ZOOLOGIE. 

Nous  avons  été  obligés  de  grossir  cette  Aplysie 
clans  notre  dessin,  pour  pouvoir  indiquer  tous 
les  détails  de  sa  coloration.  Nous  sommes  portés 
à  croire  que  c'est  la  même  espèce  que  la  Longue- 
Queue  ,  de  notre  voyage  avec  M.  de  Freycinet 
(  Voyage  de  VUranie,  Zoologie,  pi.  66  ),  à  la  fi- 
gure de  laquelle  le  dessinateur  n'a  pas  apporté  tout 
le  soin  possible. 

Nous  l'avons  prise  au  nord  de  la  Nouvelle-Gui- 
née, près  de  Dorey,  en  août  1827.  Elle  nageait 
sur  des  fucus,  et  tout  indique  que  c'est  une  es- 
pèce pélagienne. 


MOLLUSQUES.  317 

Genre  ACTÉON.  —  Actœo/t ,  Oken. 

ACTÉON  AUSTRAL. 

Actœon   australis ,   nob. 

PLANCHE    24,    FIGURES    l8-20. 


Actœon,  corpore  elongato  ,  limaciformi ,  apice 
acuto  ,  viridi;  ore  luteo-viridi  ;  tentaculis  longis, 
acutis. 

La  petitesse  de  l'individu  que  nous  avons  eu  à 
dessiner  ne  nous  a  pas  permis  d'étudier  les  carac- 
tères qui  manquent  encore  à  ce  genre  pour  le 
mettre  à  sa  vraie  place.  C'est  cependant  des  Aply- 
siens  qu'il  se  rapproche  le  plus;  et  l'Élysie  timide 
de  M.  Risso  (Hist.  Nat.  mérid. ,  t.  IV,  pi.  1 ,  fig.  3-4) 
n'en  est  qu'une  espèce  différente.  Ainsi,  quoique 
nous  n'ayons  à  nous  occuper  que  des  formes 
externes  ,  elles  sont  assez  distinctes  pour  y  re- 
connaître une  espèce  nouvelle. 

Ce  Mollusque  a  le  port  et  un  peu  la  forme 
d'une  Limace.  Sa  tète  est  grosse,  portant  deux 
longs  tentacules  fusiformes,  pointus,  ayant  les 
deux  yeux  près  de  leur  base.  Sa  bouche  est  al- 


318  ZOOLOGIE. 

longée,  pourvue  de  deux  lèvres  saillantes,  évasées. 
Le  pied  est  arrondi  en  avant,  et  en  pointe  en  ar- 
rière. Le  manteau  est  constamment  relevé  en  crête, 
dans  toute  la  longueur  de  laquelle  règne  un  sil- 
lon au  fond  duquel  est  une  branchie,  formée  sim- 
plement par  les  replis  de  la  peau.  A  l'endroit  où 
commence  cette  fente,  sur  le  cou,  on  distingue 
le  cœur  à  ses  battements.  La  position  des  ouver- 
tures nous  a  manqué.    . 

Les  flancs,  les  tentacules  et  l'intérieur  du  sillon 
sont  d'un  vert  foncé.  Le  pied  est  jaune.  Les  lèvres 
sont  jaunes  ,  bordées  de  vert. 

Cette  espèce  n'a  que  quatre  à  cinq  lignes  de 
longueur.  Nous  la  trouvâmes  sous  l'eau,  dans  une 
anse  de  la  rade  de  Sydney,  au  Port-Jackson. 


MOLLUSQUES.  310 

Genre  PLACOBRANCHE.  -  -  Placo branchas  , 
Van  Tlassclt. 

PLA.COBRANCHE  OCELLÉ  ,  variété. 

Placobranchus  ocellatus ,  var. 

Placobranchus  Rasseltii ,   Cuv   ,  Règne  an. ,   t.  III  , 
p.  56. 

PLANCHE   24  y     FIGURES   I2-IJ. 

Placobranchus ,  corpore  elongato,  piano,  luteo  ; 
ocellis  flavo-nigris  notato  ;  tentaculis  longis  apice 
dilatatis  ;  branchas  viridibus. 

Ce  nouveau  genre  est  si  peu  connu  et  surtout 
si  peu  répandu  par  des  dessins ,  que  nous  avons 
cru  devoir  bien  faire  en  le  donnant  ici,  d'autant 
mieux  qu'il  présente  quelques  différences  avec 
celui  de  M.  Van  Hasselt. 

Il  a  environ  deux  pouces  de  longueur.  Son 
corps  est  allongé,  aplati,  élargi  en  avant,  un  peu 
arrondi  en  arrière.  Les  deux  tentacules  sont  de 
longues  et  larges  auricules  frangées  à  leur  extré- 
mité ,  et  ouvertes  dans  toute  leur  longueur.   Le 


320  ZOOLOGIE. 

pied  forme  en  avant  deux  pointes  qui  simulent 
deux  tentacules,  quand  l'animal  rampe.  Une  rai- 
nure transverse  le  sépare  de  la  bouche.  Il  n'est 
point  distinct  du  manteau,  qui  est  relevé  et  con- 
stamment appliqué  sur  le  dos,  où  ilforme  un  sillon. 
En  écartant  ses  lobes  on  aperçoit  de  beaux  rayons 
verts  convergeant  vers  un  tubercule  placé  en 
avant  :  ce  sont  les  branchies  formées  par  les  plis 
de  la  peau  du  dos ,  et  le  tubercule  est  le  cœur. 
Toutefois  nous  n'en  avons  point  distingué  les 
mouvements ,  bien  que  l'animal  fût  très-vivace. 
Il  est  jaunâtre  en  dessus,  avec  des  taches  brunes 
et  des  lunules  jaunâtres  cerclées  de  noir  au  bord 
du  manteau  et  sur  la  tête.  Elles  sont  plus  nom- 
breuses sous  le  pied ,  blanches  dans  leur  contour, 
et  noires  au  centre. 

Ce  Mollusque  est  gluant ,  très-mou  ,  laissant 
échapper  beaucoup  de  mucosités.  Nous  l'avons 
représenté  sous  divers  aspects.  Dans  une  de  ces 
figures ,  le  manteau  est  rabattu  pour  montrer  les 
branchies  ;  ce  qui  n'a  jamais  lieu  dans  l'état  de  vie. 

Il  a  été  pris,  à  marée  basse,  sur  les  récifs  de 
Tonga-Tabou.